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S’il n’existe pas de consensus sur la question de la RSE, comme c’est le cas pour le développement durable, la définition européenne peut apparaître comme un « compromis tacite » tant elle est évoquée et utilisée. En 2002 la commission européenne définit la RSE comme étant « l’ensemble des pratiques sociales et environnementales, liées à leur activité, et

allant au-delà de leurs obligations légales». Le Livre Vert de la Commission européenne sur

la Responsabilité Sociale des Entreprises (2001) y intègre la prise en compte des parties prenantes, définissant le concept comme étant « l’intégration volontaire par les entreprises

des préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes ».

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On retrouve dans ces deux définitions, très souvent mobilisées, deux principes pouvant faire figure de dénominateur commun de la RSE. Le premier est celui du champ de la RSE : bien que l’on parle de responsabilité sociale de l’entreprise ou de corporate social responsibility, ce sont bien les impacts environnementaux et sociaux au sens large qui sont évoqués. Capron et Quairel-Lanoizelée (2004), définissent la RSE comme « l’ensemble des aspects sociaux,

environnementaux et sociétaux de la responsabilité d’entreprise » et y intègrent la

préoccupation sociétale. En effet l’interprétation de la dimension sociale peut être biaisée en y associant uniquement les aspects de gestion des salariés et de leurs conditions de travail, dans une conception du social stricto-sensu foncièrement française. L’intégration claire de cette dimension sociétale nous paraît indispensable afin de clarifier la portée de la responsabilité de l’entreprise et ainsi d’y limiter les biais d’interprétations déjà importants22.

Dans le concept de RSE on inclut à la fois les préoccupations d’ordre économique et financier, qu’écologiques et environnementales, mais aussi sociales et sociétales. La RSE recouvre un grand nombre de questions sur la finalité et les conditions d’exercice des activités économiques. De l’éthique des affaires à la préservation des ressources naturelles, en passant par la lutte contre la discrimination ou l’amélioration des conditions de travail des salariés. L’idée clef véhiculée dans les discours RSE, est comme pour le développement durable la conciliation entre les intérêts économiques, environnementaux et sociaux au sens large.

Ce principe est parfaitement résumé par l’expression Triple Bottom Line d’Elkington (1994), traduite par le Tripe Résultat en français. Cette expression exprime la nécessité d’intégrer les performances sociales et environnementales aux seules performances financières, afin d’évaluer l’entreprise. Comparativement à la bottom line classique, la RSE prône la prise en compte d’une triple bottom line véhiculant une conception élargie de la performance au-delà du seul aspect financier. Comme le soulignent Pava et Krausz (2006), en un sens « il y a

autant de bottom lines que de parties prenantes ».23

La deuxième notion importante est celle de l’intégration volontaire : dans les définitions européennes supra, il est mentionné que toute démarche de RSE doit se faire en allant au-delà des obligations existantes, naissant d’une volonté de l’entreprise de s’autoréguler sans nécessiter d’intervention législative.

22 L’utilisation de l’expression de Responsabilité Sociétale de l’Entreprise ou même Responsabilité Globale de l’Entreprise (Perez, 2002) semble plus appropriée au sens où elle limite les biais d’interprétation du concept de RSE. Si nous utiliserons l’expression Responsabilité Sociale de l’Entreprise ou RSE tout au long de cette thèse, nous l’interprétons de manière large et étendue.

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Enfin, le troisième aspect clef nous semble être l’intégration des partenaires de l’entreprise. On va retrouver dans ces partenaires l’ensemble des individus, groupes ou institutions sur lesquels les activités de l’entreprise peuvent exercer une influence directe ou indirecte. Les parties prenantes directes tels les salariés, les fournisseurs, sous-traitants, clients ou actionnaires, les parties prenantes indirectes telles société civile, collectivités locales et états, ONG, mais aussi l’environnement (Champion, Gendron, & Lacharité, 2002) ou encore les générations futures. La responsabilité de l’entreprise sort du seul cadre des actionnaires et des autres parties prenantes traditionnelles. L’entreprise doit désormais rendre des comptes à l’ensemble des acteurs susceptibles d’être concernés, de près ou de loin, par ses activités, et intégrer ces partenaires dans sa stratégie de RSE.

Finalement, la RSE « renvoie à une vision élargie du référentiel classique des responsabilités de l’entreprise, au-delà du champ de la gestion stricte des ressources humaines et en intégrant les contraintes de la protection de l’environnement et le respect de règles d’équilibre de la société civile » (Allouche, Huault, & Schmidt, 2004).

S’il n’existe donc pas de définition du concept de RSE, concept à la fois protéiforme et caméléon, au regard des deux définitions parmi les plus couramment utilisées -celle de la commission européenne et celle du livre vert- il nous semble que plusieurs principes, sans être exempts de critiques, constituent un socle commun de définition de la RSE. Il s’agit d’une responsabilité d’entreprise élargie au champ de l’environnemental, du social et du sociétal, dans une démarche volontaire qui intègre ses partenaires directs et indirects. Au regard de ces principes, nous pouvons définir la RSE comme une prise en compte volontaire par l’entreprise des conséquences environnementales, sociétales et sociales de ses activités économiques, dépassant les seules obligations légales, et intégrant l’ensemble des partenaires susceptibles d’être affectés par ses activités.

Cependant, les trois principes font l’objet de nombreuses interrogations et débats, illustrant autant d’interprétations divergentes de la RSE.

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