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Chapitre 3 Résultats et discussion

3.3 Comportements après le déchargement

Le tableau 3.5 présente la moyenne, l’écart-type, le minimum et le maximum des variables associées aux comportements observés après le déchargement. Nous présentons seulement les observations faites entre 20-30 minutes et 2 heures après l’arrivée des porcs ainsi que les données sur les porcs couchés et agressifs, les autres comportements étant peu observés.

Tableau 3.5 Comportements observés 20-30 minutes et 2 heures après le déchargement

Variable Moyenne Écart-Type Minimum Maximum

20-30 min, % porcs agressifs 7,20 2,96 1,75 13,27 20-30 min, % porcs couchés 17,25 9,85 0,43 42,06

2 h, % porcs agressifs 0,35 2,00 0,00 6,93

2 h, % porcs couchés 53,98 29,41 2,13 93,97

Les facteurs influençant le nombre de porcs couchés 20-30 minutes après le déchargement sont présentés au tableau 3.6.

Tableau 3.6 Facteurs influençant le nombre de porcs couchés 20-30 minutes après le déchargement

Facteurs Coefficient ou

Moyenne Écart-type P-Value

Variables quantitatives

% porcs couchés 0-10min 1,126 0,197 0,001

Durée d’attente dans le

camion à l’abattoir 0,368 0,002 0,039

Variables qualitatives, %porcs couchés

Sortie 0,034 1 22,6b 02,8 2 19,2ab 2,7 3 14,4a 3,1 Saison 0,128 Printemps 13,7 4,3 Été 16,5 3,7 Automne 20,6 3,1 Hiver 24,2 3,2

Présence de douche dans

le camion 0,012

Oui 23,7 3,4

Non 13,8 2,4

Les lettres a et b représentent des différences significatives entre les résultats (p < 0,05) R2= 80,37% et R2 ajusté = 73,23%

On considère que lorsque les animaux se couchent rapidement (dans les 30 premières minutes) après le déchargement, c’est qu’ils sont épuisés des évènements précédents, tels que le chargement, le transport et le déchargement. Ce qu’on observe d’abord, c’est que plus il y a de porcs couchés 0-10 minutes après le déchargement, plus il y aura de porcs couchés 20-30 minutes après le déchargement. Geverink et al. (1996)

ont observé les mêmes résultats, où le nombre de porcs couchés augmentait linéairement avec le temps après le déchargement des animaux. Les animaux qui se couchent les 10 premières minutes sont probablement ceux qui étaient les plus épuisés des procédures de chargement, de transport et de déchargement et ne se lèveront pas nécessairement par la suite pour explorer leur parc. Les autres porcs qui sont également fatigués, mais qui ont assez d’énergie pour explorer leur environnement mettront un peu plus de temps avant de se coucher, mais le feront tout de même assez rapidement pour récupérer des évènements précédents. Brown et al. (1999) ont observé que dans les 20 premières minutes suivant le déchargement, peu de porcs se couchaient et que dans la majorité des cas, ils exploraient leur environnement. Dans notre étude, environ 18% des porcs étaient couchés après 20-30 minutes suggérant que la majorité des porcs étaient debout. Cela confirme également que les porcs qui se couchent dans ces 20 premières minutes sont probablement des porcs épuisés du transport et du déchargement en raison d’une fatigue plus importante.

Ensuite, il semblerait que plus les animaux attendent dans le camion à l’abattoir avant d’être déchargés, plus il y aura de porcs couchés dans les 20-30 minutes suivant le déchargement. La température à l’intérieur d’un camion arrêté augmente beaucoup et cela peut devenir problématique pour les porcs puisqu’ils ne supportent pas bien les hausses de température (Linden, 2015). Lorsque la température augmente, les porcs auront tendance à réduire leur niveau d’activité (Rioja-Lang et al., 2019), ils se coucheront donc probablement plus rapidement dans les parcs à l’abattoir après le déchargement afin de réduire la production de chaleur et d’augmenter les pertes thermiques par le contact avec le plancher. Si on suit la logique des résultats discutés précédemment, à savoir que plus le nombre de porcs couchés dans les 0-10 minutes après le déchargement est élevé, plus il y aura de porcs couchés après 20-30 minutes, on peut supposer que plus les porcs ont attendu longtemps dans le camion, plus ils se coucheront après le déchargement. Malheureusement les données obtenues avec les sondes de température dans le camion n’a pas permis de montrer qu’il y avait une différence significative avec la température dans le camion versus le nombre de porcs couchés, donc ce constat est simplement une hypothèse.

Bien que la hausse de la température pendant l’attente du camion soit un facteur possible favorisant le repos précoce des porcs, nous n’avons pas pu mettre en évidence un effet de la saison sur le pourcentage de porcs couchés dans les 20 à 30 minutes après le déchargement. Cela pourrait s’expliquer par l’utilisation de douches dans les camions lors d’une hausse de température, ce qui a pu limiter l’effet des hausses de température estivale. Toutefois, l’utilisation de la douche dans notre étude a augmenté le pourcentage de porcs couchés, ce qui contredit notre hypothèse selon laquelle les porcs soumis à une hausse de température seront plus nombreux à se coucher. L’utilisation des douches peut faire en sorte que les animaux sont plus actifs dans le camion et se reposent donc dans l’enclos à l’abattoir. De plus, Weeding et al. (1993) ont observé une tendance d’augmentation des agressions lorsque les douches sont en fonction. Peut-être que les porcs transportés avec

les douches en fonction sont plus actifs durant le transport et sont donc épuisés à leur arrivée à l’abattoir et se couchent plus rapidement. La température moyenne à l’intérieur de l’abattoir au moment du déchargement était respectivement de 17, 22, 24 et 18 ˚C pour l’hiver, le printemps, l’été et l’automne. Ces écarts de température sont probablement trop faibles pour provoquer un changement significatif de comportement des animaux. Toutefois, le pourcentage de porcs couchés en hiver reste numériquement plus élevé qu’au printemps et à l’été (24 % vs 13/16 %). À 20 °C, Fraqueza et al. (1998) avaient observé qu’après 30 minutes, seulement 5 % des porcs étaient couchés, comparativement à des porcs gardés à une température de 35 °C, où 50 % des porcs étaient couchés. D’autres auteurs ont comparé l’été à l’hiver et ont observé que les porcs se couchaient plus rapidement l’été comparativement à l’hiver (Torrey et al., 2013). Ils expliquent ce phénomène par le fait que les porcs ayant eu froid durant le transport seraient réticents à se coucher sur un sol froid et prendraient donc plus de temps à se coucher à l’abattoir. Dans notre étude, la température extérieure au moment du déchargement était en moyenne de 18, 25, 3 et -7 ºC pour le printemps, l’été, l’automne et l’hiver, respectivement. Ces écarts sont importants, mais les températures moyennes restaient dans un intervalle tolérable pour le porc. De plus, aucun grand froid (< -20 ºC) n’est survenu lors de nos observations. Malgré tout, lors de périodes froides, les porcs sont plus réticents à se coucher pendant le transport puisque le sol et les côtés du camion sont plus froids, ce qui contribue à les rendre plus fatigués à leur arrivée puisqu’ils ont dû garder leur équilibre durant toute la durée du trajet pour ne pas tomber dans le camion (Scheeren et al., 2014). Ils auront donc tendance à se coucher plus rapidement à leur arrivée à l’abattoir, ce qui peut expliquer la valeur numériquement plus élevée de porcs couchés à l’arrivée à l’abattoir pendant l’hiver.

Pour ce qui est de la sortie des porcs, ceux de la première sortie ont été plus nombreux à se coucher après 20-30 minutes alors que ceux de la 2e sortie ont montré des résultats intermédiaires et ceux de la 3e sortie ont été moins nombreux à se coucher après 20-30 minutes. En général, les animaux sortis lors de la 1re sortie sont ceux qui sont les plus gros et ayant la meilleure croissance. Les porcs plus gros ont tendance à être épuisés plus rapidement, ce qui peut expliquer le fait qu’il y ait plus de porcs couchés les 20-30 minutes suivant le déchargement chez les porcs de la 1re sortie. De plus, les porcs de la 1re sortie sont moins habitués aux contacts humains que ceux de la 2e ou de la 3e sortie, ce qui peut créer un stress plus important chez ces porcs comparativement à ceux des 2e et 3e sorties qui peuvent s’être plus habitués à la présence humaine dans les parcs et être moins stressés lors du chargement. En effet, l’exposition à de nouveaux évènements, comme l’entrée d’employés dans le parc pour les pesées, les tatouages et le déplacement des animaux dans le parc entraîne un stress considérable chez les porcs et une exposition répétée à l’humain peut entraîner une désensibilisation et diminuer la peur liée à l’humain, si les contacts avec l’humain ne sont pas aversifs (Gonyou et al., 1986; Benjamin, 2005 ).

Contrairement au pourcentage de porcs couchés, le pourcentage de porcs agressifs n’a été associé à aucune condition ou aucun paramètre lié au chargement, au transport ou au déchargement. Il n’a été possible d’observer qu’une augmentation des comportements agressifs pendant les 30 premières minutes. Le pourcentage de porcs agressifs est passé de 5,12 % en moyenne pour 0-10 minutes (résultat non présenté) à 7,2 % en moyenne pour 20-30 minutes après le déchargement (Tableau 3.5). De plus, plus il y avait d’animaux agressifs pendant les 10 premières minutes après le déchargement, plus il y avait d’animaux avec des comportements agressifs après 20-30 minutes (p = 0,011, coefficient : 0,595 ± 0,207, R2= 86,69% et R2 ajusté = 78,37%). Une augmentation des agressions dans les 30-40 premières minutes après le déchargement a déjà été observée (Moss, 1978). Aussi, des résultats autour de 7 % pour la présence d’agressions après 30 minutes correspond à ce qui a déjà été observé précédemment par (Fraqueza et al., 1998).

Deux heures après le déchargement, l’activité des porcs devrait être réduite et la majorité des porcs devraient être couchés. Les études ont confirmé qu’après 2 heures, entre 60 et 80 % des porcs sont généralement couchés (Fraqueza et al., 1998; Perez et al., 2002). La moyenne obtenue dans la présente étude est de 54 % (Tableau 3.5). Cette légère différence peut être attribuable à la présence de douches en fonction dans les parcs 2 heures après le déchargement, ce qui favorise l’activité chez les animaux, diminuant ainsi le nombre de porcs couchés (Weeding et al., 1993). Pour ce qui est des porcs couchés après 2 heures (Tableau 3.7), nous avons observé que lorsqu’il y a beaucoup d’animaux agressifs entre 0 et 10 minutes, il y a également plus d’animaux couchés après deux heures, puisque ceux-ci sont épuisés par les différentes bagarres qui peuvent avoir eu lieu dans le parc. En fait, le pourcentage de porcs agressifs entre 0 et 10 minutes est largement corrélé avec les pourcentages de porcs agressifs pendant la première heure après le déchargement (valeur r varie de 0,354 à 0,693) suggérant que ce moment (0 à 10 minutes) est un bon indicateur du niveau d’agressivité des porcs pour cette première heure. Fraqueza et al. (1998) ont établi que lorsque les comportements agressifs sont intenses au début, les porcs se coucheront relativement plus rapidement. Il y aurait donc plus de porcs épuisés lorsqu’il y a plus d’agressions au départ et donc plus de porcs couchés après 2 heures. La diminution des agressions après deux heures (3,4 % vs 7,2 % des porcs agressifs entre 20- 30 minutes) fait aussi en sorte que les animaux sont moins dérangés entre eux et peuvent se coucher et se reposer sans se faire attaquer ou sans attaquer les autres. Généralement, après 60 minutes, les comportements agressifs tendent à diminuer, sans toutefois disparaitre complètement (Fraqueza et al., 1998; Warriss, 2003). Bien qu’une diminution de la moyenne des agressions après deux heures ait été observée comparativement au comportement après 20-30 minutes, comme ce qui a déjà été observé dans la littérature, les comportements agressifs étaient toujours présents (Fraqueza et al., 1998). Geverink et al. (1996) ont observé des pics d’agressions à 40-50 minutes et à 60-70 minutes après le déchargement qui étaient significativement plus élevés que ce qui avait été observé durant les 10 premières minutes.

Tableau 3.7 Facteurs affectant le nombre de porcs couchés 2 heures après le déchargement

Facteur Coefficient Écart-Type Valeur de T P-Value

Durée du transport (min) 0,531 0,149 3,566 0,002

% porcs agressifs à 0-10 minutes 4,878 1,725 2,829 0,010

R2= 50,07% et R2 ajusté = 34,87%

L’autre facteur influençant le nombre de porcs couchés après 2 heures était la durée du transport. Plus le transport était long, plus il y avait d’animaux couchés 2 heures après le déchargement. Comme mentionné précédemment, on suppose que la durée de transport des animaux n’ait pas permis à ceux-ci de se reposer du chargement durant le transport (Kim et al., 2004) et que la densité moyenne de 0,42 m2/100 kg ne les a pas nécessairement incités à se coucher (Gade et Christensen, 1998), ce qui aurait pu causer un stress supplémentaire. Les animaux plus fatigués du transport plus long sont probablement ceux qui se sont couchés les premiers à l’abattoir et qui sont donc couchés 2 heures après le déchargement. À noter que le nombre de porcs couchés 2 heures après le déchargement n’a pas été influencé par le moment de la sortie, la saison et les autres facteurs de la gestion préabattage.

Concernant le pourcentage de porcs agressifs 2 heures après le déchargement, plus il y avait de porcs agressifs pendant les 10 premières minutes après le déchargement, plus on observait de porcs agressifs 2 heures après le déchargement (Données non présentées ; p = 0,04, coefficient : 0,311± 0,141, R2= 45,21% et R2 ajusté = 25,29%). Ces résultats sont plutôt contraires à ceux mentionnés précédemment où nous avions noté que le pourcentage de porcs agressifs après 10 minutes était positivement associé aux porcs couchés. Ces résultats pourraient s’expliquer par la proportion des porcs dominants dans les parcs. En fait, un plus grand nombre de porcs dominants pourrait expliquer le plus grand nombre d’agressions suivant le rassemblement des porcs, ce qui augmenterait l’activité dans l’enclos et donc mènerait à une fatigue plus importante. Les porcs dominants sont connus pour être plus actifs et donc seraient toujours plus actifs 2 heures après le déchargement (Otten et al., 2002). Cela reste simplement une hypothèse puisqu’aucune observation n’a été effectuée sur la présence de porcs dominants ainsi que la quantité de porcs dominants présents. Il faut toutefois noter que le pourcentage de porcs agressifs après 2 heures était plutôt faible avec une valeur inférieure à 1%. Comme mentionné précédemment, les agressions ont tendance à atteindre un valeur maximale 50-60 minutes après l’arrivée des porcs et vont diminuer par la suite.

3.4 Comportements le jour de l’abattage dans les parcs et lors de

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