• Aucun résultat trouvé

Caractéristiques de la population de Fai en 2002 d’après les enquêtes

Etudes de cas : Nongchanh et Fai 1 Ban Fai : résistance d’un espace villageois

1.1 Caractéristiques de la population de Fai en 2002 d’après les enquêtes

Des populations souvent originaires du quartier, d’origine laotienne ou vietnamienne Au début des années 1970, « une partie du village de Ban Fai compte 70 % de Lao. La moitié de la population occupe illégalement un ancien cimetière français bordant une zone inondable au nord de Dong Palane » (Vilavarn, 1974)36. Un de nos informateurs d’origine vietnamienne bon connaisseur du village raconte : « L’installation des vietnamiens à Fai date du début des années 1970. Les terrains étaient peu coûteux. Souvent originaires des villages de Tha Hinh Neua et Tha Hinh Tay de la ville de Paksé, les jeunes quittèrent le Laos après l’arrivée du Pathet Lao au pouvoir en 1975 alors que la plupart de leurs parents sont restés au village. Ces personnes comptaient de nombreux commerçants (tissus, vêtements) et artisans du marché du matin (couturiers). Presque tous ont pris la nationalité laotienne. Depuis une dizaine d’années, après l’ouverture économique du Laos, de nombreux vietnamiens sont venus faire du commerce à Vientiane. Ceux qui habitent Fai sont originaires de Hué et restent environ 6 mois, repartent chercher de la marchandise au Vietnam, puis reviennent. » Le seul élément certain dont nous disposons est que l’importance de cette communauté vietnamienne a permis l’édification en 1960 de la pagode Chao Phat Tich Unhungtu sur l’emplacement d’un cimetière.

En 2002, d’après les données générales obtenues auprès des autorités villageoises, 1788 personnes (298 ménages) résidaient à ban Fai. Avec une moyenne de 6 personnes par ménage37, ce taux se situe dans la moyenne des 100 villages de Vientiane. Cependant, la composition des ménages connaît de fortes disparités : plus d’un cinquième de notre échantillon compte 8 à 11 individus, alors qu’un autre cinquième n’est composé que de deux à trois personnes. Dans le premier cas, il s’agit pour l’essentiel d’étudiants provinciaux partageant un logement, de familles natives du quartier depuis plusieurs générations propriétaires de leur logement, de commerçants d’origine étrangère dont

35. Sondage à deux niveaux : un tiers des entrées sur la rue Dongpalane, un dixième des ménages du village.

36. cf. S. Vilavarn (1974), « The heart of a Vientian slum : Ban Fai in Etudes sur les habitations à bas prix du Sud-Est asiatique», Centre de recherche pour le développement international, Vientiane, 1974.

l’entreprise familiale à domicile occupant plusieurs travées d’un compartiment sis dans la rue Dongpalane et Nongbone, requiert une main d’œuvre importante. Dans l’autre cas, ce sont de jeunes couples, natifs du village ou étrangers (notamment Vietnamiens venus au Laos pour des raisons économiques), de couples âgés bien installés et attachés à leur quartier dont les enfants sont établis à proximité.

Selon les déclarations des chefs de ménages, 80% des individus ont la nationalité laotienne, 15% vietnamienne, 3% chinoise et 2% thaïlandaise. Il s’agit donc d’un village fortement laotien et laocisé mais conservant un rôle d’accueil de populations étrangères. La moitié des individus âgés de plus de 15 ans sont nés dans le quartier (Fai, Nongchanh, Dongpalane), dont 80% à ban Fai (tableau 13), situation révélatrice d’une forte sédentarité et d’un ancrage territorial important. Les natifs de Nongchanh ont quitté ce village après avoir appris le projet d’aménagement de la mare (cf. encadrés des relevés), anticipant leur déguerpissement programmé, ou plus rarement, en 1983 lorsqu’un incendie a occasionné la destruction de leur lieu d’habitation. Un dixième est né au Vietnam, en Thaïlande ou en Chine, données corroborant les informations disponibles sur le caractère mixte (laotien, étrangers) de ce village. Notons aussi qu’un peu moins d’un dixième des individus est originaire de la province de Champassak, principalement dans le district de Paksé, ce qui confirme les propos de notre informateur : une partie non négligeable des ménages de nationalité laotienne est d’origine vietnamienne et s’est durablement établie à Fai.

Tableau 13 : Village Fai, lieux de naissance des individus de plus de 15 ans en août 2002 (en %)38

Lieu de naissance %

Fai 40

Thailande, Chine, Vietnam 10

Province Champassak 8

Nongchanh 7 District péri urbains de la Prefecture : Naxaythong, Xaithani, Hatsaifong 5

Province Xiengkhouang 5

Province de Vientiane 5

Province Louang Prabang 5

Province Bolikhamxai, Khammouane 3

Prov. Louang Namtha, Bokeo, Sayabouli, Houaphanh 2

Province Savannakhet 2

Dongpalane 2 Autres villages proches de Fai : Phonxay, Nongbone; Sisavath 2

Villages commerçants de Nongdouang et Khualuang 1 Villages éloignés au sud des 100 villages : Phanhmanh, Khokninh, Vatnak 1 Villages éloignés à l'ouest et au nord des 100 villages : Sikhay, Wattai Noy Tha,Phonekeng 1 Villages de l'agglomération hors des 100 villages : Phonthong Savath, Thongphong 1

Total 100

Source : enquête « activités-ménages »

Note : Xiengkhouang : principalement dans le district Koun ; Champassak : dont 90 %dans le district de Paksé ; Chine : principalement dans la province de Guangdong ; Thaïlande : dans le pays Issan et à Bangkok.

De nombreux commerçants et artisans souvent modestes

Presque la moitié des individus est active, un quart poursuit des études, 12% sont des enfants âgés de moins de 5 ans, 5% des personnes âgées ou invalides, et 5% d’autres inactifs. Plus d’un tiers des actifs est commerçant. La moitié de leurs activités sont exercées sur les marchés, soit un cinquième de l’ensemble : du matin, de Khuadinh, ou plus rarement sur les deux autres grands marchés urbains, Thongkhamkham et That Louang. Ils y proposent principalement un service de plats cuisinés, ou vendent fruits, légumes, épicerie, vêtements, bagages. Un quart des actifs travaille dans la fonction publique : quelques médecins et infirmières, policiers, petits employés (aide comptables, livreurs). Un seul haut fonctionnaire travaillant dans le domaine des médias a été rencontré. Un autre quart a le statut d’artisan indépendant, le plus fréquemment dans le secteur du bâtiment ou de la mécanique, mais on trouve aussi des fabricants de thats (stupas funéraires), un menuisier et un cordonnier. Un dixième des actifs est ouvrier ou exerce un métier faiblement rémunéré : main d’oeuvre s’employant dans le secteur industriel privé : textile, plastiques du quartier Dongpalane (6%), porteurs sur les marchés, domestiques hébergés par les familles enquêtées (4%). Les activités libérales sont peu nombreuses (8%) : un designer, imprimeur, quelques gérants d’un internet café ou d’un salon de beauté.

A de rares exceptions, en particulier les commerçants du marché de vêtements au marché du matin, les ménages ont plutôt des revenus modestes. Ils jouissent néanmoins d’une situation géographique favorable à leurs activités.

Documents relatifs