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Le Canada est fort de son expertise dans certaines niches spatiales. Considérant les budgets limités, le Canada a choisi d’investir dans des activités stratégiques. Parmi ces activités, notons entre autres les télécommunications, les satellites et applications en observation de la Terre, les technologies d’exploration spatiale comme la robotique, l’utilisation de la Station spatiale internationale avec les multiples expériences canadiennes ainsi que le développement de concepts et de technologies médicales pour l’exploration habitée de l’espace (www.asc-csa.gc.ca). Le Canada a d’ailleurs fait ses débuts dans l’ère spatiale en 1962 avec le lancement d’Alouette-1

permettant l’étude de l’ionosphère. Le Canada devenait ainsi le troisième pays, après les États- Unis et la Russie, à développer et construire son propre satellite. S’en sont suivi plusieurs réussites canadiennes qui ont marqué l’histoire : le Canada fut le premier pays à opérer un satellite de communications commercial en orbite géostationnaire (satellite Anik en 1972) et à développer très tôt des services de radio et télédiffusion ainsi qu’un accès à internet à travers le pays. Plusieurs satellites de la série Anik, opérés par l’entreprise canadienne Telesat, sont actuellement opérationnels. Le secteur canadien des télécommunications est un des secteurs d’activité spatiale où le privé occupe une place importante avec une activité commerciale soutenue, requérant une contribution gouvernementale jugée moins importante; ceci dit, le gouvernement fédéral poursuit tout de même ses investissements afin de soutenir le développement continu des technologies de télécommunications. Le Canada possède également une grande expertise en observation de la Terre, spécialement en ce qui concerne les satellites avec technologie radar, ainsi que le développement d’applications. Radarsat fut lancé en 1995, permettant au Canada de s’installer parmi les chefs de file dans le domaine; Radarsat-1 n’est cependant plus opérationnel présentement. Radarsat-2, lancé en 2007, a permis au Canada de poursuivre et d’améliorer les capacités satellitaires afin de développer de multiples applications terrestres pour le Canada, mais également pour la communauté internationale. La constellation Radarsat est présentement en développement afin d’augmenter encore davantage les capacités canadiennes. De plus, un autre satellite en observation de la Terre, SciSat, a pour objectif l’étude de l’ozone stratosphérique. Le Canada développe également le projet PCW pour l’étude des communications et de la météorologie polaire. Les acteurs du secteur spatial canadien contribuent également à des missions satellitaires internationales en observation de la Terre en collaborant à certains instruments, par exemple pour les missions Cloudsat (NASA), Terra (NASA), SMOS (ESA) et Odin (Suède). Mis à part les satellites, le Canada s’est démarqué au cours des dernières années dans le domaine de la robotique spatiale avec entre autres le développement du bras canadien, Canadarm, pour la navette spatiale, en 1981 à bord de Columbia (STS-2). Un second bras canadien fût installé sur la Station spatiale internationale en 2001 en plus de sa base mobile et du robot Dextre, tous des innovations canadiennes. Les technologies de robotique sont actuellement étudiées dans le but d’effectuer des travaux de réparation ou de ravitaillement de satellites, afin d’augmenter les capacités et la durée de vie des satellites en orbite afin de prévenir les problèmes de surpopulation des orbites spatiales. Dans un autre ordre d’idée, la robotique

spatiale implique aussi le développement de véhicule, communément appelé « Rovers » et autres engins à roues ou à chenilles destinés à des fins d’utilisation sur la lune, mars ou autres planètes ou corps célestes. Le gouvernement canadien a d’ailleurs injecté des sommes supplémentaires dans le programme spatial canadien en 2008 afin de développer des technologies robotiques pour le service aux satellites et les rovers. Le programme spatial canadien d’exploration compte également sur le développement de technologies et d’application pour l’exploration spatiale en Astronomie avec entre autres des contributions à des missions internationales comme le James Webb Telescope. Finalement, le programme spatial canadien compte sur un corps d’astronautes qualifiés qui contribuent à nos activités de collaborations internationales nous permettant de repousser les limites de la présence de l’Homme dans l’espace. À bord de la Station spatiale internationale, les astronautes effectuent des tâches scientifiques et techniques complexes qui permettent de mieux comprendre les contraintes des missions spatiales et également le rôle de la gravité sur Terre par différentes expériences. Ainsi, plusieurs projets sont effectués sur la Station spatiale internationale afin d’étudier des phénomènes physiques, physiologiques et biologiques. Que ce soit en lien avec la Station spatiale internationale, les satellites de communications et d’observations de la Terre, ou d’autres programmes spatiaux au Canada, plusieurs domaines terrestres bénéficient des découvertes spatiales et les transferts de connaissances et de technologies permettent de faire avancer la science et de contribuer à l’amélioration de la vie des Canadiens.

Le secteur spatial canadien s’inscrit dans une dynamique internationale, et bien que le Canada fût le troisième pays dans l’espace, il ne possède plus cette position de meneur. Avec un budget annuel moyen d’environ $300M, le Canada ne fait plus partie du Top 10 des programmes spatiaux nationaux, avec des pays comme le Royaume-Uni et l’Inde qui augmente leurs investissements (Space Foundation, 2015). Le secteur spatial à l’échelle internationale a généré des revenus estimés à US $254 G; l’industrie spatiale canadienne possède 2 % de ces parts de marchés avec un financement des programmes spatiaux civils par l’industrie spatiale canadienne se situant à environ 1 % du financement global (Agence spatiale canadienne, 2015). Ce taux de financement est comparable au financement du Brésil et de la Corée du Sud. Ceci étant dit, le Canada continue tout de même de faire bonne figure à l’échelle internationale de par entre autres

ses programmes phares tels que Radarsat et le Bras canadien. À cet égard, selon l’Index de compétitivité de Futron 20148, le Canada figurait en 7e position alors que basé seulement sur le financement, le Canada est au 16e rang. Bien que fort de sa réputation, le Canada pourrait se voir progressivement reculer dans le classement, car il ne pourra compter sur les exploits historiques pour toujours.

Le secteur spatial canadien n’est pas différent de celui de ses voisins américains ou encore de ses partenaires européens en matière de dépendance au gouvernement; ce secteur dépend grandement des décisions et investissements gouvernementaux et place le Gouvernement du Canada, plus précisément l’Agence spatiale canadienne (ASC), comme acteur central. La cadre de la politique spatiale canadienne exprime clairement le rôle des entreprises privées dans la réalisation des objectifs du Canada en matière d’espace. L’écosystème d’innovation spatiale au Canada est donc principalement centré autour d’acteurs provenant du privé. Ils sont entre autres les principaux bénéficiaires du financement accordé par l’ASC. Considérant également l’aspect d’échec de marché du secteur spatial, le gouvernement a également comme rôle de stimuler l’innovation et le marché spatial via le soutien aux diverses organisations canadiennes. De plus, comme présentées dans le cadre de l’écosystème d’innovation centré sur l’entreprise, les universités jouent un rôle important en matière de production de nouvelles connaissances. La recherche fondamentale et appliquée en sciences et technologies spatiales réalisée dans les universités permet non seulement de repousser l’état de l’art, mais également de trouver de nouvelles solutions, de développer des applications, etc. Les organisations publiques, tels les laboratoires publics, les centres de recherche et les hôpitaux, sont également source d’activités innovantes par la production de nouvelles connaissances émanant des projets de recherche ou encore le développement d’infrastructures de recherche (fondamentales et appliquées) pouvant être mises à la disposition des entreprises dans l’élaboration de technologies. Le Conseil national de recherches du Canada, les Instituts de recherche en santé du Canada et la Fondation canadienne pour l’innovation sont des exemples d’organisations finançant la recherche au Canada. Finalement, des organisations sans but lucratif sont partie prenante des activités spatiales, bien souvent comme utilisateurs de

8 À noter que l’Index n’est plus disponible pour des comparaisons avec des années subséquentes en raison de la vente de Futron en 2014.

données spatiales pour des questions socio-économiques et de bénéfices à la population et son environnement. Au cours de 2003-2012, les programmes phares de l’ASC ont été RADARSAT, la Station spatiale internationale ainsi que la contribution canadienne au James Webb Telescope. La Figure 2-7 présente les proportions du montant du financement octroyé par l’Agence spatiale canadienne dans le cadre de contrats, subventions et contributions aux différentes organisations canadiennes de 2003 à 2012. Le détail des contrats et de ses récipiendaires n’était que partiel donc ces données sont ici présentées sous forme agrégée afin de prendre connaissance des types d’organisations financés. On constate que la grande majorité du financement est destiné aux entreprises privées, ensuite les organisations gouvernementales dans le cadre d’entente de collaboration (ex. Memorandum of Understanding (MOU)) et les universités obtiennent en moyenne 8 % du financement, selon les années.

Figure 2-7: Proportion du financement octroyé aux différents types d’organisations canadiennes *Autres = écoles secondaires, associations et autres. Source de données : ASC

Collaborations

2.3.2

Les mécanismes de collaboration du secteur spatial sont le cœur même de cette thèse. Aucune étude n’a été publiée jusqu’à présent avec pour objectif de qualifier et de quantifier les pratiques collaboratives dans le secteur spatial au Canada, mis à part quelques histoires à succès. Les interactions entre les acteurs spatiaux canadiens et même internationaux sont primordiales, voire même encouragées par les différentes instances gouvernementales ainsi que les experts du milieu. Les collaborations dans le secteur spatial sont bien souvent sous-entendues et connues du réseau fermé que forment les acteurs œuvrant dans le milieu. Elles ne sont donc pas facilement

0 20 40 60 80 100 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2003-2012 Université Privé Gouvernement OSBL Autre*

observables et c’est pourquoi elles feront l’objet de cette thèse. Notons tout de même que tout récemment, l’étude de Eito-Brun et Rodriguez (2016) a utilisé la bibliométrie et les réseaux pour représenter les activités de recherche spatiale de l’Agence spatiale européenne (ESA). La littérature sur ce sujet est donc relativement limitée. Le thème le plus étudié est celui de la collaboration internationale dans le cadre de projets et de missions d’exploration spatiale (Shaffer, 2008; Dupas et Logsdon, 2006; Gomi (2005). Les agences spatiales, canadienne et étrangères, ont en effet des politiques favorisant la collaboration internationale. Devant des missions d’exploration d’envergure, les collaborations permettent la mise en commun de ressources et d’expertise ainsi que le partage des risques. Cela dit, comme que mentionné dans la Stratégie globale d’exploration qui fût développée en 2006 par 14 agences spatiales, les partenariats sont encouragés et privilégiés, mais jamais aux dépens des priorités et bénéfices que chaque joueur poursuit. Le cadre de la politique spatiale canadienne abonde également dans ce sens, faisant de la collaboration une priorité. Cependant, lorsque vient le temps de regarder la nature et l’état des collaborations au sein d’un écosystème d’innovation spatiale à l’échelle nationale, les données se font rares. Dans un écosystème d’innovation centré sur l’entreprise, il devient alors intéressant de connaitre les réseaux de collaborateurs impliquant le secteur privé. Les données relatives aux collaborations dans le cadre de projets impliquant l’industrie sont bien souvent tenues secrètes de par l’avantage compétitif que peuvent procurer les choix de collaborateurs. Ainsi, plusieurs entreprises privées ne veulent pas partager ces informations. L’ASC possède toutefois les informations et pourrait effectuer cette analyse à l’interne. Du côté des collaborations pour la recherche impliquant le secteur universitaire, des données à l’ASC sont cumulées afin de présenter entre autres les partenaires des chercheurs bénéficiant de subventions. Le détail de ces données n’est cependant pas non plus accessible à l’externe. Devant cette impasse sur le manque d’information sur les habitudes de collaboration dans le secteur spatial canadien, il en va de soi qu’une méthodologie se devait d’être développée.

CHAPITRE 3

MÉTHODOLOGIE

Les collaborations dans le secteur spatial au Canada seront étudiées à l’aide de données bibliométriques ainsi que de résultats d’un sondage. L’analyse bibliométrique a d’abord été effectuée en observant les tendances pour trois études de cas; ce choix méthodologique a permis une analyse exploratoire spécifique à trois disciplines afin de faire ressortir les similitudes et différences des divers champs d’activités spatiales et d’évaluer la pertinence de la méthode. En ce qui concerne le sondage distribué aux acteurs canadiens du secteur spatial, il a permis de prendre connaissance de facteurs ne pouvant être mesurés avec la bibliométrie. Pour le sondage, l’approche a été globale et les questionnaires ont été distribués aux auteurs des articles recensés dans l’étude bibliométrique ainsi qu’aux chercheurs et entreprises privées connus de l’ASC, et ce de tous les champs d’activités spatiales afin d’augmenter le nombre potentiel de répondants et d’élargir l’application des résultats.

Bibliométrie