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CONTRACEPTION, IVG ET MERES PORTEUSES

la question trop complexe de l'ostéoporose ménopausique ne sera pas abordée dans le texte qui suit

XX LES LECONS DONNEES PAR L’ENDOMETRIOSE

12 CONTRACEPTION, IVG ET MERES PORTEUSES

Comme on l'a vu (ou comme on le verra) deux camps se sont opposés et continuent à s'opposer au sujet de la vie des femmes et des apports des méthodes de contraception et de traitement de la stérilité :

- le premier camp réunit les personnes qui souhaitaient et veulent encore que la vie des femmes change et s'éloigne le plus vite possible de la forme d'esclavage et de risques pour leur santé que représentent les grossesses successives et rapprochées avec les exigences de l'alimentation, de l'habillement et de l'éducation de ces enfants. Ces personnes veulent faire en sorte qu'elles n'aient que des enfants désirés. Car la maternité, source des plus magnifiques bonheurs peut devenir un "poids" des plus pénibles à supporter lorsque les conditions ne sont pas réunies pour une naissance dans la joie.

Ce groupe d'humains considère aussi que tous les inconvénients (qui ne sont pas négligeables) des procréations médicalement assistées, nécessaires parfois pour que certains couples

puissent avoir un enfant sont moindres que les bénéfices apportés par ces techniques. Ce sont les même personnes qui sont en faveur de la large utilisation des préservatifs lorsque c'est le meilleur moyen d'éviter la transmission du SIDA et des risques de cette maladies qui quoique très diminués n'en sont pas moins sévères.

- Dans l'autre camp se retrouvent tous ceux (de quelque religion que ce soit) qui considèrent que toute transformation est interdite qui irait contre les commandements de la Bible.

Commandements résumés dans les trois phrases : - tu accoucheras dans la douleur

- tu ne tueras pas - croissez et multipliez

c'est-à-dire que toutes méthodes contraceptives ou bouleversant l'ordre naturel telle que la Fécondation in vitro et a fortiori les IVG sont un blasphème. On peut lire dans l'évangile de la vie de Jean-Paul II : "le service que nous sommes tous appelés à rendre à notre prochain est donc un service d'amour, pour que la vie du prochain soit toujours défendue et promue, mais surtout quand elle est la plus faible et la plus menacée". Si l'on ajoute que "les époux, en tant que parents, sont des coopérateurs de Dieu Créateur dans la conception et la génération d'un nouvel être humain … et que "dans la paternité et la maternité humaine Dieu lui-même est présent …" on comprend que l'IVG soit considérée comme un acte quasiment inimaginable.

Cependant on peut remarquer qu'il est ici question d'époux et que la maternité n'est pas dissociée de la paternité. Le cas où le père "biologique" s'est enfui ou à disparu ) à un moment quelconque de la grossesse n'est pas mentionné dans le livre. Et ces éventualités sont loin d'être exceptionnelles, même s'ils n'est pas possible d'y faire référence.

Le Choix !

Est-il alors préférable de laisser un enfant naître avec un tel handicap et pour être abandonné à un couple qui n'a pas la chance de pouvoir donner la vie ? Chacun peut en décider selon sa conscience.

Dans ces deux camps il y a d’inquiétants "excités" qui malheureusement ignorent tout de la courtoisie et des règles de conduite envers leur prochain, mais l'immense majorité des autres est faite de personnes réfléchies qui cependant sont souvent un peu trop sûrs d'être sur le droit chemin ! Ils ne seront jamais capables de faire taire les fondamentalistes de leur bord et c'est une des lois naturelles des comportements humains que la victoire ( heureusement souvent temporaire ) des fanatiques sur les personnes de bon sens.

La double demeure de l'Homme

Un dicton assure : la demeure de l'homme c'est l'horizon.

L'horizon c'est à la fois la ligne qui sépare le ciel de la terre et celle qui s'éloigne sans cesse au fur et à mesure que l'on avance.

Cette demeure au figuré souligne que certains humains vont vivre surtout dans le ciel et aussi peu que possible sur la terre alors que d'autres ont une conception inverse de la vie. Tous pourtant mais plus ou moins, seront déchirés entre ces deux lieux de résidence et balanceront entre ces deux appels.

- Pour les "non à la pilule", toute contraception, sauf celles dites naturelles qu'ils acceptent - on ne sait trop pourquoi puisqu'elle découle de connaissances scientifiquement acquises - est rigoureusement interdite. Ils tolèrent volontiers l'idée de laisser un nombre immense de femmes épuisées par les travaux domestiques et les tâches obligées vécues par toutes les mères de famille. Et ils acceptent même la maladie et le risque de mort d'une certaine

proportion d'entre elles qui tentent coûte que coûte d'interrompre une grossesse non désirée et qu’elles voient avec terreur se développer dans leur ventre. Une réflexion surprenante dont il a déjà été question a même été faite : certains hommes ne seraient pas gênés par l'autorisation de avortements dont les femmes sont les seules à souffrir alors qu'il s'opposent à toute

contraception qui donne aux femmes un pouvoir sur leur corps !

- Pour les autres : ils ne voient pas d'inconvénients à donner aux femmes une liberté qui pourrait bouleverser l'ordre millénaires des choses et ils font preuve d’un désir d’égalité entre les sexes heureusement partagé aujourd'hui par une majorité de Français.

La Gestation Pour Autrui

Une question, celle des mères porteuses n’a pas trouvé de solution. Elle réunit dans le même camp des personnes qui n'ont pas du tout la même façon de penser les grands problèmes du pays. Par exemple les socialistes comme madame Sylviane Agacinski, qui reconnaît prendre bien plus en compte le scandale qu'est l'utilisation du corps humain à des fins pécuniaires que la souffrance des couples que le malheur a privé d'utérus et de l'autre côtés tous les intraitables fidèles de l’Eglise catholique pour qui l'humain n'a aucun droit à aller contre les décrets divins et enfin certains médecins porteurs des plus hautes valeurs de l'éthique comme l'était le professeur Jean Bernard.

S'y comptent aussi des médecins vivants qui sont peut-être encore plus rigidement déterminés à s’y opposer parce que pour eux les liens qui se sont tissés entre la mère porteuse et l'enfant sont tellement fondamentaux que ce serait un crime de les briser. Ils ont pourtant eu de si nombreuses occasions de rencontrer des couples minés par leur stérilité inguérissable, qu’on ne les penserait pas susceptibles de s’agréger aux précédents !

Face à eux, une grande proportion des gynécologues qui ont été touchés par des couples stériles et ont également rencontré des femmes qui aiment être enceintes et ont plaisir à rendre service aux autres et pour qui être "porteuses" ne représenterait qu'un effort facile. Eux ne comprennent pas l’intensité des blocages des membres du camp précédent qui ne veulent même pas entendre parler de rares situations particulières dans lesquelles la gestation pour autrui pourrait être acceptée.

Et pourtant une incroyable injustice règne dans la façon dont on traite deux catégories de femmes.

Les gènes reçus à la conception

La première jeune femme a reçu un gène " méchant " qui la fait naitre sans ovaires. Très bien, n'ayez aucun souci lui dit-on, ons allons vous fournir un ovocyte étranger qui sera fécondé par le sperme de votre mari et vous garderez le bébé 9 mois dans votre utérus. Il sortira de votre ventre , il sera en tout point votre enfant !

L’autre a reçu un autre gène méchant ; elle n'aura pas d’utérus mais ses ovaires seront

normaux. C’est comme ça, décrète-t-on, vous n’avez qu’à adopter. Et tant pis si vos ovocytes ne vous seront d'aucune utilité. Eventuellement si vous voulez que certains d'entre eux vivent et se développent, donnez les à d’autres femmes mais pas pour qu’ils vous reviennent sous

forme d’enfant ! Cohérence ?

Bien entendu dans le cadre des mères porteuses des problèmes d’argent peuvent se poser, parfois très délicats. Il peut y avoir des personnes dissimulées qui jouent un rôle de

proxénètes. Mais est-il toujours impossible de les dépister ? L’argument de la vente du corps humain ou de ses composants nous semble le plus discutable qui soit ! Tant de métiers sont des formes d'esclavages bien plus inacceptables que d’être une actrice volontaire -et qui en connait les dangers- de la Gestation Pour Autrui ! Si ce n'est pas leur muscle utérin au sens strict du mot qui est utilisé, leur épuisement du à un excès d'activité de leurs autres muscles est bien réel et le prix qu'elles reçoivent en récompense de leurs efforts bien moindre ! Et quant aux liens indissolubles qui se tissent entre une porteuse et l'enfant qui grandit dans son sein, personne ne nie son importance majeure, mais il y a bien des enfants qui naissent sous X parce que leur maman n'en veut pas. En outre dans le cas des mères porteuses la femme sait à l'avance qu'elle aura à s'en séparer !

Mais contre les croyances, même des personnes les plus intelligentes, il faut bien l'admettre aucune logique n'a la moindre chance de triompher. Peut-être d'ailleurs sommes-nous, nous-mêmes, dans l'erreur la plus profonde !

Cependant, la Bible nous offre de nombreux exemples de mères porteuses, dont nous,

pouvons tirer de grandes leçons. C'est le cas en particulier des servantes des femmes de Jacob (sans compter le cas aux immenses conséquences de Sarah et d'Agar ) Bilha et Zilpa servantes respectivement de Rachel et de Léa qui toutes deux enfanteront 2 fils et en outre pour la servante de léa, une fille Dinah (péricope Vayetse Genèse 28, 10 - 32, 3 (précisément : 30 1-21).

Daniel Lermer, psychanalyste fait remarquer que bien qu'ayant mis au monde des hommes reconnus comme pères d'une tribu d'Israël, - ce qui est loin d'être négligeable- elles ne sont pas considérées comme des "mères" au même titre que Sarah, Rebecca , Léa et Rachel. C'est que, dit-il, la mère porteuse n'exprime aucun désir vis-à-vis du destin de l'enfant qu'elle porte.

Et cette façon de différencier les liens qui unissent une mère et l'enfant qui se développe dans sa matrice, permet, peut-être, de comprendre que les mères porteuses ne sont pas des mères comme les autres. Et qu'elles peuvent mettre au monde un enfant qu'elles ne conserveront pas, sans en subir un profond traumatismes de séparation. L'enfant lui ne sera pas non plus un enfant comme les autres, mais il sera dans la même situation qu'un enfant né sous X ou abandonné pour être adopté, et probablement moins traumatisé que les deux précédents ! Les médecins qui refusent avec rigidité, le principe de la mère porteuse en raison du

traumatisme de l'arrachement, seront peut-être moins sûrs de leur position après cette analyse.

La richesse de l'interprétation psychanalytique de la bible ne s'arrête pas là. La genèse fourmille de récits de la vie de femmes stériles qui finiront par enfanter.

L'histoire de Rebecca, femme d'Isaac et donc bru d'Abraham, devient, longtemps après la conception de ses jumeaux, très étrange sinon gravement critiquable. Celui de ses enfants qui avait été considéré comme l'ainé, Ésaü, avait droit à la grande bénédiction paternelle. Le frère cadet lui n'avait droit à rien de semblable. Et "Isaac préférait Ésaü tandis que Rebecca

préférait Jacob" ! Elle a donc décidé de bouleverser l'ordre établi par le destin en favorisant (honteusement ?) son cadet.

Tout le monde a entendu parler du brouet de lentilles que Jacob vendit contre son droit d'ainesse à son frère Esaü , "mort d'épuisement" après une longue chasse et qui

probablement en raison d'une hypoglycémie très sévère n'avait pas gardé toute sa tête. Ésaü

avait accepté ce contrat de dupes. Mais le droit d'ainesse ne suffisait pas il fallait tout de même pour Jacob obtenir la bénédiction que Isaac réservait à son ainé Esaü.

Isaac, très vieux , entendait très mal, voyait plus mal encore mais il gardait le plaisir de manger. Comme il avait demandé à Esaü d'aller à la chasse pour lui faire un ragout, Rébecca suggéra à son cadet de profiter de la situation et de tromper son père en se faisant passer pour Esaü afin d'obtenir la fameuse bénédiction. Elle mit tout son art à faire croire à son mari que le fils qui était à son côtés était Ésaü. Elle prépara très vite un ragout et le fit présenter par Jacob à son père. Elle habilla Jacob des vêtements d'Esaü, et revêtit son cou et ses mains des peaux des chevreaux avec lesquels elle avait fait le ragout car Esaü était très velu. Isaac avait conservé toute sa tête et utilisa tout ce qui lui restait de sens et tous ses arguments de bon sens pour mettre en doute la substitution, mais tous ses arguments ayant été contrés, il accepta de donner la bénédiction. A sa rentrée de la chasse, Esaü compris qu'il avait été berné, et désolé, demanda à son père : que peux-tu me donner ? Et le père désolé lui aussi fit comprendre qu'il ne pouvait plus donner aucune bénédiction équivalente ! En fin de compte il en donna tout de même une.

Comment juger Rebecca ? Comment juger Jacob qui avait toute sa vie eu en point de mire de récupérer un droit d'ainesse ?

Il faut d'abord définir les deux jumeaux. Ésaü est décrit comme un homme rude, un homme de la terre, intéressé par son territoire, ses animaux et la chasse.

Jacob lui a très vite montré qu'il pense avant tout au ciel. Dès qu'il s'endort la tête sur une pierre, il rêve d'une échelle sur laquelle des anges montent et descendent . Il construit

immédiatement en ce lieu où il a rêvé, un autel consacré à l'Eternel. Mais il n'en est pas moins un homme de la nature.

Et, (cela saute alors aux yeux des psychanalystes plus qu'à ceux des autres hommes ) il fallait que la grossesse de Rebecca soit gémellaire pour représenter l'humaine condition : d'un côté les individus attirés par la possession de la terre et de sa surface, de l'autre ceux connectés au ciel, les croyants ceux pour qui le spirituel ne peut être négligé, et même doit dominer, mais qui n'en sont pas moins à l'occasion, tentés par les biens terrestres et qui ne les obtiennent pas toujours par des moyens honnêtes. Ils existent encore quelques millénaires plus tard.

On comprend alors que Rebecca préfère Jacob même s'il n'est pas tout à fait pur et l favorise même au prix d'une forfaiture. Ainsi à l'inverse des mères porteuses Rebecca prend ses responsabilités et oriente le destin d'un de ses fils et donc d'une partie de l'humanité, dès le

tout début d'une histoire qui passant par Juda, Booz et Jesse, conduira au messie, au christ selon les évangiles,.

Cette grossesse gémellaire montre à jamais les sources de l'ambivalence humaine et que l'homme ne pourra que choisir un camp sans se séparer entièrement de l'autre, son jumeau !