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2. Pourquoi une approche participative pour la demande en eau?

3.3 Atelier 2 : test de la méthode en communauté de pratique

Le premier atelier sous le thème « Participation à la construction d’une démarche participative en vue de valider des hypothèses de terrain et de tester des scénarios d’évolution » a été organisé dans l’optique de co-construire une méthode participative incluant des agriculteurs et des institutions hydro-agricoles de la Mitidja-ouest. Le second atelier avait pour but de tester cette méthode.

L’atelier a eu lieu le 15 octobre 2007 au Cemagref de Montpellier et s’est déroulé en deux parties. La première partie consistait à représenter (sous forme de liste sur un pinboard) l’ensemble des acteurs, ressources, et productions de la Mitidja-ouest (Figure 56). Les éléments étaient donnés à tour de rôle par les participants sur des cartons. Après avoir listé tous les éléments constituant le système de production agricole dans la Mitidja-ouest, nous avons représenté une filière, les agrumes en l’occurrence, en essayant de positionner autour de la production les différents acteurs et intrants nécessaires à son fonctionnement. Les objectifs visés par ces deux représentations étaient la validation (avec les agriculteurs) des connaissances acquises lors des enquêtes de terrain sur le système de fonctionnement de l’agriculture irriguée dans la Mitidja-ouest et sur les différentes filières qui le composent. La deuxième partie de l’atelier a consisté en une mise en situation des participants afin de simuler des prises de décision concernant les assolements, en fonction de l’évolution du contexte lié notamment au statut foncier des EAC, à travers différents scénarios.

Figure 56. Test, en communauté de pratique, d'une démarche participative sur la Mitidja-

ouest.

Nous avons utilisé des petits cartons pédagogiques pré-dessinés indiquant les cultures pratiquées dans la Mitidja-ouest ainsi que les trois systèmes d’irrigation utilisés : le goutte-à- goutte, l’aspersion et le gravitaire (Figure 57). L’objectif de cette représentation était la co- construction d’un support de discussion afin d’amorcer le débat sur le partage des ressources, les arrangements et les conflits éventuels entre les attributaires. En effet, afin de les rendre explicites pour chaque participant les comportements des autres, l’utilisation de supports nous semble pertinente. Cependant, la façon de concevoir et d’utiliser les supports de discussion conditionne la qualité des résultats (Maurel et al., 2007). C’est pour cela que nous avons fait un test pratique de notre support de discussion.

Figure 57. Cartons pédagogiques utilisés en communauté de pratique pour la représentation

des différents systèmes de culture dans la Mitidja-ouest.

La mise en situation a concerné une EAC divisée type, reproduite schématiquement à partir d’une carte des anciens domaines et des limites actuelles, sur une feuille de dimension A1. Les petits cartons et des flèches sur le support de discussion, ont permis de caractériser un certain nombre d’interactions en lien avec l’utilisation de la ressource en eau (Figure 58).

Figure 58. Représentation d’une EAC divisée la Mitidja-ouest en communauté de pratique.

Après les premiers essais de simulation, une discussion s’en est suivie pour de nouvelles recommandations. L’un des principaux thèmes de cet atelier portait sur l’intérêt des agriculteurs à participer à une telle démarche, intérêt dont il fallait s’assurer. Les arguments à mettre en avant pour cela, concernaient notamment la faisabilité des projets des participants et leurs conséquences sur les ressources et autres facteurs de production ; on pouvait aussi mettre en avant l’intérêt des agriculteurs à faire remonter leurs préoccupations aux institutions agricoles au travers, par exemple, d’une restitution en leur présence, des résultats de ce travail à la chambre d’agriculture.

En ce qui concerne les scénarios d’évolution, celui du statut foncier des EAC a été le premier envisagé. En effet, depuis 2004, le Ministère de l’agriculture algérien annonçait un projet de loi portant sur l’orientation foncière des terres agricoles appartenant au domaine privé de l’Etat afin de redéfinir les droits et les devoir des bénéficiaires. L’avant-projet de cette nouvelle loi a été présenté en mars 2008 devant le parlement. Les exploitations agricoles collectives et individuelles seront remplacées par des sociétés civiles d’exploitation agricoles et le droit de jouissance perpétuel des attributaires des EAC et EAI, tel qu’il est défini par la loi 87-19, sera remplacé par un droit à la concession limité dans le temps (40 ans maximum), mais renouvelable. Les membres de ces sociétés civiles pourront ouvrir leur capital à des personnes physiques ou morales sources de capitaux. Cette loi n’a pas encore été votée.

Cependant, il a été suggéré d’envisager d’autres scénarios, en particulier l’éventualité de faire payer les agriculteurs pour leurs prélèvements dans la nappe (ce qui n’est pas le cas actuellement) et de voir les conséquences d’un tel choix sur leurs prises de décisions et consommations en eau ainsi que sur l’évolution des assolements. Il a été suggéré également

de bien documenter l’avenir des arrangements actuels existants autour de l’utilisation de l’eau, en fonction des scénarios proposés.

Durant les discussions, a été évoquée la question de l’évaluation des biais que pouvait véhiculer cette démarche participative. Pour cela, un dispositif d’évaluation et une personne compétente pour observer le déroulement des sessions ont été suggérés. La démarche d’évaluation sera présentée et discutée dans les résultats.

Afin de bien prendre en main ce processus en intégrant les nouvelles recommandations, il a été décidé à la fin de cet atelier d’organiser un dernier atelier avant le terrain, afin de faire une nouvelle simulation de mise en situation avec un jeu de rôle (attributaires et locataires d’une EAC divisée) pour les membres de la communauté de pratique.