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6. Conclusion

2.4. Analyse du fonctionnement économique des EAC divisées à l’aide du simulateur Olympe

Cette méthode est basée sur une analyse économique des systèmes de production pour les 15 EAC divisées de la Mitidja-ouest, que nous avons enquêtées de façon détaillée. On entend par système de production : la structure, l’organisation et le fonctionnement d’une exploitation agricole correspondant aux choix des agriculteurs. Chaque agriculteur a un savoir-faire, des contraintes et des productions, le tout avec une rationalité propre qui conditionne ses résultats économiques (Cochet & Devienne, 2006).

Pour mieux comprendre le fonctionnement et l’organisation d’un système de production, il faudrait d’abord comprendre le fonctionnement de chaque élément composant ce système ainsi que les interactions entre les différents éléments. Les sous ensembles qui constituent un système de production sont appelés ateliers de production ; ils sont utilisés dans la modélisation technico-économique des exploitations agricoles. Cette modélisation a en général pour objet l'aide à la décision, à un niveau individuel et/ou collectif, faisant apparaître les meilleures stratégies possibles avec une prise en compte des caractéristiques spécifiques de chaque type d’exploitation. Elle permet d’identifier des décisions optimales en terme de main d’œuvre, d’investissement, de minimisation des charges,… avec la prise en compte des

interactions qui conditionnent les prises de décisions des agriculteurs. Cette méthode peut également intégrer une dimension temporelle sur plusieurs années, avec différents scénarios intégrant les aléas climatiques, les variations de prix, ou d’autres variables, constituant ainsi un outil d’observation de l’évolution des coûts de production et de la rentabilité d’une activité agricole.

Une exploitation agricole est considérée selon des critères techniques et économiques comme étant une somme pondérée d’ateliers de productions, eux-mêmes constitués de produits, de charges et d’externalités. Ces déterminants d’ordre technico-économiques comme les revenus, les charges, les investissements, les externalités,…sont formalisés afin de détailler les coûts de production à l’hectare et faciliter ainsi la visibilité de chaque activité en termes de rentabilité, de temps de travail, de répartition des charges, de volumes d’eau consommés,… . Plusieurs facteurs influent sur les coûts de production qui varient en fonction de plusieurs paramètres telles que la part des charges variables dans l’activité, la durée des amortissements, la taille de l’exploitation, (Mendez Del Villar et al., 2006).

Il existe plusieurs outils permettant la formalisation de cette logique. Le Grusse (2001) décrit trois types de modèles : 1) des modèles de décisions permettant, à travers une mise en situation virtuelle d’acteurs, de voir l’impact de leurs décisions sur un territoire ; 2) des modèles multi agents qui permettent partiellement ou totalement d’endogénéïser les règles de décisions ; 3) des modèles fonctionnels qui permettent, à travers des productions et des consommations, de représenter des acteurs d’un territoire. Olympe (Attonaty et al., 2005) que nous avons mobilisé, fait partie de cette dernière catégorie.

Avant de présenter notre protocole, il nous faut d’abord définir une échelle d’analyse pertinente correspondant à ce concept de système de production. Dans le cas de la Mitidja- ouest, il s’avère que celui de l’exploitation agricole n’est pas le plus approprié dans le cas des EAC divisées en raison de la multitude de stratégies au sein d’une même EAC. Par conséquent, l’échelle d’investigation que nous avons choisie est l’entité économique agricole ayant un seul centre de décision.

Selon Cochet & Devienne (2006), un système de production est défini par des ressources telles que la terre, la main-d’œuvre correspondant à un effectif et un niveau de formation donné, et le capital de l’exploitation comme les bâtiments, le matériel, les plantations,...). Cependant, pour ces deux auteurs, il ne conviendrait pas d’appliquer le concept du système de production à une exploitation agricole isolée, « … au risque de définir un système de production pour chaque exploitation rencontrée… », il faudrait plutôt parler de système de production pour un ensemble d’exploitations avec des pratiques et des ressources comparables et des conditions économiques et sociales semblables ; c’est ce qui est appelé typologie d’exploitations agricoles.

Afin de faciliter la mise en application de cette méthode sur notre échantillon d’analyse, nous avons utilisé Olympe : un simulateur et un outil d’aide à la décision conçu par l’INRA Paris- Grignon (Attonaty et al., 2005). Olympe a été conçu initialement pour l’orientation stratégique des exploitations agricoles, à une échelle individuelle, collective et régionale. Il constitue à la fois une base de données des systèmes de production agricole et un outil d’anticipation des scénarios futurs possibles (cf. fiche détaillée en annexe 8).

L’intérêt de cet outil réside essentiellement dans sa rapidité d’exploration et d’intégration de différents paramètres (produits et sous produits, main d’œuvre familiale, cultures pérennes avec différentes phases de productions, cultures intercalaires, troupeaux, aléas…) qui composent une activité agricole, permettant ainsi de tester sa rentabilité. Il intègre des aspects agronomiques, techniques et économiques du fonctionnement de l’exploitation agricole. Aussi, l’un des atouts d’Olympe réside dans la structuration des données dans une base simple à construire, modifiable et facilement exploitable. Par exemple, la mise en œuvre d’un nouvel investissement ou d’une modification d’assolement, ou même une mauvaise année climatique ou une baisse de prix sur les marchés, permet à l’agriculteur de voir instantanément l’impact sur l’ensemble de l’exploitation en terme de charges, de marges, de temps de travail,… « …le met en situation d’apprentissage et de modification/confirmation de ses règles de décision, dont il peut apprécier la pertinence au regard de ses projets et du devenir de l’entreprise qu’il perçoit » (Attonaty & Soler, 1992). De plus, Olympe est un outil utilisable à l’échelle régionale en agrégeant les résultats de plusieurs types d’exploitations agricoles composant une région.

Certes, Olympe ne permet pas de représenter les stratégies et les comportements des différents acteurs, mais révèle au travers des simulations possibles de scénarios, l’impact des changements des systèmes de cultures ou des techniques culturales sur le fonctionnement et l’avenir d’une exploitation agricole ou d’une région. En termes d’efficiences technique, agronomique et économique, les systèmes de production sont conditionnés par les coûts des facteurs de production, les prix des produits sur les marchés, les rendements et la part de la main-d’oeuvre familiale dans le travail de l’exploitation. Les risques naturels (catastrophes naturelles, maladies, …) et les aides institutionnelles (subventions) en tant que facteurs extérieurs aux systèmes de production, influent également sur leurs efficiences.

Olympe est un simulateur développé à la base dans une perspective d’une nouvelle approche d’aide à la décision pour l’agriculteur ; il doit donc être à la fois simple et rapide, avec une représentation de l’exploitation fidèle aux propres logiques décisionnelles de l’agriculteur (Fendri, 2002). Cependant, il est aussi un instrument d’aide à la décision pour un groupe (collectif) d’acteurs ou chercheurs souhaitant voir l’impact de tout changement dans un système de production, à l’échelle d’une exploitation ou d’une région.