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Comprendre la présentation de l'information

NOUVELLE POSITION EN SALLE DE CONTROLE

2.1. BESOINS D’AIDE POUR UTILISER LA POSITION

2.1.3. Comprendre la présentation de l'information

Une partie de l'activité avec la maquette de la future position est consacrée à la recherche de sources d'informations par le contrôleur. En effet, sur chaque heure de simulation, on met en évidence au moins un passage montrant que le contrôleur ne sait pas quelles informations sont accessibles. Dans ce cas, les savoir-identifier ne peuvent pas être utilisés car les Représentamens ne peuvent pas être construits par le contrôleur.

Cas de la vitesse sol. Le contrôleur commente : "On vient de remarquer deux avions de type d'appareil identique. Comme la vitesse sol n'est pas marquée, je ne peux pas savoir s'il y a rattrapage ou non. /E: tu peux l'avoir à la demande par l'écran tactile ou dans les strips du CP/: Non, elle n'y est pas... (se reprenant) Je

ne savais même pas qu'elle existait". En l'absence de ce savoir-faire d'utilisation

le contrôleur ne peut pas réaliser la comparaison des deux vitesses des avions pour savoir si les deux avions sont en rattrapage.

En conséquence de cela, on constate parfois (deux fois sur les trois heures finales) que l'utilisateur n'ayant pas le savoir-faire sur la présentation de l'information développe une activité révélant un savoir-faire erroné, et limité par rapport aux possibilités de l'outil.

Exemple de commentaires d'un utilisateur sur sa propre activité : "Là, j'ai été voir sur le strip, sur l'image radar, mais je n'ai pas vu, le niveau de sortie que je

cherchais. Je demande donc au CP si le niveau de sortie prévu est 270./ E:

L'avion était-il stable au niveau 270?/ Oui./ E: C'est pour cette raison que le niveau de sortie n'est pas affiché puisque qu'il est égal au niveau actuel de l'avion./ C'est une information que je ne connaissais pas". Le contrôleur sait que l'information est disponible mais il n'en connaît pas les régies de présentation. Il ne peut donc pas se constituer le savoir-identifier qui lui donnerait la valeur du niveau demandé. L'absence de l'affichage du niveau de sortie n'a pas de signification pour lui.

Cette absence de savoir-faire peut non seulement bloquer le déroulement de l'activité, mais aussi la perturber puisque face à une situation de trafic le contrôleur est démuni pour trouver les informations qu'il recherche.

Un participant explique : "Je ne suis pas dans mon élément, je cherche à faire la

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simulation... Je ne vais pas au bon endroit tout de suite. Alors que quand tu es habitué, tu vas directement au bon endroit tout de suite".

Durant les simulations, les participants ont très peu cherché les informations disponibles dans les fenêtres accessibles à la demande (macro-étiquette, route, zoom). La situation d'apprentissage "sur le tas" n'est pas favorable à la découverte, à l'assimilation et à l'utilisation des informations contenues dans ces fenêtres. En effet :

- les contrôleurs ont tendance à se focaliser sur la fréquence; plus l'information est fréquemment utilisée, plus il est entraîné à l'utiliser;

- les contrôleurs ont tendance à utiliser les informations directement accessibles aux dépens des autres.

Or, la hiérarchisation des informations envisagée pour la future position de contrôle, présente les informations le plus fréquemment utilisées affichées en permanence et celles ponctuellement utilisées dans des fenêtres accessibles à la demande afin d'alléger la visualisation du trafic.

L'affichage des différents niveaux associés à un vol est un cas spécifique de la hiérarchisation des informations. Il prévoit que l'absence d'affichage d'un niveau permette d'en connaître la valeur. L'apprentissage "sur le tas" accentue le déséquilibre entre ces différentes informations. Les participants connaissent parfaitement les modalités d'accès aux informations qu'ils utilisent souvent, mais méconnaissent d'autant plus les modalités d'accès aux informations rarement utilisées. En conséquence, les participants se sont parfois passés d'une information, soit par économie des interprétations à effectuer, soit parce qu'ils méconnaissaient la disponibilité et/ou l'accès à l'information qui leur aurait été utile.

La formation doit compenser ces différences afin que le contrôleur sache où trouver l'information qu'il cherche ponctuellement. Quelle que soit l'information recherchée, il ne doit pas perdre de temps pour savoir si elle est disponible, où elle se trouve et comment y accéder... La hiérarchie des informations doit d'abord être connue pour pouvoir être utilisée.

Dans la situation d'apprentissage "sur le tas" il semble très difficile de faire acquérir aux utilisateurs ces savoir-faire. L'absence d'une étape intermédiaire qui assurerait cette acquisition sur le fonctionnement de l'affichage des niveaux expliquerait certaines difficultés au cours de l'activité.

Pour compenser les difficultés rencontrées au cours de l'activité le contrôleur se constitue des savoir-faire d'utilisation qui lui permettent de poursuivre son activité en se dispensant de la réalisation de certaines actions en fonction des contraintes qu'il prend en compte.

Le contrôleur érige ces propres régies d'utilisation de la position à partir de la présentation générale qui lui en a été faite et de son expérience au cours de la période d'apprentissage. Notamment, il se construit des savoir-faire qui justifient, de son point de vue, de ne pas toujours renseigner le système.

Un participant commente "Là je constate qu'il est à 220 ou 230. Il a dépassé le niveau cléaré. J'ai demandé à Marseille de l'autoriser à 220, mais je n'ai pas renseigné le strip. Donc là je m'inquiète de savoir s'il a été arrêté à 220 et je constate sur le strip que je l'ai laissé à 240. Donc je remets 220. J'ai laissé 240 sans doute intentionnellement car j'ai

pensé qu'il montait vers 240. Mais maintenant que je vois que la situation s'éternise et que

de toute façon je serai obligé d'attendre le croisement avec le CD car il est assez loin en face et pour le remonter à 240, il faut qu'il ait croisé le 230. Donc maintenant je viens de constater, ce que je n'avais pas analysé avant, que ce croisement se passerait dans l'AO et que donc je shooterais l'IT MF à 220 à l'AO et donc je renseigne le strip pour que l'AO sache qu'il a été cléaré 220". En assimilant le renseignement du système (Cf: partie 2) à la

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communication avec les autres contrôleurs et non aux traitements que peuvent en faire les calculateurs, le contrôleur ne renseigne le système sur un niveau autorisé que lorsqu'il estime que ce changement de niveau concerne les contrôleurs de secteurs adjacents. "Là normalement, sur un strip papier, je noterai 290 dans la case transfert et également sur le strip pour me souvenir qu'il doit descendre. Mais en fait, comme je lui ai dit qu'il devait être à 290 à Moulin, et de rappeler pour la descente, maintenant c'est sous la

responsabilité du pilote”. Le contrôleur donne une instruction qui lui permet de se

décharger sur le pilote et de ne pas renseigner le système.

Le contrôleur contourne parfois certaines manipulations permettant d'obtenir des informations. Notamment il sait quels renseignements il n'a pas donné au système, et sait donc parfois qu'il ne peut pas obtenir une information car le renseignement du système n'a pas été assuré.

"Là, j'ai un problème très net. C'est l'antirecouvrement des étiquettes. Le fait que, normalement, je devrais aller direct au tableau de strips et que ici je ne le fais pas, montre que je sais que les strips ne sont pas renseignés sur ce que je recherche. Donc je sais que

je serai obligé de faire une manipulation et je cherche à éluder la manipulation. Je suis

embêté par les autres qui m'appellent. Je n'ai pas le temps de faire en même temps les manipulations sur le strip. Je pourrai jeter un coup d'oeil sur le tableau de strips organique, mais il n'est pas assez clair. Je sais que je vais mettre trop de temps à le trouver dans le tableau et en plus il faut que j'en trouve 2. Donc je garde surtout les yeux sur le radar pour surveiller l'espacement. Pour voir si ça se rapproche en dessous de 5 nautiques. Là je dis que ce n'est pas le moment de m'embêter à faire des manipulations abominables. En fait mon sifflotement montre que je pense qu'il n'y a pas de problème". "P: IT KS on peut avoir 27 ou 29? R: IT KS MONTEZ AU NIVEAU 290. J'aurais dû lui

donner 270, c'est plus accessible directement au menu. "

Le nouveau poste a la particularité de présenter certaines informations à l'initiative du système. Le contrôleur doit gérer et utiliser cette dynamique de présentation des informations. * ;

Cette dynamique de présentation des informations est parfois source d'erreurs qui renvoient à la conception de l'interaction entre le contrôleur et la position. "Là un avion m'appelle. Je vais pour l'intégrer, je clique sur ses éléments, et à ce moment là, le planning me passe un autre avion. Automatiquement, ma liste descend d'un cran et au moment où j'appuie, je me retrouve sur la nouvelle étiquette. J'intègre un autre avion". Le classement automatique des strips dans le tableau a pour objectif de décharger les contrôleurs des manipulations des strips. Néanmoins, au terme de l'apprentissage "sur le tas", cette nouveauté n'apparaît pas pour le contrôleur comme telle :

- le classement des strips doit suivre les méthodes de classement du contrôleur pour que ce dernier retrouve les strips des avions qu'il recherche; durant les simulations, certains défauts dans le classement semblent avoir détourné les contrôleurs de la gestion des strips

- l'absence des manipulations des strips par le contrôleur fait disparaître une partie de la lecture des strips qui contribue actuellement à la prise en compte des caractéristiques du trafic; cette disparition n'a pas été compensée par une nouvelle activité de prise en compte des données du trafic.

Si de nouveaux savoir-faire ne se manifestent pas dans les cours d'action des participants, on suppose, par rapport à l'activité actuelle, que l'évolution du tableau de strips devrait donner lieu à une nouvelle utilisation des strips, que les simulations ne permettent pas ici de connaître.

De la même façon, les informations dynamiques dans les étiquettes ne participent pas aux cours d'action des participants, néanmoins, à partir de l'activité actuelle on suppose que de nouveaux savoir-faire pourraient exploiter cette information.

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Ainsi, si les simulations permettent d'obtenir des éléments montrant la nécessité d'améliorer la connaissance du fonctionnement de la position et de son utilisation, elles ne permettent pas, de ce fait, d'obtenir des données sur la transformation des savoir- faire des contrôleurs experts qui durant les simulations ont utilisé l'interface à partir de leur méthode de travail actuelle.

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