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Colonne 14 : La longueur du mot

4.2. Outputs coréens

4.2.4. Colonne 14 : La longueur du mot

Afin de pouvoir analyser une possible tendance des mots du coréen à l’égard d’un nombre préférable de syllabes, j’ai retenu également une colonne spécifiant le nombre de syllabes dans l’output: ‘Monosyllabic’ pour 1 syllabe, ‘Disyllabic’ pour 2 syllabes, ‘Trisyllabic’ pour 3 syllabes, ‘Quadrisyllabic’ pour 4 syllabes, ‘Pentasyllabic’ pour 5 syllabes, ‘Hexasyllabic’ pour 6 syllabes ; ‘Heptasyllabic’ pour 7 syllabes ; ‘Octosyllabic’ pour 8 syllabes et ‘Enneasyllabic’ pour 9 syllabes :

Nombres de syllabes (Cor.) Effectifs dans EN2KO Pourcentages dans EN2KO

Monosyllabic 79 16,63 % Disyllabic 440 22,72 % Trisyllabic 460 23,75 % Quadrisyllabic 402 20,75 % Pentasyllabic 296 15,28 % Hexasyllabic 142 7,33 % Heptasyllabic 51 2,63 % Octosyllabic 21 1,08 % Enneasyllabic 1 0,05 %

Tab. 30 : Proportions du nombre de syllabes des items coréens dans EN2KO

On constate ici que les mots coréens ont tendance à être plus longs que les items anglais. Rien n’est plus normal dans la mesure où les clusters de l’anglais sont brisés par une épenthèse – ce qui allonge d’autant le nombre de syllabes. Cependant, 43 items (2,22 %) n’ont pas été pris en compte dans ces calculs quand l’item coréen présentait deux adaptations possibles avec des nombres de syllabes différents (par exemple aerobic qui peut être adapté [eʟobik˺], trois syllabes, ou [eᴧʟobik˺], quatre syllabes). Par ailleurs, tous les items dont l’adaptation est variable quant à l’épenthèse n’ont pas été pris en compte non plus puisque leur nombre de syllabes varie automatiquement.

On a vu plus haut que les résultats sont sensiblement différents quand on analyse isolément les monosyllabes et quand on analyse la base de données intégrale, comprenant monosyllabes et polysyllabes. Il serait intéressant donc de s’attarder un peu ici sur les différences vs les points communs qu’on peut observer entre monosyllabes et polysyllabes.

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Si, à présent, on compare la base de données restreinte, donc seulement les monosyllabes, avec la base de données intégrale moins les monosyllabes, donc seulement les polysyllabes, qu’obtient-on ? Trouvera-t-on, à l’instar de Rhee & Choi (2001) que l’épenthèse est plus probable dans les monosyllabes que dans les polysyllabes ? Dans notre base de données, on observe que :

- parmi les items à voyelle relâchée suivie d’une coda labiale, les 53 monosyllabes font 2 épenthèses (3,77 %) là où les 79 polysyllabes n’en font aucune (0,00 %) ;

- parmi les items à voyelle relâchée suivie cette fois d’une coda coronale, les 58 monosyllabes font 31 épenthèses (53,45 %) alors que les 239 polysyllabes en font à peine 38 (15,90 %) ;

- parmi les items à voyelle relâchée suivie d’une coda vélaire, les 65 monosyllabes présentent 12 épenthèses (18,46 %) alors que les 261 polysyllabes en présentent tout juste 19 (7,28 %).

- Pour ce qui est des voyelles tendues, les 16 monosyllabes à coda labiale présentent 12 épenthèses (75,00 %) contre 1 sur 3 polysyllabes (33,33 %) ;

- les 28 monosyllabes à coda coronale présentent 26 épenthèses (92,86 %) contre 21 sur les 23 polysyllabes (91,30 %) ;

- et les 14 monosyllabes à coda vélaire présentent toutes une épenthèse (100,00 %) contre seulement 13 sur les 16 polysyllabes (81,25 %).

- Enfin, parmi les items dont la voyelle pré-finale est une diphtongue, 20 des 22 monosyllabes à coda labiale présentent une épenthèse (90,91 %) contre 44 des 47 polysyllabes (93,62 %) ;

- 40 des 42 monosyllabes à coda coronale présentent une épenthèse (95,24 %) contre 237 des 256 polysyllabes (92,58 %) ;

- et enfin, 33 des 34 monosyllabes à coda vélaire prennent une épenthèse (97,06 %) contre 16 des 19 polysyllabes (84,21 %).

94 Monosyllabes Polysyllabes Nature de la voyelle Point d’articulation de la coda % d’épenthèses % de doublons % d’épenthèses % de doublons Voyelles relâchées Labial 3,77 0,00 0,00 0,00 Coronal 53,45 3,45 15,90 8,40 Vélaire 18,46 4,61 7,28 0,38 Voyelle tendue Labial 75,00 6,25 33,33 0,00 Coronal 92,86 7,14 91,30 0,00 Vélaire 100,00 0,00 81,25 0,00 Diphtongue Labial 90,91 9,09 93,62 4,25 Coronal 95,24 2,38 92,58 0,00 Vélaire 97,06 2,94 84,21 5,26

Tab. 31 : Pourcentage d’épenthèses et de doubles adaptations entre monosyllabes et polysyllabes

Les phénomènes remarquables sont les suivants :

- l’absence totale d’épenthèse dans les polysyllabes à voyelle relâchée + coda labiale ; - la chute drastique du nombre d’épenthèses après voyelle relâchée + coronale : 53,45 %

pour les monosyllabes contre seulement 15,90 % pour les polysyllabes, chiffres pour lesquels la différence est statistiquement significative (χ² = 36,90 ; p < .0001) ;

- la chute drastique du nombre d’épenthèses après voyelle relâchée + vélaire : 18,46 % pour les monosyllabes contre seulement 7,28 % pour les polysyllabes, chiffres pour lesquels la différence est statistiquement significative (χ² = 7,56 ; p = .006) ;

- la chute drastique du nombre d’épenthèses après voyelle tendue + labiale : 75,00 % pour les monosyllabes contre seulement 33,33 % pour les polysyllabes – bien que ce résultat ne soit pas très probant étant donné le très petit nombre de polysyllabes dans cette catégorie ;

- la chute drastique du nombre d’épenthèses après voyelle tendue + vélaire : 100 % pour les monosyllabes contre seulement 81,25 % pour les polysyllabes, bien que cette différence ne soit pour sa part pas significative en raison d’un nombre insuffisant d’observations ;

- beaucoup moins de doubles adaptations parmi les polysyllabes que parmi les monosyllabes sauf pour les voyelles relâchées + coronales (et apparemment pour diphtongue + vélaire, mais dans ce cas précis, les effectifs sont trop peu élevés pour tirer des conclusions, surtout que le doublon est en fait cake pour les monosyllabes et

shortcake pour les polysyllabes).

La longueur du mot semble donc défavoriser l’épenthèse (et les doubles adaptations), mais des tests chi-carrés systématiques ont cependant permis d’établir que la différence entre

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monosyllabes et polysyllabes n’était pas statistiquement significative, en raison d’un nombre insuffisant d’observations, pour :

- les items à voyelle relâchée suivie d’une coda labiale, - les items à voyelle tendue suivie d’une coda labiale, - les items à voyelle tendue suivie d’une coda vélaire.

De plus, la différence entre monosyllabes et polysyllabes n’est pas non plus statistiquement significative pour :

- les items à voyelle tendue suivie d’une coronale (χ² = 0,04 ; p = .8374), - les items à diphtongue suivie d’une coda labiale (χ² = 0,09 : p = .7621), - les items à diphtongue suivie d’une coda coronale (χ² = 0,39 ; p = .5324) - les items à diphtongue suivie d’une coda vélaire (χ² = 2,88 ; p = .0895).

En fait, la différence n’est significative que pour les items à voyelle relâchée suivie d’une coda coronale (χ² = 36,90 ; p < .0001) et pour les items à voyelle relâchée suivie d’une coda vélaire (χ² = 7,56 ; p = .006).

C’est uniquement dans ces deux cas que l’on peut dire que la longueur semble corrélée à l’assignation de l’épenthèse.

Pour expliquer ces quelques différences entre le groupe d’inputs monosyllabiques et le groupe d’inputs polysyllabiques, on peut identifier six critères :

- l’origine présumée de l’input ;

- l’appartenance du mot à un sociolecte ; - le schéma accentuel du mot ;

- la longueur de l’input anglais en nombre de syllabes ou de noyaux vocaliques ; - la longueur de l’output coréen en nombre de syllabes ou de noyaux vocaliques ; - la structure morphémique du mot.

Comme je l’ai dit plus haut (§ 4.1.3), l’origine présumée du mot est un biais envisageable, mais un biais impossible à quantifier. Aussi ai-je choisi de l’ignorer ici. De même, l’appartenance à un sociolecte (§ 4.1.4) est un biais envisageable, surtout en corrélation avec la longueur de mot, puisqu’on attendrait que les mots longs, surtout à partir de quatre ou cinq syllabes, relèvent du jargon scientifique. Enfin, on a vu que l’effet de l’accentuation est peu probable (§ 4.1.9). Mais penchons-nous à présent en détail sur la longueur, indépendamment des trois facteurs évoqués et de la structure morphémique du mot qui sera traitée ci-dessous. En effet, le coréen dispose de mots de différents nombres de syllabes, et la question de la longueur de l’output pourrait paraître immotivée, mais si aucun autre critère satisfaisant ne permet d’expliquer

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l’assignation et la non-assignation de l’épenthèse finale, celui d’une longueur préférentielle de l’output pourrait en être un.

Le problème que pose l’effet de la longueur est difficile à traiter car, même en admettant un critère de comptage comme le nombre de syllabes, ou le nombre de noyaux dans le mot, la longueur d’un même item ne sera pas forcément la même dans l’input anglais et dans l’output coréen, même en faisant abstraction de la voyelle épenthétique finale. Par exemple, on peut considérer que l’anglais academic [ˌækəˈdɛmɪk] et le coréen 아카데믹 [akʰademik˺] ont le même nombre de syllabes : quatre. On peut même admettre que, puisque l’épenthèse est l’objet dont nous essayons de trouver l’origine, ce qui compterait serait tout ce qui se passe avant elle. A cet égard, l’anglais antique [ænˈtiːk] est composé de deux syllabes et le coréen 안티크 [antʰikʰɨ] n’en aurait que deux également avant l’assignation de l’épenthèse. Inversement, certains items n’ont pas le même nombre de syllabes en anglais et en coréen. Soit à cause d’un cluster en amont comme dans clic [ˈklɪk], qui comporte une syllabe en anglais mais deux syllabes en coréen (클릭 [kʰɨllik˺]), soit à cause d’une diphtongue comme dans out [ˈaʊt] qui est linéarisé 아웃 [aut˺], avec deux syllabes, en coréen. La question est donc double. D’une part, la longueur de l’input a-t-elle un effet ? D’autre part, la longueur de l’output a-t-elle un effet sur l’assignation de l’épenthèse finale, qui serait alors causée par autre chose que la seule détente ?

Pour comparer les nombres de syllabes d’un même item en anglais et en coréen respectivement,

observons ce schéma reprenant 1208 items de EN2KO (toujours abstraction faite des

transcriptions ambigües, des voyelles rhotiques, des codas voisées et, de surcroît, des items adaptés de deux façons ou plus en coréen). On peut y comparer le ratio en fonction du nombre de syllabes pour l’anglais puis pour le coréen avant l’assignation de l’épenthèse finale puis après la décision quant à l’épenthèse :

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Fig. 15 : Le nombre de syllabes dans les items de EN2KO

Comme on peut le voir, le nombre de monosyllabes tend à diminuer assez drastiquement entre l’anglais et le coréen avant la décision quant à l’épenthèse. Rien n’est moins étonnant étant donné que l’anglais peut avoir des groupes consonantiques initiaux, qui sont cassés par le coréen à l’aide d’une épenthèse. Le nombre de monosyllabes après l’assignation de l’épenthèse est encore plus faible, suggérant peut-être une aversion des locuteurs pour les monosyllabes. En revanche, on remarque que le nombre de dissyllabes est tout à fait constant avant et après assignation de l’épenthèse. De même, tri- et quadrisyllabes sont également à peu près constants dans ces deux conditions.

Cette apparente corrélation entre la longueur et l’épenthèse pourrait également être due à la distribution des voyelles pré-finales et des codas. Qu’en est-il lorsqu’on compare les voyelles relâchées suivies d’une coda labiale vs les diphtongues suivies d’une coda vélaire, qui sont respectivement les deux cas les plus tranchés en défaveur et en faveur de l’épenthèse selon Kang (2003b) ? 0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500 1 2 3 4 5 6 7 8 Eff e ctif Nombre de syllabes

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Fig. 16 : Le nombre de syllabes dans les items voyelles relâchées + labiales

Sur ce graphique, on voit que, toutes choses égales par ailleurs, dans le contexte où une voyelle relâchée est suivie d’une coda labiale (contexte qui défavorise l’épenthèse), le coréen, qui aurait la possibilité d’avoir jusqu’à 79 dissyllabes, n’adapte en dissyllabes que 44 items, soit 55,69 % (sur les 132 de cette catégorie). Mais ces dissyllabes ne sont pas évités au profit des monosyllabes, qui restent dans les mêmes proportions avant et après l’assignation de l’épenthèse (29 et 27 occurrences respectivement). En revanche, 37 des 79 items soit 46,84 % des items qui, avant assignation de l’épenthèse, auraient pu devenir dissyllabiques, sont devenus trisyllabiques après assignation de l’épenthèse, tandis que les 16 trissyllabes potentiels sont tous devenus quadrisyllabiques, les 6 quadrisyllabes, pentasyllabiques et le pentasyllabe, hexasyllabique. Il est surprenant de constater que, même dans un contexte qui défavorise l’épenthèse, celle-ci est faite sur tous les items de trois syllabes et plus.

Mais avant de tirer des conclusions, observons ce qu’il se passe à l’autre extrémité du continuum, dans un contexte qui favorise l’épenthèse finale : lorsqu’une diphtongue est suivie d’une coda vélaire.

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 1 2 3 4 5 6 Eff e ctif Nombre de syllabes

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Fig. 17 : Le nombre de syllabes dans les items diphtongues + vélaire

Dans le contexte d’une diphtongue suivie d’une coda vélaire, où l’épenthèse serait favorisée, peut-on isoler une préférence du coréen pour un certain nombre de syllabes ? En l’occurrence, pas du tout : les 8 items qui auraient pu rester monosyllabiques sont devenus dissyllabiques, les 13 qui auraient pu rester dissyllabiques sont devenus trissyllabiques, 15 des 17 items qui auraient pu rester trissyllabiques sont devenus quadrisyllabiques, les 7 items qui auraient pu rester quadrisyllabiques sont devenus pentasyllabiques, les 2 items qui auraient pu rester pentasyllabiques sont devenus hexasyllabiques et, enfin, l’item qui aurait pu rester heptasyllabique est devenu octosyllabique. S’il y a une préférence, elle est en faveur des trissyllabes puisque les deux seules exceptions à l’assignation régulière de l’épenthèse sont des items qui auraient pu devenir quadrisyllabiques mais sont restés, après traitement, trissyllabiques. Cependant, cet effet est trop mince pour être significatif.

Force est de constater que la nature de la voyelle pré-finale et le point d’articulation de la coda sont des éléments beaucoup plus prédictifs que la longueur.

Ceci étant, j’aimerais in fine observer le comportement particulier des voyelles relâchées suivies d’une coda coronale, dont le nombre d’épenthèses chute drastiquement entre les monosyllabes et les polysyllabes. Peut-on y déceler, sinon un effet, du moins une préférence pour une certaine longueur de mot en coréen ?

0 5 10 15 20 25 30 35 1 2 3 4 5 6 7 8 Eff e ctif Nombre de syllabes

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Fig. 18 : Le nombre de syllabes dans les items voyelle relâchée + coronale

Comme on peut le voir sur ce tableau, les monosyllabes sont défavorisés au profit des dissyllabes : 29 des 39 monosyllabes potentiels (soit 74,36 %) ont suscité une épenthèse et sont devenus des dissyllabes. Le phénomène est d’autant plus étrange qu’on attendait peu d’épenthèses ici : il est donc possible que l’épenthèse soit dans ce cas une façon d’éviter le monosyllabe. De plus, on constate une tendance à conserver un dissyllabe – c’est-à-dire à éviter l’épenthèse lorsqu’on a déjà deux syllabes : sur les 103 dissyllabes potentiels, seuls 14 (soit 13,59 %) ont suscité par la suite une épenthèse pour devenir des trisyllabes. Cependant, ce chiffre n’est guère significatif dans la mesure où le nombre d’items prenant une épenthèse est du même ordre pour tous les polysyllabes : seuls 18 des 86 trissyllabes potentiels sont devenus des quadrisyllabes, soit 20,93 % ; seuls 6 des 30 quadrisyllabes potentiels sont devenus des pentasyllabes, soit 20,00 % ; et seuls 2 des 9 pentasyllabes potentiels sont devenus des hexasyllabes, soit 22,22 %.

Dès lors, il est difficile de trancher en faveur d’un effet de la longueur de mot. Il semble y avoir une tendance à éviter les monosyllabes et à favoriser les dissyllabes, mais ce facteur est largement moins impactant que la nature de la voyelle pré-finale et que le point d’articulation de la coda.

Comme nous l’avons observé plus haut, un certain nombre de non-épenthèses surprenantes après vélaire concernent des items construits avec le même suffixe : {-ic}. De façon

0 20 40 60 80 100 120 140 160 1 2 3 4 5 6 7 Eff e ctif Nombre de syllabes

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intéressante, d’autres mots de la base de données, comme prick [ˈprɪk] ou Schick [ˈʃɪk] ont exactement la même terminaison phonétiquement parlant, mais sont adaptés 프리그 [pʰɨɾigɨ] et 시크 [ɕikʰɨ] respectivement, c’est-à-dire avec une épenthèse. La question est épineuse car, d’une part, on note une corrélation avec la longueur du mot, nos deux contre-exemples étant monosyllabiques en anglais là où les composés de {-ic} sont plurisyllabiques. D’autre part, on remarque que la coda de prick est adaptée voisée, et que le mot Schick est un nom propre, apparaissant souvent dans la locution Schick test. Qu’en est-il donc pour d’autres morphèmes ? Qu’en est-il des mots composés ?

Pour ce qui est des 18 items composés du suffixe {-scope}, ils sont absolument tous adaptés [-sɨkʰopʰɨ], c’est-à-dire avec épenthèse, sur le même modèle que le monosyllabe scope. Ce fait peut s’expliquer par la simple raison que la diphtongue favorise largement l’épenthèse, qu’on retrouve d’ailleurs dans les adaptations de heliotrope, isotope, multirope, radioisotope et

zoetrope. Ici, il n’est donc nul besoin de faire appel à un découpage morphémique car

l’adaptation est plutôt attendue suivant d’autres critères.

Quant aux mots en {-type}, il est intéressant de noter qu’ils sont tous adaptés avec une épenthèse, alors même que le monosyllabe type présente une double adaptation. Or ce dédoublement a un effet de sens : sans épenthèse, le mot veut dire « type, forme », tandis qu’avec, il désigne la machine à écrire. Ce qui est très surprenant, c’est qu’on se serait attendu à ce que les mots composés le soient sur le premier, non sur le second, qui ne fait aucun sens. Ainsi, il faut supposer que ce n’est pas ici un effet de la morphologie, mais d’autre chose : si

type dans le sens de « machine à écrire » est sans doute assez ancien et donc entré en coréen

peut-être via le japonais, les mots composés de {-type} relèvent, eux, du jargon scientifique. Or, on l’a vu (§ 4.1.4), ce jargon semble favoriser l’assignation d’une épenthèse.

Il est intéressant de noter cependant que type n’est pas le seul à trancher en faveur de l’épenthèse lorsqu’il entre en composition : ainsi, cassette est adapté avec et sans épenthèse, mais

minicassette prend obligatoirement une épenthèse.

Ainsi, si l’effet de la morphologie peut se défendre, mais uniquement par l’influence qu’elle a sur la prononciation de l’anglais et non sur la perception des coréanophones, le recours à l’analogie en revanche n’est utile que dans des cas particuliers. On peut citer par exemple

technique, qui devrait avoir une épenthèse mais qui n’en a pas : par analogie avec les autres

mots en {-ic}, voire directement avec technic. Mais il est difficile à maintenir car d’autres cas ne vont pas dans le même sens : ainsi, clique prend bien une épenthèse, malgré l’analogie possible avec les autres mots en {-ic}, voire directement avec clic.

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