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CONSTRUIRE UN IDEAL

LE CORPUS DE REFERENCE

Le professeur de théorie présente aux élèves cette collection d'édifices. Le professeur de construction procède de la même manière. Le cours est aussi une collection de dessins qui figurent des solutions constructi­ ves à travers lesquelles sont présentés les principes de la bonne cons­ truction.

Ces deux cours s'informent mutuellement, ils présentent le même objet de deux manières différentes et malgré leur opposition apparente, ils -démontrent le même idéal.

la première règle de l'architecture. Longtemps la culture architecturale ne se transmettait que par l’intermédiaire de ces documents gravés, que seuls les architectes possédaient. Ils tiraient de la connaissance de ces documents, un avantage considérable sur ceux des maçons qui n'avaient d'autres références que le souvenir des édifices qu'ils avaient pu voir. Cet ensemble de dessins à partir du xvur siècle fait l'objet d'une diffusion suffisante pour que le débat architectural s'étende aux person­ nes «intelligentes».

Préface Guadet. Eléments et théorie de l'architecture.

L e problème de la connaissance et de la diffusion du corpus est radicalement transformé par le développement de l’imprimerie. Longtem ps le corpus est dé­ tenu par « les familles » qui possèdent les documents d'architecture — gravures et dessins originaux.

Le corpus, la théorie, et la pratique du projet d’école forment la sé­ quence d'un tout dans lequel se dit et se redit l’architecture. Cette répé­ tition ne reproduit pas indéfiniment la même « manière ». Elle est utile au contraire à redéfinir constamment la Raison de l'architecture dont découle la Règle.

Le cours de construction présente aux élèves les solutions et les pro­ blèmes de la construction. L'ordre de l'exposé du cours de construction suit souvent l’ordre de l'exécution, la construction est montrée par l’intermédiaire du chantier; le premier problème posé est celui des fon­ dations. Parfois au contraire, l’ordre adopté par le professeur est celui de la conception. La construction est montrée par l’intermédiaire du projet; le premier problème posé est celui des couvertures et de l’éva­ cuation des eaux.

Au-delà du choix de l'ordre à adopter pour l'exposé, le professeur de construction opère explicitement ou implicitement un classement dans l’ensemble des solutions techniques connues. Il construit une typologie des éléments et des systèmes constructifs.

La description qu’il fait des parties de la construction ainsi constituées n’est pas seulement une présentation de l’objet concret mais une des­ cription - «une description verbale» par laquelle est présentée l’expli­ cation de l’objet, sa raison.

Le cours de construction présente les solutions techniques comme l’ap­ plication des « principes de construction ». Pour chaque auteur une ex­ plication différente peut être donnée du même objet technique.

TRANSFORMATION DU CORPUS - LE CORPUS S'OUVRE A TOUT

La procédure de l’enseignement dont elle tente toujours de conserver le monopole est conçue pour autoriser les professeurs à tester par l’inter­ médiaire des projets de leurs élèves des thèses nouvelles. La théorie de l’architecture n’enferme jamais la pratique du projet dans un code. Le projet est au contraire le laboratoire où tester l’efficacité de nouvel­ les références pour soutenir de nouvelles stratégies. La transformation du corpus de référence est le signe d’une transformation de la théorie et d’un déplacement problématique dans l’activité de construire.

Le mécanisme de transformation du corpus a cessé dans les années 20 de fonctionner. L’avant-garde n’a pas pu être récupérée. Elle s ’est em­ parée du corpus de référence et l’a ouvert à tous les objets hétéroclites sur lesquels il était possible de tenir son discours.

Les architectes modernes, en s'intéressant au design élargissent le do­ maine de l’architecture. Ils revendiquent l’extension de leur responsabi­ lité; « l’architecture est à la clé de TOUT ».

Pour l’architecture le code ne s’établit pas à ce niveau de l’image ou de l'objet mais à celui de la norme qui règle la pratique constructive. Les connotations diverses introduites par les références servent à valider les règles pratiques de la construction.

LA THEORIE DE L'ARCHITECTURE

Par théorie de l’architecture, il faut entendre la position officielle qui prévaut dans l’institution architecturale, qui soutient la stratégie des ar­ chitectes et à laquelle par un jeu d’alliance qu’il faudrait reconstituer, d’autres apportent leur soutien.

Cette théorie est mêlée au projet d’école. Elle permet aux élèves de composer par les règles et préceptes qu’elle donne; mais elle appelle à la « transgression » puisqu’il faut par ces projets d’élèves tester l’efficacité des nouvelles positions pour adapter la pratique à la conjoncture.

LA LEGENDE DE L'ORIGINE ET LE MYTHE DE LA MACHINE

I

La théorie de l’architecture répète de différentes manières cette affir­ mation qui comprend trois aspects :

- cet idéal a toujours existé,

- cet idéal est la « manifestation d’un absolu »,

- il est une «structure, logique, sous-jacente et commune à tous les ob­ jets et à tous niveaux », dont il faudrait énoncer le modèle — les trois

aspects du mythe.

L a théorie de l ’architecture a les trois caractères du mythe :

- Elle résoud la question de l’origine, l’architecture a toujours existé — elle est un étemel présent.

- elle montre l’architecture comme «absolu».

- elle est une « structure logique sous-jacente et commune à tous les niveaux ».

LA NORME COMME CONSENSUS

La norme concrète s’appuie sur un consensus. Elle est donnée comme résultant d’une « coordination entre tous les intéressés » ou « d’un choix collectif raisonné» servant de base à une entente.

UN CHOIX COLLECTIF RAISONNE

La norme résulte d’un débat contradictoire où s ’expriment les intérêts divergents des différentes parties en présence: fabricants, distributeurs, consommateurs, pouvoirs publics, elle les concilierait.

Une norme est définie par Afnor de la façon suivante :

■•Une donnée de références, résultant d'un choix collectif raisonné, en vue de

servir de base d'entente pour la solution de problèmes répétitifs. ■■

-Quelque importance que ce soit la part des pouvoirs publies dans l'organisa­ tion de la normalisation, une norme ne se conçoit que comme la résultante na­ tionale des avis, opinions et intérêts qu'elle a suscités, ou. mieux, comme une synthèse sensiblement optimale des possibilités de la production, des particula­

rités de la distribution et des exigences de la consommation. ■■