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2. Pourquoi une approche participative pour la demande en eau?

3.2 Atelier 1 : réflexion dans l’optique de construire une approche participative

Une première rencontre scientifique sous forme d’atelier de réflexion a duré quatre heures. Cet atelier portant sur la construction d’une démarche participative en vue de valider les résultats de terrain et de tester des scénarios d’évolution, a eu lieu le 25 septembre 2007 au Cemagref de Montpellier. Huit chercheurs et ingénieurs (Cemagref, IRD, Cirad et CNRS) et un facilitateur (Lisode), faisant partie d’une communauté de pratique en lien avec l’eau et l’agriculture, y ont participé. En effet, le principe de Communauté de pratique (Community of Practice ou CoP) créé par Lave et Wenger en 1991 (Lorenz, 2001), fait référence à un groupe de personnes qui, en collaborant mutuellement avec un centre intérêt commun, aboutit à un apprentissage social collectif.

Les interactions fréquentes et le partage des connaissances autour de problèmes similaires offrant au groupe la possibilité de co-construire des activités pour partie communes et pour partie complémentaires : « Avec le temps, l’apprentissage collectif aboutit à des pratiques qui … sont la caractéristique d’un certain type de communauté créé dans le temps … Il est alors

raisonnable d’appeler ces sortes de communautés des communautés de pratique » (Wenger, 1998). Nous avons fait donc appel à un facilitateur −personne qui aide un groupe de gens ayant des objectifs communs à les atteindre, sans prendre part à cette décision− dans le but de mettre en place un outil favorisant la pleine participation, la compréhension mutuelle et le partage de responsabilité (Kaner et al., 1996).

L’objectif de cet atelier était d’abord une réflexion collective sur la mise en place d'une démarche participative avec les agriculteurs dans la Mitidja-ouest afin de tester un certain nombre de résultats émergeant des enquêtes de terrain. Ainsi un brainstorming (collecte et développement d’idées) a été le principal outil utilisé suite aux recommandations du facilitateur. Après l’explication des objectifs de l’atelier, le contexte de la Mitidja-ouest (Figure 51) et la spécificité des EAC divisées (Figure 52) ont été présentés aux participants.

Figure 51. Fiche de contexte présentée lors du premier atelier de réflexion sur la mise en

place d'une démarche participative dans la Mitidja-ouest.

Figure 52. Exemple d’EAC divisée présentée lors du premier atelier de réflexion sur la mise

en place d'une démarche participative dans la Mitidja-ouest.

A la suite de cette présentation, ont commencé les réflexions individuelles à partir des expériences et des connaissances des participants, dans le but de formuler des propositions de construction d’une démarche participative. Deux groupes de travail ont été formés (Figure 53) pour travailler séparément et formuler des propositions mises à débat ensuite.

Figure 53. Exemple d’EAC divisée présentée lors du premier atelier réflexif sur la mise en

place d'une démarche participative dans la Mitidja-ouest.

Le premier groupe a ainsi suggéré la typologie déjà réalisée, comme étant base de départ. Il a ensuite recommandé de mobiliser tout type de document déjà existant, pouvant nous renseigner sur la répartition des agriculteurs sur le territoire. Afin que les agriculteurs s’approprient cette représentation, il a été suggéré qu’elle soit faite par les agriculteurs eux- mêmes. Dans un second temps, d’autres acteurs que les agriculteurs pourront valider et éventuellement compléter cette représentation. Ceci nous amené à discuter de la question de la posture de l’organisateur (le concepteur) dans ce processus. Ce point sera examiné plus loin dans ce chapitre.

Le second groupe a proposé de baser les travaux non seulement sur les informations mobilisées mais aussi sur le réseau de connaissances créé sur le terrain. Cette base élargie servira à repérer des EAC et des agriculteurs « leaders » afin de faire un bilan des initiatives déjà en place qui peuvent permettre d’anticiper un certain nombre de réactions des autres agriculteurs face aux changements possibles.

Dans un second temps, concernant le choix des participants, il a été suggéré de mettre en place des critères prédéfinis et validés, portant notamment sur le poids des acteurs dans le système de prise de décisions (Figure 54). Néanmoins, d’un point de vue pratique, et eu égard aux limites de temps de la thèse, le nombre de groupes et de sessions se devait d’être limité.

Figure 54. Suggestions de hiérarchisation des phases d'une démarche participative dans la

Mitidja-ouest lors du premier atelier de réflexion.

Ainsi, à chaque session sur le terrain, il a été recommandé de demander aux participants de faire une représentation collective de leur système et la confronter par la suite à notre vision (à partir des enquêtes de terrain) pour faire apparaître les différences éventuelles et juger de leur importance par rapport à nos objectifs de recherche. Cette vision corrigée et validée du fonctionnement de l’agriculture irriguée dans la Mitidja-ouest, avait pour but une mise en situation lors de sessions participatives, des agriculteurs et des représentants d’institutions agricoles locales, afin de tester des scénarios sur les évolutions possibles de la situation actuelle, notamment l’évolution des assolements et des demandes en eau correspondantes. L’implication de représentants d’institutions tel que le Ministère de l’agriculture a été débattue longuement, compte tenu notamment du blocage qui aurait pu résulter de leur confrontation avec les agriculteurs. Cependant, il existe des personnes que nous appellerons « personnes ressources » avec lesquelles nous avons déjà travaillé tels que le secrétaire général de la chambre d’agriculture de Blida ou le délégué agricole de la commune de Mouzaïa, qui peuvent jouer le rôle d’ « éclaireurs », notamment sur la réglementation, avec une posture objective. D’autres recommandations reposaient également sur des personnes ressources parmi les agriculteurs « leaders » qui auraient une certaine influence dans leur entourage et qu’il était important d’impliquer dans notre démarche.

Figure 55. Différentes composantes du fonctionnement de l’agriculture irriguée de la Mitidja-

En dernière étape de cet atelier, nous avons mis en place une nomenclature décrivant l’ensemble du « système » Mitidja-ouest. Ce système (

Figure 55) est décomposé en acteurs qui font appel à des ressources, qui produisent des productions et qui les vendent sur le marché. Cette nomenclature, issue essentiellement des différentes enquêtes de terrains, nous a permis de mieux organiser la suite du travail et d’identifier les différents niveaux à prospecter avec les participants.

La richesse de cet atelier collectif dédié à la construction d’une démarche participative a résulté de la diversité des origines scientifiques des participants, de leurs expériences et des terrains d’étude sur lesquels ils ont travaillé.

Ainsi, une première proposition de méthode à partir des résultats de cet atelier a été présentée, testée et débattue lors d’une autre rencontre.