• Aucun résultat trouvé

Une conception « d’un territoire appprenant » qui cadre parfaitement avec la philosophie des RIS3 et les objectifs de nos contributions philosophie des RIS3 et les objectifs de nos contributions

à partager des dispositifs utiles pour innover

4.1.1. Une conception « d’un territoire appprenant » qui cadre parfaitement avec la philosophie des RIS3 et les objectifs de nos contributions philosophie des RIS3 et les objectifs de nos contributions

A l’issu des remarques précédentes, force est de constater que la RIS3 est certainement à bien des égards l’une des résultantes les plus évidentes de l’ensemble de ces processus récents et de la combinaison progressive de ces différentes approches de l’innovation régionale qui ont été mises en œuvre au fil des deux décennies passées. Ceci étant, le troisième et ultime niveau de réflexion afférent à « l’approche relationnelle » (c.à.d. à l’approche la plus récente de « l’économie de la connaissance » au sein du développement des territoires) caractérise très fortement la situation de nos sociétés actuelles, puisque tout comme la S3, il raisonne lui aussi en termes de « région apprenante » (ou de « learning region ») (Lundvall and Johnson, 1994) (voir encadré N°4).

A ce titre, selon (Capello and Lenzi, 2013a), cette perspective relationnelle qui caractérise si fortement le nouveau paradigme de « l’économie de la connaissance » véhicule également la nécessité de cultiver et de développer les « aptitudes cognitives » (CE, 1995); (Foray, 2000) (voir encadré N°4) de l’ensemble des acteurs régionaux comme l’un des leviers principaux afin de soutenir la prospérité des systèmes d’innovation des sociétés qui embrassent ce modèle de développement.

Car au sein des territoires qui adoptent ce modèle, il semblerait que l’évolution de la connaissance et le développement régional global soient moins le résultat d’efforts de R&D menés individuellement à l’intérieur d’organisations esseulées que le fruit de la combinaison d’aptitudes ou de capacités complémentaires et de processus d’apprentissage interactifs diffus qui impliquent une pluralité de « clients » et de « fournisseurs » (Cappellin, 2003).

Ainsi, dans le sens où le contexte de la RIS3 est lui aussi largement caractérisé par la volonté de favoriser les flux de connaissances et par la nécessité de faire interagir et de faire co-évoluer une pluralité d’« entrepreneurs régionaux » aux profils extrêmement divers et variés au sein d’un même espace géographique, la mobilisation de l’approche relationnelle et l’incitation au développement des aptitudes cognitives des acteurs socioéconomiques au sein de régions apprenantes dont les économies sont basées sur la connaissance sont des postulats extrêmement pertinents que nous embrassons pour la suite de ce travail.

Encadré N°4 Définition « Aptitudes cognitives »*

(Foray, 2000) définit les « aptitudes cognitives » comme « la capacité de gérer des

informations dans le but d’identifier et de résoudre des problèmes, ou (…) la capacité de transformer cette information et les inventions en innovation et en gains de productivité par le biais d’interactions coopératives ou commerciales ».

Définition « Région apprenante »*

(Lundvall et Johnson, 1994) définissent la « région apprenante » comme « le lieu où ces

processus cognitifs jouent un rôle crucial dans la combinaison de savoir-faire existants mais dispersés, des interprétations des besoins du marché et des flux d’informations avec des artefacts intellectuels tels que les théories et les modèles scientifiques et qui permettent les échanges d’expérience et la coopération ».

* Source:« Territorial Patterns of Innovation, an inquiry on the knowledge economy in European regions », (Capello and Lenzi, 2013, part 1.2)

D’autre part, puisqu’au sein de ces « knowledge networking regions » « les flux de

connaissances et d’informations sont caractérisés par une forte interdépendance au sein d’un espace relationnel qui s’articule autour d’interactions fonctionnelles, hiérarchiques, économiques et sociales qui sont ancrées dans un espace géographique défini » (Capello and

Lenzi, 2013a), il semble que cette approche relationnelle soit également l’approche de l’économie de la connaissance qui adopte aussi le plus directement la dynamique et la considération des éléments spatiaux si fortement prégnante dans la logique de la S3.

Cependant, (Planque, 1988) précise également que si l’innovation en tant que réalisation d’une

« combinaison nouvelle » de multiples connaissances suppose « la capacité de faire converger des éléments, des informations, des flux, des compétences d’origine toujours multifonctionnelle, souvent multisectorielle et presque toujours multi-locale » ; (…) le caractère multifonctionnel et multisectoriel des processus d’innovation conduit habituellement à un éclatement dans l’espace (interrégional, international) des ressources utiles à leur réalisation. En ce sens, les processus d’innovation possèdent un caractère multi-local et demandent l’utilisation de réseaux inter-locaux de circulation des informations ».

Il affirme ainsi également « qu’un milieu local est d’autant plus favorable à l’émergence et à

la réalisation réussie (…) de processus innovateurs conduits dans des PME, qu’il maximise la probabilité pour ces PME d’obtenir sans coût les informations et/ou les compétences appropriées étant donné les problèmes fonctionnellement différenciés qui se posent à elles au cours des différentes étapes de leurs processus innovateurs ».

Ainsi ces dernières remarques sous-entendent très explicitement que pour réussir à innover aujourd’hui, il semble évident que les organisations (et notamment les TPE-PME et les entrepreneurs de petite taille de manière plus générale) doivent très souvent trouver les moyens de faire converger vers elles, des potentialités à la fois techniques, informationnelles, humaines ou financières qui sont de plus en plus éclatées, tant sur les plans sectoriels et fonctionnels que sur le plan spatial, et bien souvent sans disposer des structures qui permettent aux grandes firmes d’effectuer bien plus systématiquement l’ensemble de ces opérations.

Maillat (1987) consolide également cet argumentaire en stipulant que « le milieu local est

d’autant plus efficace, qu’il dispose d’un potentiel informationnel élevé dans les divers domaines utiles à l’innovation et qu’il dispose d’un potentiel tout aussi élevé de compétences ou de « savoir-faire » accumulés ».

Cependant, encore faut-il que tout ce potentiel informationnel local soit également accessible facilement aux PME (Planque, 1988).

De notre point de vue, nous poussons ce constat encore plus loin en affirmant que s’il est effectivement primordial que le potentiel informationnel soit accessible aux PME et aux TPE, il doit également être aujourd’hui accessible au reste des « entrepreneurs régionaux » du territoire.

Aussi, comme nous le décrivons dans les paragraphes suivants : si l’enjeu actuel consiste certes à faciliter l’accès à de l’information utile au plus grand nombre d’acteurs socioéconomiques ; il réside peut-être plus encore, dans la structuration, le croisement et l’enrichissement de ces informations afin de pouvoir s’en servir pour constituer progressivement un socle de connaissances pertinentes et en constante évolution au niveau régional dans le but final de soutenir la créativité, les expérimentations et les initiatives entrepreneuriales ou innovatrices

(individuelles ou co-construites) du tissu d’organisations et des forces vives privées du territoire.

C’est exactement ce que nous proposons dans les paragraphes suivants en proposant le développement d’une plateforme collaborative permettant de soutenir les échanges et le partage mais aussi l’enrichissement et la structuration progressive des informations disponibles pour entamer des démarches d’innovation à l’échelle de la région de la Nouvelle-Aquitaine.

4.1.2. WKI : Un outil pour améliorer l’accessibilité, l’échange et le partage mais aussi la structuration et les croisements d’informations pour favoriser la création, l’enrichissement et l’émergence de nouvelles connaissances entre les RE du territoire L’ancrage progressif d’un développement régional basé sur le paradigme de « l’économie du savoir » semble être aujourd’hui un fait inéluctable à l’échelle des territoires de l’Union Européenne.

Cependant, s’il est vrai qu’avec les avancées des technologies de l’information et de la communication (TIC), l’accès à de l’information générale ou financière, aux technologies génériques ainsi qu’aux connaissances codifiées est aujourd’hui disponible rapidement et virtuellement à peu près partout ; la capacité à enrichir mais surtout à organiser et à structurer tous ces facteurs (et tous ces acteurs!) dans le but de faciliter les décisions que prennent quotidiennement les « entrepreneurs régionaux » est encore très loin quant à elle d’être une généralité au niveau des régions de l’UE (Capello and Lenzi, 2013a).

Car s’il est vrai que l’affichage, la concentration et le partage d’une masse d’informations utiles en ligne est un challenge qui commence effectivement à être relevé à l’échelle régionale, l’efficience et l’enrichissement collaboratif de ces flux informationnels sont encore très rarement appréhendés par la grande majorité des solutions ou des plateformes numériques qui commencent à émerger au sein des différents systèmes d’innovation régionaux (cf. exemple précédent de la plateforme « Innover en Midi-Pyrénées » Figure 24).

Aussi, en tant que premier livrable de ce travail, les développements du WeKeyInnovation (WKI) ont directement été initiés de façon à mieux appréhender ces challenges récents de l’enrichissement progressif et collaboratif, de la structuration et du croisement informationnel afin d’améliorer l’efficience des flux d’échange et du partage de la connaissance à l’échelle de la région de la Nouvelle-Aquitaine (et peut-être du périmètre transfrontalier France-Espagne). Dans cette optique, en tant qu’outil venant principalement soutenir la formalisation progressive de la base de connaissance régionale, mais aussi en tant que plateforme de communication, de partage et de croisements d’information ouverte à tous les types d’acteurs socioéconomiques et à tous les niveaux du système d’innovation régional, nous proposons d’instaurer le WKI comme une « institution informelle » territoriale (Planque 1988) qui serait à-même d’offrir un potentiel synergétique de poids (en terme de concentration d’informations et d’acteurs) au niveau du système d’innovation territorial.

Il s’agit aussi surtout d’une perspective ouverte afin de permettre à la région de la Nouvelle-Aquitaine de continuer à avancer dans la direction des évolutions les plus récentes que nous venons d’énoncer concernant la nécessité de :

- développer les « capacités cognitives » (Foray, 2000) et les « capacités relationnelles » (Camagni and Capello, 2013a) de tous les agents socioéconomiques du territoire,

- et de faire de la région de la Nouvelle-Aquitaine « une région apprenante » de premier ordre disposant d’un outil collaboratif de dernière génération afin de structurer toute l’information disponible et utile pour stimuler l’écosystème d’innovation et l’ensemble des « entrepreneurs régionaux » qui souhaitent innover sur son territoire.

Basé sur les principes d’une plateforme ouverte de type wiki (Leuf and Cunningham, 2001a); (Leuf and Cunningham, 2001b), du crowdsourcing (Howe, 2006) et de l’open innovation (Chesbrough, 2003), notre outil vise à partager des dispositifs et des informations utiles pour et entre les « entrepreneurs régionaux » qui souhaitent engager des démarches d’innovation. Nous souhaitons mettre cet outil à disposition des organismes publics qui sont en charge du pilotage stratégique de notre territoire afin de répondre notamment aux enjeux ayant trait à (1) l’échange, au partage efficient et à l’enrichissement progressif de connaissances utiles ou disponibles à l’échelle des acteurs de l’innovation du territoire.

Concernant le développement des « capacités dynamiques » (Teece, 2007); (Teece, 2012) de l’ensemble des acteurs socioéconomiques du territoire, le WKI à plutôt vocation à répondre à la capacité de « sensing », (c.à.d. la capacité des « entrepreneurs régionaux » du territoire à identifier des opportunités et des menaces).

Cette première proposition s’inscrit ainsi parfaitement dans la dynamique récente qui pousse les territoires à évoluer progressivement et inéluctablement vers des modèles de développement qui sont de plus en plus basés sur « l’économie de la connaissance ».

A ce titre, le développement d’un guichet central de l’innovation à l’échelle globale de la région de la Nouvelle-Aquitaine sous la forme d’une plateforme ouverte et collaborative telle que le WKI est une proposition qui cadre totalement avec la mise en place de ces nouveaux modèles de développement territoriaux qui placent de plus en plus la facilitation des flux d’information, l’enrichissement, la structuration et le partage intelligent des savoirs comme l’un des leviers principaux de la compétitivité et de la résilience des sociétés modernes dans une logique où l’échelon régional s’affirme peu à peu comme le niveau stratégique majeur afin d’appréhender les problématiques de développement et d’innovation des différents espaces géographiques.

Fort de l’ensemble de ces remarques et en tenant compte à la fois des évolutions les plus récentes de l’environnement normatif et économique qui influencent les systèmes d’innovation et le pilotage des stratégies de développement territoriales des régions de l’UE, nous avons amorcé depuis trois ans le prototypage d’une plateforme collaborative de l’innovation pour les « entrepreneurs régionaux » de la région de la Nouvelle-Aquitaine (Faham et al., 2014).

Nous présentons ainsi dans les parties suivantes : les objectifs qui ont guidés ce projet, les grandes étapes qui ont jalonnées son développement ainsi que les fonctionnalités principales qui sont désormais offertes par ce prototype de plateforme que nous avons établi.

4.1.3. Origine et objectifs du projet, présentation des grandes étapes de développement et

Outline

Documents relatifs