ENCADRÉ 1. CALCULEZ LE COÛT (INTRANTS, TERRAIN, ETC.) + MAIN D’ŒUVRE + SALAIRES. 2. COMPAREZ AVEC LES PRIX DU MARCHÉ BIOLOGIQUE POUR CALCULER LE PRIX DE VOS PRODUITS. 3. CONSIDÉREZ QUE 15 À 30 POUR CENT DES COÛTS DE PRODUCTION SONT CONSACRÉS À L’EXPLOITATION ET AUX FRAIS GÉNÉRAUX. 4. L’AGRICULTEUR OBTIENT DONC 70-85 POUR CENT DU PRIX FINAL DU MARCHÉ.
2.4. Décideurs politiques
Il est difficile de déterminer qui devrait absorber le coût réel de la production alimentaire durable. Plutôt que les consommateurs aient à payer pour les produits finaux, certains proposent que les gouvernements et les décideurs politiques paient pour les services écosystémiques. Au-delà de ces types de transactions qui sont hors-marché, les décideurs peuvent influencer la fixation des
TROUVER LE «BON» PRIX
81
CONSOMMA TEURS MARCHÉS PRIX CONNAISSANCES INTRANTS LOGISTIQUES EMB ALLAGES GARANTIES FINANCES FORMALISER PAR TENAIRES Le gouvernement en tant qu’intermédiaire transparent (India)En Inde, l’approvisionnement en produits conventionnels dans les marchés à plein-vent est un exemple de fonction «d’intermédiaire transparent». Les prix d’un certain nombre de produits de base sont déterminés à l’avance en tant que «prix de soutien minimal» (PSM) par un organisme gouvernemental, la Commission des coûts et des prix agricoles (CACP) (http:// cacp.dacnet.nic.in/). La CACP dispose d’un modèle pour calculer les dépenses des agriculteurs. Ceux-ci prennent en compte les
coûts d’environ 27 cultures dont le paddy, le blé, les légumineuses et les cultures commerciales comme le jute, la canne à sucre, etc. Le gouvernement, fonctionnant comme un acheteur direct des produits d’agriculteurs, a pour objectif de les soutenir en contrôlant les prix. En cas de volatilité des prix sur le marché, le gouvernement accorde aussi des primes périodiques sur les prix en sus des prix calculés. Le calcul de base du PSM repose sur divers facteurs, notamment le coût des intrants pour les agriculteurs, la parité des prix, l’historique des prix, l’offre et la demande, etc. Ainsi, la méthodologie de calcul de la CACP est:
Coût A1= Coût de la culture, y compris les intrants, la main-d’œuvre, l’amortissement, les taxes, les intérêts, les frais divers, etc.
Coût A2= A1 + loyer payé pour le bail foncier
Coût B1= A2 + intérêts sur la valeur des immobilisations (hors terrains)
Coût B2= B1 + valeur locative du terrain en propriété et loyer payé pour le terrain loué.
Coût C1= B1 + valeur imputée de la main-d’œuvre familiale
Coût C2= B2 + valeur imputée de la main-d’œuvre familiale
Coût C2* = Coût C2+ Valeur ajoutée de la main-d’œuvre basée sur les taux du marché
Coût final C3 = Coût C2* + 10 % de C2* (pour les coûts de gestion par agriculteur)
Bien que le concept de ce soutien soit largement apprécié en Inde, sa mise en œuvre dépend de facteurs divers tels que le marché, la situation politique et les déficits publics. Selon ces facteurs, les décideurs choisissent la formule la plus convenable parmi celles ci-dessus.
Le prix calculé comme tel a des répercussions importantes sur la détermination des prix du marché. Cependant, il ignore les externalités environnementales qui font partie intégrante de l’agriculture durable. Il y aurait probablement besoin de les inclure à l’avenir.
Source: Ashish Gupta, Jaivik Haat, Inde
29
ENCADRÉ
Les décideurs peuvent jouer le rôle d’intermédiaires transparents et faciliter le flux d’informations sur les prix, tant pour les producteurs que pour les consommateurs. Dans certains cas, lorsque les négociations entre les acteurs du système alimentaire sont particulièrement difficiles ou lorsque les producteurs sont vulnérables, les décideurs peuvent également fixer des prix minimaux.
SYSTÈMES ALIMENTAIRES DURABLES: UN MANUEL POUR S’Y RETROUVER CONSOMMA MARCHÉS PRIX CONNAISSANCES INTRANTS LOGISTIQUES EMB ALLAGES GARANTIES FINANCES
Les décideurs politiques peuvent créer un marché spécifique pour les produits durables en s’appuyant sur les marchés publics, offrant ainsi des prix plus élevés aux producteurs et un débouché commercial sûr.
2
Les programmes d’approvisionnement
institutionnel (PAI) et l’influence des prix au Brésil
Programa de Aquisição de Alimentos/ Le Programme d’approvisionnement alimentaire (PAA) et
Programa Nacional de Alimentação Escolar/ Le Programme national d’alimentation scolaire (PNAE)
La portée des programmes
d’approvisionnement des établissements publics pourrait être très large puisqu’il s’agit de fournir des aliments aux écoles publiques, aux organismes de secours alimentaire, aux prisons et aux hôpitaux. En 2003, le Brésil a mis en œuvre l’un des premiers programmes institutionnels des achats publiques de l’alimentation (PIPA) grâce à une relation directe entre la demande structurée de petits producteurs et une stratégie nationale pour la sécurité alimentaire. Alors que la plupart des systèmes gouvernementaux exigent qu’au moins trois propositions de prix soient soumises avant d’être réviser, le gouvernement brésilien a décidé de renoncer à ce processus en exigeant que «les aliments doivent être produits par les agriculteurs familiaux; les prix ne doivent pas être supérieurs à ceux affichés sur les marchés régionaux; et une limite financière annuelle pour chaque unité agricole familiale doit être respectée» (Swensson, 2015, 16).
Le Groupe de gestion du programme d’achats d’aliments (GPAA) établi les critères de définition du prix de référence de la PAA. Les critères actuels de fixation des prix de référence sont:
a. Le prix de référence pour tous les produits définis à partir de la moyenne déduite des trois enquêtes sur les prix réalisés dans les marchés de gros locaux/régionaux au cours des douze derniers mois;
b. D’autres agences peuvent utiliser les prix de référence définis par la Companhia Nacional de Abastecimento
c. (CONAB), la Société nationale
d’approvisionnement, pour rationaliser le processus;
d. Le prix de référence des produits biologiques peut être augmenté jusqu’à 30 pour cent par rapport au prix de référence des produits conventionnels; e. Le prix de référence reste valable pendant
12 mois.
De cette façon, le gouvernement est responsable de l’établissement d’un prix de référence équitable pour tous les produits, et les agriculteurs sont donc en mesure de fixer leurs prix en fonction de cette mesure externe afin d’être éligibles pour les achats institutionnels.
Source: Swensson, 2015.
30
TROUVER LE «BON» PRIX
83
CONSOMMA TEURS MARCHÉS PRIX CONNAISSANCES INTRANTS LOGISTIQUES EMB ALLAGES GARANTIES FINANCES FORMALISER PAR TENAIRESLes décideurs politiques sont confrontés à d’autres défis. S’il y a un consensus général sur la nécessité de promouvoir la durabilité des systèmes alimentaires, plusieurs soutiennent cependant les pratiques agricoles conventionnelles, par défaut d’une approche traditionnelle de modernisation, à savoir les politiques de subventions aux intrants. Ces types de subventions ont des effets pervers sur les prix du marché, ce qui donne la fausse impression que les aliments durables sont beaucoup plus chers. Les décideurs politiques peuvent faire beaucoup plus d’effort pour remédier à cette situation, en commençant par une meilleure compréhension des coûts réels des aliments.
http://www.fao.org/nr/sustainability/full-cost-accounting/en
ASTUCE 18
Comment trouver un prix durable
▶ Aucun acteur ne dispose à lui seul de toutes les informations nécessaires pour fixer un prix équitable et durable – la transparence aide chacun à élargir ses connaissances.
▶ Essayez d’être empathique dans vos négociations. Mettez-vous à la place de l’autre personne et essayez de considérer sa situation lorsque vous déterminez votre prix.
▶ Les comités des prix et la négociation collective, avec ou sans l’aide d’un intermédiaire transparent, peuvent aboutir à des prix plus équitables.
▶ Les prix durables couvrent la totalité des coûts de production, les volumes produits et les qualités souhaitées. De plus, ils peuvent être payés ponctuellement et maintenus dans le temps.
3
!
CONSOMMA MARCHÉS PRIX CONNAISSANCES INTRANTS LOGISTIQUES EMB ALLAGES GARANTIES FINANCES
LE CHEMIN D’APPRENTISSAGE, OÙ ALLER ENSUITE ?
CONNAISSANCES
MARCHÉS
PARTENAIRES CONSOMMATEURS
▶Vous souhaitez connaître certains partenariats novateurs créés pour déterminer les prix ? Pour en savoir plus, consultez le Chapitre 11: La place des partenaires et des plaidoyers.
▶Si vous pensez organiser une visite de ferme pour les consommateurs, consultez le Chapitre 2: Connaître vos marchés.
▶Vous ne savez pas où trouver des consommateurs pour mettre sur pied un comité d’établissement de prix ? Allez au Chapitre 1: Attirer les clients et les fidéliser.
▶Vous voulez en savoir plus sur la production durable afin de mieux calculer vos prix ? Continuer auChapitre 4: Partager et co-créer des connaissances pour une production durable.
PRODUIRE
DURABLEMENT
Dans ce groupe de chapitres, nous explorons la dimension productive des systèmes alimentaires durables.
Nous n’entrerons cependant PAS dans le détail des pratiques de production durable, puisque ce n’est pas l’objectif de ce manuel. Ces informations sont beaucoup trop vastes et dépendent fortement du contexte; elles peuvent être retrouvées ailleurs. Par exemple, ces outils suivants peuvent vous être utiles:
▶ http://www.fao.org/sustainability/frameworks-approaches/en
▶ http://www.fao.org/agroecology
▶ https://www.ifoam.bio/en/organic-30/organic-food-system-program
▶ https://www.ifoam.bio/sites/default/files/organic_food_system_in_
practice_feb2017web.pdf
Nous nous concentrons plutôt sur deux aspects de l’organisation des systèmes de production durable: comment partager et co-créer des connaissances sur la production durable et comment gérer et accéder aux intrants durables.
Ces deux aspects sont pleins d’innovations, et nous partageons quelques idées tirées des expériences des auteurs qui pourraient vous aider à construire votre propre chemin.