• Aucun résultat trouvé

Chapitre 4 : Analyse de la situation précédant l'essai clinique

4.4 Conclusion de l’analyse pré-intervention

Dans le but d’avoir une meilleure connaissance des facteurs impliqués dans les échecs des interventions de LAV dans la zone OKT, nous avons dressé une analyse de la situation entomologique et épidémiologique initiale.

Cette analyse de la situation précédant la mise en place des interventions dans la zone OKT nous a permis d'identifier plusieurs éléments susceptibles d'avoir influencé l'efficacité des interventions. Tout d'abord, les trois vecteurs majeurs présentaient une distribution spatiale et temporelle hétérogène ce qui s'est traduit par de fortes variations en termes de risque de transmission. Par exemple, nous avons montré que An. funestus assurait la transmission des Plasmodium en saison sèche au moment même où la hausse des températures nocturnes et la diminution de la nuisance culicidienne provoquait un abandon des moustiquaires par les villageois. Ce phénomène explique probablement l’absence de saisonnalité dans l’incidence du paludisme puisqu'un taux d'utilisation des moustiquaires supérieur à 60% semble nécessaire pour obtenir un effet sur la protection contre le paludisme. Il est intéressant de constater que le taux d'utilisation des moustiquaires ayant eu un impact sur l'incidence palustre (>60%) n'a pas été dépassé, en moyenne, pour aucune des interventions mises en place dans le cadre de l'essai clinique. Le taux d'utilisation des moustiquaires constitue par conséquent un facteur particulièrement important dans l'efficacité des méthodes de lutte durant l'essai clinique.

Notons que le rôle d'An. pharoensis en tant que vecteur de Plasmodium n'a pas été étudié et qu'il conviendrait d'en approfondir les connaissances. Son rôle en tant que vecteur a

en effet été montré en Egypte (Morsy et al. 1995) et fortement suspecté au Sénégal et au Cameroun (Antonio-Nkondjio et al. 2006, Carrara et al. 1990, Dia et al. 2008).

Par ailleurs, nous avons observé que moins de 50 % des vecteurs étudiés présentaient un comportement exophage ce qui signifie qu'en théorie, et à condition que ces vecteurs exophages soient aussi exophiles, plus de la moitié de la population de vecteur n'était pas ciblée par les méthodes de LAV mise en place dans les villages. Nous suspectons également qu'une partie de la population de vecteur ait pu être active après 6h du matin, période non échantillonnée pendant laquelle les hôtes humains ne sont pas protégés.

Ces observations mettent en évidence certaines limites à l'efficacité de la LAV, liées à la diversité des vecteurs (rôle vectoriel de An. funestus), à leur comportement (lieux et horaires de piqûre) et au comportement humains (utilisation des MI) et qui ont pu interférer avec l'efficacité des interventions seules et/ou combinées.

Chapitre 5 : Modélisation spatio-temporelle du contact

homme-vecteur

Nous avons montré dans le chapitre précédent une importante hétérogénéité spatio- temporelle de la distribution des espèces d'anophèles vectrices de Plasmodium. Il est probable qu'une telle hétérogénéité puisse interférer avec la mesure de l'impact entomologique des méthodes de LAV déployées dans la zone. Pour mieux comprendre comment la distribution spatio-temporelle des populations de vecteur a pu interférer avec les résultats de l'essai clinique, nous avons modélisé les densités de vecteurs afin de déduire les préférences écologiques des espèces et leurs dynamiques dans un contexte de lutte anti-vectorielle lors de la phase post-intervention.

Un modèle est une représentation simplifiée d'un système réel qui vise, dans le cas des maladies à transmission vectorielle à améliorer la compréhension des mécanismes de transmission, à les représenter ou à les prédire (Tran et al. 2005). On peut distinguer deux grandes catégories de modèles : (i) les modèles conceptuels qui décrivent qualitativement les interactions du système étudié et (ii) les modèles mathématiques qui quantifient les relations ou les interactions dans le système étudié. Ces deux catégories ne doivent pas être opposées puisque, idéalement, elles interviennent successivement dans le processus de modélisation. Au sein de modèles mathématiques, on peut distinguer les modèles empiriques (ou statistiques) et théoriques. Les modèles empiriques sont basés sur des données et visent à rechercher les relations statistiques existant entre les variables étudiées, ils sont utilisés pour accroître les connaissances de l'épidémiologie de la maladie. Les modèles théoriques visent eux, sur la base de connaissances préliminaires importantes et d'hypothèses fortes de relations de cause à effet, à simuler l'épidémiologie de la maladie dans un contexte donné et à étudier les variations de ses paramètres.

Les maladies vectorielles, et le paludisme en particulier, ont un lien fort avec l'environnement. Ce dernier a en effet une influence sur les populations d'hôtes, de vecteurs, de pathogènes et sur leurs interdépendances. Plus spécifiquement, les relations entre l'environnement et les vecteurs sont particulièrement complexes : les conditions environnementales vont influencer les populations de vecteurs en leur fournissant des biotopes et des habitats favorables ou non, et en interférant sur leur cycle de développement.

Dans cette partie, nous avons étudié les relations entre l'environnement et la distribution spatio-temporelle du contact homme-vecteur pendant l'essai clinique dans la zone

OKT. Dans ce but, nous avons élaboré un modèle conceptuel pour identifier les variables susceptibles de faire varier l'intensité du contact hôte-vecteur. Les données nécessaires à la production de ces variables ont été traitées puis une analyse de la distribution statistique de notre mesure du contact hôte-vecteur a été réalisée afin d'optimiser le choix du modèle d'analyse. Nous avons enfin élaboré plusieurs modèles statistiques pour expliquer la distribution et la densité des vecteurs et évaluer l'impact des méthodes de LAV sur ces dernières.