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Conclusion et préconisations

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 163-167)

SENS FINAL

3.4. Conclusion et préconisations

Entre création et réception, le dispositif de l’installation numérique fait le lien des artistes vers les visiteurs, et inversement. Ce lien ne s’exprime pas dans un schéma linéaire. Au contraire, le dispositif est le lieu de la récursivité des publics sur l’artiste. Les artistes se préoccupent dans leurs pratiques de création de la manière dont l’installation artistique sera perçue par ses publics (Méliani, 2004) :

« comment faire pour que le dispositif conduise les publics à telle ou telle réaction (physique ou intellectuelle) ? ». Et, dans leur interaction avec l’installation dans son environnement, les visiteurs sont indirectement confrontés aux intentions de création de l’artiste. Ils se demandent : « qu’est-ce qu’il faut faire/comprendre ici ? ». Dans un mouvement, l’artiste anticipe la réception de l’installation lors du processus de création, et, dans un autre mouvement, les visiteurs se confrontent aux propositions de l’artiste lors de leur interaction au dispositif. Ce système interactionnel caractérisé par la présence d’une médiation

n’est pas spécifique aux dispositifs numériques, mais les diverses possibilités d’interactivité propres aux nouvelles technologies le rendent plus apparent.

Davallon (1999, p.17) le montre très clairement en considérant l’exposition comme média « […] l’activité du visiteur est certes, cognitive (premier point), mais surtout (second point) que cette activité vise d’abord à saisir la manière dont l’exposition répond à l’intention de le faire accéder à l’objet. L’exposition doit donc lui donner des indications lui permettant, à la fois, de reconnaître qu’il s’agit d’une exposition (c'est-à-dire ce qui est constitutif d’une exposition) et de comprendre ce qu’il convient de faire compte tenu par exemple du statut des objets (et déjà pour aller au plus élémentaire : reconnaître ce qui est un expôt et ce qui ne l’est pas), du mode de relation proposé (regarder, se délecter, comprendre, imaginer, transposer, etc.) ou des informations connexes apportées sur les objets exposés ».

Les résultats de l’analyse sémiotique situationnelle nous donnent des indications claires sur l’activité du visiteur avec l’installation Résistance – Tantale.

Certains visiteurs ne reconnaissent pas clairement qu’il s’agit d’une exposition, ce sont les publics de la MEP. En effet, ces publics n’ont pas les mêmes référents culturels et artistiques que les publics du festival et considèrent l’installation comme un divertissement, un jeu ou un supplément.

Nous pouvons dire que pratiquement tous les visiteurs de Résistance – Tantale se demandent ce qu’il convient de faire avec cette installation. Certains comprennent facilement, notamment par des comportements mimétiques, mais tous ne parviennent pas à faire effectivement ce qu’il convient, notamment les visiteurs découragés. Il semblerait que les visiteurs insatisfaits comprennent ce qui est attendu, mais s’y refusent par manque d’attrait alors que les visiteurs égarés ne cherchent même pas à savoir de quoi retourne l’installation, le premier contact étant rédhibitoire.

En ce qui concerne le mode de relation, nous pensons que pratiquement tous les visiteurs ont plus ou moins saisi la proposition humoristique de l’installation :

« rire du ridicule, se moquer de soi-même et éventuellement des autres, dans des situations grotesques ». Ceux qui sont globalement satisfaits ont saisi cette proposition et interagi avec l’installation, alors que ceux qui sont globalement insatisfaits, mêmes s’ils l’ont perçue, ne l’ont pas trouvée assez attrayante pour s’impliquer.

Comprendre le sens en situation pour les différents visiteurs nous est utile pour prévoir au mieux la conception artistique et la mise en exposition de cette installation. D’après nos résultats, nos préconisations s’orientent sur trois pôles :

1/ Le déficit de communication sur le festival : mieux communiquer sur le cadre dans lequel s’insère l’édition 2004 du festival @rt outsiders.

- Explicitez davantage les raisons de la programmation de 2004 : partenariat avec Villette Émergence et Nuit Blanche, notamment auprès de la communication avec la presse et sur les divers supports (fly, programme, site web…).

- Proposez éventuellement un billet commun avec Villette Émergence.

2/ Le déficit d’information au sein des locaux de la MEP : informer in situ sur la programmation spécifique de l’édition 2004.

- Signaler aux publics du festival @rt outsiders dès la billetterie qu’il n’y a qu’une installation numérique.

- Promouvoir cette manifestation auprès des publics de la MEP.

- Donnez un plan indiquant où se trouve l’installation.

3/ Le déficit concernant le fonctionnement de l’installation : que ceux qui souhaitent interagir y parviennent.

- Indiquer clairement, sur les différents supports de médiation par exemple, la contrainte technique de captation de l’image vidéo afin que les visiteurs qui souhaitent participer comprennent qu’il faut parler fort pour déclencher l’interactivité (c’est seulement écrit sur la boîte dans la salle sombre).

- Aux moments d’affluence, accompagner l’installation d’un médiateur qui aurait pour mission soit d’expliquer directement aux visiteurs le fonctionnement, soit de le montrer (nous avons vu que l’imitation du comportement fonctionnait particulièrement bien).

- Si c’est techniquement possible, modifier la sensibilité du micro pour faciliter le déclenchement de la captation vidéo.

Il n’est pas ici question de faire adhérer tous les visiteurs à cette installation numérique, mais de leur offrir la possibilité de l’expérimenter en connaissance de cause. Avec tous les éléments du contexte pour avoir la liberté de décider.

En conclusion de ce troisième chapitre dédié à la compréhension des conduites des visiteurs avec l’installation numérique Résistance – Tantale du festival @rt outsiders à la MEP, nous aimerions insister sur deux points. D’abord, le caractère ludique qui engage plus facilement certains visiteurs dans l’interactivité avec l’installation. Le second point étant lié au précédent, il s’agit de la grande faculté de ce dispositif artistique à impliquer des visiteurs étrangers à l’art numérique, alors que la position des experts ou des amateurs s’exprime par un comportement plus critique vis à vis de l’installation. L’érudition serait-elle un frein à l’expérience artistique lorsqu’elle touche le domaine du ludique ?

Paul Valéry disait : « En matière d’art, l’érudition est une sorte de défaite : elle éclaire ce qui n’est point délicat. Elle substitue les hypothèses à la sensation, sa mémoire prodigieuse à la présence de la merveille », Pièces sur l’art, 1931.

CHAPITRE IV

4. L’exposition Zones de confluence dans la biennale Villette

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