• Aucun résultat trouvé

Compréhension et formisme en réseau

Chapitre III : Réticularités

3.2 Compréhension et formisme en réseau

Quoi qu’il en soit, étudier, comme nous le suggérons ici, l’étroite connexion qui existe entre l’imaginaire mystique contemporain et le medium numérique, est une entreprise nécessairement transdisciplinaire. Il s’agit d’une thématique qui fait appel à plusieurs champs de connaissances. Bien évidemment, c’est à partir d’un regard sociologique que nous proposons un cheminement qui parcourt des questions qui touchent la philosophie, la science de la communication, l’anthropologie, le media studies, etc. Notre intention est de multiplier les éclairages pour mieux saisir comment le medium engendre des imaginaires mystiques et ouvre les conditions de possibilité pour l’expérience du sacré. Pour nous, il est clair que c’est bien l’approche compréhensive qui nous permet la meilleure mise en place des différents angles de visions, ces entrecroisements multidisciplinaires qui nous permettent de penser la mutation en cours dans la réticularité sociétale.

Rappelons qu’au début de la sociologie il a été établi un important clivage entre la sociologie dit explicative, ou positiviste, issue de la pensée durkheimienne, et la sociologie compréhensive qui remonte à Max Weber et à laquelle nous pourrions ajouter les travaux de W. Dilthey, George Simmel, Alfred Schütz puisqu’ils ont aussi envisagé le problème de la compréhension164. Si la première approche avait comme modèle les sciences dites exactes ou dures ; la deuxième, une approche plus impressionniste, est plus en phase avec l’esprit proclamé par F. Nietzsche selon lequel Il n’y a pas de faits, mais seulement des interprétations. À cet égard, même les données produites par les sociologues explicatifs, malgré toute la rigueur dite scientifique, sont déjà le résultat d’un processus d’interprétation.

Une césure ainsi est visible, comme nous rappelle Michel Maffesoli entre « une

sociologie positiviste, pour qui chaque chose n’est qu’un symptôme d’autre chose, et une sociologie compréhensive qui décrit le vécu pour ce qu’il est, se contentant de discerner

ainsi les visées des différents acteurs concernées165 ». La sociologie compréhensive est un

164 Cf.: Patrick Watier, Une introduction à la sociologie compréhensive (Belfort: Circé, 2002). 165 Maffesoli, Op. cit., 1985., p.18

procédé qui refuse, ainsi, l’explication par l’attribution de causes mécaniques et s’engage à reconnaître un phénomène en sa complexité.

Même si on doit nuancer ce clivage, considérant, à la limite, les deux tendances comme complémentaires, pour nous l’approche compréhensive devient de plus en plus intéressante avec la complexité sociétale réveillée par l’émergence des réseaux numérique. Une complexité qui exige de nous un changement de perspective. Non pas expliquer, mais admettre, comprendre. À l’époque de la société en réseau, les frontières établies pendant la modernité et qui servaient de présupposés de la démarche explicative, tels que les frontières entre le sujet et l’objet ou entre l’intérieur et l’extérieur, se sont affaiblies.

S’il est vrai que les sciences sociales n’ont pas assez réfléchi aux conséquences de la digitalisation du monde ; nous croyons, par contre, que la démarche compréhensive est la plus fertile pour repérer les petits détails qui composent la mosaïque sociétale de nos jours. Pour comprendre cette société réticulaire, il ne suffit plus de se concentrer sur les grands faits massifs, mais plutôt sur les « sujets mineurs » à partir d’une connaissance approximative. Voilà pourquoi notre destin, en tant que chercheur, c’est la compréhension.

À cet égard, il faut présenter ce qui est. Michel Maffesoli nous à rendu attentif à plusieurs reprises à la puissance du mot compréhension, du latin comprehendere, qui signifié prendre, embrasser, contenir. Compréhension est, ainsi, prendre ensemble, embrasser ce qui est. Ainsi dans une expérience sociétale, il n’y a rien à rejeter, toutes les virtualités et potentialités doivent être prises en compte, comme les fantaisies, les fantasmagories.

La compréhension n’est pas seulement un outil méthodologique, c’est, comme nous le rappelle P. Watier, ce qui est imprégné dans les relations interindividuelles à partir d’un savoir incarné : « En effet, avant d’être une méthode des sciences sociales, la compréhension est le mode de pensée selon lequel les individus prennent connaissance de la réalité sociale166 ». Voilà une perspective qui prend au sérieux les élaborations produites

par la pensée ordinaire167, fictionnelle, et qui reconnaît la présence d’une raison conviviale,

avec P. Sloterdijk ou d’une raison sensible, avec Maffesoli.

Cela ne signifie pas qu’il y a une vérité évidente et qu’il suffit de la montrer. Ici, il n’est pas question de s’attacher au vrai sens de l’imaginaire mystique contemporain. Avec le sociologue allemand Reiner Keller et comme dirait aussi Alfred Schütz, nous comprenons qu’un phénomène peut être compris de nombreuses façons, justement en fonction des structures de pertinence d’une recherche donnée : « il n’y a pas une seule compréhension possible d’une donnée, mais une pluralité de manières de la comprendre. La validité de telles compréhensions s’établit à travers la mise en relation de la question de recherche, de la réflexion méthodologique et des méthodes concrètes appropriées168 ». Dans ce sens, comme nous le rappelle Michel Maffesoli, « C’est ainsi qu’il convient de comprendre la constellation alethéiologique : les vérités étant tributaires de ‘dévoilements’ (a-letheia) momentanés, suivis d’oublis, d’enfouissements liés, aussi, au temps169 ».

En réseau, le polyformisme des phénomènes est encore plus radical, ce qui nous oblige, de plus en plus, à la mise en perspective des données dans une perspective holistique et organique. Tout phénomène est susceptible de nombreuses compréhensions, ce pourquoi nous n’envisageons pas de construire une théorie, soit pour informer le social, soit encore pour l’orienter. Notre propos a comme tâche majeure, ainsi, l’articulation des constellations.

Rappelons que depuis Max Weber les types idéaux sont devenus un outil heuristique de la sociologie. Cet outil a été repris par A. Schütz170 qui, à partir de la jonction entre la philosophie phénoménologique chez Husserl et la sociologie, propose aussi une approche par types, c’est-à-dire, des constructions théoriques dont la fonction est heuristique, comme chez M. Weber. À la limite, c’est comprendre le réel par l’irréel.

167 P. Watier nous rappelle encore que le savoir nomologique chez Weber, la psychologie

conventionnelle chez Simmel et les stocks de connaissance chez Schütz, sont des approches qui envisagent de saisir ce que Michel Maffesoli nomme la connaissance ordinaire. Le savoir du sociologue doit être un savoir incarné et non désincarné ou surplombant ; ainsi il faut éviter d’intellectualiser trop ces trésors de savoir. Cf.: Patrick Watier, Le savoir sociologique (Paris: Desclée de Brouwer, 2000).

168 R. Keller, « Comprendre ou bien la mort », Réflexion sur une question de base de la recherche

qualitative, 2010. p.24

169 Maffesoli, Op. cit., 2014., p.129.

170 Cf.: Alfred Schutz, Le chercheur et le quotidien: phénoménologie des sciences sociales (Paris:

La démarche phénoménologique chez Schütz accepte certaines racines spéculatives dans la mesure où ces racines collaborent pour dire le sens de ce qui s’observe. Conjuguer l’ordinaire et le réflexif, voilà une belle idée à une époque de la crise des grands récits. Dans un tel contexte, il est bon de revenir au concret, à la vie quotidienne. Il nous semble, ainsi, que cette approche est un autre allié dans notre quête pour trouver une alternative au substantialisme du sujet – héritier de la tradition judéo-chrétienne – puisqu’elle permet de penser ce qui il y a de visible, d’apparent, de théâtral, voire toute l’extériorité de l’être ensemble.

Nous retrouvons également chez Simmel une approche compréhensive qui envisage de rendre compte de la labilité sociale. Rappelons que pour Simmel la société est constituée d’un ensemble d’individus liés mutuellement par des actions réciproques. Le social ne peut pas être pensé comme quelque chose qui est donné a priori, mais comme une dynamique en permanente construction à partir de différentes actions réciproques, non seulement entre humains, mais aussi entre humains et non-humains. Il faut que la sociologie tire bien les conséquences de l’actuel contexte numérique et de la crise de l’anthropocentrisme qui ajoute à cette dimension d’actions réciproques la relation avec les non-humains, soit les objets techniques, les êtres de la nature, dans une dimension holistique et non centralisée du sociétal171. Ainsi, il nous semble indispensable d’essayer d’aller au-delà de la conception anthropomorphique du social qui a marqué la sociologie.

Les actions réciproques entre différents modes d’existence est une dynamique en même temps dévoilée et accélérée par les réseaux numériques. Le réseau de réseaux est le résultat des interactions entre collectifs humains et non-humains, informations et spatialités, dont la forme n’est ni prévisible, ni permanente. Or, dans ce contexte, selon nous, une sociologie formiste est encore plus envisageable, puisqu’à partir de cette approche il est possible de distinguer les contenus concrets de la vie en réseau et les formes

171Comme le rappelle Bruno Latour, la liste des entités ou modes d’existence qui participent aux

interactions dites sociales est beaucoup plus ouverte que ne l’admet traditionnellement la sociologie. En fait, le mérite de Latour est de prendre en compte explicitement dans son analyse les non-humains, considérés comme acteurs ou actants. Sa sociologie des associations brise ainsi l’anthropocentrisme en nivelant dans le même niveau ontologique les humains et d’autres modes d’existence. Cf.: Bruno Latour, Changer de société

- refaire de la sociologie (Paris: Editions La Découverte, 2006). À cet égard, il nous semble aussi fertile de

prêter attention aux cosmologies non-occidentales qui savent de longue date inclure les non-humains, comme le perspectivisme amérindien, nous y reviendrons, systématisé par l’anthropologue brésilien Eduardo Viveiros de Castro. Voir par exemple : Eduardo Viveiros de Castro, Métaphysiques cannibales: lignes

que celle-ci prend en fait. D’ailleurs on pourrait même considérer que Simmel était le pionnier. C’est lui qui a regardé sociologiquement l’homme en tant que réseau, surtout lors de son analyse de la vie métropolitaine.172 La vie dans ce contexte prend la forme d’une fluidité en réseau. À partir de la forme numérique du social, nous pouvons le comprendre en tant que connexion, un ensemble indéfini d’informations se référant aux relations dans le territoire, les imaginaires, les matérialités (satellites, câbles, Wireless, etc.).

Notons que la tradition phénoménologique, en général, considère la compréhension comme une catégorie ontologique de l’existence en société, c’est-à-dire comme quelque chose qui préexiste à la sociologie. De cette façon, selon Simmel, la forme n’est pas seulement une catégorie sociologique, mais aussi une catégorie universelle, une condition de toute activité, manifestée soit dans une représentation symbolique (des images) ou matérialisée dans des institutions qui unifient une diversité sans pour autant éliminer le conflit. Il s’agit d’un principe de différentiation qui introduit la discontinuité dans le flux continu du vécu.

Etant donné l’inaccessibilité de la substance mondaine, il faut prêter attention à ces formes. C’est à partir des formes que la vie quotidienne devient l’affaire de la sociologie. A vrai dire, la richesse des formes c’est justement la possibilité d’embrasser une infinité de contenus. Comme le dit Simmel : « Les formes qui affectent les groupes d’hommes unis pour vivre les uns à côté des autres, ou les uns pour les autres, ou les uns avec les autres, voilà donc le domaine de la sociologie173 »

Bref, la vie en société, y compris dans le contexte réticulaire, est toujours déterminée par la contrainte de la forme et se déroule par le biais de la compréhension. Ainsi, il faut tenir compte de la compréhension et des formes mobilisées par le social. C’est-à-dire que les interprétations que les acteurs font des formes de vie doivent rentrer dans une analyse compréhensive174.

172 À cet égard voir l’analyse de : Antonio Rafele, La métropole: Benjamin et Simmel (Paris: CNRS

Éd, 2010).

173 Georg Simmel, « Comment les formes sociales se maintiennent », L’Année sociologique

(1896/1897-1924/1925) 1 (1896): 71‑ 109., p.72

La forme est ainsi une manière de se détacher des contenus concrets, comme les finalités ou intérêts. C’est une manière de distinguer la forme sociale du contenu de l’expérience. Notons ainsi que le formisme est en phase avec la médiologie, car à partir du formisme on se rend compte que le contenant est plus important que le contenu. Comme le dit Simmel, c’est une manière d’« abstraire la forme de l’association des états concrets, des intérêts, des sentiments qui en sont les contenus175 ». Plus précisément, c’est bien la sociabilité dont parle Simmel, c’est-à-dire, action réciproque dégagée de l’utilitarisme et chargé de la dimension collective et collaborative. Pour Simmel, finalement, c’est la forme qui permet de comprendre l’être ensemble.

Voilà un outil qui nous renseigne sur une atmosphère particulière. La forme est, à la limite, comme l’idéal-type chez Weber, l’épiphanie de ce qui est, un outil qu’on peut proposer pour faire ressortir les multiples facettes d’un phénomène, une idéalité pour aborder la réalité sociale, y compris l’imaginaire, ce qui est spécifiquement intéressant à l’époque du réenchantement du monde. C’est comme le cadre dans la peinture, qui met en valeur les couleurs, les petits détails. Le formisme, ainsi, est une manière holistique de saisir le social de façon transversale, en posant les limites, les déterminations capables de qualifier des pratiques qui excèdent la dimension utilitaire du medium, débordant les motivations intimes.

Selon Reiner Keller il serait intéressant d’élargir cette perspective de recherche par typifications pour mieux capter la complexité et multiplicité des données. Il faut bien mener la lecture d’un phénomène particulier à partir de la mise en relation entre questionnement et données empiriques à partir d’un cheminement. Cette posture exige l’abandon de tout préjugé176 et l’acceptation du fait que si la recherche est bien menée, si

on pose les bonnes questions, elle aboutira à des controverses au sein même de la société. Dans notre thèse, pour comprendre l’imaginaire mystique contemporain, c’est bien le

medium, en particulier numérique et fonctionnant en réseau, notre structure de pertinence.

Rappelons que c’est bien ce medium qui a ouvert les conditions de possibilité de notre société et comme le souligne P. Watier : « Traiter de la compréhension sociologique

175 Simmel, Loc. cit., p.108

176 Un aspect intéressant auquel il faut bien prêter attention, surtout quand on étudie des nouvelles

expressions religieuses marginales, c’est-à-dire hors de l’institution. Il faut absolument éviter de juger ces nouveaux phénomènes considérant comme modèle l’Église.

conduit donc à étudier les conditions de possibilité de la société »177. Ainsi, c’est à partir de

ce point d’observation médiologique qu’on envisage de se mettre en chemin pour comprendre comment la matérialité des media numériques participe activement à l’émergence des nouvelles expériences du sacré qui animent le corps social et qui fait émerger de nouveaux imaginaires mystiques. Il s’agit d’établir un lien que le causalisme ne peut lier.

De cette façon, on peut attribuer à tel ou tel phénomène une forme, basée sur la nature matérielle d’un medium donné, qui encadre le contenu, s’inspirant du formisme proposé par Michel Maffesoli, d’une lecture de la sociologie formelle chez Simmel, sociologie qui s’attache aux formes et non à la formalisation de son objet. Comme Maffesoli nous y a rendu attentif, le formisme est « la capacité de désigner en quoi et comment une forme est formante178 ». C’est une façon de rendre visible une forme invisible. Sans la forme, la matière n’est rien. Il s’agit d’accepter l’impossibilité de chercher une cause unique.

Bien entendu, il s’agit là d’une sociologie intuitive qui opère par présentation et démonstration de ce qui est à partir d’une lente sédimentation, s’insère dans une certaine tradition qui fait recours à un cadrage spécifique pour faire ressortir la variété, le sens et les caractéristiques des phénomènes sociétaux sans trop les déformer. Ici on revient à la thématique de la détermination, centrale dans les études des media. Le formisme est un outil sociologique pour nous rendre attentif à la façon dont le sociétal est déterminé par un cadre : « Ainsi en le comprenant d’une manière heuristique, le formisme peut avoir cette capacité de saisir l’exubérance de l’apparence sociale. Non pas directement, ce que serait encore bien prétentieux, mais transversalement en posant des limites, des déterminations »179

Bien sûr, une de ces déterminations ce sont les media, des plus élémentaires comme le feu, les océans, jusqu’au numérique. Maffesoli nous rappelle à juste titre que la liberté n’est qu’une idéologie moderne. À notre époque de l’anthropocène la nécessité de s’accorder est urgente et il faut mobiliser une sociologie qui montre comment les humains

177 Watier, Op. cit., 2002., p.77 178 Maffesoli, Op. cit., 2014. , p.158 179 Maffesoli, Op. cit., 1985. , p.102

et non-humains sont ajustés par un cadre, une forme qui, bien évidemment, dépasse largement l’individu. Le travail de la pensée est de proposer une forme pour une expérience sociale donnée. Il y a d’abord la vie, la formalisation vient après.

Ainsi, c’est dans le cadre du formisme, passage propice à la compréhension, qu’on doit interpréter l’emploi des métaphores ou analogies comme outils de recherche qui, naturellement, s’opposent à l’emploi des concepts qui, au contraire, déforment le réel. Au sein d’une sociologie figurative, la métaphore ou l’analogie sont des modes d’approche qui ont une fonction de cohérence, c’est-à-dire, la fonction de préserver cela même qui s’étudie. Ces outils mettent en évidence la relation et la réversibilité. C’est une partie pour comprendre le tout, à partir d’une vision plus large du sociétal. À partir de la conjonction entre la forme et le minuscule, il est possible de se rendre attentif au particulier, sans négliger les caractères essentiels. L’originalité de Maffesoli est d’intégrer l’imaginaire dans cette perspective compréhensive. Selon lui, c’est à partir de cette intuition qu’on peut repérer le climat, l’atmosphère mentale, l’esprit du temps. Bref, c’est par le biais de cette sociologie figurative qu’on peut présenter l’imaginaire de notre temps. Notons ainsi qu’il s’agit bien d’une désobstruction pour aller aux racines des choses.

Rappelons, avec Julien Freund180, que la théorie des formes chez Simmel prend tout son sens dans la fameuse question de la porte et du pont. C’est-à-dire dans la question de l’association et de la dissociation. Simmel nous rend attentifs au fait que cette antinomie est indépassable, que ce soit par la politique, la religion, la dialectique. C’est pourquoi le conflit est aussi central chez Simmel. Nous pourrions dire, à cet égard, que cette antinomie n’est pas surmontable non plus par les réseaux numériques, l’espace contemporain par excellence de nos craintes et espérances, comme certains idéologues des réseaux le voulaient. La dynamique sociale est et sera toujours conflictuelle ; avec le numérique ce mouvement réapparaît sous différentes formes, qu’il faut bien saisir et comprendre en dehors de toute philosophie morale. La vie, humaine ou non-humaine, y compris les objets, est confrontée à ce mouvement contradictoire de l’unification et de la dégradation.

Le réseau de réseaux est composé des différentes media – dispositifs numériques, réseaux sociaux, softwares, etc. – et le réseau même, comme d’ailleurs la métropole telle

180 Cf.: l’introduction du livre: Georg Simmel, Sociologie et épistémologie (Paris: Presses

que décrite par Simmel, devient un medium pour parcourir, désarticuler, réarticuler. Réfléchissant à notre propre condition d’habiter des écologies médiologiques aujourd’hui, nous comprenons rétrospectivement ainsi, nous y reviendrons, pourquoi chaque medium est le message, comme proclamait McLuhan, parce que le medium n’est absolument pas un élément extérieur à la forme des actions réciproques.