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Chapitre III. L’entreprise apprenante et ses outils de gestion

CONDITIONS FACILITANTES

Degré de croyance de l’individu dans l’existence d’une infrastructure technique et organisationnelle pour supporter l’utilisation du système.

- Conditions facilitantes (Thompson et alii 1991)

- Complexité (Moore et Benbasat 1991)

Tableau III.9. Le modèle d’adoption UTAUT (Venkatesh et alii 2003).

Le modèle UTAUT constitue une avancée significative dans la compréhension de l’adoption des technologies. Les quatre déterminants soulignés par ce modèle peuvent être complétés par certaines recherches plus récentes, focalisées sur les outils technologiques liés au partage de connaissances (Beaudry et Pinsonneault 2005, Saade et Bahli 2005, Paul et McDaniel 2005). Le questionnement sous-jacent est « pourquoi partager? » (Wasko et Faraj 2005). La réponse repose sur l’intégration de déterminants socio-psychologiques selon l’appellation de Bock et alii (2005). Trois facteurs principaux apparaissent : l’émotion, la confiance et l’identité.

Beaudry et Pinsonneault (2005) rapprochent la ‘coping theory’, fondée sur l’anticipation comportementale et cognitive des actions, et le processus d’adoption d’un outil. Les auteurs mettent en relief le rôle de l’émotion dans l’adaptation d’un individu à un nouvel outil. Deux paramètres précisent les quatre cas de figure envisageables : la perception de l’outil par l’individu – opportunité ou menace – et le niveau de contrôle perçu par l’acteur – faible ou fort. Selon le cas de figure envisagé, le rôle de l’émotion diffère.

Un faible niveau de contrôle génère du stress, de l’anxiété voire un évitement de la situation. Cette recherche souligne deux éléments : la place de l’émotion et le caractère anticipé de l’adoption de l’outil. Saade et Bahli (2005) suivent cette voie en introduisant la

Chapitre III. L’entreprise apprenante et ses outils de gestion III.A. L’interaction individu – outil de gestion dans l’entreprise apprenante notion « de capacité d’absorption cognitive » dans le modèle TAM. Cette capacité est considérée comme un antécédent à l’utilité perçue et la facilité perçue et dépend partiellement du ressenti de l’acteur face à l’outil. Les notions de joie et d’enthousiasme sont notamment utilisées pour comprendre l’adoption de l’outil.

La notion de confiance est également un déterminant de plus en plus étudié dans le cadre de l’adoption des technologies (Goury 2004, Barret et alii 2004, Paul et McDaniel 2004, Van Baalen et alii 2005). Une difficulté émerge : si la confiance constitue pour certains un déterminant essentiel du partage de connaissances en ligne (Goury 2004, Paul et McDaniel 2004), elle se développe surtout par des relations en face à face (Markus 2001, Barret et alii 2004). Paul et McDaniel distinguent quatre formes de confiance, basées sur le calcul rationnel, la compétence, la relation à l’autre et enfin la confiance intégrée. Ces différents types de confiance sont interdépendants et tous nécessaires à la performance d’une relation collaborative virtuelle. La notion de réciprocité est souvent mobilisée avec celle de confiance. Elle correspond au désir de l’individu d’entretenir des relations durables et équitables en terme d’échange de connaissances. L’étude de Bock et alii (2005) rejette le facteur classique de bénéfices attendus et atteste que la réciprocité constitue le facteur déterminant du partage par l’outil. Le climat organisationnel apparaît également comme influençant fortement la création de normes subjectives et partagées sur l’utilisation de l’outil.

Le dernier déterminant mis en relief par la littérature a trait à l’identité et l’identification de l’individu (Wasko et Faraj 2005, Van Baalen et alii 2005, Kankanhalli et alii 2005). L’identification « is a condition where the interest of individuals merge with the

interests of the organization, resulting in the creation of an identity based on those interests » (Johnson et alii 1999 cités par Kankanhalli et alii 2005: 117). L’identification

possède trois composantes : la similarité des valeurs – buts et intérêts communs, l’appartenance à l’organisation et la loyauté – soutien et défense de son organisation (Patchen 1970). Kankanhalli et alii (2005) étudient les déterminants de la contribution à une base de capitalisation électronique. Selon les auteurs, le modèle TAM n’est pas adapté puisqu’il ne considère pas les spécificités des technologies pour le partage de connaissances:

« this model does not directly account for the social cost and benefit factors experienced by knowledge contributors that may affect their usage of collective technologies » (p. 115).

La recherche s’appuie sur deux théories : la théorie de l’échange social de Blau (1964) intégrant les coûts et bénéfices intrinsèques ou extrinsèques et la théorie du capital social (Nahapiet et Ghoshal 1998) soulignant les facteurs de contexte : la confiance, la norme et

l’identification. La contribution à la base dépend de l’équilibre entre le coût de la contribution et les bénéfices extrinsèques et intrinsèques. Les facteurs modérateurs d’identification et de confiance jouent un rôle essentiel dans l’adoption de la technologie. Dans la même logique, Wasko et Faraj (2005) mobilisent la notion de capital social (Nahapiet et Ghoshal 1998) au niveau individuel. Selon les auteurs, le capital social facilite la création et le partage des connaissances dans l’organisation, selon plusieurs facteurs : la motivation des individus, la structure des relations qui les lient (capital structurel), la capacité des acteurs à comprendre et utiliser la connaissance (capital cognitif) et la force des relations (capital relationnel). La recherche de Wasko et Faraj démontre que le partage de connaissances par la technologie découle de deux déterminants essentiels : l’augmentation et l’amélioration de la réputation de l’individu, résultat en accord avec des recherches précédentes (Donath 1999, Stewart 2003) et la centralité de l’individu dans le réseau. De façon assez surprenante, le capital relationnel ne semble pas influencer l’adoption de l’outil par l’individu. Les auteurs expliquent ce résultat par la spécificité de la technologie étudiée : un réseau en ligne. Ce type d’outil n’implique ni des interactions fréquentes ni des relations en face à face, ce qui tend à limiter le développement de la confiance et la force des relations.

L’analyse de l’interaction outil technologique – individu met en relief deux points majeurs. Le premier a trait à la relation récursive liant l’individu, l’outil et l’organisation. L’action de l’acteur apparaît conjointement comme structurée par son environnement et facteur structurant de celui-ci. L’outil technologique constitue dès lors le medium et le résultat de cette action située dans un contexte social. Le second consiste en l’étude plus approfondie des facteurs influençant l’interaction outil technologique – individu. La littérature est jalonnée de modèles qui mettent en relief divers déterminants individuels. Les recherches récentes soulignent plus particulièrement la place des facteurs socio-psychologiques.

Chapitre III. L’entreprise apprenante et ses outils de gestion III.A. L’interaction individu – outil de gestion dans l’entreprise apprenante L’instrumentalisation de l’entreprise apprenante génère une triple relation entre l’individu, l’organisation et les outils mis en oeuvre. L’interaction entre l’individu et l’outil est apparue comme déterminante à la fois du rôle des outils et de la construction de l’entreprise apprenante. Nous avons étudié successivement cette interaction avec les outils organisationnels et technologiques.

Notre objectif est à présent de préciser les déterminants transversaux aux deux types d’outils. L’intérêt est de créer une grille de lecture des facteurs individuels facilitant la co-construction de l’entreprise apprenante et des outils. Notre démarche procède en deux étapes : nous synthétisons les déterminants de l’adoption des outils soulignés précédemment pour ensuite mettre en relief les facteurs transversaux.

III.A.3.a. Une synthèse sur les déterminants de l’interaction outil – individu

Avant de proposer les déterminants communs aux outils organisationnels et technologiques, nous synthétisons l’ensemble des développements précédents (tableau III.10 et III.11).

Notre recherche se focalise sur trois types d’outils organisationnels : la formation, le compagnonnage et le groupe ou communauté de socialisation.

La formation professionnelle présentielle est principalement évaluée par l’utilité et les bénéfices personnels perçus par l’individu : apprentissage, montée en compétence ou promotion. Deux autres éléments influencent l’adoption de la formation. Le premier est lié à l’identité de l’individu et consiste au degré d’identification de l’individu à la formation proposée. Le second est d’ordre relationnel et se caractérise par la relation que l’apprenant construit avec le formateur. L’établissement d’une relation de respect et de confiance peut favoriser l’implication de l’individu dans la formation. La formation professionnelle en situation, appelée également compagnonnage, ne repose pas sur l’utilité perçue mais sur les aspects relationnels et identitaires. La relation maître/apprenti se traduit par une confiance réciproque, une transmission des valeurs, objectifs et identité du métier. Enfin, le groupe ou la communauté de socialisation sont de nature hétérogène (équipe, tutorat ou communauté de pratique).

Quelque soit la nature du collectif, il se construit en son sein une identité, des valeurs communes et une finalité commune. Chaque individu effectue un arbitrage entre l’utilité, les bénéfices et le coût de son action. Les déterminants de ce type de collectif regroupent l’utilitarisme de la formation professionnelle et les facteurs plus intangibles du

compagnonnage. L’ensemble de ces résultats peuvent être représentés dans le tableau suivant (tableau III.10.) : FACTEURS AUTEURS