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La constitution de la bande

La première nuit dans la grange fut plus occupée à parler qu’à dormir. Les deux garçons s’ouvrirent l’un à l’autre avec en-thousiasme et sincérité, comme si les digues, qui depuis longtemps contenaient leurs émotions, lâchaient brutalement. Louis expliqua pourquoi et comment il en était arrivé à s’inventer ce personnage de capitaine Delon, et raconta son enfance à Beauvoisin. Il fit pro-mettre à son ami la plus grande discrétion quant à son identité. A la merci du premier contrôle policier et risquant de terminer ses cinq ans de surveillance à la Citadelle de Nîmes, Louis avait tout intérêt à brouiller les pistes et à laisser circuler les rumeurs les plus di-verses.

Jean-Louis, avec beaucoup de pudeur, fit comprendre à son nouvel ami la place difficile qu’il avait dans sa famille. Il s’était toujours senti différent des autres, et surtout des jeunes gens de son âge. Ses rêves, ses goûts, ses plaisirs, ses intérêts, n’étaient jamais conformes à ceux de ses deux neveux, Jean-François et Jean-Louis. Ces deux fils de François et Jeanne, n’avaient qu’un an de plus et de moins que Jean-Louis et ils auraient dû former un trio insépa-rable et complice. Au lieu de cela, le décalage s’était fait de jour en jour plus grand. L’un était mince, souple et élégant, les deux autres râblés, costauds et rustres. L’un pouvait passer une heure à admirer le soleil se coucher sur la montagne, les deux autres ne s’intéressaient qu’aux choses bien matérielles et utiles. Jean-Louis

était calme et doux, ses deux neveux agités et brutaux. La cicatrice que Jean-Louis portait au dessus de l’œil droit venait d’une bouscu-lade entre les trois garçons, simple jeu de jeunes coqs voulant épa-ter un poussin. Ce n’était pas de la méchanceté et les deux costauds avaient été très surpris et chagrinés d’abîmer ainsi leur fragile poussin…

Les trois garçons avaient pourtant été élevés dans une égale promiscuité et avec les mêmes exigences. La maison n’étant pas prévue pour tant de monde, le couchage se faisait par catégorie d’âge et de sexe, chaque genre ayant un unique lit dans lequel on s’entassait, parfois en tête-bêche. Jean-Louis fut le seul à vivre dif-ficilement ce partage nocturne. Alors que les autres s’endormaient comme des souches à peine allongés sur leur paillasse, lui aurait voulu se blottir entre leurs bras, s’appuyer contre une épaule, sentir leur chaleur contre son corps. Il était à chaque fois repoussé fer-mement, relégué sur l’extrême bord du lit et, de surcroît, traité d’enfant.

Louis écoutait le jeune homme avec attention et pensait qu’il était difficile d’assumer une quelconque différence en ce bas monde. Que l’on ait deux doigts collés ou que l’on ait besoin de plus de tendresse que le commun des mortels, cela suffisait à être mis au ban du groupe. Et la situation de Jean-Louis était bien la pire puisque l’anomalie de Louis pouvait être perçue comme une particularité valorisante, alors que les besoins de son jeune ami l’humiliaient, le rabaissaient aux yeux des autres.

Jean–Louis, en comprenant les projets de son pseudo capi-taine, le supplia de l’emmener avec lui loin de La Valmy, de l’accepter comme lieutenant et ordonnance. Il lui serait fidèle et dévoué en tout. Il s’occuperait de ses affaires, lui préparerait ses repas, le guiderait dans les chemins perdus de cette montagne qu’il connaissait si bien.

Pour la première fois cette nuit là, Jean-Louis s’endormit la tête posée contre une épaule, sans réserve et sans ambiguïté. Louis

regarda le gamin apaisé contre lui et fit le compte de tous les gens susceptibles d’être entraînés dans son aventure. Deux ou trois clients de l’aubergiste Ayral étaient prêts à le suivre au bout du monde. Le brave Arnal, outre l’avantage d’habiter un mas très isolé, avait l’intelligence et le goût de l’aventure. David Desmond qui habitait Durfort était aussi passé à l’auberge au retour d’une foire et semblait tout disposé à sacrifier sa maigre situation au nom de la liberté. Avec Jean-Louis et lui, cela faisait une armée de six à sept hommes tout au plus. Mais s’ils parcouraient la région en ramas-sant tous les traine-savates, les déserteurs et les révoltés, ils consti-tueraient vite une troupe capable de faire illusion.

Dans le mois qui suivit, Louis s’absenta de nombreuses fois de la ferme de La Valmy, toujours accompagné de son ordonnance. Le fusil en bandoulière lui permettait de prétexter une partie de chasse. Ils écumèrent ainsi les auberges de villages, les fermes iso-lées et les campements de bergers et de bûcherons. Louis se faisait appeler Capitaine ou Louis, le plus souvent Monsieur et parfois Moustache, selon son inspiration ou l’ambiance du moment. A tous, il annonçait que dans peu de temps, le peuple se soulèverait contre les injustices et les atteintes à la liberté du gouvernement royal et qu’il viendrait les prévenir. Jean-Louis s’avéra d’une grande fi-nesse et de beaucoup d’à-propos dans ces changements perpétuels d’identités et de discours. Il s’adaptait vite et bien aux agissements de son mentor.

Concrètement, Louis se ménageait un nombre incalculable d’abris possibles, dans le Gard, l’Hérault et la Lozère, repérait des chemins de traverse propres à favoriser la fuite, récoltait des fonds pour financer ses déplacements. Quand ils s’arrêtaient dans un lieu encore inconnu, Louis payait généreusement tout service. Il eut vite la réputation d’être riche, honnête et pas du tout regardant sur les notes de repas, de gîte ou de provisions.

Régulièrement, Louis tentait de savoir si des avis de re-cherches étaient lancés contre lui dans les mairies et les brigades de gendarmerie. Apparemment, le juge de Nîmes s’était contenté de

prospecter sur les environs de la ville. De plus en plus souvent, des compagnons se joignaient à eux pour un jour ou deux, à l’occasion d’une partie de chasse, d’un déplacement ou seulement pour un repas. Plusieurs habitants de Durfort, de Saint-Félix-de-Pallières, de Soudorgues, de Saint-Hippolyte, devinrent des habitués de ces randonnées. Louis savait s’attirer leurs sympathies, et surtout, il savait les considérer personnellement avec beaucoup de considéra-tion.

Pour la plupart petits artisans ou paysans, ils n’étaient pas habitués à être pris en compte, respectés, mis en valeur, surtout par un “monsieur”. Louis ne faisait jamais sentir à quelqu’un qu’il était stupide, de basse extraction ou porteur d’un défaut quelconque. Au contraire, il encourageait, félicitait, mettait en valeur les qualités de chacun. Capable d’utiliser un langage de bourgeois, il ne répugnait pas à parler l’occitan. S’il se servait abondamment de ses leçons de la Citadelle et du café de sa tante Marie, il n’hésitait pas à prendre le temps d’expliquer un mot nouveau, un évènement inconnu, une idée qui pouvait paraître étrange à son interlocuteur.

Les quelques uns qui savaient lire ne s’étaient jamais aven-turés au-delà de la pénible lecture des actes notariés qui avaient jalonné leur existence, et à celle de la bible, pour les protestants. A ce sujet, Louis n’acceptait pas la moindre intolérance. S’il ne ca-chait pas qu’il était né dans la religion prétendue réformée, il ne supportait pas les moqueries ou les critiques sur la foi de l’un ou de l’autre. « Avec moi, vous êtes tous redevenus des hommes, croyants ou pas, Turcs ou Cévenols. Il n’y a que cela qui compte…, disait-il souvent ». Personne n’ayant jamais vu de Turc dans ces montagnes, cette allusion donnait à l’injonction un caractère d’immense universalité et on la respectait.

Au début de décembre, le petit groupe du moment fit irrup-tion chez les Roux dont le père exerçait le double métier de forge-ron et d’aubergiste. Cet homme se prénommait Alexandre et Louis comprit de suite qu’il trouverait chez lui un appui sûr. En outre, il avait une fille tout à fait dans le goût de Louis qui aima

immédia-tement cette grande gamine effrontée et sauvage. Quand elle rac-compagna Louis après son séjour, il admira sa façon de marcher sur les sentiers pentus et rocailleux : Une vraie chèvre, infatigable et sûre d’elle. Louis n’avait jamais eu le temps de s’intéresser aux femmes jusqu’alors. S’il n’était pas insensible aux formes et aux manières féminines, sa tête était plus versée vers le rêve et l’utopie. Avec Jenny, c’était différent. Il était fasciné par sa vivacité, par ses cheveux châtains qui pendaient en longues boucles sur ses épaules. Il était profondément troublé par ses reins qui ondulaient souple-ment en passant sous les broussailles, par ses mollets qu’elle dé-couvrait en relevant sa robe pour sauter un rocher.

Jean-Louis, avec sa finesse habituelle, sut avant Louis qu’elle occuperait une grande place dans le cœur du chef. Il n’en conçut aucun ombrage et pensa que Jenny serait pour lui l’exacte image de ce qu’il aurait voulu pour frère à la place de ces balourds de La Valmy.

A Durfort, la bande s’était agrandie de plusieurs affidés de poids. Le Cabaretier Jean-Pierre Astieu y tenait un établissement des plus douteux. Tout ce que la région contenait d’originaux et de révoltés se retrouvaient chez lui pour des soirées de discussions interminables. Le monde se refaisait inlassablement autour des tables, de soir en soir. Il y avait David Desmond, un cultivateur de vingt deux ans, défenseur acharné du droit de penser. Pierre Ca-dière, aussi cultivateur, était plus âgé. A cinquante ans, il ne croyait plus guère aux grandes idées mais était persuadé que les riches se-raient de plus en plus riches, les pauvres de plus en plus pauvres et que le seul moyen de changer cet état de choses était de retrouver l’élan révolutionnaire de 1789. Guillaume Allut était fabricant de bonnets de coton. On le surnommait Barral, autant pour sa forme de petit tonneau que pour sa capacité à descendre des quantités de vin sans jamais perdre l’esprit. Etienne Missarel, était mineur de profession. A vingt sept ans, il avait tant manié le pic et la pelle que ses bras étaient aussi gros que ses cuisses. Louis Rouquette était l’ancêtre avec ses cinquante ans bien pesés. Ce laboureur tirait grande gloire des six mois de prison qu’il avait faits l’an dernier.

Personne ne se rappelait plus quel en était le motif et l’on faisait mine de croire à la version rocambolesque et héroïque qu’en don-nait Rouquette.

Pendant tout l’automne 1822, la petite troupe de Louis Roque s’étoffa et se fit connaître des habitants des nombreux ha-meaux cévenols. On les voyait passer, fusils à l’épaule, telle une joyeuse bande de chasseurs, jamais vraiment les mêmes, toujours conduits par le chef, celui qui portait de si belles moustaches. Ils étaient tantôt vingt, tantôt cinq, et personne ne savait exactement d’où ils venaient et où ils se rendaient. Ils ne dérangeaient personne, ne nuisaient ni aux gens ni aux biens, et la plupart des paysans n’y trouvaient rien à redire, sinon qu’ils avaient beaucoup de temps à gaspiller en promenades.

Le seul qui eut à s’en plaindre fut le maire de Lasalle. Ce petit nobliau de campagne avait une haute opinion de lui-même et de ses ascendants. Il crut bon d’intervenir plusieurs fois dans des conversations avec ses administrés, en faisant remarquer que seuls les gens occupés à leur travail peuvent être honnêtes et que le fait de se déplacer en bande ne pouvait dénoter que des intentions poli-tiquement malsaines. Forcément, ces propos arrivèrent aux oreilles de Louis qui s’empressa d’aller provoquer ce trouble-fête. Il était de notoriété publique que le maire de Lasalle avait été républicain avec les sans-culottes, bonapartiste sous l’Empire, et qu’il était maintenant royaliste convaincu et militant. Une vraie girouette qui méritait bien qu’on lui rafraîchisse la mémoire. En 1811, pour la naissance du Roi de Rome, Monsieur le maire avait écrit et fait chanter des vers de mirliton pour fêter l’évènement.

Un soir, Louis décida donc de déclamer ces fameux vers sous la fenêtre du maire pour lui rappeler son passé politique.

« L’empereur toujours lou même, ses dounat un héritié… »,

com-mença-t-il à hurler. Les rires de ses compagnons fusaient et les voi-sins, se demandant quel était ce charivari, ouvraient leurs volets sur la rue. La suite du couplet fut reprise par plusieurs « …lou ciel que

lou favourisé, ly donne tout à souhait…. ». Les gens n’avaient pas

oublié !

Furieux, le maire sortit, fusil en main, et menaça Louis de l’abattre s’il continuait à profaner ainsi la famille royale avec des chansons bonapartistes. Mais Louis se campa devant lui, mains sur les hanches et répondit :

- Monsieur le maire, c’est vous l’auteur de ces vers. Vous les avez écrits quand vous étiez fervent partisan du Petit Tondu. Ecrivez-vous toujours dans l’air du temps ?

En grommelant, le maire promit d’en aviser les gendarmes qui étaient cantonnés dans le village et fit demi-tour. Une heure après, Pierre Cadière riait encore en revoyant la tête du maire, ahuri, effaré de tant d’audace, ridiculisé devant ses propres citoyens qui, sortis au devant du cabaret ou penchés à leurs fenêtres, n’avaient pas perdu une miette de la scène. Mais d’où Louis tenait-il tous ces renseignements sur le maire de Lasalle ? Comment faisait-il pour rester calme, serein et goguenard face au canon d’un fusil braqué sur sa poitrine ?....

Au début de février 1823, Louis fit une rencontre des plus intéressantes. Sa bande l’avait abandonné momentanément pour se mettre à l’abri d’une fin d’hiver particulièrement rude. Un de ces retours de froidure comme les Cévennes en connaissent régulière-ment avait recouvert d’un épais manteau blanc tous les reliefs. Les plaques de verglas rendaient la marche extrêmement difficile et de longues stalactites pendaient aux rochers exposés au Nord. Seul Méjanelle avait suivi le chef et ensemble, ils avaient décidé de des-cendre dans les premières plaines du Sud. Ils se dirigèrent vers le mas de Taupessargues sur la commune de Tornac qui leur avait été recommandé pour son isolement et l’hospitalité de ses habitants. Un étroit sentier, rocailleux et pentu, montait vers un plateau en-touré d’une épaisse forêt de chênes et débouchait sur un assem-blage de bâtiments établis en tous sens et apparemment sans plan préconçu. Le soir commençait à tomber quand ils frappèrent à la première porte venue. Un homme leur ouvrit et ils entrèrent dans

un atelier de cardage de laine. Louis demanda s’il était possible d’avoir un coin à l’abri pour passer la nuit.

- Pas ici, il fait trop froid. Suivez-moi dans la cuisine.

Ils ressortirent de la pièce et montèrent les dix marches d’un escalier, suivirent un étroit palier sur lequel s’ouvrait la maison d’habitation. La première pièce était une minuscule cuisine sous les combles, éclairée par une étroite fenêtre vitrée. Une large cheminée sur la gauche répandait une bonne chaleur et l’odeur d’une fameuse soupe s’échappait de la grande marmite pendue à la crémaillère. -Je m’appelle Moïse Perrier et voici mon fils, Isaac et ma fille Li-sette. Asseyez-vous près du feu et séchez-vous. Vous êtes glacés.

Pas un mot sur leur identité, sur le motif de leur passage dans un lieu aussi isolé… Ces gens seraient pourtant en droit de se poser des questions. On n’arrive pas à Taupessargues par hasard, le seul chemin qui y mène est une impasse ! Face à tant de simplicité et de confiance, Louis crut donc bon de s’expliquer.

- Moi, c’est Louis et mon compagnon, Jean-Louis. C’est un ami de Saint-Félix qui m’a indiqué votre maison, le forgeron Alexandre Roux. Nous préférons les endroits où il y a peu de passages.

- Vous n’êtes pas les premiers, ne vous inquiétez pas. Il y a huit ans, un général est déjà venu se réfugier chez moi, alors qu’il était con-damné à mort. Personne ne l’a jamais trouvé.

- Cet homme a eu bien de la chance de tomber sur une telle famille. Vous nous raconterez cette histoire ? Ne serait-ce pas un certain Gilly, ce général ?

- Après le repas, si vous le voulez bien. On raconte mieux le ventre plein…

La soupe avalée, Moïse s’installa sur son billot de bois près du feu, sortit une petite pipe de porcelaine, une blague à tabac et commença son récit :

« Un don du général, dit-il en allumant la pipe. Il est arrivé ici en juillet 1815 avec Charles, son secrétaire, et Louis, son valet de chambre. C’est le sieur Colomb, de la Blaquière à Massillargues, qui nous les a amenés. Ils espéraient gagner la Lozère mais ils

n’avaient pas pu dépasser Saint-Romans car leur signalement avait été donné partout et les gendarmes surveillaient toutes les routes. Vers la fin de juillet, j’avais été à Anduze pour faire quelques courses et j’avais appris que la tête du général Gilly était mise à prix pour 10 000 francs en même temps que celles de deux autres généraux, mais eux pour 2 400 francs seulement. Quand j’ai racon-té cela au général, il est resracon-té stupéfait. Je crois qu’il me soupçon-nait de vouloir le vendre. Dame, c’était une belle somme cette prime ! Alors il m’a déclaré : «Mon ami, je suis las de la vie que je mène, je veux en finir. Toi-même, tu es pauvre et tu ne serais pas fâché d’avoir quelque fortune. Je connais Gilly, je sais où il se cache. Allons le dénoncer. Pour récompense je ne demanderai que ma liberté et tu auras pour ta part les 10 000 francs… »

« …En entendant ça, mon fils aîné est entré dans une colère folle : « Monsieur, nous avions cru jusqu’à présent avoir affaire à un honnête homme. Mais du moment que vous êtes un de ces misé-rables dénonciateurs qui ne reculent pas devant une infamie pour livrer leur prochain à une mort certaine, sortez d’ici, Monsieur, sortez à l’instant si vous ne voulez pas que je vous jette par la fe-nêtre ! » Il avait le sang chaud le bougre. Le général restant debout et hébété, j’ai vu le moment où mon fils allait vraiment le balancer de l’étage. C’est alors que notre hôte s’est écrié : « Arrêtez mes amis, c’est moi qui suis le général Gilly ! » Mon fils, comprenant le jeu de Gilly, s’est alors jeté aux pieds du général en lui jurant qu’il était en sûreté chez nous, qu’il avait été soldat au 47ème

régiment de ligne, que nous ferions tout pour qu’il ne soit pas découvert et que nous nous laisserions tous tuer jusqu’au dernier plutôt que de di-vulguer le secret… »

« …Le général s’est donc installé chez nous. Il a renvoyé