• Aucun résultat trouvé

4.1.3

Les réseaux de co-publication rendent possible l’analyse des caractéristiques structurelles des collaborations et l’évolution de celles-ci au fil du temps.

Mesures de centralité

Les mesures de centralité permettent de quantifier et qualifier la position des individus au sein des réseaux. Les mesures utilisées dans cette étude sont le degré de centralité, l’intermédiarité et le coefficient de formation de cliques. Chaque mesure a été calculée pour chacun des auteurs et des moyennes ont été calculées. Le Tableau 4.9présente les résultats obtenus pour ces métriques sous forme de moyennes pour chaque période ainsi que les valeurs de maximum et minimum obtenues.

Tableau 4.9: Mesures de centralité, réseaux Radarsat

Degré de centralité Intermédiarité Coefficient de Clique Min Max Moyenne Min Max Moyenne Min Max Moyenne

2003-2007 1 31 5,1 0 9434 324,8 0 1 0,8

2008-2012 1 39 5,6 0 16969 332,9 0 1 0,9

Degré de centralité : Il y a en moyenne 5 à 6 liens de collaboration par auteurs dans les deux

réseaux. La différence entre les deux périodes est plutôt faible. En 2003-2007, 44 auteurs ont plus de 10 liens de collaboration; et 60 en 2008-2012. Un faible nombre d’auteurs contribuent donc aux nombreuses connexions de ces réseaux.

Intermédiarité : Cette valeur augmente de la première à la deuxième période et la valeur de

maximum est considérablement plus élevée pour la deuxième période. Certains auteurs sont donc plus centraux et jouent un rôle clé en connectant plusieurs individus. Trois auteurs affiliés à des organisations gouvernementales se démarquent dans la seconde période, soit Vachon,

Charbonneau et Brisco, qui ont non seulement les plus hautes valeurs d’intermédiarité en 2008- 2012, mais ces valeurs sont bien au-delà de la valeur maximale de 2003-2007.

Coefficient de clique : Cette mesure présente une légère augmentation à la deuxième période. La

valeur de clique ne tient pas en compte si les nœuds sont isolés ou s’ils font partie de la composante principale. Par exemple, un groupe de trois auteurs qui collaborent uniquement entre eux auront tout de même une valeur de 1,0 (valeur maximale). Une augmentation de la valeur de clique en 2008-2012 peut être ici expliquée par l’augmentation des composantes isolées pour lesquels les nœuds voisins sont tous connectés les uns aux autres.

Corrélations

Ces mesures de centralité sont significativement corrélées entre elles (voir Tableau 4.10) et ce pour les deux périodes. Une haute valeur d’intermédiarité est corrélée avec une haute valeur de degré de centralité pour les deux périodes étudiées. Ces deux variables sont également positivement corrélées avec les valeurs obtenues pour d’autres variables calculées, soit le PageRank et le nombre d’articles. Les auteurs occupant une position centrale dans le réseau (haute valeur d’intermédiarité) sont donc également ceux qui produisent le plus d’articles, avec de nombreux liens de collaborations (degré), et des liens avec des auteurs bien positionnés (PageRank).

Les mesures de centralité ont également été mises en relation avec le nombre de citations pour chaque auteur afin d’identifier les indicateurs pouvant être liés à la qualité et l’impact des publications. En 2003-2007, les auteurs ayant le plus de citations sont également ceux avec le plus grand nombre d’articles et une position plus centrale (intermédiarité); cependant pour la deuxième période la corrélation demeure positive avec le nombre d’articles, mais n’est cependant plus corrélée avec l’intermédiarité, mais plutôt avec le degré de centralité. La diversité des liens, mesurée par l’intermédiarité, est donc un indicateur lié à la productivité et l’impact des auteurs lors de la première période; cependant, plus le réseau se complexifie et les liens entre les différentes communautés se forment à la deuxième période, moins la position centrale influence la qualité des articles et le nombre de citations obtenues.

La plupart des corrélations sont positives, mis à part certaines relations avec les valeurs de coefficient de clique. En 2003-2007, une haute valeur d’intermédiarité est corrélée avec une plus faible valeur de clique. Ainsi, les auteurs les plus centraux sont bien connectés, mais sont moins

susceptibles de former une clique. Les stratégies de collaborations y sont pour quelque chose. En effet, une grande majorité d’auteurs productifs utilisent une configuration de pont, comblant ainsi un trou structural. Rappelons qu’un trou structural est un espace entre deux regroupements d’auteurs, n’ayant aucun lien entre eux. Plus le niveau de productivité diminue, plus la tendance se tourne vers un réseau de type cohésion (réseau sous forme de clique avec une grande proximité entre les auteurs et de nombreux liens entre tous les auteurs voisins). Ceci affecte également les valeurs de clique observées ci-dessus. La structure de cohésion implique une plus grande valeur de clique. Selon Burt (1992), les auteurs ayant des relations non récurrentes et avec différents auteurs ne partageant pas le même réseau de collaborateurs seront plus avantagés en termes d’accès à des connaissances et ressources variées et ainsi pourront accéder à davantage d’opportunités. En jouant le rôle de pont, les auteurs obtiennent une meilleure visibilité ainsi qu’une force d’influence, voire même un avantage compétitif. Dans le cas de nos réseaux, cette stratégie de collaboration en utilisant différents collaborateurs et en agissant comme pont est également liée à une meilleure productivité.

En 2008-2012, les stratégies de collaborations sont majoritairement de type cohésion, et ce pour l’ensemble du réseau. Il semblerait donc que les trous structuraux observés en 2003-2007 soient moins présents et sans doute comblés par la présence d’autres auteurs liant ainsi de façon plus homogène le réseau. On aurait pu penser que la relation deviendrait positive entre les deux variables. Cependant, la relation entre le potentiel à former des cliques et l’intermédiarité demeure inversée : ceci est causé par une augmentation de nœuds voisins dans la grande composante et une diminution de la distance entre eux (influençant négativement le coefficient de clique). Ceci est jumelé également à la plus grande capacité de connexions aux nœuds voisins des auteurs moins centraux, mais bien connectés. Cette observation vient également expliquer la corrélation entre le coefficient de clique et le degré en 2008-2012, comme quoi plus la valeur de degré est grande, moins le coefficient de clique l’est, et ce dû à l’augmentation de la densité globale du réseau.

Tableau 4.10: Corrélations entre les mesures de centralité des réseaux d’auteurs, Observation de la Terre - Radarsat

2003-2007 Degré de centralité Intermédiarité Coefficient de clique PageRank Nombre d’articles Nombre de citations Degré de centralité 1,0000 Intermédiarité 0,5750*** 1,0000 Coefficient de Clique 0,2164*** -0,4209*** 1,0000 PageRank 0,7016*** 0,6324*** -0,1701*** 1,0000 Nombre d’articles 0,5212*** 0,8148*** -0,3808*** 0,5706*** 1,0000 Nombre de citations 0.0864 0,0956* -0.0360 0.0701 0,1372*** 1,0000 2008-2012 Degré de centralité Intermédiarité Coefficient

de clique PageRank Nombre d’articles Nombre de citations Degré de centralité 1,0000 Intermédiarité 0,5624*** 1,0000 Coefficient de Clique -0.0802 -0,6165*** 1,0000 PageRank 0,7386*** 0,6431*** -0,3316*** 1,0000 Nombre d’articles 0,5202*** 0,7872*** -0,5425*** 0,6315*** 1,0000 Nombre de citations 0,1385** 0.0664 -0.0703 0.0847 0,0920* 1,0000 *** p ≤ 0,001 ** p ≤ 0,01 * p ≤ 0,05 Mesures de structure

Les mesures de structure des réseaux sont présentées au Tableau 4.11. Ces données servent d’indicateur de cohésion du réseau. Ces données, comparativement aux mesures de centralités, sont mesurées pour l’ensemble du réseau. Parmi celles utilisées dans cette étude, il y a la distance moyenne des chemins, le diamètre, la plus grande composante connectée, la modularité et le nombre de composantes connectées.

Tableau 4.11: Mesures de la structure des réseaux, Observation de la Terre - Radarsat

Distance moyenne des chemins Diamètre Plus grande composante connectée Modularité Nombre de composantes connectées 2003-2007 4,522 11 299 0,689 53 2008-2012 4,586 11 309 0,674 43

Distance moyenne des chemins : On constate que la distance moyenne des chemins est similaire

d’une période à l’autre. Considérant que le nombre d’auteurs n’est pas significativement plus grand d’une période à l’autre, on peut donc déterminer que la structure entre les différents acteurs

est similaire et les auteurs connectés ne se sont que très faiblement éloignés. Une augmentation significative peut en effet engendrer une augmentation de la distance moyenne de par le nombre plus grand de nœuds; le contraire pourrait survenir si les auteurs additionnels étaient extrêmement liés aux auteurs de la première période; ce n’est pas le cas ici. On peut donc affirmer que dans le cas de Radarsat, les auteurs additionnels n’ont pas contribué à rapprocher les auteurs de la première période.

Diamètre : Les valeurs de diamètre renforcent le constat pour la distance moyenne des chemins,

puisque la valeur de 2003-2007 est la même que 2008-2012.

Plus grande composante connectée : La valeur de 2008-2012 est légèrement plus grande avec

10 auteurs additionnels. Ceci est cependant négligeable considérant le nombre total d’auteurs. De plus, les autres composantes contiennent aussi plus de nœuds connectés ce qui contribue à la cohésion du réseau.

Modularité : La qualité de regroupement pour la deuxième période est plus faible qu’à la

première, mais la différence n’est pas considérable. Donc bien que l’on ait observé plus tôt qu’il y ait moins d’auteurs isolés dans la deuxième période et une meilleure affinité à former des cliques, il s’agit de la contribution d’un plus petit nombre d’auteurs puisque la modularité n’a pas augmenté.

Nombre de composantes connectées : Le réseau 2008-2012 contient 20 % de composantes

isolées de moins que le réseau de 2003-2007, ce qui indique que les auteurs sont mieux connectés entre eux et qu’il y a en effet moins d’auteurs isolés.

Structure de petit monde

Les réseaux de co-auteurs pour le cas Radarsat correspondent à une configuration de petit monde. Le Tableau 4.12 ci-dessous présente les variables utilisées pour les calculs de structure de petit monde (Q). Une haute valeur de Q indique une forte tendance à la structure en petit monde. On remarque que pour les deux réseaux de Radarsat, de grandes valeurs de Q sont obtenues ce qui confirme que ces réseaux ont une configuration de petit monde. Le ratio de coefficient clique (Cratio) est plusieurs fois plus grand que 1 et le ratio de la distance moyenne des chemins aux environs de 1. L’augmentation en 2008-2012 des connexions entre les auteurs et entre les différentes communautés est également observée ici avec une augmentation de la valeur de Q. Tableau 4.12 Variables pour mesure de structure de petit monde, Observation de la Terre - Radarsat

Lactuel Cactuel Laléa Caléa Lratio Cratio Q

2003-2007 4,522 0,771 3,604 0,013 1,254717 59,30769 47,26778

2008-2010 4,586 0,852 3,408 0,008 1,345657 106,5 79,14348

Légende : L= Distance moyenne des chemins; C = coefficient de clique; actuel= valeur pour le réseau Radarsat; aléa=réseau aléatoire; ratio = réel/aléa; Q=mesure de structure de petit monde

Rappelons que la littérature indique qu’une telle configuration favorise l’expansion des connexions au sein des auteurs de mêmes champs d’expertise et peut favoriser la productivité via l’accès à des ressources et de nouvelles connaissances (Newman 2001a, b, c; Watts et Strogatz, 1998, Marchiori et Latora, 2000). Considérant les différents champs d’expertise et d’application dans cette étude de cas, il est difficile d’attribuer l’expansion des réseaux et de la productivité des auteurs à cette configuration, mais il n’en demeure pas moins qu’il est possible de proposer que l’augmentation des connexions a certes contribué à augmenter les opportunités et par conséquent la productivité.

Faits saillants