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2. CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES DE L’ÎLE DE TAHITI, SITE D’ÉTUDE

2.3. CLIMATOLOGIE

2.3.1. Pluviométrie et hydrologie

Le climat est de type tropical humide. Les pluies sont principalement d’origine convective.

Il tombe, en moyenne interannuelle, moins de 2 000 mm d’eau par an sur certains points du littoral de l’île de Tahiti. En revanche certaines parties élevées telles la haute vallée de la Papenoo, au centre de l’île, peuvent recevoir plus de 10 000 mm/an (Lafforgue, 1984).

Les côtes exposées aux vents dominants de nord-est à sud-est peuvent recevoir deux à trois fois plus de précipitations que celles situées sous le vent (Tableau 1). Parallèlement, un renforcement des précipitations s’observe en altitude (de l’ordre de 1 à 2 mm supplémentaires par mètre de dénivelé). De même, l’insolation et la nébulosité sont affectées par un effet orographique marqué ; les côtes allant de Hitia’a à Mataiea (est à sud ; Figure 2) sont les plus concernées.

TABLEAU 1 —. Quelques valeurs de précipitations sur l’île de Tahiti : les reliefs exposés à l’est sont plus arrosés.

Données de Ferry, 1988.

Localité Altitude

(m)

Précipitations (moyenne annuelle basée sur 15 années d’observation, en mm)

Paea (ouest) 4 1 532

Faaa (ouest-nord-ouest) 4 1 590

Papeete (nord-ouest) 26 3 117

Papenoo (nord-nord-est) 4 3 393

Tiarei (est-nord est) 2 3 475

Mont Aorai (centre) 2 000 4 793

L’île haute de Tahiti possède le réseau hydrographique le plus développé de la Polynésie par le nombre de cours d’eau et l’étendue des bassins versants. Le facteur hydrologique majeur est représenté par les précipitations. Les basses eaux se situent de juillet à novembre et les hautes eaux de décembre à mars, une transition s’observe entre avril et juin.

Le débit annuel moyen des rivières ou module (unité : m3/s), rapporté à la superficie du bassin versant, correspond au module spécifique Qs (unité : l/s/km²) qui permet la comparaison de différentes zones. Les bassins versants exposés au vent abritent des rivières avec des modules spécifiques généralement supérieurs à 150 l/s/km² alors que sous le vent ces valeurs sont inférieures à 75 l/s/km² (Figure 5).

Le coefficient d’écoulement, qui correspond au bilan des précipitations après déduction des pertes diverses dues aux infiltrations, évaporations, et écoulements variés, est généralement supérieur à 50 %.

Les crues sont un phénomène important dans l’hydrologie de l’île : elles sont généralement liées à des séquences pluvieuses de quelques jours provoquant des trains de crues. Selon Lafforgue (1984), ceux-ci se produisent à raison d’une trentaine par an, surtout à la saison chaude (70 % des crues). La configuration géomorphologique des bassins versants, qui sont étroits et abrupts, favorise des phénomènes brefs mais de très forte intensité : c’est notamment la cas en conditions cycloniques où, par exemple, le débit spécifique maximal a atteint 27 200 l/s/km² (soit en valeur brute 2 170 m3/s) dans le bassin de la Papenoo le 12 avril 1983 lors du passage du cyclone Veena, alors que le module spécifique est de 147 l/s/km² (module : 11.7 m3/s) sur 16 ans (Lafforgue 1984

& 1988).

FIGURE 5 —. Aires de modules spécifiques Qs (unité : l/s/km²) homogènes et principales rivières de l’île de Tahiti (in Lafforgue 1984, page 6).

Ces événements jouent un rôle capital dans le transport des matières solides. Une étude de la rivière Nymphea (Lafforgue, 1994), qui possède un petit bassin versant, estime à 179 tonnes le transport de matière par cette rivière en une année (01/04/93 à 31/03/94) dont 27 tonnes au cours de la seule journée du 06/03/94 (et plus de 70% pour le mois de mars 1994). En quatre jours, du 5 au 8 mars 1994, 30 000 m3 d’eau transportant 61 tonnes de matières en suspension ont abouti dans le lagon.

2.3.2. Vents

Les Iles du Vent, parmi lesquelles se trouve l’île de Tahiti, sont soumises à des caractéristiques saisonnières se traduisant par une alternance de saison des pluies (ou chaude) et saison sèche (ou froide). La saison chaude se situe de décembre à mars, sous un régime d’alizés de nord-est. En situation dépressionnaire, les vents de nord et nord-ouest irréguliers prédominent et sont responsables des principaux épisodes pluvieux. En saison froide, de juin à novembre, les alizés de nord-est font fréquemment place à ceux du sud-est ; ces derniers atteignent couramment des vitesses de 40 à 50 km/h pendant plusieurs jours. En régime dépressionnaire les vents de sud-ouest assez forts apparaissent.

La configuration de l’île de Tahiti produit des effets de côte, responsables de changements localisés dans la direction et l’intensité des vents. Ils se traduisent généralement par des accélérations du vent sur les côtes parallèles au vent.

Il faut mentionner que le Territoire subit apériodiquement l’action violente de cyclones ou dépressions tropicales : les Iles du Vent sont généralement épargnées, le passage des dépressions étant plus au sud, touchant parfois l’archipel des Australes. Une série particulièrement importante et violente a touché l’île de Tahiti en 1983 : cinq cyclones en une saison, ce qui constitue un fait exceptionnel.

L’action des vents a un effet direct sur la surface océanique, engendrant des vagues de hauteur et d’amplitude variables de façon temporaire et localisée (« mer du vent ») ou de façon prolongée au niveau de zones diverses dans le Pacifique (houle). Ainsi, plusieurs jours d’un régime d’alizés forts peuvent former des vagues de quelques mètres de creux qui finiront par se briser sur les récifs barrières ou les côtes non protégées.

Les températures de l’air ont une faible amplitude moyenne de variation annuelle : de 24.3 °C pour le mois le plus froid de l’année à 27 °C pour le mois le plus chaud, ont été enregistrées à la station de Tahiti-Faa’a (14.9 - 34 °C pour les valeurs extrêmes absolues). La température moyenne de l’air est de 25.8 °C.

2.3.3. Houles

Les données disponibles aujourd’hui sur le régime des houles océaniques sont hétéroclites et incomplètes. Celles susceptibles de caractériser le régime touchant l’île de Tahiti sont tirées d’un rapport CEP-Aviation civile (Anonyme, 1979).

Le régime des houles possède aussi un caractère saisonnier (Figure 6): les houles de secteur sud-est dominent avec celles de nord-est et sud-ouest. Les deux premiers types étant générés par les alizés de saison ; le dernier type étant d’origine dépressionnaire australe, préférentiellement en saison sèche. Le régime dépressionnaire polaire (Alaska) est responsable de faibles houles de secteur nord durant la saison humide (hiver boréal). Les houles de hauteur supérieure à 4m surviennent parfois des secteurs sud-ouest et sud-est mais représentent moins de 3 % des observations. Les périodes de houle les plus fréquentes sont comprises entre 6 s et 9 s.

Les températures de l’eau océanique de surface ont une faible amplitude de variation : 25 28 °C environ, entre les latitudes 10 °S et 20 °S.

h < 2m 2m =< h =< 4m h > 4m N

NE

SO SE

NO 10%

20%

FIGURE 6 —. Répartition saisonnière des houles [1 484 valeurs relevées entre 153°32’O et 18°39’S environ (aire 61 572 Météorologie Nationale) de 1961 à 1970]. D’après Anonyme, 1979.

2.3.4. Marées

Peu de données sont disponibles sur les phénomènes de marée en Polynésie française.

Lenhardt (1991) a réalisé une synthèse de données du SHOM collectées au niveau de la baie de Matavai (près de la zone d’Arue). Il en ressort que l’amplitude (demi différence entre le niveau de la basse mer et de la pleine mer suivante) moyenne de vives eaux est de 0.15 m ce qui équivaut à un marnage moyen de 0.3 m. Les pleines mers en période de vives eaux sont séparées de 12 h 12 min. Les périodes de vives eaux sont séparées de 14 j 19 h. Les plus grandes marées hautes se produisent à midi les jours de pleine ou nouvelle lune.