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Conservation du greffage d'occurrences pseudo-spécialisées par les traducteurs du XXe siècle

1.3. Traduction du greffage parodique dans Oliver Twist

1.3.3.1 Conservation du greffage d'occurrences pseudo-spécialisées par les traducteurs du XXe siècle

Les traducteurs du XXe siècle tentent de reproduire le greffage pseudo-spécialisé, mais le résultat est mitigé. Il faut voir principalement deux raisons à cela : les défaillances de la langue d'arrivée par rapport à la langue de départ, et les déficiences relatives à la créativité du traducteur. La tâche du traducteur est assurément moins aisée que dans le cas de la parodie par transposition, car les difficultés rencontrées sont accrues : les paramètres à prendre en compte, en somme, les contraintes, sont plus nombreux. Non seulement est-il nécessaire de solliciter l'élément spécialisé déclencheur de la parodie, mais, en plus, il faut appliquer les modifications mises en œuvre dans l'original pour obtenir une occurrence pseudo-spécialisée.

Comme dans le cas de la parodie par transposition, le point commun entre les traductions proposées par les traducteurs du XXe siècle est, dans la majorité des cas, le respect de la catégorie grammaticale de l'occurrence du texte de départ. Dans la mesure où les enjeux ne sont pas essentiellement terminologiques et où cette parodie est plus grossière, la distinction effectuée dans le cas de la parodie par transposition entre les deux orientations différentes des choix de traduction des traducteurs du XXe siècle (plus grande fidélité au signifié du terme de départ pour Francis Ledoux, par rapport à Sylvère Monod), ne vaudra pas ici. Ce seront principalement les défaillances constatées,

qui n'éclipseront néanmoins pas les « bons » choix de traduction, qui guideront notre présentation.

Dans le cas de la parodie reposant sur la répétition, avec variation en lien avec l'étymologie, nous verrons que les deux types de défaillances évoquées, liées à la langue ou à la créativité du traducteur, agissent toutes les deux comme des forces anti-traductives, même si les obstacles linguistiques n’auront pas nécessairement raison de la créativité du traducteur ; nous verrons, par ailleurs, qu’une autre contrainte pèsera plus encore que les difficultés linguistiques. Dans le cas de la parodie reposant sur l’exploitation de la nominalisation, ainsi que sur la complexité des syntagmes nominaux, les défaillances procédant des choix de traduction, toucheront les deux traducteurs de façon égale.

Le cas le plus évident de défaillance de la langue d'arrivée, qui aura un impact sur la traduction des termes pseudo-spécialisés, est l'origine plutôt « unique » du vocabulaire français, principalement issu du latin, par rapport au vocabulaire anglais, qui connaît une double filiation, latine et anglo-saxonne ; ceci explique le phénomène bien connu des doublets, mettant en concurrence dans la langue anglaise des mots d'origine germanique avec d'autres mots, eux, d'origine latine (Paillard, Lexicologie contrastive 109). Il est vrai qu'il existe également, en français, un phénomène de doublets, « qui met en concurrence des formes “populaires” et des formes “savantes” » (ibid. 106), mais ces derniers ne sont pas nécessairement synonymes, et les deux formes ont une origine latine. Ainsi, la reproduction de la parodie par imitation reposant sur l'origine étymologique d'un terme est-elle, à l’origine, vouée à l'échec ; cette parodie par imitation, dont nous avons précisé qu'elle impliquait un phénomène d'hybridation, concernait les occurrences pseudo-spécialisées « the two functions of eating and drinking », « an expansion of eye », « a deficiency of breath » et « a sufficiency of cold water ».

Malgré cet obstacle linguistique de taille, certains choix de traduction mettent en évidence qu’il est possible de conserver cette parodie, mais selon d'autres paramètres que l'hybridation étymologique ; la traduction des occurrences « the two functions of eating and drinking », et « a deficiency of breath », en sera une excellente illustration. Nous pouvons seulement regretter que l’inspiration manque aux traducteurs pour d’autres greffons pseudo-spécialisés du même type, comme « an expansion of eye » ou « a deficiency of cold water », ainsi que pour le cas de néologie sémantique illustré par l’adjectif « vocular ».

Débutons par deux exemples où les traducteurs proposent un aboutissement qui permet de maintenir l'hybridation par un moyen différent de celui du texte de départ. C'est le cas pour l'occurrence « the two functions of eating and drinking ». L'effet hybride, vecteur d’étrangeté, est reproduit dans la langue cible par les deux traducteurs contemporains, autant du point de vue de la forme, que du sens. Le jeu sur le contraste étymologique des substantifs anglais est impossible à reproduire en français du fait de l'origine latine des verbes « boire » et « manger », issus respectivement du latin « bibere », et « manducare », et du substantif « fonction », issu du latin « functio ». Le contraste va donc être marqué différemment par Sylvère Monod et Francis Ledoux : les termes constituant le greffon appartiennent, en partie, au langage spécialisé et, en partie, au langage commun. Le substantif français « fonctions » appellerait comme co-occurrents les adjectifs spécialisés « nutritives » ou « digestives », mais, comme dans l'original, les traducteurs leur préfèrent un complément du langage commun inattendu ; celui-ci prend la forme de noms déverbaux, « le boire », et « le manger », dénués de connotations médicales.

[…] Noah Claypole not being at any time disposed to take upon himself a greater amount of physical exertion than is necessary to a convenient performance of the two functions of eating and drinking […] (chap. XXVII)

Monod Ledoux

[…] Noé Claypole n'était jamais enclin à s'infliger des efforts physiques plus rigoureux que ceux qui sont nécessaires pour s’acquitter confortablement des fonctions du boire et du manger […] (380)

[…] Noé Claypole n'était jamais disposé à fournir plus d'efforts physiques qu'il n'est nécessaire pour exercer convenablement les fonctions du manger et du boire […] (257)

Les aboutissements proposés pour traduire la base « a deficiency of breath » permettent également de maintenir une certaine hybridité entre les éléments composant les syntagmes, en dépit de leur origine latine commune. Dans le texte de départ, un diagnostic plus habituel et plus pompeux aurait fait intervenir le substantif d'origine latine « respiration » dans « a deficiency of respiration », plutôt que le terme d'origine anglo-saxonne « breath ». Dans le texte d'arrivée, le terme polysyllabique « respiration » aurait garanti le même résultat, avec, par exemple « une insuffisance de respiration » ou « une respiration déficiente », pour reprendre les adjectifs des aboutissements. De ce fait, l'utilisation du terme monosyllabique « souffle », plutôt que du terme polysyllabique « respiration », a comme effet, dans le texte d'arrivée, de créer un contraste reposant sur le niveau de langue des termes, avec un niveau de langue élevé pour « respiration », et, à l'inverse, un niveau de langue courant pour « souffle ».

[…] said Mrs. Sowerberry: speaking as well as she could, through a deficiency of breath and a sufficiency of cold water […] (chap. VI)

Monod Ledoux

[…] dit Mme Sowerberry, faisant de son mieux pour parler, malgré une insuffisance de souffle et une surabondance d’eau froide (que Noé lui avait déversée sur la tête et sur les épaules). (130)

[…] dit Mme Sowerberry, en s'exprimant tant bien que mal, prise comme elle l'était entre un souffle déficient et la bonne dose d’eau froide que Noé avait versée sur sa tête et ses épaules. (73)

Dans un autre cas similaire, seul Francis Ledoux fait preuve d'une créativité à la hauteur de l'occurrence du texte de départ. Les deux traducteurs conservent des syntagmes nominaux en lien avec le domaine médical ; toutefois, Francis Ledoux propose, comme dans le texte de départ, une occurrence pseudo-spécialisée, tandis que Sylvère Monod opte pour une occurrence spécialisée. En effet, le groupe nominal « ouverture de l'œil » est une occurrence récurrente dans les textes de nature médicale, même si, de prime abord, le lecteur pourrait en douter. Le même problème d'opacité que pour certains greffons parodiques transposés dans le texte d’arrivée se pose donc ici. Le syntagme ne sera pas directement assimilable par le lecteur comme procédant du discours spécialisé. Francis Ledoux, de son côté, fait le choix de l'expression « dilatation du regard », qui ne correspond à aucune association médicale avérée. Cette solution constitue une réplique efficace de l'expression hybride originale, en dépit de l’absence de contraste étymologique entre les termes employés. En effet, on s'attendrait à trouver le substantif « pupille », et nom « regard », comme co-occurrent du nom « dilatation ». En utilisant ce terme dissyllabique non spécialisé, Francis Ledoux ne répond pas aux attentes du lecteur, et ce faisant, reproduit le jeu de l'original à l'identique.

Whetheran exceedingly small expansion of eye be sufficient to quell paupers […] or whether the late Mrs. Corney was particularly proof against eagle glances; are matters of opinion. (chap. XXXI)

Monod Ledoux

Est-ce qu'une très faible ouverture de l’œil

suffit à anéantir les indigents […] ou l'ex-Mme Corney était-elle exceptionnellement armée contre ce regard d'aigle? C'est une affaire d'opinion. (489)

Qu'il suffise d'une très minime dilatation du regard pour dompter les indigents […] ou que l'ex-Mme Corney fut particulièrement à

l'épreuve des regards d'aigles, c'est là une affaire d'opinion. (338)

Revenons sur une autre occurrence de parodie par imitation, par rapport à laquelle, cette fois-ci, les deux traductions proposées paraissent défaillantes. L'occurrence pseudo-spécialisée en question, « a sufficiency of cold water », résulte non seulement d'une hybridation étymologique (dans ce cas, par contre, nous avons précisé que l’occurrence ne repose pas sur un syntagme spécialisé existant), mais également d’un phénomène de répétition avec variation. La parodie est donc double dans ce cas.

Or, si « une surabondance d'eau froide », à la différence de « la bonne dose d'eau froide », permet de conserver le premier jeu parodique, aucun des deux syntagmes ne garantit la conservation du second jeu parodique. En effet, si le terme polysyllabique « surabondance », associé aux deux termes monosyllabiques « eau » et « froide », permet de créer un contraste reposant sur le niveau de langue des deux unités en jeu (un premier terme d'un niveau de langue élevé, contre un second terme de niveau de langue courant), tel n’est pas le cas, en revanche, pour l’association du déterminant complexe « bonne dose » au syntagme « eau froide », dont le niveau de langue, courant, reste constant.

Les deux traducteurs négligent le second jeu parodique, qui s'appuie sur la relation antithétique et paronymique qu'entretiennent les termes « sufficiency » et « deficiency », ainsi que sur la répétition de la structure N1 OF N2. En effet, même si dans la traduction de Sylvère Monod les deux syntagmes nominaux se font écho en termes de structure ([N1 DE N2] ET [N1 D’ N2]), ce qui n'est, par ailleurs, pas le cas dans la traduction de Francis Ledoux, aucune des versions proposées ne reproduit vraiment la parodie par imitation qui assure la ressemblance entre les deux syntagmes. Pourtant, le groupe nominal pseudo-spécialisé « une suffisance d’eau froide », coordonné avec « une insuffisance de souffle », aurait permis de respecter l’antithèse, ainsi que le jeu sur la paronymie entre « deficiency » et « sufficiency ». Le terme « suffisance », dans le texte d'arrivée, n'aurait pas semblé plus étrange que « sufficiency » dans le texte de départ, pas plus d'ailleurs que « surabondance d'eau froide ».

[…] said Mrs. Sowerberry: speaking as well as she could, through a deficiency of breath and a sufficiency of cold water, which Noah had poured over her head and shoulders. (chap. VI)

Monod Ledoux

[…] dit Mme Sowerberry, faisant de son mieux pour parler, malgré une insuffisance de souffle et une surabondance d’eau froide que Noé lui avait déversée sur la tête et sur les épaules. (130)

[…] dit Mme Sowerberry, en s'exprimant tant bien que mal, prise comme elle l'était entre un souffle déficient et la bonne dose d’eau froide que Noé avait versée sur sa tête et ses épaules. (73)

De la même façon, dans le cas du terme « vocular », aucun des traducteurs n'offre une traduction à la hauteur de la créativité du texte de départ. Francis Ledoux, une fois n'est pas coutume, dégreffe, en le supprimant, le terme pseudo-spécialisé en question ; Sylvère Monod, lui, calque l’adjectif, ce qui garantit l'effet d'étrangeté du pléonasme, mais ne fait pas la part belle au processus de néologie sémantique en jeu ; en effet, l'adjectif « vocal », dénote, en français, ce qui a trait à la voix.

Pourtant, ce type de néologisme est un phénomène linguistique qui transcende les différences entre les langues. Ainsi, sur le même modèle, un néologisme de forme84

aurait pu être créé. Les adjectifs du domaine médical anglais disposant du suffixe « -ular » ont comme équivalent français un adjectif disposant du suffixe « -ulaire » : pour « auricular », nous trouverons donc comme correspondant le terme « auriculaire » ; pour « ocular », « oculaire » ; pour « clavicular », « claviculaire », pour « scapular », « scapulaire », etc. De ce fait, pour « vocal », le terme « voculaire », qui n’existe pas en français du fait d'un trou lexical85, s'imposerait comme une évidence. Certes, ce néologisme serait plus innovant que l'original, puisque le signifiant n'existerait pas en langue française, mais il semble le seul moyen d'accomplir un acte créatif à la hauteur de la base proposée. Mais ce serait sans compter sur certaines contraintes éditoriales pesant sur le traducteur, et qui sont un frein à son inventivité : « Ce procédé (l'invention) sonne généralement faux – notons qu'on accepte plus facilement les nouveautés de la part d'un auteur que de la part d'un traducteur. » (Vinay 452). Une autre solution moins innovante, mais plus « encombrante » du fait de la note du traducteur qu'elle nécessiterait, consisterait à exploiter l'adjectif « vocalique » existant en français, et à reproduire en cela le phénomène de néologie sémantique.

Il s'agirait alors d'assigner une nouvelle signification à l'adjectif français, celle de « vocal », mais sauf note du traducteur, cette opération sera difficilement envisageable. Dans ce cas de figure, le défi est de taille, mais la langue permettrait de le relever. Une force plus contraignante encore que la langue empêche le traducteur de proposer une version totalement satisfaisante.

84 « Suivant si le néologisme constitue un mot nouveau ou un sens nouveau d’un mot déjà existant, on distingue néologisme de forme et néologisme de sens. Une grande partie des néologismes de forme sont des mots construits selon les procédés de formation de mots traités dans les manuels de morphologie lexicale. » (Schwischay para. 2) , consulté le 10/06/2010 : http://www.home.uni-osnabrueck.de/bschwisc/archives/neologie.htm.

85 « Certains termes de LD n’ont pas d’équivalent lexical direct en LA, d’où l’expression métaphorique de “trou lexical” pour désigner ce manque. […] l’appellation de trou lexical renvoie par ailleurs à la notion de maillage, incluse dans celle de champ lexical. » (Ballard Versus 2, 58).

He […] inquired what that young cur was howling for, and why Mr. Bumble did not favour him with something which would render the series of vocular exclamations so designated, an involuntary process ? (chap. VII)

Monod Ledoux

il […] demanda pourquoi ce jeune vaurien hurlait, et pourquoi M. Bumble ne le gratifiait pas d’un traitement qui rendrait involontaire la série d’exclamations vocales à laquelle il faisait allusion. (134)

il […] se retourna pour demander pourquoi ce vilain garnement poussait pareils hurlements et pourquoi M. Bumble ne le gratifiait pas de quelque chose qui rendrait involontairela suite d’exclamations qu’il venait de qualifier ainsi. (76)

La parodie par imitation prend également pour cible la prédilection du discours spécialisé pour la nominalisation et les syntagmes nominaux complexes, deux phénomènes assurant un niveau de langue élevé. Les deux exemples sélectionnés révèleront comment la défaillance ayant trait à la créativité du traducteur pourra mettre à mal ce style spécialisé.

Dans le premier cas de figure, « the commission of the impious and profane offence », seul Francis Ledoux respecte le style légal de l'occurrence : d’une part, il reproduit la nominalisation ; d’autre part, il recourt à une terminologie formelle empruntée aux codes langagiers du discours juridique.

En revanche, Sylvère Monod, à l'instar des traducteurs du XIXe siècle, néglige la portée de la forme nominalisée, puisqu'il opère une recatégorisation du groupe nominal en groupe verbal, forme moins ancrée dans le rituel linguistique (Lerat 144) du domaine légal.

For a week after the commission of the impious and profane offence of asking for more, Oliver remained a close prisoner in the […] room […] (chap. III)

Monod Ledoux

Pendant une semaine après qu’il eut commis le délit impie et sacrilège d’en redemander, Olivier connut une réclusion rigoureuse dans la salle […] (83)

Après la perpétration du crime

scandaleux et inique qui consistait à en redemander, Olivier demeura étroitement enfermé dans la pièce […] (38)

Dans le cas du syntagme nominal du même type, « their executing an illegal conveyance of Mr. Brownlow's personal property », seul Sylvère Monod conserve les deux nominalisations présentes dans le syntagme de départ, et la lourdeur stylistique qui en découle. Il est effectivement le seul des deux traducteurs à traduire le gérondif « executing ». A l'inverse, même si Francis Ledoux reste fidèle à « l'esprit nominal » de l'occurrence source, il ne reproduit pas l'expansion du nom dans sa totalité. Ainsi,

« l’opération illégale de transfert des biens personnels de M. Brownlow » correspond à un style jargonnant, qui se veut beaucoup plus professionnel que « transfert illégalement accompli de la propriété personnelle de M. Brownlow ».

[…] the Dodger, and [...] Master Bates, joined in the hue-and-cry which was raised at Oliver's heels, in consequence of their executing an illegal conveyance of Mr. Brownlow's personal property […] (chap. XII)

Monod Ledoux

[…] quand le Finaud et le jeune M. Bates s'associèrent aux clameurs de poursuite qui se déclenchaient aux trousses d'Olivier, en conséquence de l’opération illégale de transfertdes biens personnels de M. Brownlow […] (193)

[...] le Renard et […] le jeune Bates se joignirent aux trousses d'Olivier en conséquence du transfert illégalement accompli de la propriété personnelle de M. Brownlow […] (120)

Finalement, de même que pour la parodie par transposition, les traductions du XXe siècle de la parodie par imitation ne sont pas totalement satisfaisantes. Comme nous allons le démontrer, ceci est encore plus vrai pour les traductions du XIXe siècle. 1.3.3.2 Dégreffage des occurrences pseudo-spécialisées par les traducteurs du XIXe siècle

Les traducteurs du XIXe siècle ne cherchent pas à rendre les différents artifices de ce type de parodie. Ces éléments sont dégreffés. Les opérations mises en œuvre à cet effet sont les mêmes que celles évoquées en ce qui concerne les occurrences spécialisées. Ainsi, le dégreffage procède de la suppression des termes pseudo-spécialisés, soit en partie, soit dans leur intégralité, ou du remplacement de ces expressions pseudo-spécialisées par des termes du langage général ; le dégreffage est alors d'ordre terminologique. Mais, comme dans le cas de la parodie par transposition, le dégreffage peut aussi être d'ordre syntaxique : la recatégorisation apparaît alors comme un autre moyen efficace pour saper le style spécialisé.

Débutons notre étude des opérations mises en œuvre par l'effacement. Dans l'exemple qui va suivre, seul l'élément de l'occurrence pseudo-spécialisée déclenchant la parodie est supprimé. Il s'agit ici du terme d'origine latine « function » ; ainsi, par rapport au syntagme pseudo-spécialisé du texte de départ, « the two functions of eating and drinking »,86 seul les termes « eating » et « drinking » sont rendus dans le texte d'arrivée. Le dégreffage touche également la nature nominale de l'expression, qui est

86 Nous noterons que, dans le cas de cette occurrence, Alfred Gérardin, certes, ne respecte pas le greffage pseudo-spécialisé, mais, une fois n'est pas coutume, utilise un vocable physiologique avéré : « […] le sieur Noé Claypole n'était jamais enclin à se donner plus de mouvement qu'il n'en fallait pour bien remplir ses fonctions digestives » (Gérardin 373).

recatégorisée en proposition infinitive, rendant ainsi totalement inopérant le style médical de l'original.

Dickens La Bedollière

[…] Noah Claypole not being at any time

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