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2.1.2

Le concept d’écosystème d’innovation provient de la prémisse de List (1841) qui stipule que la croissance économique d’un pays dépend des interactions et des flux de connaissances entre les acteurs. Cette notion de système d’innovation implique des interactions multiples au sein de réseaux complexes d’acteurs œuvrant à différents paliers du processus d’innovation. Les acteurs économiques, institutionnels, gouvernementaux et industriels jouent tous un rôle primordial; les activités et les interactions entre les groupes d’acteurs sont des notions au cœur des activités innovantes (Lundvall, 1992; Freeman, 1987; Nelson, 1993). La prise en compte des activités et des rôles de chacun permet de mieux comprendre les mécanismes régissant un écosystème

particulier, ce qui permet ensuite d’établir des indicateurs servant à en mesurer la performance (Conseil des académies canadiennes, 2013).

Les innovations technologiques sont en grandes parties mises en marchés par les entreprises privées, avec une faible proportion pouvant provenir des activités de commercialisation des universités, du gouvernement ou d’organisations sans but lucratif. Cette approche qui place l’entreprise privée au centre de l’écosystème d’innovation traduit cet environnement axé sur la définition pure de l’innovation ayant trait à la commercialisation de nouveaux biens et services. Il en va de soi que dans un contexte d’analyse socio-économique intégrant les bénéfices pour l’économie et les avantages pour la société, ce modèle est le plus fréquemment utilisé. Ceci dit, bien que le secteur privé joue un rôle central pour faire progresser une nouvelle idée jusqu’au marché, elles n’opèrent pas en isolation et bénéficient des interactions de tous les acteurs au sein de cet écosystème qui procure les éléments pour stimuler et soutenir les activités d’innovation comme les connaissances, ressources, politiques, règlementation, demandes, etc. La Figure 2-3 présente la dynamique impliquant universités et entreprises privées dans cette idée d’écosystème d’innovation. Certains joueurs tels les bureaux de transferts de connaissances peuvent jouer un rôle important d’intermédiaire entre la recherche et le secteur privé dans le but de commercialiser les résultats émanant de travaux de chercheurs universitaires.

Figure 2-3: Innovation Canada: Le pouvoir d'agir (Gouvernement du Canada, 2011)

Les trois principaux types d’institutions impliqués directement dans des activités de recherche et développement au cœur de l’écosystème d’innovation sont les organisations des secteurs universitaire, industriel et gouvernemental. D’autres joueurs viennent influencer les activités innovantes pour la mise en place de politique adéquate venant stimuler et accélérer l’innovation (gouvernement, groupes consultatifs, associations); certaines organisations joueront le rôle de facilitateur comme par exemple les bureaux de transfert technologiques, les incubateurs et accélérateurs, les organisations gouvernementales qui gère des programmes de collaborations entre l’industrie et les universités (ex. Conseil de recherche du Canada), de subvention, les grappes industrielles (ex. CRIAQ); les utilisateurs et acheteurs qui influencent la demande auront également un impact sur la dynamique de l’écosystème (marché local, international, marché monopsone, industrie émergente ou mature, etc.). Dans le cadre de cette thèse, les collaborations sont étudiées sous l’angle de la production de connaissances des secteurs industriel, universitaire et gouvernemental.

Secteur universitaire

Le secteur universitaire est un joueur clé en recherche; la mission des universités est composée de deux principaux volets qui affectent le processus d’innovation, soit la production de nouvelles

connaissances et la formation de futurs employés hautement qualifiés (Etzkowitz et Leydesdorff, 2000; Godin et Gingras, 2000). Selon les domaines d’activités, la recherche se veut davantage fondamentale et/ou appliquée. La nature des activités viendra par le fait même influencer le rôle de l’université dans l’écosystème de l’innovation; un secteur dépendant des avancées scientifiques sera plus prompt à initier des collaborations avec les chercheurs universitaires, versus les secteurs axés vers les produits et services qui chercheront l’innovation technologique au sein des partenariats avec d’autres entreprises privées comme les fournisseurs.

Secteur industriel

Les entreprises privées situées au cœur de l’écosystème d’innovation, jouent un rôle majeur entre autres en matière de recherche et développement, commercialisation de nouveaux produits, création d’entreprises spin-off, maintien d’un bassin d’employés hautement qualifié, etc. (Conseil des académies canadiennes, 2013; Rosenberg et Nelson, 1994). Elles jouent également un rôle important en matière de production de connaissances. Les connaissances que possède une entreprise influencent sa capacité d’absorption qui aura un impact sur les possibilités de transferts technologiques. Le niveau de capacité d’absorption, c’est-à-dire les capacités d’une organisation à reconnaitre les opportunités de nouvelles connaissances, à les intégrer et les mettre en application est essentiel au transfert technologique (Cohen et Levinthal, 1990). Cohen et Levinthal (1990) mentionnent qu’un certain niveau de connaissances préalables est nécessaire à l’apprentissage de nouvelles connaissances, tout dépendant du niveau de difficulté et des coûts d’apprentissage. Les entreprises investissent en recherche afin d’appuyer leurs activités de recherche et développement pour leurs nouveaux produits, mais également afin d’intégrer les nouvelles connaissances émanant des autres acteurs, que ce soit une université, une autre entreprise privée (collaborateur ou compétiteur) ou autre organisation. Les grandes entreprises attribuent bien souvent des sommes considérables en R-D afin d’augmenter leurs capacités, repousser les limites et rester au-devant de la compétition.

Secteur gouvernemental

Le gouvernement joue un rôle crucial en termes de mise en place de politique pour encourager l’innovation et de mesures financières adéquates pour supporter l’industrie et les institutions universitaires (Etzkowitz et Leydesdorff, 2000; Nelson, 1982; Etzkowitz, 2003). Le gouvernement voit aussi à la provision de services pour sa population, ce qui requiert des

collaborations, des contrats et des subventions afin de permettre au département ministériel ou à l’agence d’atteindre ses objectifs. Certains groupes peuvent effectuer de la recherche interne; le Canada quant à lui tend à stimuler l’économie via l’attribution de contrats, subvention et contributions aux organisations universitaires, publiques, sans but lucratif ou privées. Pour certains domaines, comme le spatial, le gouvernement jouera un rôle central en matière de définition des objectifs, d’accès à l’espace et de financement.

Interactions

Le concept clé derrière ce concept d’écosystème demeure les interactions entre les acteurs. Souvent basé sur les meilleures pratiques et quelques histoires à succès et anecdotes, mesurer précisément ces interactions est plus complexe de par entre autres l’accès aux données qui est limité. Des initiatives visant à améliorer les interactions, telles que les subventions gouvernementales aux activités de collaborations université-industrie et les organisations sans but lucratif visant à la mise en place de projets collaboratifs (ex. CRIAQ et PRIMA Québec) sont plus souvent démontrés et utilisés, plutôt que la mesure des interactions en soi. Cette thèse vise donc à étudier l’utilisation de méthodologies pour mesurer ces collaborations, dans le but de comprendre les raisons et mécanismes sous-jacents aux interactions entre ces acteurs. La section qui suit présente le contexte théorique de la collaboration.

Collaboration et activités de recherche et développement