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3. Résultats et discussion

3.5. Coûts de l’eau d’irrigation et valorisations

Les enquêtes approfondies sur 15 EAC divisées nous ont permis de calculer les coûts de pompage du m3 d’eau souterraine et de mettre en perspective la différence de prix vis-à-vis du tarif de l’ONID. La Figure 41 illustre cette différence. Les prix financiers du m3 d’eau

pompée à partir de la nappe de la Mitidja ont été calculés pour chaque agriculteur enquêté (représenté par une lettre de l’alphabet) selon les calendriers de fonctionnement de leurs forages, les débits de ces derniers ayant été préalablement étalonnés.

Figure 41. Coûts d’extraction (DA) du m3 d’eau souterraine par EAC enquêtée.

Là aussi, nous avons fait le choix de ne pas intégrer les amortissements dans les coûts d’extraction de l’eau souterraine et de parler plutôt de prix financier : c’est-à-dire ce que paye l’agriculteur à la fin de la campagne d’irrigation pour avoir utilisé un ou plusieurs forages. Ce

choix résulte du fait que la plupart des forages datent d’avant 1987, donc d’avant l’existence des EAC, ce qui n’a pas poussé les attributaires à s’engager dans des investissements. De plus, les forages les plus récents ont été soit creusés collectivement (parts relatives individuelles faibles et difficilement quantifiables), soit en arrangement avec un locataire en contrepartie d’une occupation des terres sur une durée variable selon le montant de l’investissement. Il n’est donc pas question ici de parler de prix de l’eau puisque celle-ci en tant que telle n’est pas payante. En revanche, le coût d’extraction correspondant à un montant qui comprend les coûts énergétiques de pompage, les frais d’entretiens et de réparations, le gardiennage des pompes et des groupes motopompes, et les coûts éventuels d’acheminement de l’eau dans les cas où le forage se trouve loin de la parcelle. Les coûts d’extraction varient entre un minimum de 3 DA/m3 et un maximum de 7 DA/m3 soit une moyenne de 4.3 DA/m3 et un écart type de 0.9 DA/m3. Le prix du m3 d’eau du réseau collectif pratiqué par l’office national de l’irrigation et du drainage dans la Mitidja-ouest est de 2.5 DA/m3, avec une

facturation forfaitaire basée sur un étalonnage débitmètrique datant de 1992. Les irrigants affichent, quand ils ont le choix, une préférence pour l’eau souterraine qui constitue une ressource sûre et disponible à la demande et sans formalités administratives. Une étude d’évaluation économique réalisée par un bureau d’étude anglais (Mac Donald & Partners Limited) sur la Mitidja-ouest en 1997 pour le compte de l’AGID (agence nationale de réalisation et de gestion des infrastructures hydrauliques pour l’irrigation et le drainage) montrait des prix financiers du m3 pompé dans la nappe de la Mitidja pour l’irrigation qui variaient entre 2.54 et 3.35 DA.

La Figure 42 illustre l’évolution du prix du m3 d’eau d’irrigation dans les grands périmètres irrigués en Algérie depuis le milieu des années 1980.

Figure 42. Évolution du prix du m3 d’eau d’irrigation dans les périmètres publics algériens. Source: Guemraoui & Chabaca (2005).

Malgré une évolution croissante dans le temps, l’actuelle tarification demeure attractive pour les agriculteurs. Néanmoins, dans la Mitidja-ouest du fait du barème de facturation forfaitaire et de l’incertitude affectant les volumes d’eau distribués par l’office de l’irrigation, en terme de quantités mais aussi d’irrégularité des tours d’eau pour une même campagne d’irrigation, les irrigants préfèrent l’eau souterraine. La tarification de l’eau d’irrigation dans les périmètres irrigués est subventionnée. Elle est calculée sur la base des charges d’exploitation des offices chargés de la gestion de ces périmètres avec une redevance fixe de 450 DA par hectare. La tarification actuelle, selon Guemraoui & Chabaca (2005) couvre seulement 50 % des charges d’exploitation des offices d’irrigation. Les coûts de pompages privés présentent une évolution moins marquée dans le temps puisqu’ils ne dépendent que de la facture énergétique. D’autant plus que les prix d’électricité et de gasoil qui sont les deux principales sources d’énergie utilisées pour faire fonctionner les pompes, n’ont connu qu’une faible augmentation depuis le début des années 1990. D’ailleurs la part des charges liées à l’eau de la nappe pour un irrigant de la Mitidja-ouest représente moins de 10 % des charges totales comme le montre Figure 43.

Figure 43. Part relative de chaque charge par rapport aux charges totales moyennes des 15

irrigants.

On observe en effet que la part relative des charges liées à l’eau d’irrigation hors matériel (amortissements), est de l’ordre de 9%. La main d’œuvre, les produits phytosanitaires et les engrais constituent à eux seuls plus des ¾ des charges totales.

Figure 44. Valorisation de l’eau par type de culture dans la Mitidja-ouest.

La valorisation de l’eau d’irrigation par les irrigants est différente selon les cultures et peut aller du simple au double (Figure 44). Les calculs que nous avons effectués à partir des excédents bruts d’exploitations à l’aide du simulateur Olympe pour les cultures irriguées (sans irrigation le revenu est considéré nul) révèlent une valorisation de 60 DA minimum par mètre cube d’eau pour les agrumes, alors que le minimum pour le maraîchage sous serre est de l’ordre de 140 DA par mètre cube d’eau. Le maraîchage sous serre est la culture qui valorise le mieux l’eau d’irrigation avec un plafond de 250 DA/m3. L’écart type moyen des valeurs calculées est de 30 DA/m3.