• Aucun résultat trouvé

Chrom atine et régions régulatrices long ue dis tance

chrom atine

2. Chrom atine et régions régulatrices long ue dis tance

Au sein du noyau interp has iq ue, d e nomb re uses protéines s’asso cient à l’AD N afin d’initier la transcriptio n des gènes e n ARNm, éléme nts néces saires à leur trad uction e n protéine. D ’a utres protéines p erm ette nt q uant à elles une structuration et une co mpactio n des p lusieurs m ètres d’AD N com posant le g éno m e d ’un organis me , en perm ettant à l’e nsem ble de cette informatio n génétique d’être conte nue dans un noyau de q uelques m icro mètres s ous forme de chromatine. Le term e chrom atine vie nt d u latin khrb ma (coule ur), tout d’a bord d éfini par W althe r Flem m ing e n 1882 comm e une structure aya nt la propriété de se colore r e n absorba nt des colorants b as ophiles [Fle m m ing, 1882 ; Paweletz, 2001]. La c hromatine es t actuelle m ent définie comm e l’enroule m ent d e d eux bo ucles de 73 paires d e bas e (p b) d’AD N (soit 146 pb ) auto ur d ’un octamère d e protéines histones, a ussi appe lées core histones [Luger et al., 1997], chac une présente en d eux copies. U n nucléosom e est ainsi com posé de deux histones H 2A, d eux histones H 2B , deux histo nes H3 et de ux histones H4 [L uger et al., 199 7] ainsi q ue de 146 nucléotides (Figure 10). C hez la plupart des e spèces, une fa mille additionne lle d e protéine histone est présente da ns la chromatine avec une stœ chiom étrie de 1 po ur 1 vis-à-vis des nucléosom e s : les Histones Linker (ou H1). Ces protéines ne parta gent pas d’homologie de structure avec les core histones [Allan et al., 1980 ; Syed et al., 2010] et se lient à la partie e xtérieure du nucléosom e , pe rm ettant de stabiliser l’a ncrage de l’AD N autour du nucléosom e.

http ://www.m un.ca/b iology/d esm id /b rian /BIO L2060/BIO L2060-18/18_21.jp g https://ww w.m echan obio.info/topics/genom e-regulation/d na-p ackaging/

Fig ure 10 | Le nucléosome , structure d e base de la chromatine. A) La chromatine est constituée d’AD N double b rin s ’e nroula nt a utour des nucléosom es en éta nt m aintenus par d e s histones H1. E ntre chaque nucléosom e se trouve une portion d ’AD N libre (Linke r D NA). B) Chaque nucléosom e consiste en 146 nucléotide ainsi q ue d ’un octamère d ’histo nes co nstitué d’une paire de chaq ue typ e de protéine histone : H2A, H2B , H3 et H 4.

II. Synthèses b ibliographiq ues B. Mécanism es ép igénétiq ue s e t structure d e la chrom atine

O utre les p rotéines histone s perm ettant de structurer la chromatine ou la RNAP II perm etta nt d’initie r la transcription, il existe d’autres protéines q ui perm ettent de réguler la transcription des gènes. Ces protéines ap pelées facteurs de transcription (FT ) s e fixent au niveau d e différents m otifs d’AD N spécifiques, co rres pondant à des sites de fixatio n d e facteurs d e transcription (T FBS). Ce rtains d e ces motifs sont des enhancers et sont capables , par recrutem e nt d’un FT , d’a ugm e nte r le taux de formation et de fixatio n de s com plexes d e pré-initiation au niveau des core pro moteurs. C es motifs enhance r pe uvent se retrouver de ma nière p roxim ale en am o nt ou en aval des T SS au sein d es promote urs , des e xons, d es introns , ou e ncore d es régions 5’ et 3’ U T R. Il existe égalem ent des enhance rs distaux, se trouvant jusqu’à 10 kb p ou 100kbp du T S S q u’ils régule nt, respective me nt chez la D rosophile et les m am m ifères [Levine et T jian, 2003 ; Birney et al., 2007]. L e m écanism e précis par leq uel ces élém e nts rég ule nt l’activité transcriptio nn elle fait encore débat, mais il est certain que le décle nche me nt d e l’activité d’un e nhance r nécessite souvent la fixation de plusieurs facteurs de transcriptio n au niveau d e m otifs cis-regulateurs de l’enhance r [Riethoven, 2010]. La pre mière séquence AD N enhancer a été identifée dans le géno me du virus simien 40 (SV 40). Il a été montré que lorsque cette séq uence es t ass ociée à des promote urs, elle stim ule la tra nscription du gène ass ocié indépende mm ent d e son orientatio n, et m êm e d ep uis des positions situées en aval du gène [Ba ne rji

et al., 1981].

En plus des motifs enhancers, il e xiste d es m otifs sile ncers (Fig ure 9) impliq ués dans l’inhibition de la transcriptio n des gènes. Le s silencers sont égalem ent des séquences d’AD N sp écifiques reconnues par des p rotéines, m ais sont cepe ndant m oins bien décrits que les enha nce rs, nota mm ent car ils ont été découverts de manière plus tardive. O n d istingue ce p endant deux classes de silencers : i) les silencer elements correspondant à des motifs courts et position-indépe nda nts (qui n’o nt pas besoin d’être situés de manière particulière vis-à-vis d’autres m otifs) retrouvés en am ont des T SS. Ils sont reconnus par des facteurs de transcription rép ress e urs capable s d’interfére r avec l’ass em b lage du co mplexe de pré-initiatio n de la transcription, p ermetta nt ains i d’inhiber la transcriptio n du gène ciblé ; ii) Les éléme nts régulateurs néga tifs (NRE) corres pondent quant à e ux à d es silence rs position-dép endants qui em pêche nt passivem ent la fixation de facteurs de transcription au niveau de motifs régulate urs en cis [Riethoven, 2010]. Les NRE sont retrouvés à la fois en am ont et en aval des T SS, et parfois m êm e au nivea u d’intro ns et d’exons [O gbo urne et A nta lis, 1998]. Le Re pressor Elem ent-1 Sile ncing T ranscription Factor/Neuron-Restrictive Silencer Factor (REST /NRSF) est un facteur de transcription rep ressif jouant un rôle clé dans la différenciatio n de s neuro nes chez les ma m mifères [Chong et al., 1995 ; Schoenhe rr et Ande rson, 1995]. La réductio n de l’express ion de REST /NRSF dans les cellules souches a pour effet d’a ugm e nter l’express ion de nom breux gènes ne urones -s pécifiq ues porta nt la séquence sile ncer RE-1 da ns leur pro m oteur, reconnue par R EST /NSR F. Par ce processus, REST /NSRF est supposé orchestrer div ers process us critiques pour la neurogénèse , la synaptogénèse ou encore la transm ission synap tiq ue [B allas et Mandel, 2005 ; O oi et W ood, 2007 ; D ’Alessa nd ro et al., 2009].

Enha ncers et sile ncers peuvent agir s ur d e m ultiples gènes en mêm e tem ps, m ais certaines d e ces intéractions p euve nt être gêna ntes da ns le ca dre d u maintien d ’un program m e génétique donné. Ainsi, une troisième class e de séquenc es d’AD N régulatrices existe afin de préve nir ces interactions :

II. Synthèses b ibliographiq ues B. Mécanism es ép igénétiq ue s e t structure d e la chrom atine

les insulators (Figure 9). D eux types d ’insulators ont été id entifiés à ce jour : les m otifs insulators bloquant l’activité d es motifs enha ncers, et les motifs insulators barrière [G as zner et Felsenfeld, 2006]. La première ca tégorie protège la transcription de s gènes des enha ncers en inte rféra nt avec l’interaction enhancer-pro moteur en étant situé e ntre ces deux éléme nts. Par exem ple , le CCCT C-binding factor (CT CF) est une protéine doigt de zinc conservée chez l’e nse m ble d es vertéb rés et exp rim ée d e m anière ubiq uiste [Filippova et al., 1996]. CT CF se fixe sur le motif insulate ur CCC T C et prévie nt les interactions entre prom oteurs et enh ancers par blocage d e l’a ctivité enhance r, par exe m p le a u niveau d e l’extrémité 5’ d u locus de la globine chez le poulet [ Be ll et al., 1999]. C hez l’H om me et la souris, C T CF perm et l’isolem ent d u g ène codant la globine vis-à-vis de m otifs enhancers voisins , suggéra nt égalem e nt un rôle d’insulator barrière pour le motif insulator CCCT C [Ristimä ki et al., 1991 ; Bell et al., 1999]. Ce type de motif insulator perm et égale me nt de protége r le géno me d e la diffusion de l’hétérochrom atine constitutiv e e n se situant a u niv eau des interfa ces euchromatine – hétérochro m atine [Riethov en, 2010] (Fig ure 11).

La structure d e la chroma tine est en effet dynam iq ue et peut être plus ou m oins compactée sous forme d ’e uchro m atine ou d’hétérochro matine s elon son niveau d’access ibilité, d éfinie et mod elée par un e nsem ble d e méca nism es épigénétiques. C’est en 1942 q ue W ad dington a pour la pre m ière fois em ployé le terme « épigénétiqu e », q u’il a alors défini co mme un cha nge me nt du phénotyp e d’un individ u n’éta nt pas ca ractérisé par une modification du g énotyp e [W ad dington, 1942, 2012]. Aujourd’hui, nous savons q ue les méca nism es épigénétiq ues p ermette nt la tra nsm iss ion héréditaire de pro gra mm es d’e xpress ion de gènes e n m odifia nt l’architecture de la chroma tine, et notam me nt son accessibilité, sans altérer la séquence d ’AD N sous-jacente [Allis et Jenuwein, 2 016].

II. Synthèses b ibliographiq ues B. Mécanism es ép igénétiq ue s e t structure d e la chrom atine

Fig ure 11 | Trois mod es de fonctionnem ent de m otifs insulators (rouge) vis-à-vis d ’un m otif e nha ncer (jaune ) et d’un promoteur (bleu). A) Un motif enhancer est situé en am ont d ’un prom oter et pe rm et une augm e ntation de sa transcription par m ise en contact. B ) Lorsqu’un motif insulator bloq ue ur se trouve e ntre l’enha ncer et le promoter et est reconnu par le FT qui lui est associé, la transcriptio n du gène ciblé inhibée. Si un second motif insulator se trouve après le promote ur, les FT reconnaissant ces motifs insulators barrières peuve nt s ’ass ocier et form er une boucle isolant le promote ur d e so n enhance r, et diminua nt alo rs la transcription du g ène cible. C) Les ins ulators peuvent aussi se s ituer à l’interface d e régions e uchromatinie nne et hétérochromatinie nne, réduisa nt ainsi l’acces sibilité d e l’enhancer à des FT , inhiba nt donc la transcription d u g ène cible. D ’après K riveg a e t D ean, 2012.

II. Synthèses bibliographiq ues B. Mécanism es ép igénétiq ue s e t structure d e la chrom atine