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Les contraintes financières de l'aménagement et des équipements touristiques

Dans le document Le projet de station touristique (Page 94-96)

χ les méthodes de mesure des retombées économiques du tourisme en station Au-delà des principales données (celles qui indiquent que, par exemple, les

3. Les contraintes financières de l'aménagement et des équipements touristiques

Les investissements de l'aménagement touristique sont généralement à forte in- tensité capitalistique du fait du coût élevé des infrastructures et des équipements. Les financements engagent des capitaux à long terme en raison de la lenteur des amortissements. Cependant, les entreprises touristiques sont aussi des entreprises de main-d'œuvre. Elles produisent des services dont le coût d'exploitation est souvent sensiblement identique, que les superstructures soient vides ou occupées.

Il convient de distinguer trois niveaux différents d'investissement dans le déve- loppement touristique: le financement de l'entreprise touristique, le financement de l'immobilier en station, le financement de l'aménagement et des équipements touristiques publics. En effet, les biens publics non-marchands comme les parcs nationaux, les grands aménagements touristiques ont été pris en charge par les pouvoirs publics alors que ne l'étaient pas les biens privatifs, pas plus que ceux sous tutelle, comme certains domaines culturels.

3.1. Le financement de l'entreprise touristique

La gestion financière de l'entreprise touristique recouvre un certain nombre de décisions qui vont de la stratégie de politique financière et de choix d'investisse- ment aux traitements de données purement techniques comme la gestion de tré- sorerie. La démarche d'ensemble vise à améliorer la rentabilité de l'entreprise tout en contrôlant le risque par un diagnostic financier qui est établi en général après étude des états comptables de l'entreprise, par des décisions d'investis- sement, par des décisions de financement à long terme (qui ont, par définition, un caractère stratégique car elles affectent la croissance de l'entreprise), par des décisions de financement à court terme qui permettent de gérer les trésoreries.

L'ensemble de ces activités de gestion fait appel à des techniques très sophisti- quées qu'il n'est pas utile d'examiner ici. On se contentera d'en rappeler quelques règles simples en rappelant les trois cycles principaux de la vie de l'entreprise : celui des investissements (la constitution de l'outil de production), celui de l'exploitation (transformation), et enfin, le cycle purement financier (qui correspond aux opérations de règlement , de financement, d'encaissement et de répartition des bénéfices).

α.

Le volume de l'investissement de l'entreprise touristique

Le financement par les entreprises de leurs investissements constitue leur pré- occupation dominante.

Une grande partie de la réussite du montage de l'opération se joue au moment de la conception précise de l'équipement ou de l'entreprise, posée en termes de d'organisation spatiale, en termes de composition des actions de communication,

de commercialisation. Les tendances actuelles de l'investissement touristique montrent le rôle grandissant des chaînes hôtelières de rang international (Holiday Inn, Hilton, Ramada, Accor) dans des régions porteuses de potentiel à venir (l'Extrême-Orient attire plus de capitaux depuis les années 80 que l'Europe du Sud).

Du fait de l'ampleur des capitaux investis, de la lenteur de rotation de ces capi- taux, de la rigidité de l'exploitation, de la faible rentabilité de l'investissement, les études de rentabilité prévisionnelles jouent un rôle déterminant dans la prise dé- cision. La méthode consiste à évaluer la rentabilité à partir d'un compte prévi- sionnel d'exploitation et d'un compte prévisionnel d'investissement .

L'élaboration de ces comptes suppose que l'on dispose préalablement d'informa- tions fondamentales concernant les données de base de l'investissement envi- sagé, de même que les prévisions de recettes et de charges.

La connaissance des articulations et des marges de cinq agrégats permet la prise de décision d'investir : celle de la marge brute, qui reste lorsque le prix de revient du produit touristique est soustrait des recettes d'exploitation, nécessite l'évaluation des recettes d'exploitation, connues à partir de la fréquentation pré- visible multipliée par les prix pratiqués ; les prix utilisés pour l'évaluation finan- cière sont ceux du marché. Ces prix doivent être conformes à ceux pratiqués par les services de la même catégorie que celle à laquelle appartient l'entreprise. Cette évaluation permet d'évaluer le chiffre d'affaires global attendu.

A partir de cet état, le prix de revient est déterminé à partir du coût des achats nécessaires à la production du service touristique et la marge après frais de per- sonnel est calculée à partir de la marge brute dont on déduit les charges sala- riales.

Le résultat brut d'exploitation (R.B.E.) (équivalent à la marge d'activité dont on déduit les frais proportionnels à l'activité : dépenses d'électricité, de chauffage et d'entretien courant et les charges fixes d'exploitation et de structure (entretien, taxes, impôts, frais de publicité, assurance,...) permet d'évaluer le bénéfice avant impôt (le R.B.E. moins les frais d'amortissement, frais financiers, emprunts, loyers).

Enfin, le bénéfice net traduit l'enrichissement de l'entreprise. Il s'agit du bénéfice avant impôts dont on a soustrait les versements au titre des impôts. On admet en général qu'une entreprise d'hôtellerie, par exemple, n'atteint un revenu qui équilibrera son compte de résultat qu'après quatre ans de mise en service. Ce temps d'attente du retour sur investissement peut être largement dépassé pour de grands équipements : certains parcs à thème n'atteignent cet équilibre qu'au bout de dix à quinze ans !

Une fois que le résultat a dépassé le point mort, les bénéfices tendent à augmen- ter rapidement et ne varient pas d'une manière significative en fonction de la fré- quentation. C'est à ce niveau de gestion que la mise en place d'une politique des prix (chapitre 3) prend une importance capitale en station.

Le retour sur investissement provient du cash flow annuel après recouvrement des créances, dividendes distribuées, amortissements et dépréciations estimées.

Pour connaître le montant de l'investissement maximal et le montant des em- prunts compatibles avec les prévisions de rentabilité, on soustrait du R.B.E. les amortissements (qui représentent souvent au maximum 4,5 % de l'investisse- ment), les frais financiers (au maximum 5 % de l'investissement), le bénéfice avant impôts (4,5 % de l'investissement I environ). Le R.B.E. est égal à environ (4,5 % + 5 % + 4,5 %) I, soit 14 % de I. D'une manière générale, on admet que le prix d'investissement maximal admissible pour une chambre d'hôtel ne doit pas dépasser 1000 fois le prix d'une nuit.

Le rapport des frais financiers sur les investissements permet de calculer le montant des emprunts possibles compte tenu des taux d'intérêt en vigueur.

β.

Les modalités de financement de l'entreprise touristique

Les entreprises ont recours au moins à cinq modalités principales de finance- ment : les fonds propres, le crédit, le leasing, les aides publiques, l'actionnariat et la copropriété (uniquement pour les grandes entreprises touristiques1 ). Le finan-

cement bénéficie d'aides de l'Etat et des collectivités locales concernant les prêts, garanties de prêts, bonification d'intérêts, avantages fiscaux (chapitre 2).

* le crédit : en général - mais pas seulement - délivré par le CREDIT

NATIONAL D'EQUIPEMENT DES PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES , sur 8 ans minimum, en général 15 voire 20 ans.

* le leasing ou crédit-bail consiste à faire financer par une société spéciali- sée, extérieure à l'entreprise, tout ou partie de l'investissement. L'entreprise loue le matériel qu'elle choisit à la société de leasing pour une période à l'issue de laquelle la société a la possibilité d'acquérir ce matériel pour un prix à peu près égal à la valeur résiduelle d'amortissement. La S.I.C.O.M.I. (Société Immobilière pour le Commerce et l'Industrie) et sa branche spécialisée SICOTEL (Société Immobilière et de Construction Hôtelière) sont des sociétés de crédit-bail.

* l'actionnariat et la copropriété consistent à ouvrir le capital de l'entreprise à des investisseurs extérieurs : l'émission d'actions permet d'accroître les fonds propres de l'entreprise par des augmentations de capital souscrites par des nouveaux actionnaires. Cependant, l'émission d'actions n'est pos- sible que pour les très grandes entreprises (ACCOR, Club Méditerranée...).

A ces fonds propres, il faut ajouter les diverses subventions et garanties accor- dées par les pouvoirs publics et collectivités locales.

1

: les dividendes varient selon la conjoncture : état du marché, offre et demande,

disponibilité et coût du financement, fiscalisation. Globalement, ces dividendes

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