lorganisationdelactivité
5.2.2. Danslesinférences
5.3.1.2. Connaissances de lévaluation
Ce type de connaissances est décrit suivant deux aspects (Magnusson, Krajcik, & Borko, 1999) : le premier concerne la compréhension de ce qui est important à évaluer
dans lapprentissage des sciences, le second, la connaissance des méthodes d'évaluation des apprentissages en sciences.
Nous avons effectué un entretien spécifique sur lévaluation avec les quatre enseignants. Lanalyse que nous présentons sappuie sur ces entretiens et sur les
distinguons, dans ce paragraphe, le premier degré du second degré car les directives institutionnelles, dans le second degré, apportent des spécificités dans les évaluations.
a. Dans le second degré
Les enseignants doivent construire leur évaluation formative et sommative en
relation avec des items référencés. Cest une demande institutionnelle en référence au socle commun de connaissances et de compétences16. Florence en distingue cinq (Tableau 20, p. 121) et Henri en note quatre (Tableau 21, p. 121). Litem supplémentaire identifié par Florence correspond à lévaluation des capacités expérimentales :
La gravitation Le poids La masse (classe de 3ème)
Items connaître appliquer raisonner communiquer expérimenter
Points /23 /7.5 /4.5 /5.5 /2.5 /3
Tableau 20 : Items référencés dans l'évaluation. Cas de Florence
Devoir de mécanique (classe de 3ème)
Items Je connais mon cours Japplique mon cours Je raisonne Je communique Points /30 /6 /17 /4 /3
Tableau 21 : Items référencés dans l'évaluation. Cas dHenri
Il sagit de distinguer, dans lévaluation, ce qui est de lordre de la connaissance dun concept ou dune loi, dun raisonnement qui demande à être argumenté, et ce qui relève de lapplication directe dun principe « clef » ou dune loi symbolique. Laspect présentation du raisonnement et des résultats de lélève est identifié sous litem
« communiquer ». Ces items sont présents sur la fiche dévaluation : cela permet aux
élèves didentifier clairement ce qui est évalué (Annexe 19 et Annexe 20). Pendant les deux années, nous avons observé des évaluations où tous les items étaient évalués. Les
enseignants disent que ce nest pas toujours le cas.
Chaque item est pondéré par un nombre de points. Cette pondération dépend des notions abordées et du chapitre étudié. Florence nous dit quen classe de cinquième, par
exemple, elle évalue beaucoup plus de connaissances relatives à une loi quà un raisonnement argumenté, car les élèves ne sont que dans leur première année détude de
la physique et de la chimie. Par conséquent, litem « connaissance » comporte davantage
16
122 Chapitre 5 : Les connaissances professionnelles dans lorganisation de lactivité
de points. Pour nous, cest une PCK/éval qui correspond au premier aspect : une
connaissance de ce quil est important dévaluer.
Florence évalue les capacités expérimentales des élèves, chaque fois quelle le peut et que le sujet sy prête. Pour le poids et la masse, elle met en place un dispositif où les élèves viennent individuellement tirer au sort un sujet. Pour nous, cest une PCK/éval
qui correspond au second aspect : une connaissance des méthodes d'évaluation des apprentissages en sciences. Elle évalue des aspects spécifiques de lapprentissage des
élèves sur le poids et sur la masse.
Les deux enseignants nous indiquent une particularité dans la construction de leur évaluation. Au moins un exercice intégré dans lévaluation a été traité à lidentique en
classe. Parfois, les enseignants disent changer simplement les valeurs numériques. Selon Henri, il permet « de voir sils ont acquis les méthodes de résolution de faire un graphique / cest pour ça ce nest pas dans raisonner cest vraiment appliquer quoi ».Les enseignants évaluent la méthodologie lorsquelle est spécifique à la discipline : par exemple, la lecture graphique ou le tracé dun graphique à partir dun tableau de mesures. Nous la noterons PCK/éval correspondant au second aspect du modèle : une connaissance des méthodes d'évaluation des apprentissages en sciences.
Dans le second degré, nous retrouvons les deux aspects présents dans le modèle de Magnusson et al. : la connaissance concernant lévaluation des concepts, des lois et des principes et celle sur les moyens dévaluer spécifiquement un sujet.
Nous allons maintenant comparer le principe de lévaluation par items du second
degré avec celui posé par des enseignants du premier degré. Lévaluation sommative est posée à lécrit par les deux professeurs des écoles (Annexe 11 et Annexe 14).
b. Dans le premier degré
Les deux enseignants disent évaluer des connaissances, des applications de
connaissances et une capacité de lélève à raisonner (Transcript d'entretien - 5, p. 123).
Nous retrouvons là des contenus corrélés à trois items présentés dans lévaluation au collège.
Locuteur Productions verbales
F c'est ça que j'aime bien parce que c'est une situation qui n'est pas seulement une application de connaissances pas une maîtrise de connaissances dures c'est savoir faire avec les connaissances les connaissances apprises là te permettre de répondre à l'exercice suivant il y a une réflexion c'est intéressant ça
A et indirectement pour les gamins qui réfléchissent un petit peu ils se rendent compte qu'en regardant ce qu'il y a ici ça leur permet de répondre / j'aime bien aussi de mettre des éléments de réponse dans l'évaluation qui permettent de répondre à certaines questions et ça les élèves ça les oblige aussi à on parle souvent du sens à vraiment lire et à ne pas voir
l'évaluation ou un exercice comme étant une suite de questions qui n'ont pas de sens
Transcript d'entretien - 5 : Evaluations sommatives. Avec André et Francis
Dans les deux évaluations, nous retrouvons principalement le premier aspect présenté dans le modèle de Magnusson et al.. Les enseignants évaluent des concepts et des principes en électricité. Une question se pose cependant, concernant le deuxième aspect à propos dun moyen connu par lenseignant pour évaluer un caractère spécifique de l'apprentissage. Evaluer la capacité des élèves de cycle 3 à faire le schéma dun
montage ne correspondrait-il pas à ce second aspect ? Un schéma électrique est, en effet,
un contenu spécifique dans lenseignement des sciences et, au cycle 3, cest une
compétence à atteindre. Dans ce cas, nous pouvons trouver le deuxième aspect dans
lévaluation proposée par André. Il demande aux élèves de dessiner deux montages, lun en série et lautre en parallèle. Il attend deux un schéma à laide du code international.
Par ailleurs, André et Francis disent ne pas pouvoir mettre en place une évaluation des capacités expérimentales, par manque de temps et de place dans leur classe.
A travers cet exemple, se pose la question de la définition des PCK : les PCK sont spécifiques à un contenu mais ne dépendraient pas aussi dun niveau scolaire ? Nous
venons didentifier une spécificité au niveau dune évaluation, mais ny aurait-il pas
dautres exemples pour dautres catégories de PCK ?
c. Lévaluation permet lacquisition de nouvelles PCK
Nous constatons que lévaluation par items permet aux enseignants du second degré dacquérir de nouvelles connaissances.
Lorganisation de lévaluation formative ou sommative renseigne lélève et lenseignant. La note à litem « connaissance » est un repère pour lélève : « en général la compétence où ils ont le plus de difficultés cest connaitre
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/ parce quils ont du mal à apprendre des cours ». Donc, lorsquun élève perd des points dans cet item, il sait que cest parce quil na pas appris son cours : « cest clair pour lui il sait »confirme Florence.
Pour les deux enseignants, cette organisation permet de connaître plus précisément le profil de la classe et celui de chaque élève. Elle est fonction des notes obtenues dans chaque item. Ils analysent chaque évaluation suivant ce critère et ils en déduisent des « profils élèves » et des « profils classes ».
Par exemple, un élève qui atteint quasiment une note maximum à litem
« connaître » et peu de points à « raisonner » peut être un élève qui apprend ses leçons et
qui a besoin dacquérir des méthodes de résolution dexercices. Les enseignants
acquièrent une connaissance plus précise, de la classe et de chaque élève. Elle a une influence directe sur la pratique de classe de Florence :
Locuteur Productions verbale
F sur les exercices que je donne en classe ouais // parce que du coup pour connaitre dans ce cas là quand je vois quil y a vraiment de grosses difficultés sur connaître quils apprennent pas bien leur leçon je multiplie les interros surprises ( ?) et sur raisonner jinsiste plus sur les exercices on nen fait plus quand je vois quil y a beaucoup de difficultés dans raisonner
Transcript d'entretien - 6 : Influence des évaluations sur la pratique de classe. Avec Florence
Les résultats des évaluations formatives ont un impact assez important sur
lorganisation de lactivité des enseignants. Ils leur permettent dajuster le type dexercice
à faire en classe au profil de lélève. Florence différencie, dans le sens où elle propose, dans les évaluations formatives, des types dexercices adaptés à certains types de difficultés identifiées. Nous dirons que cette connaissance est une PCK/é qui se construit
grâce à ce type dévaluation.
Florence décrit un évènement qui a eu lieu lors de lévaluation des capacités
expérimentales (Transcript d'entretien - 7, p. 125). Une élève lui indique un changement
déchelle anormal sur la balance.
Locuteurs Productions verbales
F et jai compris doù venait une erreur pour certains pourquoi ( ?) pourquoi est-ce quils avaient pas de belles droites /
C ouais
F et en fait cest quand ils ont fait la capacité expérimentale la balance elle indiquait les grammes normalement et après elle passait en oz sils appuyaient ((florence montre la touche on/off)) et donc du coup ils ont dû faire des changements dunités dans euh
C et tu as compris ça quand ?
F quand euh une des premières élèves qui est passée sur poids et masse qui ma dit mais madame cest pas gramme là ( ?) et moi javais pas pensé à ça cest des balances toutes neuves euh /
Transcript d'entretien - 7 : Erreur dunité de mesure de masse. Avec Florence
Florence insiste sur ce point : sans le signalement de cette élève elle naurait pas identifié lorigine dun type derreurs faite par les élèves à deux reprises dans la
séquence : dans le T.P. sur la relation entre poids et masse, et dans lévaluation des capacités expérimentales. La balance change déchelle à chaque fois que le bouton central on/off est actionné brièvement. Florence affine sa connaissance sur le matériel pédagogique : cest une PCK/pgrm. Elle connait maintenant un type derreur que peuvent
faire les élèves : cest une PCK/é.