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Comparaison des réseaux viaires du début du XVIII e siècle et du plan Verniquet

matérialité urbaine à l'échelle de la ville

2.1 Quantification et caractérisation des évolutions dans le tracé du réseau viaire parisien

2.1.4 Comparaison des réseaux viaires du début du XVIII e siècle et du plan Verniquet

Nous avons fait le même travail en comparant le réseau viaire du plan de Verniquet et celui retranscrit dans le Terrier du roi, qui donne à voir un état légèrement plus ancien du réseau viaire (premier quart du XVIIIe siècle). La grille d’analyse est présentée sur l’Annexe 3. Le résultat de cette

nouvelle comparaison est présenté sur l’Annexe 4. Le schéma suivant reprend les données de comptage des carrés afin de faciliter la compréhension des analyses qui suivent.

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Figure 6. Les données de comptage issues de la comparaison entre les réseaux viaires du début du XVIIIe siècle et de

Verniquet pour l’ensemble de l’espace couvert par la maille d’analyse

Contrairement au cas précédent, les deux plans comparés ont ici le même niveau de précision puisqu’ils visent tous deux à la description exhaustive du réseau viaire parisien. Sur les 10947 carrés formant la grille d’analyse qui correspond à l’étendue de ces deux couches, 8537 carrés contiennent un ou plusieurs éléments d’au moins un des deux réseaux viaires. Nous observons dans 1081 carrés l’apparition ou la disparition d’un élément du réseau viaire entre le premier quart du

XVIIIe siècle et 1791. Ce sont 126 carrés qui se situent dans l’espace clos autrefois par l’enceinte de

Philippe Auguste : 11,6 % du nombre total de carrés dans lesquels on peut déceler une évolution se situe donc dans cet espace, alors que celui-ci représente presque 26 % de l’espace total analysé. On peut donc écrire que l’on ne constate aucune évolution du point de vue du tracé des rues dans plus de 95,5 % des carrés formant la grille d’analyse couvrant l’espace à l’intérieur de l’enceinte de Philippe Auguste (puisque les carrés où l’on observe la disparition ou l’apparition d’un élément du réseau viaire représentent 4,3 % de l’ensemble des carrés qui forment la grille).

Les 61 carrés dans lesquels nous avons pu constater la disparition d’un élément du réseau viaire entre le début du XVIIIe et 1791 peuvent être rassemblés en 22 groupes. 17 de ces 22 groupes

correspondent à la disparition d’un cul-de-sac ou bien à la transformation d’une ruelle en cul-de-sac (Annexe 4 - ensembles bleus), quand les cinq autres groupes témoignent de la suppression pure et simple d’une rue (Annexe 4 - ensembles verts). Parmi ces cinq groupes, on trouve celui qui correspond à la suppression de ce qui est appelé le « Pont de bois » et qui relie l’île de la Cité à la rive droite de la Seine au début du XVIIIe siècle (six carrés), celui qui correspond à la suppression de la rue

Jean Simon Finet qui reliait encore au début du XVIIIe siècle le quai Pelletier et la rue de la Tannerie

(deux carrés), celui qui correspond à la suppression de la rue de lionne qui reliait les rues Neuve Saint-Augustin et Neuve des Petits champs (11 carrés), celui qui correspond à la suppression de la rue du Compas dans l’enceinte du Louvre (deux carrés), et enfin celui qui correspond au raccourcissement de la rue de la Grognerie au niveau des Halles (un carré).

Certaines rues représentées sur le plan de Verniquet n’ont pas fait l’objet d’une levée au début du XVIIIe siècle au moment de l’établissement du Terrier du roi : cela signifie peut-être qu’elles

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ont été percées entre le premier quart du XVIIIe siècle et la fin de ce même siècle. Nous décidons de

mettre de côté les grands boulevards et de nous concentrer sur l’espace ceint autrefois par l’enceinte de Charles V. Dans 249 carrés sur les 6165 carrés qui maillent cet espace, apparaît à la fin du XVIIIe

siècle une rue qui n’a pas été documentée lors de la levée du Terrier du roi.

Figure 7. Les premières données de comptage issues de la comparaison entre les réseaux viaires de 1380 et de Verniquet pour l'espace situé à l'intérieur de l'ancienne enceinte de Charles V

Certaines de ces observations ne doivent cependant pas nous amener à conclure à chaque fois au percement d’une voie. En effet, plusieurs raisons peuvent expliquer ces absences. Outre son inexistence à cette époque, il est possible que la rue ne soit pas documentée parce qu’aucun cens ne pouvait y être prélevé. C’est sûrement le cas de la voie du pont neuf qui n’est pas documentée dans le Terrier du roi, sans doute parce que ce pont était un des rares ponts qui n’était pas habité et n’avait donc pas lieu d’apparaître dans ce document royal. Le changement de statut d’une rue peut également être avancé pour expliquer son absence dans le Terrier du roi. Ainsi, et on le voit sur la carte de l’abbé Delagrive, ce qui est devenu à la fin du XVIIIe siècle le quai du Mail est déjà un axe de

circulation au début du siècle mais celui-ci est bordé d’arbres et constitue peut-être davantage une promenade qu’un quai, ce qui peut expliquer son absence du Terrier du roi. Il en va de même pour le passage Saint-Gervais (qui longe l’église du même nom), pour les passages de Valois, de Montpensier et de Beaujolais qui forment les pourtours immédiats du Palais Royal, pour la rue de l’abreuvoir située à l’extrême Est de l’île de la Cité (qui n’est pas mentionnée dans le Terrier du roi mais qui est présente sur la carte de l’abbé Delagrive), pour la place du vieux Louvre, pour plusieurs petites ruelles situées à l’intérieur de l’hôpital de la Trinité, également pour plusieurs petites ruelles situées à l’intérieur de l’enceinte de l’abbaye de Saint-Martin, pour le passage entre la rue Trainée et la rue de la Tonnellerie, pour la liaison entre la rue de l’Oratoire et la rue du Coq, et enfin pour le cul de sac Sainte-Croix au couvent des Billettes. On remarque également que quelques culs-de-sac n’apparaissent pas dans le Terrier du roi, alors qu’ils ont été cartographiés par l’abbé Delagrive ou Buache quelques années plus tard (ce sont les culs-de-sac du Chat blanc, des Anglais, de l’Echiquier, de Fourci et du Pont aux biches et le cul-de-sac issu de la place du Chevalier du Guet), ce qui signifie sûrement qu’ils n’ont tout simplement pas été levés lors de l’établissement du Terrier du roi.

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Si l’on met de côté les rues précédemment citées dont les absences doivent probablement être imputées à des effets de source, la comparaison entre le réseau viaire tel qu’il apparaît sur le plan de Verniquet et celui du Terrier du roi fait apparaître un certain nombre de nouveautés dont nous allons rendre compte (Annexe 5). Deux culs-de-sac présents sur le plan de Verniquet ne le sont ni sur le Terrier, ni sur le Delagrive, ni sur le plan de Buache : ce sont les culs-de-sac du Pequai (Annexe 5 - ensemble A) et celui qui ne porte pas de nom et est issu de la rue de la vieille lanterne près du Châtelet (Annexe 5 - ensemble B). D’autres rues semblent avoir été percées : il s’agit de la rue d’Angivillers (entre la rue de l’oratoire et la rue des poulies : Annexe 5 - ensemble C), les rues Boucher (ensemble D) et Etienne (ensemble E), les rues de la Calonne (ensemble F) et de la tonnellerie (ensemble G), la rue de Tracy (entre la rue Saint-Denis et la rue du Pontceau : ensemble H), la rue de Lesdiguières (près de la Bastille : ensemble I), la rue fermée (entre la rue de la mortellerie et le quai de la Grève : ensemble J), une petite ruelle sans nom entre la rue de la petite friperie et la rue de la cordonnerie (ensemble K). On observe dans trois autres espaces des reconfigurations importantes du réseau viaire : au sud du Palais royal (ensemble L) - suite au déplacement de l’hôpital des Quinze-Vingt en 1779 rue de Charenton qui libère un terrain que la Cour abandonne aux spéculations des Orléans (Chagniot, 1988, 162) - mais aussi dans les pourtours de la halle au blé lors de la construction de celle-ci par Le Camus de Mézières dans les années 1760 (ensemble M), et enfin plus à l’est de la ville, entre les rues de la culture Sainte-Catherine et la rue de l’égout à l’occasion du lotissement du marché Sainte-Catherine entre 1781 et 1783 (ensemble N) (Pinon, 1999, 125). Ces trois reconfigurations correspondent à des opérations majeures d’urbanisme.

Nous pouvons quantifier les évolutions que connaît le réseau viaire entre le début et la fin du

XVIIIe siècle. Si nous mettons de côté les évolutions que nous attribuons à des effets de sources, nous

observons une apparition d’un élément de réseau viaire dans 118 carrés, soit dans 1,9 % de l’ensemble des carrés divisant l’espace. On note que si l’on met de côté les grandes opérations urbanistiques (halle au blé, lotissement Sainte-Catherine, transfert de l’hôpital des Quinze-Vingt), alors on ne compte plus que 51 carrés dans lesquels on peut observer l’apparition d’un élément de réseau viaire entre le début et la fin du siècle, soit 0,8 % de l’ensemble des carrés divisant l’espace.

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Figure 8. Les données complètes de comptage issues de la comparaison entre les réseaux viaires de 1380 et de Verniquet pour l'espace situé à l'intérieur de l'ancienne enceinte de Charles V

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