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CHAPITRE 4 Résultats des analyses

4.4 Compréhension de l’évaluation et de la note selon les enseignants

Dans le but de connaître la compréhension que les enseignants ont des notions d’évaluation et de note, nous avons posé quelques questions de clarification. Nous voulions cerner leurs compréhensions sur ces deux notions. Sur 14 enseignants, 11 ont indiqué que l’évaluation servait à vérifier si l’élève avait compris ce qui a été appris en classe. Ils évaluent parce qu’ils veulent savoir non seulement si l’élève a assimilé ce qui a été dit en classe, mais aussi s’il en fait bon usage. Les réponses de ces quatre enseignants traduisent ce point de vue :

163 « C’est un contrôle qui permet à l’enseignant de savoir si ce qui a été

enseigné est compris. » Lycla 1

« L’évaluation est une façon de voir le niveau de l’élève par rapport à ce qui a été étudié en classe. » Lycla 2

« Évaluer c’est vérifier que les objectifs visés durant le cours sont atteints. » Colmaz 1

« Évaluer c’est voir le niveau de l’enfant, c’est vérifier si ce qui a été enseigné est bien passé, si l’enfant a suivi le message. » Lymar 2

Les enseignants évaluent donc parce qu’ils veulent vérifier si les élèves ont atteint les objectifs pédagogiques. Cependant, 3 enseignants n’ont pas répondu à la question. Ainsi, Colmaz 3 affirme que l’évaluation est la note. Colpro 9 avance que l’évaluation permet de donner une note alors que Colpro12 soutient que l’évaluation au Cameroun est chiffrée. On peut conclure que pour les enseignants participants, l’évaluation vérifie si les élèves ont compris ce qui a été appris en classe et elle doit déboucher sur une note chiffrée qui indique le niveau de maîtrise.

Après avoir demandé aux enseignants ce qu’était l’évaluation, nous avons essayé de savoir à quoi renvoyait la note pour eux. Selon les données, la note renvoie pour douze sur quatorze d’entre eux à un chiffre qui situe le niveau de performance de l’élève à partir d’une consigne donnée. C’est une façon pour l’enseignant de sanctionner le travail de l’élève. Pour ces enseignants, leur notation reflète leur attitude positive ou négative sur la qualité du travail.

« La note c’est le reflet de la production de l’élève. Elle reflète le niveau et le contenu du travail que l’élève a produit. » Lymar 1

« Les notes reflètent le travail de l’élève, c’est une sorte de sanction, on le juge, quand l’élève a 12 et qu’on dit que c’est assez bien, il est encouragé. Quand il a 5, il sait que c’est mauvais et cherche à s’améliorer. » Colmaz 3

La réponse laisse croire que les enseignants pensent que la note est le reflet de la qualité du travail. Ils croient qu’à travers la note, l’élève a une représentation de la qualité ou de l’échec de son travail.

164 « Noter un élève c’est essayer de donner une sanction à son travail.» Lymar 2

La définition de la note renvoie ici à la sanction scolaire qui peut être une conséquence, positive ou négative, que l'enseignant applique à l'élève en fonction du travail de ce dernier.

« Noter c’est donner une évaluation chiffrée, c’est-à-dire ce qu’ils connaissent déjà…10, 0, 2… » Lycla 4

« Noter c’est toujours évaluer. Quand on évalue, c’est pour voir s’il a bien compris. S’il a bien compris, il a la moyenne et s’il a mal compris, c’est la sous moyenne. » Lymar 7

« La note est la résultante de l’évaluation. Quand on évalue, la note correspond à son degré de compréhension par rapport à ce qui a été enseigné. » Colmaz 10

Nous avons déjà souligné plus haut que, pour douze des enseignants, la note semblait être très importante car cet acte clôture toute évaluation. Ces réponses reflètent une caractéristique du système éducatif camerounais qui veut que le jugement apporté soit nécessairement chiffré. Ainsi, ils considèrent que la note est le principal outil utilisé dans le but de connaître le niveau de compétence des élèves. Il ressort des réponses analysées que l’attribution de la note est l’élément le plus important dans leurs attitudes face aux productions des élèves. Ce qui se dégage est l’impression que la seule attribution de la note est une marque de l’évaluation. Ainsi, dans leur esprit, noter et évaluer vont de pair. En somme, ils ne se rendent pas compte que le processus d’évaluation est plus complexe et implique plusieurs paramètres dont celui de la note. Leurs pratiques semblent ne pas tenir compte du fait que l’évaluation est aussi formative et qu’elle doit permettre aux élèves de s’améliorer. Il peut également arriver, dans le processus d’enseignement, qu’une production soit réalisée, qu’elle fasse l’objet d’une évaluation avec des commentaires formatifs sans déboucher sur une note.

Nous avons ensuite voulu savoir ce que les enseignants faisaient des résultats des évaluations. Tous ont tout d’abord indiqué qu’ils les remettaient à la direction de l’école. L’évaluation est d’entrée de jeu perçue comme une activité réalisée pour satisfaire les attentes

165 de l’administration. Les enseignants sont tenus de fournir des notes à des étapes différentes de l’année scolaire. Un enseignant a cependant indiqué qu’il lui arrivait de remettre les copies aux élèves en leur annonçant la note et sans plus. Cette absence de rétroaction montre que cet enseignant ne tient pas compte de la dimension formative de l’évaluation.

Huit enseignants sur quatorze ont cependant reconnu que l’évaluation permettait aux élèves de prendre connaissance de ce qu’ils avaient compris et des difficultés qui nécessitaient une amélioration ou encore un travail intense.

Après avoir abordé l’évaluation et de la note en général, nous avons interrogé les enseignants sur les relations plus spécifiques entre l’évaluation et l’objet de notre recherche : la production textuelle, soit le texte argumentatif.

4.4.1 Connaissances mises en application lors de l’évaluation d’un texte et compétence de l’enseignant

Trois enseignants sur quatorze n’ont pas répondu à la question. Colmaz 3 a affirmé privilégier la langue et tandis que ses collègues ont affirmé que lors de l’évaluation des productions textuelles, ils tiennent compte de tous les paramètres qui font qu’un texte est lisible.

Ils évaluent principalement pour donner une note de passage ou d’échec. La note de passage est généralement au-dessus de 10/20 et la note d’échec en dessous de 10/20. Leurs soucis premiers ne sont pas de déceler les raisons pour lesquelles l’élève a maîtrisé ou compris les apprentissages, ou s’il est capable de situer les erreurs commises dans son travail argumentatif.

Nous avons voulu ensuite savoir si les enseignants se jugeaient compétents ou non pour effectuer l’évaluation. Les réponses fournies, comme l’indiquent les énoncés ci- dessous, ne donnent pas de réactions précises.

166 « J’essaie d’être à la hauteur lorsque j’évalue les textes. » Lymar 1

« C’est difficile de se juger soi-même mais à la fin de l’année, je peux m’évaluer selon le pourcentage de réussite des élèves. » Colmaz 10

Colmaz 10 estime qu’à partir des résultats des élèves, il peut savoir si son enseignement a été productif ou non. Quant à nous, nous n’adhérons pas à l’idée que le pourcentage de réussite des élèves soit la garantie sans équivoque de la compétence à l’évaluation d’un enseignement. Il peut arriver qu’un exercice soit réussi alors qu’en fait l’élève a réussi par tâtonnement.

Sept enseignants sur quatorze ont affirmé se sentir compétents lors de l’évaluation des productions textuelles. Ils indiquent s’assurer qu’ils maîtrisent eux même le sujet. Tous les enseignants ont mentionné que lors de l’évaluation, ils mettent en pratique toutes les connaissances requises pour cet exercice et se sentent compétents pour le faire.

Il ressort clairement de nos analyses qu’il y a un écart entre leurs compréhensions de l’évaluation de la cohérence textuelle d’un texte argumentatif et ce que nous proposent les spécialistes de la didactique de l’évaluation des textes. Les données des entrevues montrent un manque d’information sur l’évaluation de la cohérence textuelle, en relation surtout avec les différentes règles dont ils doivent tenir compte lors de l’évaluation d’un texte.

Après nous être penchés sur ce que pensent les enseignants de l’évaluation, de la note ainsi que sur leur perception de leur compétence en évaluation, nous avons voulu connaître leur opinion sur la production d’une bonne production textuelle, d’une bonne compréhension d’un texte et de la une cohérence textuelle.