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La réalisation du boulevard circulaire par tronçons 1 Premier tronçon : entrée ouest d’Hano

5. Cinquième tronçon : la digue

Ce cinquième tronçon prolonge le précédent jusqu’au boulevard Dao Duy Anh, à partir duquel la Dê La Thanh descend et la digue disparaît. C’est le seul tronçon qui soit encore appelé “ Dê ” La Thanh et possède la configuration la plus ancienne, c’est-à-dire une voie sur digue, d’une largeur moyenne de 2,5m. Cette voie ne permet pas la circulation automobile sur ce tronçon, long de 1200m. Même celle d’une motocyclette est difficile, surtout à double sens, et chaque dépassement devient périlleux.

Le maintient de cette situation en discontinuité avec l’évolution générale de l’axe La Thanh à une double explication. En partie due à la résistance des habitants d’un village qui a gardé son organisation coutumière, cette résistance fut largement favorisée par le contexte historique et spatial de ce tronçon. Entre Cau Giay et ce tronçon, la Dê La Thanh fut transformée en route praticable à l’époque coloniale. La digue devint alors la voie principale et stratégique pour se rendre à l’Ouest, vers Son Tay, ville moyenne dont la citadelle abritait une garnison de pirates, les pavillons noirs. A son arrivée à Hanoi, cette route ne passait pas par le cinquième tronçon, mais empruntait l’actuelle rue Kham Thien. Cet itinéraire était plus direct pour rejoindre le centre de la ville coloniale qui n’atteignait pas encore la limite sud qu’était la Dê La Thanh. L’évolution de ces deux rues est lisible à travers la

cartographie d’Hanoi entre 1873 et 1992. En 1873, la Kham Thien n’est pas dessinée plus large qu’un chemin de rizière, tandis que la Dê La Thanh, est l’enceinte de la ville, représentée comme telle elle est différenciée des autres voies, avec des portes le long de son tracé. Cette situation est identique jusqu’en 1911 où les deux voies sont représentées de façon équivalente ; la Dê La Thanh a perdu son statut d’enceinte et porte sur la partie Ouest de son tracé la mention “ digue transformée en boulevard ”, boulevard qui quitte la Dê La Thanh pour passer sur la Kham Thien et rejoindre la ville coloniale au niveau de la gare. Le plan de G. Pineau dresse un état des lieux en 1943 et représente la

Dê La Thanh plus étroite que la Kham Thien urbanisée sur ses deux côtés. Quant à la digue, elle n’a

pas beaucoup évolué, des villages s’accrochent à ses pentes, mais aucune structure urbaine n’est visible. Cette situation perdure jusqu’à ce jour, bien que cette zone soit entièrement urbanisée. Les événements de l’histoire troublée d’Hanoi font état de l’importance stratégique de ce passage par la rue Kham Thien durant la guerre. Un monument invite a se souvenir des 215 civils morts lors du bombardement de cette rue par les Étatsuniens le 26 décembre 1972. Sur le plan de 1992, les deux rues restent très différenciées, la Dê La Thanh (tronçon 5) étant toujours étroite et porteuse d’une architecture plutôt modeste et basse ; la Kham Thien, plus large est intégrée au réseau de voirie principale d’Hanoi. Elle est bordée d’une architecture empreinte des marqueurs de l’urbanité, avec des petits équipements, des compartiments...

Sur une première partie d'environ 100 m, la voie, plus large, accueille quotidiennement un marché à ciel ouvert. Ce marché, composé de vendeurs ambulants provisoirement installés, complique la circulation déjà difficile. Le reste de la voie est très visiblement une digue où les maisons ont un corps de bâtiment au niveau haut et une partie en contrebas. Les maisons du village Trung Tu que la digue traverse étaient traditionnellement construites au pied de celle-ci afin d’en préserver et d’en contrôler l’état. Ayant perdu son rôle de protection et de gestion des inondations, la digue s’est petit à petit urbanisée par adjonction de nouvelles constructions sur ses pentes et ouvrant sur son sommet. À son extrémité, une patte d’oie sépare la rue, une partie va vers l’ancien village Kim Lien, passant devant son Dinh, l’autre descend vers la droite et rejoint le boulevard Dao Duy. Un autre marché non bâti se tient quotidiennement dans la Ngo Cho Kham Thien (ruelle du marché Kham Thien) transversale à la digue et qui s’élargit avant de la croiser, permettant ainsi l’installation d’étals. Ce marché s’étant jusque devant la pagode Trung Tu sur la Dê La Thanh.

Ce tronçon ne dessert aucun équipement ou élément urbain d’importance. les plus proches de la voie sont le KTT Trung Tu et les casernements militaires sur le côté sud de la digue, mais l’accès depuis celle-ci, bien que possible, est particulièrement compliqué, passant à travers les ruelles étroites, en chicane, d’un quartier résultant de la densification du village de Trung Tu. Cependant, quelques équipements de proximités sont accessibles depuis la Dê La Thanh, entre autres une mairie de quartier et un poste de police. Le bâti sur la digue est majoritairement bas, de fortune et utile. Il s’oppose dans sa forme et sa disposition à celui qui s’élève en arrière qui, lui, provient de l’évolution typologique des modèles villageois. Hormis la pagode Trung Tu, aucun bâtiment en front bâti n’a, sur ce tronçon, de valeur architecturale particulière.

Transformations

Le projet de percée d’un boulevard à la place de la digue est encore à l’étude pour ce tronçon, mais le début du chantier est programmé pour l’année en cours (2004). Une partie de la population à exproprier a déjà touché les indemnités prévues pour la perte de ses terrains. Comme les autres tronçons de l’axe La Thanh déjà élargie, la future voie aura 50m de large, 1 200 familles seront déplacées pour la réalisation de ces travaux, ce qui représente environ 7 200 personnes. La municipalité a proposé aux foyers d’être relogés dans un Khu Do Thi situé dans la grande banlieue sud. Ces familles résistent, jugent leur nouveau logement trop loin de leur habitation d’origine et du centre ville. La municipalité devrait acquérir une bande de terrain d’une largeur de 50 m de chaque côté de la nouvelle voie pour construire des immeubles de logements s’élevant sur 5 à 15 niveaux. Cette opération sera une sorte de Khu Do Thi adapté à l’urbanisation d’une voie urbaine. Le contre-exemple à éviter étant la rue Tran Khat Chan (le 8ème tronçon du boulevard circulaire étudié)

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