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Christophe Colomb, pieux laïc

Dans le document Colomb et le messianisme hispanique (Page 38-54)

De nombreux historiens ont mis en relief le rôle fondamental des francis-cains dans la confirmation et la réalisation du projet de Colomb. Les relations du Découvreur avec les frères mineurs sont anciennes et il ne faut pas pren-dre au pied de la lettre l’affirmation de Las Casas selon laquelle « Christophe Colomb, après qu’il fut nommé amiral, fut toujours dévot de cet ordre »1, étant donné que ce même biographe de l’amiral accorde une place importante aux épisodes de la Rábida. Il est même possible, comme le suppose le Père Steck, que déjà au Portugal, avant l485, Colomb ait eu des contacts intéressants avec les franciscains et qu’il se soit dirigé vers le couvent de Huelva muni d’une lettre de recommandation des religieux portugais.

§ – l : Les relations avec le clergé et les ordres religieux

Déjà le Frère Juan Ortega, le père Steck et le professeur Manzano, dans son beau livre sur les sept années qui ont précédé l’entreprise de l492, ont souligné l’importance des séjours de Colomb à la Rábida, près de Palos. Dans ce couvent qui était définitivement acquis à l’observance, donc à la branche rigoriste des frères mineurs, depuis l465, le Génois eut la possibilité d’être en contact avec des moines ouverts à toutes les nouveautés en matière de découvertes et cosmographie (« astrologie » comme on avait coutume de dire et soucieux de propager la foi chrétienne par la prédication en terres infidèles et païennes, comme en témoigne la figure d’ Alfonso de Bolaños2. Antonio Rumeu de Armas a éclairé l’action missionnaire précoce des fran-ciscains andalous, particulièrement du couvent de la Rábida, non seulement aux Canaries, mais aussi dans l’aire portugaise de l’Afrique Occidentale3. Il est arrivé en outre à clarifier le sujet délicat des noms des religieux qui secon-dèrent Colomb4.

Dans sa reconstitution systématique de l’histoire des relations entre le Découvreur et le couvent des bords du Rio Tinto, il en arrivait, par une hypercritique quelque peu excessive, à nier l’historicité du premier séjour de Colomb à la Rábida, en 1485. Mais Demetrio Ramos, se servant de l’indis-pensable apport de Rumeu et s’interrogeant sur les raisons qui poussèrent Colomb à offrir son projet à l’Espagne, a démontré de manière fort convain-cante la réalité de la rencontre de l485, brève mais féconde, avec un « frère

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astrologue » de la Rábida et un marin de Palos, Pero Vázquez de la Frontera (ou Pedro de Velasco qui avait été pilote de l’expédition du Portugais Diogo de Teive, celui qui avait découvert en l452 les îles de Flores et Corvo et était peut-être arrivé jusqu’à Terre-Neuve5). En prenant comme base le résultat des recherches de Rumeu de Armas, nuancé par Demetrio Ramos, nous pou-vons affirmer que les mineurs ayant aidé Colomb dans la phase antérieure à la découverte, furent :

- un « frère astrologue », c’est-à-dire expert en cosmographie, qui reçut Colomb lors de son premier séjour de l485 à la Rábida et le mit en contact avec Pedro Vázquez. Peut-être ce frère fut-il Pedro de Marchena, ex-mission-naire aux Canaries, qui fut nommé pour la deuxième fois, cette même année, custode de Séville6.

- Frère Antonio de Marchena, que l’on a l’habitude de confondre avec le précédent, mais qui n’avait aucun lien avec le couvent andalou. C’était un ancien gardien d’un couvent proche de Burgos; il fut élu en l499 vicaire de la province de Castille, et il garda cette charge jusqu’en l502. Colomb dut faire sa connaissance en l486, à la cour des Rois Catholiques, comme il dut connaître de nombreux franciscains qui avaient là un poste officiel. Le frère Antonio mit toute son autorité de cosmographe dans la défense de la thèse de Colomb. Il est légitime de déduire son appui à la cause du Découvreur et même sa très grande amitié pour lui, des affirmations de Las Casas, de Gómara, de Colomb lui-même et d’une lettre des souverains à l’amiral, datée du 5 septembre l493, qui lui recommandait d’emmener avec lui, pour son deuxième voyage, « Fray Antonio de Marchena, parce que c’est un bon astrologue, et nous a toujours paru se conformer à votre point de vue ». Finalement, aucun des deux Marchena ni Fray Juan Pérez n’accompagnèrent Colomb dans ses voyages, comme l’a démontré Rumeu de Armas7.

- Fray Juan Pérez n’était expert ni en cosmographie ni en art de naviguer. Mais pendant le second séjour de Christophe Colomb à la Rábida, en l49l, il lui ménagea une entrevue avec le « physicien », ou médecin de Palos, García Hernández, assez connaisseur en ces matières et qui fréquentait des gens de mer du Comté de Niebla. Mais l’aide du frère Juan Pérez ne se réduisit pas à cela. Etant confesseur de la reine, il joua un rôle essentiel dans l’adoption définitive du projet et dans les négociations qui aboutirent aux capitulations de Santa Fe. En outre, avec le supérieur du couvent de la Rábida ( la tradi-tion historiographique est erronée qui attribue cette charge à Fray Juan, car il n’était qu’un simple frère du couvent et le pilote Pedro Vázquez, il influa beaucoup sur la décision de Martín Alonso Pinzón de s’enrôler dans l’entre-prise8.

Si le rôle des franciscains fut décisif dans la confirmation du projet de découverte de Colomb – aussi bien au niveau scientifico-empirique qu’au niveau politique et institutionnel – il le fut aussi dans la configuration des dévotions et de l’idéologie politico-religieuse du Génois, comme nous

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rons le voir plus loin. Qu’il nous suffise pour l’instant de signaler la grande part que dut avoir dans la genèse – ou l’affermissement – des préoccupa-tions concernant Jérusalem chez Christophe Colomb, l’arrivée au cam-pement de l’armée royale qui assiégeait Baza, en l489, de deux Frères du couvent des Mineurs du Saint-Sépulcre de Jérusalem, porteurs d’un mes-sage menaçant du Sultan d’Egypte, selon lequel les chrétiens de Palestine et du Caire auraient à expier en Orient tout ce que les musulmans avaient souffert en Occident. Il est bien possible que Colomb qui était à ce moment-là présent à la cour, ait eu une entrevue avec les deux religieux. En tout état de cause, il est bien certain qu’il connut la teneur du message, ne serait-ce que par l’émotion qu’il suscita9.

On ne saurait mettre en doute la priorité de l’ordre séraphique dans l’ap-pui apporté au projet de Colomb. Cependant, Colomb lui-même n’hésita pas à attribuer au dominicain Frère Diego de Deza un rôle aussi décisif dans l’acceptation des souverains, qu’au frère Antonio de Marchena. D’après sa Relation du troisième voyage, ce furent les deux seuls à la cour « qui furent toujours constants »10. Et même dans un des derniers documents de la main de Colomb, la figure de Deza apparaît au premier plan :

il faut en presser le seigneur évêque de Palencia, lui grâce à qui leurs Altesses obtinrent les Indes et me fit rester en Castille lorsque j’étais en chemin pour en sortir, et il faut en faire autant avec le seigneur cham-bellan de son Altesse11.

Dans cet éloge du dominicain, alors évêque de Palencia, et de l’Arago-nais Juan Cabrero, Antonio de Marchena est de manière fort surprenante passé sous silence. Serait-il permis d’avancer que cet oubli est dû à un cer-tain refroidissement des relations entre Christophe Colomb et l’ordre fran-ciscain ? C’est là une simple hypothèse, mais il est certain que le gouverneur Bobadilla, qui arrêta Colomb, en l500, dans des conditions particulièrement offensantes, était accompagné de trois frères franciscains, qui menèrent une campagne féroce contre Colomb et son clan génois. Quelle part prit, dans le choix de ces frères, le vicaire provincial de Castille de l’époque, Frère Antonio de Marchena ? Ce qu’il y a de certain, c’est qu’ils avaient été dési-gnés pour l’évangélisation des Indes par Cisneros, le cardinal franciscain, auquel les religieux adressèrent leurs diatribes contre le Découvreur12. Je ne sais si l’on peut affirmer, avec Alexandre Cionarescu, qu’on peut déduire de ces lettres que Cisneros fut le principal artisan de la chute de Colomb13. En effet, si nous nous laissons guider par ce que dit Las Casas dans son Historia, dans les dernières années de la vie de Colomb :

l’archevêque de Tolède, don Fray Francisco Jiménez, religieux de saint François, et d’autres personnes importantes de la Cour lui accordaient leurs faveurs14.

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Mais je dois avouer que le témoignage de Las Casas me semble suspect, à cause de son admiration pour les deux personnages.

À partir de l498, le confident et véritable père spirituel de Colomb n’est pas un franciscain, mais le Père Gaspar Gorricio, de la Chartreuse de las Cuevas de Séville. C’est le chartreux d’origine italienne qui est chargé de la conservation des privilèges et autres documents de Colomb. C’est Gorricio qui lui apporte son aide précieuse pour la compilation de son Livre des Prophéties. Le 7 juillet l503, le jour même où il termine l’apocalyptique

Relation du Quatrième Voyage destinée aux souverains, plongé dans un état de désespoir bien explicable, puisqu’il vient de s’échouer sur la côte de la Jamaïque, Colomb n’écrit qu’à une seule personne – les souverains excep-tés – et c’est au Père Gorricio15. Et bien qu’il mourût revêtu de l’habit fran-ciscain, comme les tertiaires et les membres d’une confrérie d’inspiration franciscaine, ses restes furent enterrés, non dans un couvent franciscain, mais dans la chartreuse de las Cuevas.

Cependant, nous pouvons déduire de plusieurs indices que Colomb demeurait fidèle aux franciscains, en dépit de la campagne menée contre lui, en l500, par les trois frères mineurs dévoués au gouverneur Bobadilla. En l50l, dans une missive adressée à la reine Isabelle, il faisait allusion à une intervention en sa faveur, de Fray Juan Pérez, le très fidèle ami de la Rábida16. Nous savons d’autre part, que le chapelain de la quatrième expé-dition, un certain frère Alexandre, était franciscain; nous savons enfin que le confesseur de la dernière période de la vie du Découvreur à Valladolid, fut un Frère Mineur; et même, selon une ancienne tradition, il fut provisoi-rement inhumé au couvent franciscain de la ville, Santa María la Antigua, jusqu’à ce que ses restes fussent transférés à la chartreuse de Séville17.

Nous verrons que la dévotion mariale de Christophe Colomb puise essentiellement ses racines dans la piété franciscaine. Cependant, il ne faut pas oublier qu’au XVe siècle le culte marial, qui frisait la mariolâtrie, était général. En outre, certaines catégories sociales, comme les marins, avaient des dévotions mariales particulièrement développées, auxquelles contribuait l’exégèse courante du nom de Marie, Stella Maris18, l’étoile de mer, nord des marins, qui était le recours suprême au milieu des périls des tempêtes, la Vierge étant, à cette époque, la « Médiatrice » par excellence in articulo mor-tis. Significatives sont à ce sujet, les scènes décrites dans le Journal de bord, au cours desquelles l’équipage, angoissé par les tempêtes, tire au sort pour envoyer certains de leurs membres en pèlerinage à des sanctuaires de la Vierge19. Dévots de la regina misericordiae, de la médiatrice qui tend à rem-placer le Christ, l’advocata nostra, les marins espagnols avaient comme prière de prédilection, comme on peut le voir dans le Journal de Colomb et dans la biographie écrite par Las Casas, le Salve Regina20. Enfin, plusieurs ordres reli-gieux, outre les franciscains, apportaient leur sensibilité au monument élevé

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à la Vierge, en ces dernières années du XVe siècle. Parmi eux, les chartreux, qui fondèrent de nombreux monastères consacrés à Marie, comme celui de Notre-Dame de las Cuevas à Séville. En outre, les chartreux jouèrent un rôle, quoique moins important que les dominicains, dans la popularisation du rosaire. Gaspar Gorricio lui-même écrivit en latin des Méditations sur le Rosaire qui furent ensuite publiées à Séville en l495, dans une traduction cas-tillane21. Mais il n’est pas évident que Colomb ait adopté cette dévotion.

Nous avons aujourd’hui des chartreux l’image d’un ordre contemplatif, très éloigné des laïcs. Nous avons aussi, en notre XXe siècle qui a connu le développement de l’Action Catholique, l’idée d’une spiritualité spécifique aux laïcs. Mais au XVe siècle la spiritualité des laïcs pieux – une élite res-treinte, bien qu’en augmentation, et peu autonome vis-à-vis des ordres reli-gieux – se concevait comme un succédané de la spiritualité monastique et conventuelle22 : un bon exemple en est le mouvement des tertiaires francis-cains, auquel il est possible qu’ait appartenu Colomb. Un témoignage de cet état d’esprit est aussi le succès extraordinaire que connut la Vita Christi du Saxon Ludolphe le Chartreux, déjà propagée et lue en Espagne en sa version latine à l’époque de la Découverte. Ses quatre parties furent traduites en catalan, entre l495 et l500, par Joan Roiç de Corella et peu après en castillan par Fray Ambrosio de Montesino23.

Il est probable que Colomb, bon laïc, l’ait lue ou au moins se soit péné-tré de sa spiritualité de contemplation dévote à travers Gorricio ou un autre moine de la chartreuse de las Cuevas. En effet, cette dernière était un foyer de rayonnement religieux. Nous avons déjà fait mention du traité de Gorricio sur le rosaire, il serait bon de parler aussi du Retable de la Vie du Christ, œuvre en vers composée en l500 par le chartreux sévillan Juan de Padilla, et qui fut, d’après Melquíades Andrés, la « Vita Christi » la plus lue dans l’Espagne de la première moitié du XVe siècle.

Toujours lié aux franciscains, tardivement dévoué aux chartreux, aidé par le dominicain Deza, Colomb eut également des relations avec d’autres ordres religieux. Comme le sort tomba sur lui, au moment de la tempête du l4 février l493, il lui échut d’aller en pèlerinage au monastère de Guadalupe. Il accomplit son vœu en l’été l493, avant de s’embarquer pour la seconde fois, et il promit aux moines hiéronymites de donner à une île le nom de leur monastère, ce qu’il ne manqua pas de faire (la Guadeloupe24. Il eut aussi comme collaborateurs, le docteur Ramos, trinitaire, et surtout Luis de Soria, chanoine de Séville25. On voit clairement que Colomb ne voulait pas favo-riser exclusivement les franciscains dans cette demande adressée au pape Alexandre VI en février l502 :

Maintenant, Très Saint Père, je supplie Votre Sainteté pour ma consola-tion et pour d’autres raisons qui touchent à cette si sainte et noble en-treprise de m’accorder l’aide de quelques prêtres et religieux que pour

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cette affaire je sais capables, et, par votre bref, de donner ordre à tous les supérieurs, qu’ils soient chartreux ou de l’ordre de saint Benoît ou de saint Jérôme, mineurs ou mendiants, que je puisse, moi, ou celui qui me représenterait, choisir jusqu’à six des leurs qui auraient à travailler n’importe où que cela soit nécessaire en cette si sainte entreprise26.

§ – 2 : Christophe Colomb : tertiaire farnciscain ?

Christophe Colomb faisait-il partie du tiers-ordre de saint François ? À la suite d’Emilia Pardo Bazán, qui soutint cette thèse la première, plusieurs colombistes comme le Père Steck et Marianne Mahn-Lot, donnent la chose comme assurée27. En dehors des témoignages contemporains sur sa dévotion à saint François et à son ordre, deux indices semblent prouver son apparte-nance au tiers-ordre :

- Dès qu’il débarqua à Cadix en juin l496, au retour d’Hispaniola où il commençait à connaître des difficultés avec les colons espagnols et à avoir des craintes au sujet de sa faveur auprès des Rois Catholiques, il adopta l’ha-bit brun des franciscains et resta ainsi vêtu un certain temps. Nous en avons deux témoignages directs, celui du curé de los Palacios, Andrés Bernáldez, chez lequel s’arrêta l’amiral :

et il vint en Castille au mois de juin de mil quatre cent quatre-vingt seize, vêtu du froc des franciscains observants [...]et d’un cordon de saint François en guise de dévotion28.

et celui du Sévillan Las Casas :

parce qu’il était très dévot de saint François, il se vêtit de brun et je le vis à Séville, au temps où il revenait de là-bas, vêtu presque comme un frère de saint François29.

- Sa mort, dans la vêture franciscaine, selon le témoignage de son fils Diogo, dans son testament du 8 septembre l523 :

ledit amiral, mon seigneur, fut toujours dévot de l’ordre du bienheu-reux saint François et il mourut dans son habit30.

Il convient d’observer, avec John Leddy Phelan, que ces deux indices ne sont pas des preuves31. Le fait que Colomb ait porté l’habit franciscain, au retour de son second voyage, en signe de pénitence, pouvait obéir à une stra-tégie d’auto-humiliation, ou, plus profondément, à un trait permanent de la personnalité de Colomb : ce mélange d’orgueil et d’humilité, cette « humi-lité orgueilleuse » que nous essayerons de définir au chapitre III. Personne mieux que Madariaga n’a analysé le sens de cet épisode :

COLOMBETLEMESSIANISMEHISPANIQUE 43 Colomb n’était absolument pas en cette occasion un hypocrite ou un simulateur. Il agissait en toute sincérité. Mais il y avait au plus profond de lui-même deux mobiles qui l’incitaient à adopter cet habit monasti-que : le premier était un instinct « mimétimonasti-que », semblable à celui qui fait ressembler certains insectes à des brindilles ou à des feuilles; il était en danger : il risquait d’être menacé de l’extérieur par la colère de la cour – quel meilleur habit adopter que celui des franciscains ? Le second était un instinct encore plus profond : il était menacé de l’inté-rieur par la chute des hauteurs de l’orgueil aux profondeurs de l’humi-liation – il décida que personne que lui-même ne l’humilierait. C’était lui qui, de sa propre volonté, se rabaisserait jusqu’au bas de l’échelle; et dès lors, aucun homme ne pourrait le mettre plus bas que lui-même ne s’était mis. Il était à l’abri des outrages32.

Il y a une scène parallèle qui se situe au cours d’un épisode beaucoup plus tragique de la vie de l’amiral, quand il fut arrêté par Bobadilla en l500. Il prouva à nouveau sa maîtrise dans l’art de l’humilité33. Cette fois-là, au lieu de se présenter à la cour vêtu de l’habit franciscain, il refusa de se lais-ser enlever chaînes et fers. Non content de se présenter ainsi devant les sou-verains « il conserva ces fers – dit Las Casas-et demanda qu’on les mit en terre avec ses os, en témoignage de ce que le monde a coutume de donner en paiement à ceux qui y vivent »34.

En ce qui concerne sa mort, il convient d’observer que le fait de se faire enterrer revêtu de l’habit franciscain était pratique fréquente en Espagne et

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