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Conséquences négatives des conflits parentaux sur …

La séparation des parents peut produire des effets négatifs. Cependant, c’est bien plus la manière dont est géré un conflit parental qui nuit aux enfants31 (1), mais aussi aux parents eux-mêmes (2), ainsi qu’à la société en général (3). Le simple cadre juridique est insuffisant pour comprendre les conséquences négatives qui peuvent être engendrées par les conflits parentaux. C’est pourquoi, la description (non exhaustive) de ces impacts négatifs emprunte des notions à divers domaines, dont notamment à la psychologie, à la psychiatrie ou encore à l’économie.

1) … les enfants

Le niveau de conflit parental joue un rôle quant à l’ampleur des conséquences négatives provoquées chez l’enfant. Les auteurs s’accordent sur le fait que ce sont les conflits parentaux à haute intensité qui sont les plus nuisibles. Les divers éléments de description qui suivent sont néanmoins aussi perceptibles chez les enfants pris dans un conflit parental léger ou moyen. Les réactions divergent selon l’âge, le sexe, ainsi que le soutien de l’entourage (amis, grands-parents, camarades, etc.) de l’enfant. Tel un jeu de dominos, une réaction en chaîne de conséquences négatives se produit : les santés psychique et physique de l’enfant sont impactées (a), entraînant à leur tour des difficultés scolaires (b), qui menacent significativement l’avenir professionnel de cet enfant (c).

a) Sur sa santé psychique et physique

Les premières réactions d’un enfant face aux conflits de ses parents sont la tristesse l’incompréhension et la peur32. Le premier sentiment est entraîné par la communication dysfonctionnelle des père et mère. L’enfant est spectateur d’un environnement familial qui se dégrade de plus en plus par les conflits inter-parentaux. L’incompréhension naît du manque d’explications des père et mère, obnubilés par leurs conflits33, quant aux raisons de cette lutte – plus ou moins acharnée – pour les enfants. Enfin, la peur de l’enfant se présente (notamment) en cas de cris, d’insultes ou encore de violences physiques échangées entre les parents.

29 JABAT/BANHOLZER, p. 137 : « Notwendige interdisziplinäre Ressourcen von Behörden und Gerichten, psychosozialen und medizinischen Fachpersonen werden hingegen unverhältnismässig intensiv gebunden ».

30 SCHWEIGHAUSER/SCHREINER, p. 132 : « Rücksichtslose Instrumentalisierung Dritter ».

31 JENZER/STALDER/HAURI, p. 428 : « Dabei beeinträchtigt weniger die Trennung an und für sich als vielmehr das Konfliktniveau zwischen den Eltern die kindliche Entwicklung ».

32 ZEMP/BODENMANN, p. 4 : « Unmittelbar reagieren Kinder hochgradig negativ auf Paarkonflikte auf der emotionalen (z. B. Wut, Traurigkeit, Angst) ».

33 ZOBRIST/WIDER/SIBOLD, p. 485 : « Streit im Blick, statt Kinder im Blick ».

A cet égard, plusieurs témoignages34 d’enfants et adolescents confirment ces réactions dans un film consacré aux conflits parentaux et publié en novembre 2017 par la fondation Protection de l’enfance Suisse (Kinderschutz Schweiz ; Protezione dell’infanzia Svizzera) sur son site35. On peut y entendre un jeune homme disant qu’il « n’a pas compris pourquoi son père hurl[ait] »36 ou une jeune fille ajouter que la situation conflictuelle entre ses parents la rendait « tout simplement triste, le soir, et [qu’] elle ne pouvait pas s’endormir »37.

Les troubles du sommeil sont effectivement très fréquents en cas de conflits parentaux38, surtout pour les enfants exposés à de la violence (physique ou verbale) inter-parentale.

L’énurésie (pipi au lit) peut aussi être déclenchée chez les très jeunes enfants39, tandis que d’autres symptômes tels que des maux de tête ou de ventre sont présents chez les enfants un peu plus âgés40.

En outre,MONTGOMERY, un chercheur américain, a mené une étude à la fin des années 1990 sur plus de 6500 enfants âgés de 7 ans. L’expérience consistait à comparer la taille des enfants ainsi que le cadre familial dans lequel ils vivaient. Selon les conclusions de cette recherche, 31,1% des enfants exposés aux conflits parentaux courraient le risque d’avoir une croissance physique réduite41.

Les maux physiques se couplent (souvent) aux troubles mentaux. « Jusqu’à 90 % des patient-e-s avec troubles de la personnalité de type borderline mentionnent des expériences de violence vécue pendant leur enfance »42. Les psychoses ou encore les troubles bipolaires sont d’autres symptômes qui peuvent se manifester chez les enfants43. Ces troubles sont cinq à sept fois plus élevés pour ceux qui grandissent avec des parents pris dans des conflits à haute intensité44.

Qui plus est, dans une étude dirigée en 2006 par le Dr. Raymond TRAUBE, psychiatre-psychothérapeute pour enfants et adolescents FMH à Neuchâtel, il est apparu que les conflits parentaux étaient déclencheurs de 75% des troubles du comportement présents chez 54 enfants placés dans un centre pédagogique45.

34 L’autorisation de citer les personnes interrogées a été obtenue auprès de Mme Ursula SCHNYDER ETTER, collaboratrice scientifique à cette fondation, par retour de courriel du 23 avril 2020.

35 PROTECTION DE LENFANCE SUISSE (Kinderschutz Schweiz ; Protezione dell’infanzia Svizzera), « Enfant – conflit et crise », [https://www.kinderschutz.ch/fr/films-sur-des-themes.html] (consulté le 19.04.20).

36 PROTECTION ENFANCE SUISSE, ibidem, voir film à 10 minutes 40 secondes.

37 PROTECTION ENFANCE SUISSE, ibidem, voir film à 6 minutes 56 secondes.

38 WEIZENEGGER/CONTIN/FONTANA, p. 885 : « Schlafprobleme können sich entwickeln ».

39 LE RUN, p. 64.

40 DEPARTEMENT FEDERAL DE LINTERIEUR,Formulaire 17, p. 6 et références citées.

41 MONTGOMERY et al., p. 326 : « A total of 31.1% of children who had experienced family conflict were of short stature compared with 20.2% of those who had not ».

42 SCHMECK/SCHMID, p. 10 : « Bis zu 90% aller Borderline-Persönlichkeitsstörungen-Patienten geben Gewalterfahrungen in der Vorgeschichte an ».

43 FAVARIO SOLARI/LE GOFF-CUBILIER, slide 9.

44 ZEMP/BODENMANN, p. 4 : « Das Risiko für psychische Störungen ist bei Kindern, die bei Eltern mit hoher gegenseitiger Feindseligkeit und Gewalt aufwachsen, um das 5- bis 7-fache erhöht ».

45 TRAUBE, ibidem.

Les troubles (mentaux ou de comportement) sont liés au rôle actif (involontaire) que l’enfant joue dans le conflit parental. Se développe alors en lui un conflit de loyauté.

L’enfant se sent coupable d’abandonner l’un de ses parents, mais cette culpabilité est le prix à payer pour panser les douleurs provoquées par le parent (qui est « abandonné ») à l’autre parent. L’enfant ne voit pas « d’autre choix que de se joindre au camp d’un de ses parents »46. Le rôle ainsi endossé est celui de l’enfant sparadrap, terme employé par deux psychologues, Stéphanie GARBAR et Virginie PLENNEVAUX, qui ont mené une étude clinique, de 2008 à 2019, en France, sur des enfants âgés de 6 à 13 ans pris dans une séparation parentale conflictuelle47.

A cet égard, Morgane – la jeune étudiante susmentionnée qui a spontanément accepté de raconter son histoire – a confié qu’elle « voyait sa mère malheureuse et stressée et qu’elle se sentait mal ». Aussi a-t-elle ajouté qu’elle avait « l’impression de ne pas devoir aimer son père ». La situation conflictuelle de ses parents l’a « rapidement amené à prendre le parti de sa mère » selon ses dires. Morgane, sans même en avoir conscience, a révélé avoir joué le rôle d’un enfant sparadrap en mentionnant qu’elle « essayait de rendre les choses plus faciles, qu’elle faisait attention à ce que tout se passe bien ».

Le « choix » effectué par un enfant sparadrap peut, dans certains cas, conduire au développement de ce qui est parfois appelé le syndrome d’aliénation parentale (SAP)48. Il s’agit « d’un désordre qui a comme première manifestation une campagne de dénigrement de la part de l'enfant contre un parent, campagne non-justifiée. Cette campagne de dénigrement est elle-même le résultat d'une combinaison d'une part d'une forme de lavage de cerveau plus ou moins subtil opéré par un parent (le parent aliénant) et, d'autre part, de contributions de l'enfant relevant donc de certaines caractéristiques personnelles de cet enfant »49.

Les matoiseries mises en place par le parent aliénant pour dénigrer l’autre parent sont diverses et variées : « encourager l’enfant à exploiter l’autre parent, c’est-à-dire à exiger de sa part de l’argent, des objets de valeur, soutenir l’enfant lorsque celui-ci se plaint de l’autre parent, téléphoner à l’enfant quand celui-ci est en visite chez le parent aliéné et le culpabiliser (« comme tu me manques ! »), organiser un événement (fête avec les camarades, journée dans un parc d’attraction,…) qui se déroule sur le temps de visite de l’autre parent, refuser de passer les communications téléphoniques, intercepter le courrier et les paquets envoyés aux enfants, […], refuser d’informer l’autre parent au sujet des activités dans lesquelles les enfants sont impliqués (rencontres sportives, représentations théâtrales, activités scolaires,…), empêcher l’autre parent d’avoir accès aux dossiers scolaire et/ou médical des enfants, « oublier » de prévenir l’autre parent des rendez-vous importants (dentiste, médecin, psychologue,…), raconter aux enfants que les vêtements que l’autre parent leur a achetés sont laids et leur interdire de les porter, reprocher à l’autre

46 GARBAR/PLENNEVAUX, p. 19.

47 GARBAR/PLENNEVAUX,ibidem. Aucune précision n’est apportée dans l’article relatant cette étude sur le nombre d’enfants compris dans l’échantillon.

48 WIDER/PFISTER-WIEDERKEHR,N 763.

49 VAN GIJSEGHEM, p. 38.

parent la mauvaise conduite des enfants, menacer de punir les enfants s’ils appellent, écrivent ou essayent de contacter l’autre parent de n’importe quelle façon»50.

Qu’elles soient évidentes ou subtiles, ces attitudes minent la place de l’autre parent au point de le rendre haïssable. Mais, elles plongent aussi et surtout l’enfant dans une souffrance extrême, avec au moins deux conséquences dommageables. L’obligation tout d’abord d’avoir à cliver le couple parental en reniant l’une de ses racines, avec à la clé un risque de problème d’identité. Une abolition ensuite, de la différence intergénérationnelle : l’enfant étant mêlé à une dispute d’adultes et étant finalement placé en position arbitrale, il peut y avoir une prise de pouvoir de sa part sur ses deux parents »51.

Si l’enfant ne trouve pas de solution au conflit de loyauté et reste piégé dans celui-ci52, l’exposition de longue durée et chronique de l’enfant face à une telle situation lui créera un stress chronique53, se manifestant surtout chez les adolescents, par de grandes angoisses, des troubles alimentaires, causant à leur tour obésité, anorexie, voire grève de la faim54.

En outre, les comportements adoptés par un enfant soldat, autre profil été désigné par les deux psychologues françaises susmentionnées, sont très dangereux. Ce terme fait référence à un enfant qui n’est plus considéré comme un être humain, mais comme « une arme » pour l’un des parents à diriger contre l’autre parent. L’instrumentation et la négation de l’enfant soldat donne à celui-ci le sentiment d’avoir « un vécu de toute puissance vis-à-vis des adultes et des lois, avec comme conséquences des mises en danger diverses : fugues, tentatives de suicide, acte de délinquance »55.

Chez les jeunes enfants, plutôt de sexe masculin, des comportements tels que de l’agressivité (bagarres, automutilation56), de l’impulsivité, ou encore de l’hyperactivité sont observés57. La colère est aussi un sentiment fréquent chez les enfants. Morgane, l’étudiante qui s’est spontanément confiée58 dit « avoir été en colère, tout d’abord, contre son père qui ne s’occupait que très peu d’elle après la séparation conflictuelle de ses parents ». Puis sa colère a été dirigée « contre sa sœur, qui faisait des crises pour ne pas voir leur père », et bien plus tard « contre sa mère, qui lui donnait l’impression de ne pas prendre en considération tout ce qu’elle et sa sœur ont vécu ».

Aussi donne-t-elle l’explication de sa colère en ajoutant que sa mère « pensait qu’elles

50 Tous ces exemples sont repris du document suivant : L’aliénation parentale – Article de la revue « Lien social »[http://www.crop.ch/images/coordination/pdf/alienation/20050222_Arcticle_Lien_Social_SAP.pd f] (consulté le 13.05.20).

51 L’aliénation parentale – Article de la revue « Lien social », ibidem.

52 WEIZENEGGER/CONTIN/FONTANA, p.885 : « Schaffen die Kinder keine Lösung aus dem Loyalitätskonflikt, bleiben sie darin gefangen ».

53 JABAT/BANHOLZER, p. 138 : « Kinder hochstrittiger Eltern sind meist über Jahre einer chronischen Belastungssituation ausgesetzt ».

54 FAVARIO SOLARI/LE GOFF-CUBILIER, ibidem.

55 GARBAR/PLENNEVAUX, p. 20-21.

56 FAVARIO SOLARI/LE GOFF-CUBILIER, ibidem.

57 GARBAR/PLENNEVAUX, ibidem.

58 Cf. p. 4 et 6.

étaient juste des dommages collatéraux et qu’elles avaient relativement peu souffert de tout ça ».

Par chance, Morgane n’a pas eu de comportements fréquemment adoptés par les adolescents, qui peuvent nuire à la santé physique, tels que le tabagisme, la consommation de l’alcool59, des pratiques sexuelles dangereuses, voire une mise à risque sportive60. A ceux-là, s’ajoutent des symptômes tels que la dépression ou des problèmes d’estime de soi pour les adolescentes, qui intériorisent plus leur mal-être que les garçons61.

L’enfant, fin observateur, percevra la coparentalité dysfonctionnelle comme un modèle à suivre, apprendra et reproduira cet apprentissage dans ses relations avec autrui. Certains chercheurs soutiennent qu’une transmission intergénérationnelle des conflits familiaux peut avoir lieu, et ce que les parents et les enfants soient ou génétiquement liés62. En conséquence apparaitront des difficultés d’adaptation sociale et des difficultés à s'entendre avec d'autres personnes63.

Parfois une relation fraternelle/sororale chaleureuse peut protéger les enfants en proie à de graves conflits parentaux, pour autant qu’il n’y ait pas de divisions au sein de la fraternité/sororité, du fait qu'un enfant se protège lui-même en détournant son mal-être, sa colère vers un frère ou une sœur64. Les relations avec les pairs ou les partenaires romantiques peuvent aussi être altérées. A cet égard, les confessions de Morgane sont très explicites. En effet, cette jeune femme a déclaré « avoir du mal à faire confiance aux hommes […], faire en sorte de ne pas s’attacher pour ne pas souffrir », ainsi que « ne pas vouloir d’enfants plus tard », tout ceci « étant relié à [son] passé ».

b) Sur la scolarité

Les difficultés de l’enfant s’étendent aux relations avec ses camarades de classe ou avec ses enseignants. C’est ce que confirme Mme Monika KELLER ZEUGIN, enseignante préscolaire qui témoigne dans le film publié par la fondation Protection de l’enfance Suisse au sujet des enfants pris dans des conflits parentaux : « Nous avons eu un petit garçon…C’était une situation complexe…D’une part, il était agressif, prenait des objets aux autres, en donnant de vrais coups. Verbalement, il était aussi très agressif, plus que la normale… Et d’autre part, tout le contraire. Il était terriblement sensible à la moindre chose, et cela n’a fait qu’empirer. On avait l’impression qu’il n’allait pas bien, qu’il y avait quelque chose »65.

En outre, ZEMP/BODENMANN expliquent que « les fonctions neuropsychologiques saines de l’enfant sont mises à mal par les conflits parentaux ». Les fonctions de mémoire de

59 HAROLD/ACQUAH et al., p. 44.

60 FAVARIO SOLARI/LE GOFF-CUBILIER, ibidem.

61JABAT/BANHOLZER, ibidem.

62 ZEMP/BODENMANN, p. 8.

63 ZEMP/BODENMANN, p. 4.

64 ZEMP/BODENMANN, p. 23 : « konstante Bezugspersonen neben den Eltern helfen Kindern (Verwandte, Geschwister, Lehrpersonen, Peers, etc.) ».

65 PROTECTION ENFANCE SUISSE, ibidem, voir film à 8 minutes 10 secondes.

l’enfant faussent les performances d’apprentissage, causent des problèmes d’attention chez l’enfant »66.

WEIZENEGGER/CONTIN/FONTANA ajoutent à cette liste des problèmes de concentration67 qui peuvent aussi être observés chez l’enfant. Qui plus est, les capacités cognitives68 de l’enfant sont impactées, ce qui explique que les enfants confrontés aux conflits parentaux ont plus souvent de mauvais résultats scolaires69.

A cet égard, une recherche a été menée au Royaume-Uni, de 1999 à 2001, sur un échantillon de 230 écoliers âgés de 11 à 13 ans au sujet de leurs résultats scolaires. L’étude a consisté à comparer plusieurs rapports, dont certains renfermaient l’appréciation des enseignants sur l’agressivité des enfants alors que d’autres étaient ceux d’enfants relatant leur perception des relations inter-parentales négatives. Ces données ont été regroupées, comparées et corrélées aux résultats obtenus par ces enfants aux tests académiques (se focalisant sur l’anglais, les mathématiques et les sciences). Les auteurs de cette étude semblent conclure à ce que la culpabilité importante ressentie par les enfants impliqués dans un niveau de conflit inter-parental intense impacte significativement leur réussite scolaire, en ce sens qu’ils obtiennent de moins bons résultats à l’école70.

En Suisse, plus précisément à Genève, une enquête a été faite par le Service de la recherche en éducation (SRED), en 2013-2014, au sujet du décrochage scolaire dans ce canton71. Un questionnaire en ligne a été envoyé à l’ensemble des élèves, âgés de moins de 25 ans, résidant dans le canton de Genève, qui avaient quitté la 11e année du Cycle d'orientation ou interrompu prématurément une formation de niveau secondaire II au cours de l’année 2013-2014, soit au total 1'133 personnes. Il apert que 14% des jeunes interrogés n’étaient pas en réalité confrontés à des décrochages scolaires, ce qui a réduit l’échantillon à 976 jeunes72. Parmi ces élèves, 513 jeunes ne sont pas revenus dans le système scolaire l'année suivante. Cette enquête semble aussi établir une corrélation notamment entre les conflits parentaux et un plus grand risque de décrochage scolaire73. Ce phénomène est inquiétant puisqu’il a presque doublé dans toute la Suisse, mais surtout en Suisse romande, entre 2010-2011 et 2014-2015, faisant passer la proportion de jeunes adultes qui n’avaient pas obtenu de diplôme de 6% à 11%, selon une enquête publiée en juin 2019 par Young Adult Survey Switzerland (YASS) et réalisée auprès de 30'000 jeunes de 19 ans74.

66 ZEMP/BODENMANN, p. 8-9 : « gefährliche Potential, gesunde neuropsychologische Funktionen des Kindes zu beeinträchtigen […] Lernleistung verzerren und Aufmerksamkeitsprobleme verursachen können ».

67 WEIZENEGGER/CONTIN/FONTANA, p.885 : « Den Preis für diese dysfunktionale Bewältigungsstrategie bezahlen die Kinder : Konzentrationsprobleme ».

68 ZEMP/BODENMANN, ibidem.

69 JABAT/BANHOLZER, ibidem.

70 HAROLD/AITKEN/SHELTON, ibidem. 


71 WIDMER et al., p. 22 et références citées.

72 PETRUCCI/RASTOLDO, p. 2.

73 WIDMER et al., ibidem.

74 MUNCANOVIC Tamara, le décrochage scolaire, un fléau persistant, surtout en Suisse romande, in RTS info, article web publié le 6 juillet 2019, [https://www.rts.ch/info/suisse/10538543-le-decrochage-scolaire-un-fleau-persistant-surtout-en-suisse-romande.html] (consulté le 11.04.20).

Bien que le décrochage ne soit pas dû qu’aux conflits parentaux, le comportement de certains décrocheurs scolaires trouve sa source dans ce phénomène. En effet, différentes recherches soulignent que parmi les élèves, « les plus à risque de décrocher sont ceux qui manifestent des troubles du comportement externalisés »75, tels que de la colère, de l’agressivité, comportements qui sont engendrés par les conflits parentaux. Le décrochage scolaire ou les mauvais résultats conduisent, à leur tour, inexorablement à une plus faible probabilité pour les jeunes concernés d’être diplômés76.

c) Sur les opportunités professionnelles

Sans qualification, sortis du système éducatif sans diplôme ou avec de moins bons résultats scolaires, « les jeunes rencontrent de nombreuses difficultés d’insertion sociale et professionnelle. Ils représentent une population potentiellement à risque, dépendante à long terme de l’aide sociale »77.

Un étudiant n’ayant pas obtenu son diplôme a une plus faible probabilité d’être employé, car « l’absence de certification est un véritable handicap en termes d’insertion professionnelle » 78. Autrement dit, le diplôme est devenu un « minimum requis »79 à avoir, compte tenu du marché du travail actuel en Suisse, où « les emplois peu qualifiés sont rares et où les jeunes qualifiés sont préférentiellement choisis »80.

Le risque de se retrouver sans emploi est multiplié par [quatre] si une formation de niveau secondaire II n’est pas achevée81, alors qu’environ 80% des diplômés de hautes écoles trouvent une place de travail un an après la fin de leurs études82.

En outre, « nombreux sont les travaux qui ont souligné les taux de chômage nettement plus élevés des non-diplômés »83. L’Office des statistiques indique que « la part des jeunes de 15 à 24 ans sans emploi ne suivant pas d’études ou de formation se situait à 6%

en 2018 »84.

Si la place de travail est tout de même trouvée, le jeune employé a une plus faible probabilité d’avoir de hautes responsabilités. En conséquence, un revenu plus faible est touché par cette personne en comparaison avec celui d’un autre individu exerçant la

75 PAGANI/TANNER, p. 21.

76 HAROLD/ACQUAH et al., ibidem.

77 ROHRBACH Nicole, Des pistes pour raccrocher, edito, in Quand le décrochage menace…[www.revue-educateur-ch], revue numéro 7, du 25 août 2017 (consulté le 14.04.20).

78 PETRUCCI/RASTOLDO, ibidem.

79 WIDMER et al., p. 33-34.

80 HRIZI/MOUAD, p.7.

81 HRIZI/MOUAD, ibidem.

82OFFICE FEDERAL DE LA STATISTIQUE, Indicateur de la législature : Taux de chômage des personnes diplômées des hautes écoles [https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/statistiques/themes- transversaux/monitoring-programme-legislature/tous-les-indicateurs/ligne-directrice-1-prosperite/taux-chomage-personnes-diplomees-hautes-ecoles.html], statistiques de 2017 (consulté le 15.04.20).

83 PETRUCCI/RASTOLDO, p. 3.

84 OFFICE FEDERAL DE LA STATISTIQUE, Indicateur de la législature : Taux de chômage des jeunes

84 OFFICE FEDERAL DE LA STATISTIQUE, Indicateur de la législature : Taux de chômage des jeunes

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