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CULTURES ET INTERCULTURALITE

I. Sur le concept de culture

I.1. Polysémie et évolution du mot « culture » dans la langue française

Le terme de « culture » puise ses racines dans le vocabulaire français ancien. Néanmoins, son acceptation moderne ne s’est opérée que vers 1700. A l’origine le sens

du mot « culture » dérive du latin colere, qui veut dire cultiver la terre, demeurer, prendre soin, entretenir, préserver102. Le dictionnaire de la langue française Hachette de 1980, rappelle dans ce sens, que « cultiver », « améliorer », « entretenir » et « développer », sont des notions étroitement liées à la définition du mot « culture ». Issu du latin cultura

qui signifie le soin apporté aux champs ou au bétail, il apparait vers la fin du XVIIIème siècle pour désigner une passerelle de terre cultivée103. On remarque alors qu’il se

rapporte au domaine de l’agriculture en désignant l’action de cultiver la terre et le travail visant à la rendre productive. Au début du XVIème siècle, la culture ne signifie plus un

102 Fleury, J., La culture, Editions Bréal, Evreux, 2008, p : 30. 103

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état (celui de la chose cultivé) mais une action, à savoir le fait de cultiver la terre.104 Au cours de l’histoire, l’emploi du mot « culture » s’est progressivement étendu à d’autres domaines, tout en gardant le sens intrinsèque de l’enrichissement.

L’élargissement considérable mais néanmoins progressif de la notion de « culture » va permettre peu à peu de caractériser et d’expliciter le développement humain. En ce sens, la culture représente manifestement, les productions de la créativité et du progrès humain. Au XVIIIème siècle « culture » au sens figuré commence à s’imposer. Ce n’est qu’en 1718 que cette acceptation nouvelle de la culture fait effectivement son apparition dans le dictionnaire de l’académie française et prend en compte les diverses facultés humaines et en particulier celles de l’esprit. La culture désigne à ce moment là le

développement de certaines facultés de l’esprit par des exercices intellectuels appropriés105. A cette époque, le mot « culture » est d’abord suivi d’un complément d’objet

qui précise toujours la chose cultivée : « culture des arts » ou « culture des lettres et des sciences ».106La culture s’affranchira progressivement de ses compléments et finira par

s’employer seule, pour désigner l’éducation de l’esprit. Puis dans un mouvement inverse

de celui observé précédemment, on passe de « culture » comme action (action d’instruire) à « culture » comme état (état de l’esprit cultivé par l’instruction, état de l’individu « qui a de la culture »).107

Dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, vers 1771, apparait en France le terme de « civilisation ». Ce dernier connaitra un très grand succès dans le vocabulaire français du XVIIIème siècle. On attribut généralement sa première utilisation à l’économiste français A. R. J. Turgot (1727/1781), qui l’emploie dans le sens de « passage à l’état civilisé ». Dès le début du XIXème siècle, le vocable de civilisation révèle sa polysémie et son ambigüité. Il se rapproche néanmoins du terme de « culture ». Les deux mots

appartiennent au même champ sémantique, ils reflètent les mêmes conceptions fondamentales108. En Allemagne, le terme de « civilisation » équivaut à celui de « culture », tandis qu’en France, les deux termes recouvrent à l’origine des acceptations différentes. Ainsi, dès son apparition dans la société française, le terme de civilisation signifie « être civilisé ». Il s’oppose en cela au terme de « barbare » et à celui de « sauvage ». En effet, l’histoire du mot « civilisation » montre que, conformément à son

étymologie, ce terme a d’abord désigné ce qui pouvait séparer les peuples les plus évolués des autres109 avant de devenir synonyme de « culture ». Ainsi, pour les français, la civilisation est l’expression la plus riche de leur identité110. Dans ce sens, le philosophe P. Gaultier écrit : la civilisation française est la plus belle création du génie de la France,

celle où il part dans sa plénitude111. Ainsi conçue, la civilisation s’oppose à la barbarie,

elle comporte un ensemble de normes et d’usages, dont le but est d’adoucir la nature brute, d’affiner les mœurs et d’humaniser les individus112. La civilisation, d’abord

104

Ibid.

105

Fleury, J., Op. Cit., p : 30.

106 Ibid. 107

Cuche, D., Op. Cit., p : 9.

108

Ibid.

109

De Carlo, M., Op. Cit., p : 13.

110

Ladmiral, J.R., Lipiansky, E.M., Op. Cit., p : 104.

111 Gaultier, P., L’âme française, Editions Flammarion, Paris, 1936, P : 304. 112

39 française, puis occidentale doit s’étendre à tous les peuples qui composent l’humanité. C’est ainsi que le terme de civilisation prend le sens d’ « action de civiliser ». Les peuples les plus avancés ont ainsi le devoir d’aider les moins avancés à combler leur retard. Cette dernière réflexion a permit de légitimer le phénomène de colonisation et celui du colonialisme. Peu à peu, l’idée même de civilisation qui exprime la position d’une culture dominante, en tant que telle, tend à façonner l’ensemble des cultures du monde à son image, jusqu’à aplatir la diversité culturelle et à effacer les différences entre les peuples. Elle se manifeste dans ce sens comme le modèle le plus parfait d’une nature humaine qui se veut par essence universelle. C’est justement le caractère universel de la « civilisation » qui l’oppose à la «culture » qui, nous le verrons dans les chapitres suivants, présente des particularismes au sein même de chaque groupe d’individus qui partagent des valeurs communes.

De nos jours il existe une pluralité de définitions de la culture. Selon M. Chadli113, en 1952, A. L. Kroeber et C. Kluckhohn ont rédigé une liste de plus de 200 définitions différentes du mot culture. Au sens large du terme la culture est un ensemble de connaissances générales, définie scientifiquement pour la première fois par E. Taylor en 1871 comme : cet ensemble complexe incluant les savoir, les croyances, l’art, les mœurs,

le droit, les coutumes, ainsi que toute disposition ou usage acquit par l’homme en société114. E. Taylor, considère que la société est portée par la culture qui inculque les valeurs et les mœurs aux membres de la communauté. Le dictionnaire des politiques culturelles de France depuis 1959, vient compléter la définition de culture en 2001 en précisant que son emploi parait pouvoir qualifier toutes les réalités non naturelles, les

connaissances, croyances, pratiques, coutumes, valeurs, productions symboliques esthétiques, morales, juridiques, économiques tant soit peu durables, qui sont inventées, transmises et mobilisées par l’individu, par le groupe, par les membres d’une société ou par l’espèce humaine, de manière à organiser et façonner les relations d’une collectivité avec son environnement et les liens qui assurent la viabilité du groupe. La culture signe le devenir de l’individu en tant qu’il est plus qu’un individu occupé à satisfaire des besoins avec les ressources de son environnement et qu’il construit des relations sociables stables et perpétuelles avec autrui115. Les définitions précédentes montrent que la culture

est incontestablement liée au milieu où elle évolue. L’acceptation moderne de la notion de « culture » renferme indéniablement des dimensions spatiales. La culture prend ainsi en compte l’espace et le lieu où elle se concrétise. Ces différents espaces sont empreints de représentations individuelles et collectives qui les composent. La culture dépend donc essentiellement des acteurs sociaux et de leurs interactions. Ainsi d’un continent à un autre, d’un pays à un autre, d’une ville à une autre et parfois même d’un quartier à un autre la culture prend des significations différentes. Pour l’institution internationale que représente l'UNESCO : la culture, dans son sens le plus large, est considéré comme

l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société, un groupe social ou un individu. Subordonnée à la nature, elle

113

Chadli, M., (sous la direction de Y. Geffroy), Musée et médiation du patrimoine, Université de Nice Sophia Antipolis, 2007, p : 56.

114

Taylor, E., Cité par Geraud, M.O., Leservoisier, O., Pottier, R., Les notions clés de l’ethnologie, Editions Armand Colin (2ème édition), 2004, p : 86.

115 Waresquiel, E., (sous la direction de), Dictionnaire des politiques culturelles de France depuis 1959, Paris : Ed.

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englobe, outre l’environnement, les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions, les croyances et les sciences.116

Pendant longtemps, la notion de « culture » portait essentiellement sur des activités dites nobles (artistiques et philosophiques) et de nos jours encore, certains spécialistes retiennent cette acceptation pour le moins restrictive de la culture. Selon G. Verbunt117, il a fallu attendre le milieu du XIXème siècle pour que les anthropologues élargissent la définition de la notion de « culture », qui accède alors au rang de concept.

I.2. Approche anthropologique de la culture

Durant des siècles, la diversité de l’être humain n’a été pensée qu’à partir des différences biologiques et naturelles. Pourtant l’homme est essentiellement un être de

culture. Dans ce sens, le long processus d’hominisation, commencé il y a plus ou moins quinze millions d’années, a consisté fondamentalement à passer d’une adaptation génétique à l’environnement naturel à une adaptation culturelle118. Ainsi, si toutes les

« populations » humaines possèdent le même stock génétique, elles se différencient par leurs choix culturels, chacune inventant des solutions originales aux problèmes qui se posent à elle119. La notion de « culture » se présente donc, comme l’outil adéquat pour en

finir avec les explications « naturalisantes » des comportements humains120. La nature de l’homme, comme nous le verrons au cours de ce chapitre, est entièrement réorganisée et structurée par la culture.

Très tôt, on voit apparaître l’opposition nature/culture, inscrite fondamentalement dans l’idéologie de la pensée des Lumières121. Cette dernière conçoit la culture comme un caractère distinctif de l’espèce humaine et la considère comme la somme des savoirs accumulés et transmissibles par l’humanité. Le mot « culture » est alors associé aux idées de progrès, d’évolution, d’éducation et de raison, qui se trouvent être au cœur même de la pensée de l’époque. La science anthropologique fait une distinction entre la culture et la nature et par la même, une distinction entre l’homme et l’animal. D’après G. Vinsonneau : passer de la nature à la culture, c’est passer du comportement inné, inscrit dans les

gênes, à des comportements acquis, c'est-à-dire transmis par la médiation des apprentissages122 . La culture, sensée être acquise en société, parait donc clairement en contradiction avec la nature, qui relève plus du domaine de la biologie. C’est précisément là que s’opère la distinction entre l’homme et l’animal : l’inné a tendance à l’emporter chez les animaux, tandis que c’est la culture qui régit les comportements humains. Dans ce sens, les sociétés ont ajouté quelque chose de plus à la nature dans la mesure où elles

sont passées de l’état animal à l’état humain : l’organisation sociale, le langage, les institutions, les systèmes de valeurs qui circulent entre les membres d’une société, la

116

UNESCO, Déclaration de Mexico sur les politiques culturelles. Conférence mondiale sur les politiques culturelles, Mexico, 26 juillet - 6 août 1982.

117

Verbunt, G., La société interculturelle, Editions Seuil, Paris, 2001.

118

Cuche, D., Op. Cit., p : 3.

119

Ibid., p : 3/4.

120

Ibid., p : 4.

121 Les lumières sont un mouvement culturel et philosophique qui émerge dans la seconde moitié du XVIIème siècle. 122

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prise en considération de l’histoire… Ce plus peut se traduire concrètement par les outils, les installations matérielles (cabane, huttes…), par des moyens de protection (peaux de bêtes par exemples), des monuments, quelle que soit leur simplicité, mais aussi partout un réseau invisible de relations, de comportements inconsciemment imposés par la société tout au long de la vie123. La spécificité de la nature humaine est de s’inscrire dans

une culture particulière, qui ne doit rien à l’hérédité et ne fait en aucun cas l’objet d’un patrimoine génétique, elle est au contraire acquise par l’expérience de la vie en communauté. Cependant, pour B. Malinowski124, la culture est un moyen de satisfaire certains besoins de l’être humain (cf. à la pyramide des besoins A. Maslow) et se trouve au cœur de l’inné. Il est donc difficile d’affirmer que la nature et la culture sont deux termes autonomes, car ils peuvent visiblement se rejoindre sur certains points.

Le mot « culture » a pris une telle extension au cours de l’histoire, que ses contours sont devenus de plus en plus flous. Il englobe ainsi, l’ensemble des manifestations et des productions culturelles d’une société (art ; religion ; langue ; cuisine ; mœurs ; éthique, etc.). Ces derniers sont considérés de nos jours comme le patrimoine culturel immatériel des sociétés, qu’elles se doivent de transmettre intact aux générations futures. De plus la culture rassemble les éléments qui structurent la vie en communauté. Dans ce sens, toute culture peut être considérée comme un ensemble de systèmes symboliques au premier

rang desquels se place le langage, les règles matrimoniales, les rapports économiques, l’art, la science, la religion. Tous ces systèmes visent à exprimer certains aspects de la réalité sociale, et plus encore les relations que ces deux types de réalité entretiennent entre eux et que les systèmes symboliques entretiennent les uns avec les autres125. La culture intervient ainsi dans un domaine fondamental pour l’homme, celui des unités de sens ou « significations », qui constituent la médiation indispensable aux représentations du réel. Dans cette perspective, la culture est l’ensemble plus ou moins fortement lié des

significations acquises les plus persistantes et les plus partagées que les membres d’un groupe, de part leur affiliation sont, amenés à distribuer de façon prévalente sur les stimulus provenant de leur environnement et d’eux même, induisant vis-à-vis de ces stimulus, des attitudes, des comportements valorisés, dont ils tendent à assurer la reproduction par des voies non génétiques 126.

Au XIXème siècle, la culture émerge en tant que concept scientifique suite à la naissance de la science de l’anthropologie. La culture devient alors un objet d’étude scientifique. Dans un premier temps, les chercheurs vont se contenter d’attribuer à la culture un contenu purement descriptif. Il ne s’agit plus, de dire ce que doit être la culture, mais de décrire ce qu’elle représente en réalité, telle qu’elle apparait dans les sociétés humaines. A travers la mise en place de la première définition scientifique de la culture, E. Taylor est généralement considéré comme l’inventeur de ce concept scientifique. Néanmoins, F. Boas sera le premier anthropologue à mener des enquêtes in situ, par observation directe et prolongée sur les cultures primitives. Pour ce dernier, chaque culture est unique et son attention est spontanément attirée par ce qui fait l’originalité et le

123

Marmoz, L., Derrij, M., (sous la direction de), Op. Cit., p : 256/257.

124

B. Malinowski, Cité par Vinsonneau, G., Op. Cit., p : 103.

125

Levi Strauss, C., Introduction à l’œuvre de Marcel Mauss, Editions Presses Universitaires de France, Paris, 1968, p : 19.

126 Camilleri, C., Cohen-Emerique, M., Chocs de cultures : Concepts et enjeux pratiques de l’interculturel, Editions

42 particularisme de chaque culture. Cette position fera émerger l’idée de « respect des cultures » dans leurs différences. Ceci dit, peu d’anthropologues s’accordent sur le contenu à accorder au concept de « culture ». La plupart d’entre eux définissent la culture

à partir des trois traits suivants : elle n’est pas innée, elle est acquise ; les divers aspects de la culture constituent un système ; elle est partagée et par là même, délimite les différents groupes127. Ainsi, la culture, prise dans son sens anthropologique, désigne les

modes de vie d’un groupe social : ses façons de sentir, d’agir et de penser ; son rapport à la nature, à l’homme, à la technique et à la création artistique128. C. Lévi-Strauss complète cette définition, en y ajoutant : les connaissances, croyances, arts, morale, droit,

coutumes et tout autre aptitudes ou habitudes acquises par l’homme en tant que membre de la société129.

Selon la vision anthropologique, la culture peut être définie de plusieurs façons différentes mais reste toujours liée à la personnalité des individus qui la composent et à la société où elle évolue. R. Benedict la définit comme : ce tout complexe qui inclue toutes

les habitudes acquises par l’homme en société.130 M. Mead complète cette définition, en considérant la culture comme : l’ensemble des formes acquises de comportement d’un

groupe d’individus, unis par une tradition commune, qu’ils transmettent à leurs enfants et en partie, aux immigrants adultes qui viennent s’incorporer à ce groupe131. Partant de là, la culture parait être une chose accessible à tout individu se pliant aux règles de la société dans laquelle il évolue et/ou s’introduit et ne peut être véhiculée et exprimée que par l’intermédiaire des individus qui la composent. A. L. Kroeber, l’un des maitres de l’anthropologie américaine affirme que : la culture est l’ensemble des comportements,

savoir et savoir-faire caractéristiques d’un groupe humain ou d’une société donnée, ces activités étant acquises par un processus d’apprentissage, et transmises par l’ensemble de ses membres132.

De nos jours, l’ensemble des sociétés et des communautés sont façonnées et structurées par la culture qui est considérée comme un principe organisateur des groupes humains et qui a pour fonction l’intégration, l’adaptation, la communication et l’expression des individus qui la forment. Le concept de « culture », qui renvoie aux modes de vie et

de pensée, est aujourd’hui assez largement admis, même si cela ne va pas parfois sans certaines ambigüités133. En effet, aujourd’hui n’importe quel groupe social peut

revendiquer une culture propre. Toute forme d’expression collective devient « culture ». La culture se fragmente, la culture est en miettes. On évoque ainsi, par exemple, la « culture hip hop », la « culture footballistique » et, de façon encore plus contestable, la « culture du micro-ondes », la « culture du téléphone portable », etc. Or, ces pratiques et ce qu’elles impliquent ne peuvent pas être assimilés aux systèmes globaux d’interprétation du monde et de structuration des comportements correspondant à ce que l’anthropologie entend par « Culture »134. A savoir : un ensemble d’acquis complexes, qui

127

Hall, E.T., Au-delà de la culture, Editions Seuil, 1979, p : 31.

128 Ladmiral, J.R., Lipiansky, E.M., Op. Cit., p : 8/9. 129

Levi Strass, C., Dictionnaires de la sociologie, Editions Larousse, Paris, 1989, p : 54.

130

R. Benedict, Cité par Vinsonneau, G., Culture et Comportement, Editions Armand Colin, Paris, 2003, p : 78.

131

M. Mead, Cité par Vinsonneau, G., Op. Cit., 2003, p : 52.

132

A. L. Kroeber, A., Cité par Laplantine, F., L’Anthropologie, Editions Payot et Rivages, Paris, 2001, p : 124.

133 Cuche, D., Op. Cit., p : 4. 134

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devient un capital collectif qui gouverne les hommes, elle est la naissance même de la société, qui est ainsi inter-cognitive des organisations sociales135.

Ainsi, la définition du mot « culture », qui a été érigée en tant que concept scientifique, reste encore très vaste de nos jours. En effet, comme nous l’avons vu précédemment, on peut qualifier de « culture » un nombre infini de phénomènes. Cependant, le sens de « culture » qui nous intéresse dans ce travail, est celui de l’anthropologie culturelle, qui considère la culture comme une entité humaine à part entière au même titre que la « société », la « nation » ou la « civilisation », et qui se compose d’individus partageant des traits et des valeurs communes. Il faut rappeler tout de même qu’au sein d’un pays, d’une ville ou encore d’un quartier on peut se retrouver confronté à plusieurs cultures différentes. L’individu lui-même, nous le verrons par la suite, peut être porteur de plusieurs cultures à la fois.

I.3. Le culturalisme ou l’instabilité des cultures

Suite à l’avènement du concept de « culture », les chercheurs en sociologie et en anthropologie ont mis en place des courants scientifiques. Dans un ordre chronologique simplifié, les théories de la culture se présentent comme suit : le culturalisme (1920/1950) développé par F. Boas, A. Kardiner, R. Linton, R. Benedict et M. Mead ; le fonctionnalisme (1920/1950) développé par B. Malinowski et A. Radcliffe-Brown ; le structuralisme (1950/1960) initié par C. Lévi-Strauss ; l’interactionnisme (1950/1960) mit en place par B. Becker ; le constructivisme (1960/2008) développé par P. Bourdieu, A. Touraine et B. Lahire. Nous n’avons pas la possibilité, dans le cadre de ce travail de thèse, d’aborder l’ensemble des courants culturels. Nous nous contenterons donc de définir le courant du « culturalisme », qui s’inscrit dans la lignée de notre recherche scientifique et qui nous permet de contester la stabilité des cultures.

Le concept de « culture » est trop strict, trop étroit, alors que le terme de