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Chapitre 3 Travailleurs précaires et syndicats

3.3 Variable dépendante : Participation à la vie syndicale

3.3.3 Composantes de la participation

Comme déjà exposé précédemment, le modèle retenu, celui de Paquet et Bergeron (1995), distingue deux dimensions à la participation. Les deux dimensions, participation aux activités et participation à l’administration du syndicat se divisent toutes les deux en plusieurs catégories de formes de participation que l’on va maintenant présenter et détailler. Ces catégories ne sont pas des activités concrètes en soi, mais elles permettent de couvrir l’ensemble des comportements qu’un individu peut adopter vis-à- vis de son syndicat local.

Le modèle des auteurs a été conçu pour s’adapter à tous les types de situations dans lesquels un syndicat peut se retrouver. Puisque notre étude de cas est correspond déjà à une situation précise, un ajustement du modèle de Paquet et Bergeron a été nécessaire. Par exemple, le critère de participation aux activités entourant la négociation collective a été mis de côté. Nous nous intéressons à la participation à la vie quotidienne du syndicat ; or la dernière négociation en vue de signer une convention collective remonte à 2013, et au vu du fort taux de roulement et à la faible ancienneté de la plupart des salariés, ce critère ne nous a pas paru pertinent pour saisir le niveau de participation actuel des membres.

Nous avons donc du côté de la participation aux activités la participation aux réunions régulières, la participation aux activités informelles, les activités individuelles et

l'utilisation des services syndicaux. Dans la participation à l’administration du syndicat, nous retrouvons la participation sur une base régulière et la participation sur une base occasionnelle.

Participation aux activités du syndicat Participation aux réunions régulières

C’est ici que l’on retrouve la participation d’un travailleur aux activités organisées par le syndicat. On distingue la simple présence lors de tels événements de la participation active, par exemple le fait de prendre la parole lors d’une assemblée générale. La participation active peut aussi inclure des éléments tels que la participation aux votes et la soumission de propositions (Anderson 1979 ; Gordon et al. 1980 ; Paquet et Bergeron 1995).

Participation aux activités informelles

Il est aussi utile de distinguer ici les activités organisées par le syndicat selon leur nature formelle ou informelle, car la participation à ces deux types d’activité n’aura pas la même implication quant au succès du syndicat. Anderson (1979) suggère une distinction des activités syndicale basée sur le fait qu’elle contribue à une prise de décision du syndicat ou non.

Dans cette optique, les activités sociales informelles représentent toutes les activités organisées par le syndicat ou par les salariés qui n’ont pas pour but direct de prendre des décisions quant à la vie du syndicat ou aux stratégies à adopter. Par exemple, on retrouve ici le fait de se rendre dans un bar ou un café entre collègues après un quart de travail, ou alors d’organiser des fêtes, des sorties, ou des voyages entre collègues à des fins de loisir. Ce type d’activité s’avère être intéressante à organiser pour le syndicat, car elle représente souvent un bon moyen d’intéresser des travailleurs pour une première fois à la chose syndicale. Les activités informelles sont selon Gomez, Gunderson et Meltz (2002) un moyen efficace de promouvoir les codes et les valeurs du groupe.

Les activités individuelles

C’est dans cette catégorie que l’on retrouve l’ensemble des comportements que le travailleur adoptera de son propre chef (Paquet et Bergeron 1995). La catégorie inclut des éléments tels que la lecture de la documentation syndicale (journal, brochure, infolettre, avis sur le babillard) ou encore le fait de s’informer lui-même sur les dispositions de la convention collective. La participation à certaines formations syndicale peut aussi rentrer dans cette catégorie.

L’utilisation des services syndicaux

Alors que plusieurs recherches sur la participation syndicale ne retiennent que le recours au grief comme indicateur de l’utilisation par le travailleur des services offerts par le syndicat, Paquet et Bergeron (1995) élargissent la notion. Ainsi, la catégorie recouvre les situations où le salarié fait appel à son représentant syndical afin de déposer un grief ou une plainte, mais aussi dans le but d’obtenir de l’aide ou de l’information, ou de connaitre l’avis du représentant syndical sur une situation donnée.

Les différentes formes d’utilisation des services impliquent une gradation entre elles : le dépôt d’un grief, par exemple, est une action bien plus engageante pour la personne que la simple consultation du délégué syndical.

Participation à l’administration du syndicat

La participation à l’administration est selon le modèle de Gordon et al. (1980) la forme d’engagement la plus élevée possible chez un salarié puisque dans ce cas de figure, le salarié travaille activement et directement à l’accomplissement des buts du syndicat. Pour mesurer le degré d’intensité de la participation à l’administration du syndicat, les auteurs Paquet et Bergeron (1995) créent une distinction basée principalement sur le rythme de cette participation. Alors que certaines tâches requièrent une participation régulière, d’autres impliquent une participation limitée dans le temps.

Dans le cas d’une participation régulière, le travailleur tient un rôle officiel dans le syndicat. Il peut être membre du conseil exécutif du syndicat, membre d’un comité

permanent ou délégué syndical par exemple. Dans le cas de la participation occasionnelle, le travailleur ne s’engage à travailler que pour une durée de temps réduite, pour effectuer une série de tâches précises ou être membre d’un comité ad hoc par exemple.

3.4 Conclusion de chapitre

Notre modèle théorique propose de confronter des éléments reconnus pour être prédicteurs des relations qu’entretiennent les travailleurs avec leur syndicat avec la participation effective de ces derniers. Il ne s’agit toutefois pas uniquement d’évaluer le niveau de participation des membres, mais bel et bien de caractériser leur nature, afin de mieux connaitre les facteurs les plus influents, et donc les plus utiles au syndicat. Dans le prochain chapitre, nous allons voir comment les variables du modèle se caractérisent lorsque l’on tient compte des particularités du travail précaire en général et de notre étude cas.


Chapitre 4 - Opérationnalisation des variables