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Composantes du cadre conceptuel illustrant une perspective centrée sur les forces, interrelations et

Chapitre 2. Cadre conceptuel

2.2 Composantes du cadre conceptuel illustrant une perspective centrée sur les forces, interrelations et

Fortement inspiré par l’ACF, le chercheur-étudiant a repris et adapté une illustration d’un cadre conceptuel et a bonifié la définition des composantes à l’aide de références pertinentes tout au long de ses études doctorales.

La Figure 1 identifie cinq grandes variables d’intérêt du cadre conceptuel relatives à une PCF. Les forces de l’individu (en rose), les niches (en mauve) et les forces environnementales (en bleu) sont les objets des interventions, dans une PCF. Les niches sont habilitantes lorsqu’elles mettent à profit les forces propres à l’individu et les forces environnementales 30, 31. La diversité,

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des effets ou finalités des interventions s’inscrivant dans une PCF (en orange). Les effets attendus sont la quatrième variable. L’intervention doit s’effectuer au sein d’une relation thérapeutique soutenant espoir et autodétermination (flèche verte), elle constitue la cinquième variable du cadre conceptuel.

Les forces propres à l’individu sont définies selon trois types : 1) les aspirations ou projets personnels (ex. vouloir être écrivain, être interpellé par les films d’action), soit un projet porteur ou important aux yeux de l’individu qu’il désire accomplir et qui a été prévu sans force coercitive; 2) les qualités personnelles (ex. honnêteté, autonomie, curiosité), les habiletés, talents et compétences (ex. être une bonne mère, un talent pour les sports ou la musique) ; et 3) la confiance en soi. Ces forces sont en constante interaction les unes avec les autres selon la relation mathématique suivante : aspirations x qualités personnelles x confiance en soi = possibilités d’expériences positives 30, 31. Cette formule illustre que l’absence d’une de ces forces (donc l’équivalent

d’un zéro dans la formule) empêche toute possibilité. Il est aussi stipulé que pour vivre des expériences positives, un individu n’a pas nécessairement besoin d’une grande quantité de chaque facteur 30, 31.

Les forces environnementales se définissent aussi selon trois types : 1) les ressources (ex. des voisins encourageants, un groupe de soutien communautaire pertinent aux yeux de l’individu, etc.) dont; les ressources dites naturelles qui sont privilégiées 30, 31; 2) le réseau social ou l’étendue des relations sociales des

individus 113 ; les réseaux sociaux sont souvent constitués d’une pluralité de

systèmes notamment la famille, l’école, le travail, la parenté et le voisinage 114.

De nature formelle ou informelle 115, ces réseaux offrent des possibilités (ou des

barrières) qui peuvent faciliter (ou limiter) l’accès aux ressources présentes dans la communauté ; 3) Les possibilités ; lesquelles représentent les occasions (ex. occasions d’engagement occupationnel ou d’affiliation) susceptibles de contribuer à l’atteinte des projets autodéterminés 30, 31. Ces trois forces

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réussissent dans la vie et s’intègrent de façon satisfaisante à leur communauté ont accès à ces trois forces 30, 31.

Une niche correspond à l’habitat environnemental dans lequel évolue un individu ou un groupe d’individus. Une personne peut avoir plusieurs niches, lesquelles correspondent aux différents domaines de vie (ex. travail, domicile, loisirs, éducation) 116. La création, ou la recherche de niches habilitantes, est

centrale aux interventions s’inscrivant dans une PCF ; elle constitue le principal véhicule afin de soutenir l’intégration communautaire, la qualité de vie et le rétablissement 30, 31. Les niches sont l’élément unifiant puisqu’elles reposent sur

la valorisation et l’actualisation des facteurs personnels (ex. forces individuelles) et l’adéquation avec les facteurs environnementaux (ex. forces

environnementales). En effet, s’il est impossible de dissocier l’individu des environnements dans lesquels il évolue, il est aussi incohérent de réfléchir à ces environnements sans considérer les individus qui s’y trouvent. La qualité d’une niche se positionne sur un continuum allant des niches contraignantes vers celles dites habilitantes ; lesquelles représentent les deux extrémités du continuum.

Forces propres à l’individu

Ressources Réseau social Possibilités Forces environnementales Niches Chez-soi Loisirs Travail Éducation Relations sociales Qualité de vie Intégration communautaire Atteinte d’objectif(s) personnel(s) Sentiment de compétence Satisfaction de la vie Pouvoir d’agir & rétablissement Aspirations ou projets personnels Compétences Confiance en soi Ob je ts d ’in té rê ts p ou r l’in te rv en tion R el ati on th ér ap eu ti q u e so u te n an t es p oi r et a u to d ét er m in at io n Ef fe ts a tt en d u s

Figure 1. Composantes du cadre conceptuel illustrant une perspective centrée sur les forces (PCF) et leurs interrelations.

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D’abord, celles dites contraignantes limitent, par exemple, la qualité de vie, les opportunités de participation, favorisent l’isolement et possèdent peu de ressources 30, 31. À l’opposé, les niches habilitantes favorisent l’actualisation de

soi, offrent les ressources nécessaires à la réalisation des aspirations et des projets, des occasions d’apprentissage et de réussites tout en atténuant (voire contrant) la stigmatisation dont une personne pourrait être victime 30, 31. La

qualité d’une niche est donc tributaire des aspirations, des qualités personnelles, de la confiance en soi, des ressources, des réseaux sociaux et des opportunités disponibles pour une personne 30, 31.

La relation thérapeutique peut se définir comme la relation client-thérapeute impliquant « les sentiments et les attitudes que le thérapeute et le client ont les uns envers les autres et comment ceux-ci sont exprimés 117 » (p.114). Bien que

concise, cette définition considère de façon explicite les attitudes des thérapeutes. À titre d’exemple, des attitudes du thérapeute soutenant l’espoir ou l’autodétermination, sont des attitudes requises au sein d’une intervention s’inscrivant dans une PCF 31, 107, 108.

L’espoir n’est pas ici une simple illusion positive : l’espoir ici sert de pilier à des pratiques cliniques porteuses en réadaptation 118 et constitue un prérequis au

rétablissement 119. La théorie sur l’espoir, telle que proposée par Snyder,

opérationnalise ce construit comme étant la perception de la capacité d’une personne à conceptualiser clairement ses objectifs, à développer des stratégies spécifiques pour atteindre ces objectifs (ex. réfléchir aux avenues possibles) et à initier et maintenir la motivation vis-à-vis l’utilisation ces stratégies (faire preuve d’agence) » 120, 121. L’espoir possède les qualités suivantes : 1) il est

orienté vers le futur 119, 120 ; 2) il est centré sur l’atteinte d’objectifs 119, 120, 122 ;

3) il est centré sur la présence d’alternatives l’atteinte des objectifs 120 ; 4) il est

intimement lié à la détermination et la persévérance 119 ; et 5) il entretient la

connectivité sociale et une forte probabilité de réussite 119.

L’autodétermination réfère à une combinaison de compétences, de connaissances et de croyances permettant à un individu de s’engager, de façon

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autonome et autorégulée, dans des comportements permettant l’atteinte des buts personnels 123. Cette définition a déjà servi d’assise à la réalisation d’une

méta-analyse sur l’autodétermination des personnes présentant des incapacités au quotidien 124, ainsi que d’autres études plus récentes 125, 126. Lorsqu’un

intervenant endosse une PCF, il doit s’efforcer de soutenir ou de développer l’autodétermination de l’individu.

Les effets attendus des interventions qui adoptent une PCF sont nombreux et illustrés à la Figure 1. Parmi ceux-ci figure le rétablissement. Ce dernier est un processus complexe et non linéaire 127-129 et peut se définir comme :

« a process, a way of life, an attitude, and a way of approaching the days’ challenges. At times our course is erratic, and we falter, slide back, regroup and start again… The need is to meet the challenge of the disability and to re-establish a new and valued sense of integrity and purpose within and beyond the limits of the disability; the aspiration is to live, work, and love in a community in which one makes a significant contribution” (p.5) 127.

Cette définition est celle utilisée par les auteurs de l’ACF et explicite que le rétablissement peut également être une finalité 31. Selon Estroff 130 et

Ridgway 128 et en adéquation avec la définition précédente, un élément clé du

processus de rétablissement est la réappropriation d’une identité qui est sienne, et ce, au-delà de l’expérience de la maladie. Dans le cadre de cette thèse, la notion de rétablissement est donc centrée sur le processus de redéfinition identitaire à la suite de la survenue du trouble de santé. Une attention particulière est portée à la façon dont l’individu se définit (ou est défini) par rapport à l’expérience de sa maladie (ex. se définir comme un blessé médullaire au lieu de se définir comme une personne à part entière pouvant vivre des situations de handicap).

Rapp et Goscha spécifient qu’une amélioration de la qualité de vie est un des effets recherchés par l’ACF 31. Ils précisent que pour que la qualité de vie soit

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considérée comme adéquate, les conditions suivantes doivent être respectées : 1) la personne est en mesure de s’accomplir et de croître, au lieu de veiller à sa survie ; 2) la personne est optimiste et empreinte d’espoir ; et 3) la personne accède aux ressources adéquates. À l’inverse, selon ces mêmes auteurs, la qualité de vie est inadéquate lorsque la personne : 1) veille à sa survie ou à répondre à ses besoins de base ; et 2) éprouve de la détresse et reste sans espoir pour son avenir.

Un sentiment de compétence se caractérise par une prise de conscience de ses talents et une mise à profit des compétences et aptitudes au quotidien. La personne se perçoit à travers ses accomplissements et non à travers ses erreurs, ses limites ou ses faiblesses 31.

Le pouvoir d’agir peut se définir comme un processus permettant à un individu d’acquérir une place reconnue dans sa communauté et de faire entendre sa voix afin de participer aux décisions qui le concernent 34. Toutefois, même si cette

définition place le pouvoir d’agir dans une perspective individuelle, il importe de reconnaître les dimensions plutôt interpersonnelles et communautaires de ce construit tel que le proposent Gutiérrez, DeLois et GlenMaye 131. En effet, une

personne qui possède et reconnaît son pouvoir d’agir peut influencer les pensées, les actions et les croyances d’autrui, voir influencer la distribution des ressources dans une organisation ou une collectivité 131, 132.

La définition de l’intégration communautaire qui a été retenue comprend quatre dimensions : l’appartenance, le soutien social (formel et informel), la participation sociale, l’autonomie 4 (telles que présentée dans l’introduction). Ce

choix s’appuie sur l’élégance de sa formulation qui permet de synthétiser les définitions proposées dans les études antérieures 11. À cette définition est

juxtaposée une perspective développementale propre à l’IC où celle-ci (1) se présente d’abord sous une dimension physique ; (2) tend vers une dimension sociale ; (3) puis évolue vers une dimension psychologique. La première dimension réfère à la façon dont un individu utilise son temps, participe à des activités et utilise des biens et des services dans la communauté en dehors de

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sa demeure à partir de sa propre initiative. La seconde réfère à la mesure dans laquelle un individu se livre à des interactions sociales avec des membres de la communauté qui sont culturellement normatives (en quantité et en qualité) et aussi à la façon dont le réseau social d’un individu reflète l’importance et la multiplicité des rôles sociaux. Cette seconde dimension comprend également la façon dont les relations sociales reflètent un soutien positif et une réciprocité. Finalement, la dimension psychologique réfère à la façon dont un individu perçoit son appartenance envers sa communauté, exprime un lien émotionnel lié à son entourage et croit en sa capacité à répondre à des besoins par le biais de son entourage tout en exerçant une influence dans sa communauté 5.

Essentiellement, selon ces auteurs, une personne doit d’abord être intégrée dans la dimension physique ou accéder à l’intégration, puis psychologique. Le choix de cette définition s’appuie sur le fait qu’elle permet d’opérationnaliser de façon synthétique (mais complète) le construit complexe et multidimensionnel qu’est l’IC en offrant une définition claire et détaillée des trois dimensions.

La satisfaction de la vie constitue le jugement que porte une personne quant à sa satisfaction au regard de sa vie, et ce d’un point de vue global. Le jugement quant à la satisfaction de la vie d’une personne est l’une des deux composantes qui caractérisent le sentiment de bien-être que peut ressentir un individu dans son quotidien 133.

Donc, selon ce modèle, les ergothérapeutes ainsi que les autres professionnels de l’équipe devraient créer une relation thérapeutique qui donne du pouvoir d’agir à leurs clients pour favoriser leur évolution au sein de niches habilitantes et correspondant à leurs buts en les accompagnant dans l’optimisation de leurs forces personnelles et environnementales.