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Des critères combinés pour une meilleure connaissance de la PME

DEUXIEME PARTIE : Le diagnostic RH et son objet : la Petite Entreprise

13.2. Des critères combinés pour une meilleure connaissance de la PME

L‟intérêt académique pour cet objet « PME », à la lecture des nombreux articles, thèses, ouvrages et colloques ne fait pas de doute. Mais ces travaux ne nous permettent pas de mieux appréhender la Petite Entreprise, elle reste encore méconnue. L‟approche quantitative centrée sur la taille et le chiffre d‟affaires précise l‟importance économique de la PME, mais reste insuffisante. Quant à l‟approche qualitative, elle est difficilement opérationnelle compte tenu du nombre de critères. La proposition de la Commission Européenne qui voit dans la production d‟une définition commune un moyen d‟améliorer la cohérence des mesures prises en faveur de ces entreprises et de limiter les distorsions de concurrence (Levratto, 2009) apporte un autre éclairage.

A la première recommandation de 1996, en a succédé une nouvelle datée du 6 mai 2003, qui n‟en modifie pas les critères mais a seulement procédé à l‟actualisation des seuils financiers. Selon cette nouvelle recommandation, « la catégorie des micro, petites et moyennes entreprises (PME) est constituée des entreprises qui occupent moins de 250 personnes et dont le chiffre d‟affaires annuel n‟excède pas 50 millions d‟euros ou dont le total du bilan annuel n‟excède pas 43 millions d‟euros » (Extrait de l‟article 2 de l‟annexe à la recommandation 2003/361/CE). Au-delà de la définition de l‟ensemble « PME », l‟Union européenne a recommandé une segmentation type en quatre sous-ensembles:

Tableau 6 : La définition des PME dans la Communauté européenne (révision 2003) Appellation Nombre d’emplois ETP (équivalent temps plein) Chiffres d’affaires (annuel en euros) Autonomie La micro- entreprise 0 à 1 La Très Petite

Entreprise (TPE) 2 à 9 d‟euros < 2 millions capital ou des droits 25% ou plus du de vote d‟une autre entreprise

La Petite

Entreprise (PE) 10 à 49 d‟euros < 10 millions capital ou des droits 25% ou plus du de vote d‟une autre entreprise

La Moyenne

Entreprise (ME) 50 à 49 d‟euros < 50 millions capital ou des droits 25% ou plus du de vote d‟une autre entreprise

Source : Commission Européenne, 2003c

Ces différentes approches nous montrent encore les difficultés actuelles à saisir cet objet PME. Longtemps considérée comme une grande entreprise en miniature, la PME reste encore largement mal connue.

Représentant 99,8% des entreprises en France et deux salariés sur trois34, les PME françaises suscitent bien des controverses : elles seraient trop petites comparées à leurs homologues allemandes, pas suffisamment exportatrices et manqueraient d‟instrumentation en gestion. En France le Mittelstand fascine. La PME française est la plupart du temps abordée comme un ensemble homogène souffrant de tares génétiques : la petite taille, la centralisation de la gestion, une faible formalisation...

Cette vision lacunaire des PME a contribué à ce qu‟elles soient les grandes bénéficiaires des politiques économiques. Le soutien public au financement des PME en France est ancien, comme le souligne Levratto (2009 ; 141). Dès 1936 est créée la Caisse nationale des marchés de l‟Etat, ancêtre de la Banque de

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En 2008, sur les 2.925.124 entreprises françaises, 99,8% sont des TPE-PME (de 0 à 250 salariés) source : INSEE, http://www.insee.fr/.

Développement des PME, devenue désormais Oséo (2005) et dont les finalités sont d‟intervenir pour garantir la solvabilité de certaines catégories d‟entreprises.

Le rapprochement entre le pouvoir et les PME, dont le motif est celui de la reconquête d‟une légitimité pour l‟entreprise au cours de cette période de crise (plan de restructuration, explosion du chômage…) va s‟accentuer au cours des années quatre-vingt. L‟Etat met en place des fonds de garantie, destinés à supporter une partie du risque encouru par les banques, qui seront complétés (sous des modalités diverses) par les collectivités locales dans le cadre des lois de décentralisation (Levratto, 2009). D‟importants programmes de soutien à l‟activité productive sont également lancés dans le cadre européen, ils comprennent des dépenses budgétaires et des exonérations ou allègements de charge.

Trois grandes sources de financement sont proposées : l‟Europe avec des aides directes, l‟Etat avec de nombreux dispositifs dont les principaux consistent en des allègements de charge et les collectivités territoriales avec des dépenses budgétaires et des allègements de contribution ou d‟obligations diverses (Levratto, 2009 : 142).

Cette aide publique aux entreprises fait l‟objet d‟interrogations liées à son efficacité et à sa mesure. Il s‟agit de mettre en évidence les effets d‟un dispositif sur une cible donnée. L‟évaluation des impacts des mesures de soutien aux PME est d‟autant plus difficile à conduire que les dispositifs sont nombreux (plus de 6000 selon Sémaphore, Système d‟Information des CCI) et que les techniques d‟évaluation sont soit inexistantes, soit incomplètes.

Les bilans effectués se limitent parfois à citer le nombre d‟entreprises ayant bénéficié du dispositif : une simple participation d‟un dirigeant de PME à une réunion collective peut être suffisante dans l‟appréciation du dispositif. Le manque, d‟une part, de prise en compte de ce qui se passe réellement sur le terrain, et d‟autre part, de sérieux dans l‟évaluation des effets à court, moyen et long terme conduit à une autosatisfaction des acteurs de tels dispositifs, encouragés dès lors à reproduire leur offre d‟intervention.

Ces aides, bien qu‟elles relèvent de politiques différentes : aides individualisées, incitation à la coopération, aménagement du territoire… sont considérables et s‟estiment en plusieurs dizaines de milliards d‟euros. Elles ont été récemment complétées par la création de pôles d‟activité au niveau des Régions qui se sont vues confier la coordination de la politique de développement économique et par la constitution de pôles de compétitivité impulsée en 2005 par l‟Etat français s‟inspirant d‟exemples étrangers. Ces nouveaux programmes ont pour « enjeu la production d‟innovations et au-delà, la dynamisation des entreprises et des territoires en mettant en relations les entreprises, grandes et petites, les centres de recherche publics et privés et des institutions de formation » (Levratto, 2009 : 147).

Les PME, outre des frontières floues ne permettant pas facilement de les définir, sont sous influence et au cœur d‟interdépendances complexes entre de multiples acteurs publics et privés. Elles semblent parfois être prises en tenaille entre des ambitions et des intérêts qui les dépassent et limitent de plus en plus leurs latitudes.

Pour mieux les appréhender dans nos travaux, nous suivons le conseil de Marchesnay (2003) qui nous invite à « sortir de l‟ignorance, adopter une démarche autonome et se pencher plus avant sur l‟identité profonde des PE, ce qu‟elles sont et ce qu‟elles font ». Ce qui nous encourage pour notre recherche sur la GRH dans les PE à favoriser l‟approche contingente qui mobilise les configurations de PME et à aborder le concept de mondes sociaux de la PME plus à même de rendre compte de l‟hétérogénéité de cet objet.