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Les conditions climatiques favorisant l’occurrence des crues dans le lac du Lauvitel

l’évolution des aléas

1. Les événements de crues torrentielles

1.2 Les dépôts de crues lors des derniers 3500 ans

1.2.3. Les conditions climatiques favorisant l’occurrence des crues dans le lac du Lauvitel

Nous avons vu que le Lac de Lauvitel enregistre des variations régionales de précipitations extrêmes sur les derniers 3500 ans à l’échelle des Alpes françaises. Nous allons aborder dans ce paragraphe les conditions climatiques favorables à l’occurrence d’événements extrêmes dans les Alpes centrales françaises (Figure 6-4). De précédentes études ont montré que les pluies extrêmes influençant l’occurrence de crues dans la partie des Alpes du Nord et des Alpes du Sud relèvent de processus différents. L’intérêt d’explorer un enregistrement au niveau des Alpes centrales françaises peut permettre de mieux comprendre ces différents enregistrements.

1.2.3.1 Lors des périodes chaudes

Nous observons des fréquences de crues élevées dans les Alpes centrales françaises lors de la période de la fin de l’Age de Fer jusqu’à l’Epoque Romaine (-600/50 ans Cal. AD) (-600/-570; -420/-360; -300/-260; -140/-80 ans Cal. AD) ainsi qu’à l’Optimum Climatique Médiéval (OCM) (860-940; 1120-1220 ans Cal. AD) (Figure 6-). Les augmentations de la fréquence de crues sont synchrones avec les anomalies positives de température d’été en Europe centrale (Büntgen et al., 2011). A ces périodes, (Wirth et al., 2013b) observent des fréquence de crues plus importantes

dans les Alpes du Sud, contrairement au Nord du sillon alpin. Cette configuration semble en accord avec les données du Golfe de Taranto montrant une humidité plus importante lors de cette période (Grauel et al., 2013) ainsi qu’avec des phases positives de NAO accordant moins de précipitations dans le Nord de l’Europe (Baker et al., 2015).

Figure 6-4 : Comparaison entre les fréquences de crues du lac de Lauvitel et les enregistrements: δ18O issus des foraminifères du Golfe de Taranto (Grauel et al., 2013), fréquence de crues des Alpes du Sud et du Nord (Wirth et al., 2013b), l’anomalie de température d’été comparativement à la période 1901-2000 (Büntgen et al., 2011), l’enregistrement composite de la croissance des stalagmites en Ecosse (Baker et al., 2015), et l’Irradiance Solaire Totale (TSI) (Steinhilber et al., 2012). Les fréquences de crues en périodes

Certaines études (Wilhelm et al., 2012b) ont mis en évidence l’implication des changements de gradients de pression dans l’océan atlantique, qui peuvent favoriser les flux d’humidité vers le sud des Alpes. (Wirth et al., 2013b) ont identifiés, à une échelle centennale, de plus fréquentes occurrences de crues dans les Alpes du Sud lors de conditions de NAO négatives favorisant les précipitations extrêmes au sud de l’Europe (Raible et al., 2007; Giorgi and Lionello, 2008; Pinto et al., 2009). Les températures plus importantes en Europe suggèrent un blocage anticyclonique au-dessus des Açores favorisant ainsi une remontée de la zone de convergence intertropicale (Wirth et al., 2013b). Ces conditions atmosphériques sont favorables à une baisse des précipitations de méso-échelle et au contraire à une occurrence d’événements convectifs plus nombreux (Beniston, 2007; Giorgi et al., 2016) produisant des pluies localement fortes pouvant former des dépôts de crues dans les lacs.

1.2.3.1 Lors des périodes froides

En se basant sur les températures, l’enregistrement du lac de Lauvitel connait des augmentations de fréquences de crues lors des périodes froides (Büntgen et al., 2011). Celles-ci interviennent à la période de Migration (360-440 et 560-620 AD) et lors du PAG (1300-1450 et 1800-1850 Cal.AD). Ces pics de fréquence de crues sont moins nombreux lors des périodes chaudes, mais la fréquence maximale de crue est atteinte sur ce type d’événement (Figure 6-).

Au cours de ces périodes le Golfe de Taranto montre des conditions majoritairement froides et sèches (Grauel et al., 2013) ainsi que de faibles croissance de stalagmites en Ecosse traduisant des conditions plus humides dans le nord de l’Europe (Baker et al., 2015). Ces périodes sont concomitantes avec les minimum solaires (Steinhilber et al., 2012), ayant les effets sur les tempêtes provenant d’atlantique (Raible et al., 2007). (Wirth et al., 2013b) a démontré que les conditions de minima solaires peuvent engendrer des augmentations de gradients de pression au nord de l’Atlantique et une baisse plus au sud. Les trajectoires de vents d’ouest s’en trouveraient donc décalés vers le sud où les flux d’humidité seraient plus nombreux à atteindre les Alpes.

Ces événements impacteraient plus fortement les Alpes de Nord, et sont synchrones avec les avancées glaciaires majeures de ces derniers siècles (Holzhauser et al., 2005; Glur et al., 2013; Wirth et al., 2013b). Ces changements de circulations atmosphériques ont aussi été mis en évidence lors d’un minimum solaire sur un lac d’Europe centrale ayant des conséquences similaires (Martin-Puertas et al., 2012). De plus, la période froide du PAG a été identifiée comme une période d’augmentation de la fréquence de crues dans le sud des Alpes françaises, dont les flux des événements de précipitations extrêmes sont majoritairement originaire de sud-ouest (Wilhelm et al., 2012b). Ceci est en accord avec l’observation d’une augmentation de l’occurrence de tempêtes dans la région méditerranéenne (Sabatier et al., 2012).

La situation géographique du lac de Lauvitel engendre donc à la fois des influences d’extrêmes de précipitations impactant les Alpes du Sud lors d’étés chauds (orages convectifs localisés) et une concordance avec les événements impactant le nord des Alpes lors des étés froids (évènements lié à l’activité cyclonique de mésoéchelle). De nombreux auteurs ont identifié les changements de circulation atmosphérique engendrant les extrêmes de pluies, avec les conditions de gradients de pression au-dessus de l’Atlantique (Trouet et al., 2012; Glur et al., 2013; Wilhelm et al., 2012b; Wirth et al., 2013b) et nos résultats indiquent que leur limite d’influence lors des derniers millénaires soit située aux alentours des Alpes centrales française. Le réchauffement attendu est toutefois sans précédent lors des derniers millénaires, mais d’après nos données nous pouvons nous attendre à une influence accrue des apports du sud. Toutefois, les conditions chaudes ont été identifiées à des périodes de baisse de l’activité des tempêtes et de pluies extrêmes (Sabatier et al., 2012; Wilhelm et al., 2012b). Ces conditions sont aussi favorables à des événements convectifs pouvant provoquer localement des fortes précipitations. Nous avons vu grâce aux données de suivi instrumental du lac qu’une précipitation intervenant après une période estivale sèche peut entrainer un dépôt de crues dans le lac. Dans la région alpine, nous pouvons nous attendre à ce genre d’événement dans le cadre du réchauffement actuel (Giorgi and Lionello, 2008; Rajczak et al., 2013).

2. L’enregistrement d’avalanches de printemps dans le lac du Lauvitel au