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3.2 Opérationnalisation méthodologique

3.2.3 Cueillette des données

Trois supervisions pédagogiques conjointes constituent le matériel soumis à l’analyse. Un contenu mathématique différent a été touché à chacune des supervisions soit : le comptage par bonds (arithmétique) à la première, les figures planes (géométrie) à la deuxième et la mesure de longueur (mesure) à la troisième et dernière séance supervisée. Règle générale, la supervision implique les trois acteurs de la formation et se déroule dans le cadre des situations de préparation des situations d’enseignement; du pilotage par la stagiaire de ces situations d’enseignement auprès des élèves et de l’analyse par les partenaires de la formation de l’expérience vécue ou observée.

Puisque notre objet de recherche, le savoir-enseigner les mathématiques, est conçu comme une représentation collective de la triade des deux faces du travail tâche-activité, nous retenons comme traces pertinentes pour circonscrire cet objet toutes sources permettant de témoigner des raisonnements et des conceptualisations individuels et collectifs des partenaires de la triade au sujet des tâches de planification des apprentissages et de pilotage liées à l’intervention pédagogique en mathématiques. Ainsi notre corpus d’informations est constitué principalement par les échanges verbaux entre les différents partenaires de la triade et par des traces écrites et visuelles témoignant de leur réflexion et activité. Voici la description de l’instrumentation mise en œuvre et des traces recueillies :

Enregistrements audio des échanges verbaux issus des entretiens pré et post leçon de préparation de l’intervention pédagogique en mathématiques et d’analyse de la situation de pilotage

La situation de formation que représente la supervision pédagogique en stage s’actualise en grande partie à travers les situations de communication au sein de la triade. Les échanges verbaux entre la stagiaire, l’enseignante-associée et la chercheure- superviseure constituent notre premier matériel dont le traitement et l’analyse permettra l’identification des constituants des tâches et activités professionnelles à l’étude. Ces traces nous permettent d’avoir accès au sens que les partenaires donnent aux situations de classe

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vécues et à l’activité d’enseignement des mathématiques pertinente envisagée et nous renseignent sur le savoir-enseigner qui se négocie entre les formatrices et la formée. Les entretiens pré et post leçon ont été enregistrés sur bande audio.

Recueil des planifications écrites de la stagiaire

Ces documents sont recueillis en soutien à la compréhension de la chercheure lors de l’analyse. Comme le format de cette planification a été laissé à la discrétion de la stagiaire, nous y retrouvons les éléments qui font sens pour la stagiaire et qui représentent les balises de son actions en classe.

Enregistrement vidéo de l’activité de pilotage de la stagiaire

Les discussions lors des entretiens pré et post leçon sont organisées en fonction à la fois de la tâche dans laquelle la triade est engagée et à la fois de l’action de pilotage à venir ou réalisée par la stagiaire. L’activité d’enseignement des mathématiques de la stagiaire dans les situations de classe constitue le point d’ancrage des discussions de la triade. Nous avons donc également procédé à l’enregistrement vidéo des séances en classe. Ces traces nous permettent de prendre connaissance de ce qui s’est passé en classe dans le cadre des situations d’enseignement-apprentissage des mathématiques portées par la stagiaire. Cela permet à la chercheure au moment de l’analyse de revoir les évènements ou les incidents évoqués lors des discussions de la triade et ainsi mieux comprendre ce qui est relevé par l’interlocutrice ou le sens que cette dernière accorde à ces éléments qu’elle soulève.

Entrevues semi-dirigées

Des entrevues semi-dirigées, enregistrées sur bande audio, ont également été menées auprès de la stagiaire principalement dans le but de bien saisir sa compréhension des mathématiques, de leur apprentissage et de leur enseignement. Nous avons souhaité aussi par ce biais avoir accès aux interprétations de la stagiaire quant aux buts, conditions et contraintes rattachés aux tâches associées à l’enseignement des mathématiques à l’école primaire. Nous jugeons ces entrevues nécessaires car, par expérience, les stagiaires vont parfois se placer davantage dans une optique d’écoute des commentaires des formateurs

lors des rencontres de formation plutôt que dans une optique d’explicitation et d’argumentation. Il en résulte que l’espace de discussion est surtout investi par les formateurs. Ces entrevues visent donc à prévoir un espace de discussion à la disposition presqu’exclusive de la stagiaire. Ces entrevues ne font pas partie du dispositif de supervision et la chercheure n’y intervient pas à titre de superviseure. Ses interventions ont donc pour but exclusivement la clarification de la pensée de la stagiaire.

Notes de terrain de la chercheure-superviseure

Dans son rôle de superviseure, la chercheure a assisté aux séances d’enseignement des mathématiques de la stagiaire. À ce titre, celle-ci a gardé des traces écrites touchant le déroulement des séances en classe pour alimenter le retour réflexif qui va suivre. Ces notes concernent autant les choix pédagogiques et didactiques de la stagiaire que relève la superviseure que ses impressions ou ses questions en regard des faits observés ou des incidents survenus lors des séances en classe. La chercheure a aussi noté d’autres informations qui, elles, relèvent davantage du processus de la recherche. Principalement, ces notes rapportent ce que les élèves font et disent en cours de séance. En effet, compte tenu que seule la stagiaire porte un micro, il est possible que l’enregistrement ne capte pas les paroles des élèves. Or, pour bien comprendre les interventions de la stagiaire, il nous faut faire référence aux dires des élèves et à leurs réactions face aux situations qui leur sont présentées ou aux questions que la stagiaire leur adresse. La chercheure a pris note aussi des informations fournies par la stagiaire ou l’enseignante et qui n’ont pas été enregistrées, etc.

Notre objet de recherche est documenté à partir de diverses sources. En privilégiant des sources variées et multiples nous avons voulu maximiser la validité de l’étude de cas. Le croisement lors de l’analyse de ces diverses traces permet une certaine forme de triangulation tel que recommandée pour le mode d’investigation que nous avons retenu (Karsenti et Demers, 2004, p. 222). Le tableau 2 montre bien que le dispositif de formation, la supervision pédagogique, est le point d’ancrage du dispositif de recueil du matériel.

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Cycle de la supervision pédagogique en stage Préparation d’une séance

pour un contenu

mathématique spécifique (triade)

Planification de la séance d’apprentissage (stagiaire)

Pilotage en classe des situations d’apprentissage (stagiaire) Observation (enseignante et chercheure-superviseure) Analyse de la situation vécue/observée, des réactions des élèves et de l’activité de la stagiaire (triade)

Matériel recueilli au cours de la supervision pédagogique Entretiens pré-leçon (audio)

Planifications écrites de la stagiaire (écrits) Notes de terrain de la chercheure-superviseure (écrits) Séances d’enseignement (vidéo)

Productions d’élèves (écrits) Notes de terrain de la chercheure-superviseure (écrits)

Entretiens post-leçon (audio) Notes de terrain de la chercheure-superviseure (écrits)

Savoir-enseigner les mathématiques comme savoir de référence négocié Tableau 2 : La cueillette de données arrimée à la supervision pédagogique en stage

L’implication de la chercheure sur le terrain de la supervision – dans les entretiens de la triade et dans l’observation en classe - pose le problème méthodologique de l’acceptation du chercheur comme le définit Van der Maren (1996). Le phénomène de supervision pédagogique de par le partage des responsabilités de formation et d’évaluation entre les milieux scolaire et universitaire implique nécessairement la présence d’un tiers auprès de la stagiaire, de l’enseignante et des élèves de la classe. La présence de la chercheure en classe est vécue par la stagiaire, l’enseignante et les élèves de la même manière que pour tout autre superviseur qui vient observer sa stagiaire. Par ailleurs, notre présence sur le terrain des stages auprès de cette commission scolaire depuis de nombreuses années contribue quant à elle à notre acceptation et notre légitimité dans les rencontres de supervision pédagogique avec la stagiaire et son enseignante-associée. De plus, nous avons assumé la supervision officielle de stage d’au moins une autre stagiaire avec l’enseignante impliquée. Les cohortes étudiantes ainsi que le milieu scolaire nous identifient donc avec ce rôle de superviseure universitaire.