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Connaître et choisir les manuels d’enseignement/apprentissage

Les formateurs ont généralement une réelle réflexion vis-à-vis de l'enseignement/apprentissage du français dans ses dimensions politiques, sociales et éducationnelles et un regard analytique sur les outils.

Aucune approche n'est à exclure. Il est souhaitable, au contraire, de savoir les combiner dans des démarches complexes qui tiennent compte des situations d’apprentissage et des profils de publics. Monsieur Christian Puren décline fort bien cette complexité 187 :

“La complexité d’abord, des besoins, attentes, motivations, habitudes et stratégies d’apprentissage (…). La complexité des objectifs que

représentent les différentes composantes de la compétence de communication (…). Complexité enfin des référents théoriques (…).”

La gestion des dispositifs, l’hétérogénéité des apprenants et la multitude des méthodes mises à disposition des acteurs de la formation conduisent ces derniers à la maîtrise d’un savoir-faire polyvalent et subtil. Dans ce cadre, il est fondamental que les formateurs connaissent, et sachent choisir les outils adéquats en fonction des objectifs qu’ils cherchent à atteindre.

Il existe plusieurs bases de données qui permettent de les connaître. Les grilles d’analyse de ces méthodes sont des outils qui facilitent la sélection par les formateurs. Ils peuvent ainsi choisir le manuel qui répond le mieux aux situations qu’ils rencontrent en cours.

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VERMERSCH P., in Bulletin d’information du GREX n°18 janvier 1997, voir également VERMERSCH P., "Les connaissances non conscientes de l’homme au travail" 1991 Le journal des psychologues 52-57.

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PUREN Ch., “ Des méthodologies constituées et de leur mise en question ”, Le Français Dans le Monde, N° spécial Recherches et Applications, Paris EDICEF, janvier 1995, pp 37

Jean-Pierre Cuq et Isabelle Gruca, dans leur ouvrage « Cours de didactique du français langue étrangère et seconde » (PUG 2002) évoquent celle de Cecilia Bertoletti188 qui répertorie tous les paramètres en deux sections : l’analyse factuelle et l’évaluation. Jean-Pierre Cuq et Isabelle Gruca ajoutent que l’analyse ne peut être vraiment efficace que si elle est accompagnée par l’expérimentation et l’évaluation par l’apprenant lui-même. Ils proposent plusieurs tableaux qui permettent de faire un inventaire des méthodes FLE et du matériel didactique publiés en France depuis 1920. Ces outils sont présentés suivant un ordre chronologique et répertoriés par rapport à leur dominante méthodologique. Ce sont tout d’abord, les méthodes générales d’enseignement/apprentissage, puis le matériel complémentaire : centré sur l’oral, sur l’apprentissage de la grammaire, sur l’acquisition du vocabulaire, sur l’approche de la civilisation, sur la lecture, sur l’autoévaluation, les tests et les certifications.

Cet inventaire offre l’avantage, pour ses auteurs, de montrer les évolutions dans ces familles méthodologiques. Voici plusieurs exemples d'évolutions cités : « l’intérêt accordé par la méthodologie SGAV pour le niveau 1, le foisonnement de

matériaux périphériques élaborés sous l’approche communicative pour répondre aux besoins particuliers des apprenants ou

encore, l’importance accordée à l’oral par le courant communicatif »

Les possibilités offertes par internet sont démesurées. Nous en évoquons plusieurs. La grille d’Anne-Marie Thierry189 propose une dizaine d’entrées pour appréhender les méthodes, notamment le public visé, les finalités, le type de méthode ou le contenu linguistique. Cette base de données est complétée périodiquement. On peut la trouver sur le site : http://www.ciep.fr/bibliographie/methodes.htm.

Les sites permettent de connaître à la fois les outils édités en France, mais également, dans le monde entier. C’est le cas, par exemple du site Clic Net Français langue étrangère et seconde, ou encore de FLENET (Français Langue Etrangère et Internet) de l’Université Léon en Espagne sur www3.unileon.es/dp/dfm/flenet.

Il est possible également d’obtenir le détail de fiches d'analyse de méthodes et de didacticiels de français sur le site : http://www.communautique.qc.ca/Carrefour/abc1/grille.html.

Le site : http://www.ens-lsh.fr/labo/plurapp/educasup/sitefle/cdbasedd.htm regroupe un ensemble de fiches descriptives de produits audiovisuels et numériques (cassettes vidéo, cédéroms, sites internet) destinés à l'apprentissage du Français Langue Étrangère par des adultes, il en donne le détail, le résumé, l’origine et la diffusion.

Chaque éditeur a également son site (www.didierfle.com www.cle-inter.com http://www.fle.hachette-livre.fr www.difusion.com www.pug.fr www.assimil.com).

Il existe également un site qui diffuse les critères de sélection et d’analyse des cours de français sur internet : http://thot.cursus.edu/rubrique.asp?no=10997. Thierry Perrot suggère une grille d'évaluation d'un site internet pédagogique (2001) http://www.polarfle.com/. Cette grille a pour objectif d'évaluer un site pédagogique et de prendre en compte les contraintes techniques liées au développement multimédia. Il s'agit alors de mettre en relation les objectifs du site avec les applications proposées. Ce travail permet également de démystifier les possibilités offertes par Internet. Ainsi, R.Bibeau

(1999) expose lui aussi, une grille d'évaluation d'un site Web sur le site :

http://ntic.org/guider/textes/div/bibgrille.html.

Élisabeth Louveau, Grenoble, 1998 propose, sur le site de l'Université d'Uppsala : http://www.linguatic.fba.uu.se/suggped/fr/Grille.htm, une grille d'analyse pour cédéroms grand public.

Les descriptions proposées dans les pages du site : http://www.univ-lille3.fr/www/Commun/cavul/fle/fle_test.htm ont pour objectif de fournir les premières informations sur les produits FLE disponibles. Elles ont été réalisées par l'équipe des enseignants et ingénieur d'études de FLE de l'Université de Lille 3, aidée des étudiants de la Maîtrise de FLE. Les possibilités offertes sur le net sont véritablement très riches. Les formateurs peuvent obtenir des conseils dans le choix de leurs outils.

Alain Jambin, (Académie de Toulouse) met en ligne un document intitulé : Choisir un manuel sur http://www.ac-toulouse.fr/anglais/manuels.html. On peut consulter également la grille d'analyse des manuels/ensembles pédagogiques de FLE (2001) de Javier Suso López, Universidad de Granada (Dpto. de Filología Francesca) sur le

site : http://www.ugr.es/~jsuso et « Evaluation de l'information. Doc pour Docs » sur http://docsdocs.free.fr/modules.php?name=Content&pa=showpage&pid=46

Enfin, et plus spécifiquement pour les publics de la formation de base, il est possible de consulter un document intitulé : « Formédia » CLP, (1998) à l’adresse suivante : www.formedia-clp.info. Ce document existe également en format papier. Il est conçu par le Comité de Liaison pour la Promotion des migrants et des publics en difficulté d’insertion (CLP) pour le

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BERTOLETTI M.-C, avec la collaboration de DAHLET, « Manuels et matériels scolaires pour l’apprentissage du FLE. Ebauche d’une grille d’analyse », Le Français Dans le Monde n°186, juillet 1984, p 55-63.

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FASILD. Ce répertoire se veut donc être un document d'information sur un choix non exhaustif de produits multimédia. Il a été élaboré à partir d'une grille qui a fait l'objet d'une réflexion collective et approfondie de la part des auteurs.

Ce répertoire est destiné aux organismes et aux formateurs, acteurs de la formation et de l'insertion socioprofessionnelle des publics peu qualifiés, dont les publics issus de l'immigration. Ces derniers peuvent se trouver dans des situations différentes : primo-arrivants, rejoignants, ou insérés depuis un certain nombre d'années en France. Concernant ce même secteur de formation, le CLAP Ile de France a réalisé en 2003 un document intitulé : Répertoire des

Outils pédagogiques pour la formation linguistique de base. Il s’adresse, lui aussi, aux formateurs et autres acteurs qui

interviennent dans le champ de la formation linguistique de base. Il a pour objectif de donner des repères pour le choix d’outils pédagogiques. Ce dossier se présente sous forme de classeur. Il est disponible également sur CD. Ses auteurs190 répertorient et analysent 63 méthodes et outils pédagogiques. Seuls les outils qui se rapprochent des préoccupations d’un public vivant en France, parmi les outils de FLE, et les outils destinés à un public francophone en situation d’illettrisme ont été retenus.

Les ouvrages sont répartis en quatre grandes parties d’importance quantitative inégale. Les référentiels, programmes et outils de portée générale, au-delà d’un domaine précis de connaissance sont regroupés sous la rubrique : « ouvrages généraux et méthodologies ». Les ouvrages qui abordent la culture et sont directement axés sur la formation avec une fonction d’outils pédagogiques figurent à la rubrique : « Culture et formation ». Peu d’outils existent dans le champ des mathématiques de base et la plupart des outils travaillant dans le champ du développement cognitif ne sont accessibles qu’avec une formation.

Ces derniers ne figurent dont pas dans la rubrique : « Mathématiques et développement cognitif » qui ne comprend que cinq références. La rubrique « français » compte une vingtaine d’outils de lecture-écriture, six méthodes de communication orale et écrite, sept outils de communication orale et douze outils de grammaire, phonétique et vocabulaire. La liste de ces outils est donc loin d’être exhaustive. Elle comprend principalement des ouvrages de didactique du FLE.

Nous avons choisi de construire une base de données, (présentée en annexe 13 et sur CD ROM). Nous y analysons environ 100 méthodes mises à la disposition des enseignants de français dans les trois domaines : FLE, alphabétisation, lutte contre l'illettrisme. Cette base de données vise l’opérationnalité, c’est la raison pour laquelle nous avons défini un certain nombre de rubriques :

- la fiche signalétique indique le titre, le nom de l’auteur, de l’éditeur, l’année de parution et le descriptif du support (papier, cd, cassette…) - le domaine : FLE, Alphabétisation, lutte contre l’illettrisme, remise à niveau

- les objectifs visés à travers les contenus visés : culture, calligraphie, compréhension orale, écrite, vocabulaire, grammaire… - les publics visés

- les publics potentiels - le type d’évaluation,

- les situations de formation (collectif, individuel, les deux)

- l’organisation de la méthode (nombre de rubriques, titres des unités) - le matériel nécessaire

- les périphériques (cassettes, livres du professeur) - la durée de la séance et le rythme d’apprentissage - le commentaire du concepteur

- le commentaire général - l’approche méthodologique.

Cette dernière rubrique est renseignée sur la base de la grille d’analyse de Christian Puren191 (cf. annexe 10 I). Celle-ci procède par dichotomie. La méthode est « transmissive » ou « active », « indirecte » ou « directe », « analytique » ou « synthétique », « déductive » ou « inductive », « applicatrice » ou « imitative », « écrite » ou « orale ».

La base de données créée sur File Maker Pro, permet de sélectionner et d’ordonner les outils en fonction de ce que l’on recherche (cf. annexes).

Il suffit d’indiquer, par exemple, que l’on souhaite trier les fiches par le domaine alphabétisation pour voir apparaître les fiches sélectionnées. On peut affiner la recherche en indiquant les rubriques que l’on souhaite privilégier : date d’édition, auteur, public visé. Il est possible de combiner et d’organiser le tri à l’infini. On peut créer de nouveaux modèles (cf. annexe sur papier) qui ne retiennent que les éléments choisis.

Cette base de données n’est sans doute pas exhaustive, il n’est pas aisé de disposer de tous les ouvrages. Par ailleurs, il n’est pas facile de garder une veille permanente pour mettre à jour des informations sur les outils. Le marché de

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De Ferrari Mariela, Fouché Maryline, Hirèche Hacène, Mammar Fathma-Zohra, Rottier Marie-Françoise ont rédigé les fiches, Madame Rottier était chargée de la coordination. L’édition de ce répertoire a reçu le soutien financier du FASILD IDF et du FSE

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l’édition, propose, chaque année, voire chaque mois, de nouveaux manuels de français. En une décennie, leur nombre a triplé.

L’analyse comparative des outils dans différents secteurs (FLE, FLS, formation de base) nous a procuré nombre d'informations. Elles permettent d’affirmer notamment que certains documents peuvent servir à la fois les trois domaines, d'autres peuvent être adaptés, de manière à pouvoir procurer des éléments de réponse aux spécificités des publics.

Les outils de remédiation cognitive tels que Activolog, ARL, PEI, Méthode de Ramin et des outils de méthode active tels que les Jeux et techniques d'expression le Photo Langage sont parfois employés pour compléter le cours de français.

Les outils spécifiquement FLE sont appréciés des formateurs, notamment les méthodes de Français sur Objectif Spécifique (FOS).

Depuis quelques années, les outils d'Enseignement Assisté par Ordinateur ont fait leur apparition. Ils sont quelquefois utilisés par les formateurs qui travaillent avec des publics analphabètes. Lire (AFL) ELMO, LIREBEL, CALAO, LCPE,

LUCIL, LANGAGICIEF, NUAGICIEL, DIALOG. Les nouvelles technologies de l’information ne proposent pas réellement de

méthodologie innovante192. Elles ne peuvent s’adapter à l’hétérogénéité des publics que dans certaines situations.

Selon nous, l'informatique n’est qu’un moyen, il ne peut être considéré comme une fin en soi et n'a de sens qu'articulé à des projets pédagogiques précis et cohérents visant des objectifs clairs. L'ordinateur peut être un instrument privilégié pour provoquer l'expression écrite chez les apprenants parce qu'il permet de produire un texte qui a du sens sans se perdre dans les problèmes techniques d'écriture et de graphisme. L’utilisation du clavier et de la souris oblige les participants à développer leur motricité, leur perception spatiale, leur latéralité, leur coordination : capacités nécessaires à l'apprentissage de l'écrit.

Certains organismes utilisent également des méthodes, qui, au départ, n’étaient pas adressées à leurs publics, comme, par exemple, des outils destinés aux enfants, des outils d’orthophonistes, ou Sillent way (lecture en couleur). Il faut admettre, en effet, que les outils qui visent spécifiquement des publics analphabètes datent généralement des années 70-80. Ce sont, par exemple : Lire et écrire, Lire de 7 à 77 ans, Les fiches CLAP, la Méthode Gillardin (Retz), Amana, lire la

ville, une méthode progressive d’alpha ou les fiches d'Accueil et Promotion. Deux outils sont plus récents (les autres sont

simplement des rééditions). Il s’agit de Parlez-moi (FAS 1998) et de Maîtriser les écrits du quotidien de Martine Abdallah Pretceille (1998). Ce manuel vise le public hétérogène que l’on rencontre dans les organismes de formation à visée insertion. Ce public relève à la fois de l’immigration, de l’illettrisme, de l’alphabétisation et du bas niveau de formation. La démarche est clairement d’inspiration communicative.193

Jusqu’à présent, les outils d’alphabétisation étaient rares, tout simplement parce qu’ils n’étaient pas « rentables ». Nous avions, en effet, contacté des éditeurs en 1998. Leur politique d’édition subit la pression économique.

La méthode " Trait d’Union", que nous décrivons dans le paragraphe consacré au graphisme, démontre que, désormais, les éditeurs s’intéressent aux publics de la formation de base. Nous avons voulu construire un outil adapté aux publics de la formation. Pour autant, le choix d’un seul outil ne nous semble pas envisageable en formation dite de base. Les enseignants-formateurs doivent être à même de construire des conditions d’enseignement/apprentissage susceptibles de correspondre à la fois, aux personnes relevant de la lutte contre l'illettrisme, du FLE et de l'alphabétisation. Le plus souvent, ils privilégient des objectifs très pragmatiques et adaptent les outils à la situation. Les outils centrés sur la communication orale pour les publics analphabètes sont insuffisants alors qu’ils apparaissent comme indispensables pour un grand nombre d’apprenants de la formation de base. Tout se passe comme si l'oral devait rester à la seule charge du formateur, ou comme si les apprenants pouvaient acquérir seuls la compétence communicative orale. Toutefois, les outils destinés à des publics FLE peuvent également servir à des personnes analphabètes non francophones.

Par ailleurs, les échanges, débats et discussions affluent en cours d'alphabétisation. Dans ce cas, la communication orale ne se limite pas à une simple reproduction d'énoncés utiles à la vie quotidienne, mais plutôt à la véritable expression d’un point de vue. Notons que la formation de base n’a rien inventé, un travail fort intéressant du CREDIF décrit la structuration d’un module où le point de vue des personnes est mis en avant et réinvesti dans l’appropriation des compétences. La phase d’auto-objectivation évoquée dans « Spirales » (op.cit. p 175) a pour objectif de rompre l’équilibre

individuel et d’engendrer, dans la discussion du problème posé, un certain nombre d’oppositions et de conflits explicables par l’implication de chaque participant dans des situations qui interrogent avec acuité chacun d’eux. Elle fait suite à la phase

de « concrétisation » qui consiste à déterminer, en commun avec les apprenants, un thème général de travail et des média illustratifs destinés à poser la problématique de la discussion (affiche).

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voir également : ARNODO J., "Les usages des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans les formations aux savoirs de base" in Savoirs et formation n° 55-56 décembre 2003, 100 p, pp 58-68.

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L’approche du CREDIF va plus loin que le simple échange. Une phase suivante permet le passage à l’abstraction, débouchant sur une conceptualisation et éventuellement sur une formalisation des concepts élaborés.

Elle consiste à proposer un certain nombre d’exercices de remise en question des positions, de dépassement des positions et de recherche d’un nouvel équilibre. Enfin, la prise de distance à l’égard du module et son évaluation consiste à faire un bilan structuré de toute l’action. Elle permet de faire retrouver par les stagiaires le schéma de déroulement du module mais également la portée, les inconvénients et les avantages de l’opération.

Le choix des thèmes en formation de base reste varié et actuel. Les productions du Comité de Liaison Pour l’Alphabétisation et la Promotion (CLAP) datent également des années 80. Elles ont ceci de très intéressant qu'elles sont construites par les apprenants immigrés eux-mêmes. Elles permettent aux stagiaires de s'exprimer sur des sujets qui les motivent et les passionnent réellement. Voici par exemple le contenu d’une de ces fiches de lecture :

« Je vais vous raconter ma vie. Je suis né dans un village de montagne. Mon père et ma mère ont eu du mal à m’élever parce qu’on était occupé

par les français. Ils ne nous laissaient pas vivre en liberté. On vivait toujours dans les montagnes. Après, on a fait une guerre pour l’indépendance pendant 7 ans et demie. Nous avons eu l’indépendance. Depuis qu’on est libre, le pays est très avancé ! ».

Selon nous, ces fiches permettent finalement un travail transculturel, au sens où les apprenants ont la possibilité de s'exprimer sur la politique et les conditions de vie de leur pays et de les comparer avec la vie en France. Il s'agit véritablement d'un échange qui renvoie, à travers des textes structurellement simples, à des sujets graves et complexes (guerre pour l'indépendance, motifs de l'immigration, euthanasie, égalité des sexes). Voici d’autres exemples de phrases :

"Parfois on est malheureux en France, mais on reste parce qu'on gagne mieux notre vie que dans nos pays, quand je travaille à la pièce, il faut

faire un plafond de 200 points à l'heure". "Les femmes sont aussi intelligentes que les hommes", "moi, je pense que c'est mieux que les femmes travaillent à la maison", lettre au Ministre de l'Education Nationale :"je vous serais reconnaissant si vous pouviez changer l'écriture du français parce que je n'arrive pas à comprendre".

Ces thématiques montrent, s’il en était besoin, que les apprenants ont une identité construite de vécus, de valeurs, de croyances et qu'il faut travailler aussi en fonction de ces différences culturelles.

La place accordée à la grammaire diverge entre les méthodes FLE et celles d'alphabétisation ou de lutte contre l'illettrisme. Les méthodes, destinées à des publics de faible niveau scolaire, n’abordent pratiquement pas la construction grammaticale.

Les régularités grammaticales doivent pouvoir être maîtrisées tant à l’oral qu’à l’écrit. Elles sont mises en place par le transfert et le réinvestissement mais ne doivent pas être exposées hors contexte. Le manuel de Grammaire progressive du

Français194, peut permettre aux adultes d'appréhender la grammaire dans une progression logique d'usage de la langue.

Par ailleurs, la pratique d’opérations arithmétiques entre souvent en ligne de compte dans les outils de lutte contre l'illettrisme et d'alphabétisation. Elle fait partie des savoirs de base.