La notion de construction de l´espace est une notion évolutive qui dépend des acords entre les acteurs présents dans le territoire. Les limites administratives ou celles des Réserves de Biosphère dépendront ainsi des décisions politiques et des accords établis entre les groupes de pression, notamment les scientifiques. Ces limites sont ainsi connectées avec les politiques publiques de chaque pays. En sciences politiques, l´étude sur les changements des politiques publiques qui a débuté dans les années 1950 (Palier, Surel et al., 2010) a suivi différentes logiques. Les changements dans les politiques publiques peuvent être analysées selon leurs différentes temporalités ainsi que l´intensité du changement : des temporalités lentes et marginales en opposition à des temporalité rapides et radicale (idem).
Selon l´approche néo-institutionnalistes, les institutions représentent un mode de structuration du comportement des acteurs et de l´organisation du système politiques. Elle met ainsi l´accent sur les dispositifs formels et informels (idem). En reprenant l´approche temporelle (néo-institutionalistes historique), la notion de path dependence (dépendance au chemin) est apparu dans les année 1990 dans les sciences politiques qui met en avant le poid des choix du passé pour comprendre les décisions présentes (Palier, 2010). Elle a ses origines dans l´économie de l´innovation (Fouilleux, 2002) et est utilisée par Douglass C. North dans l´ouvrage Institutions,
46 Institutional Change and Economic Performance (1990) pour expliquer les processus d´émergence et de changement des institutions. Il explique pourquoi les institutions restent stables et resistent aux changements (Erhel et Palier, 2010). Des phénomènes de vérouillage et d´autorenforcement diminuent les possibilités de changement. Dans la définition de dépendeance au sentier de Bruno Palier, Paul Pierson explique différents processus qui renforcent ce phénomène : i) les processus de l´action collective et de la coordination des différents acteurs est une contrainte pour promouvoir le changement car il diminu la capacité d´anticipation adaptative en matière d´action collective. ii) Les processus cognitifs d´interprétation renforce les phènomènes de dépendence au sentier car le coût d´apprentissage est élevé et il doit en premier changer les points de vue de tous les acteurs pour changer les politiques. iii) Les processus de développement institutionnels subissent également les contraintes des règles choisies précédemment. Changer de politiques ou créer des institutions alternatives générent des coûts d´investissement initiale, d´apprentissage, de coordination et d´anticipation ce qui rend difficils un changement. Il est ainsi préférable de réaliser des adaptations plutôt que de les remplacer (Palier, 2010). Les changements se produisent de façon incrémentale ce qui implique un continium temporel et le besoin de réaliser une analyse sur le long terme.
Cependant il existe également des phènomènes de changements radicaux qui se produisent généralement suite à des chocs exogènes (économiques, sociales, politiques) ou endogène.
Cette approche se focalise sur le changement de paradigme. Il contrebalance la vision de continuité acumulative qui se réalise par petits changements de faible transformation.
La notion de changement de paradigme scientique de Khun a été adaptée par Peter A. Hall pour expliquer les changements plus abrute. En partant de la capacité d´apprentissage sociale (social learning) qui se produit quand les individus assimilent de nouvelles informations, incluant également les expériences du passé, et ils les appliquent dans les actions à venir.
47 L´apprentissage est une tentative délibéré d´ajustement politique en fonction des expériences du passé et des nouvelles connaissances (Hall, 1993). Comme dans le cas du changement de paragdigme scientifique, dès le moment que les ajustements ne peuvent plus être intégrés dans les modèles existant, un nouveau modèle apparaît créant un nouveau paradigme qui n´était pas envisagé auparavant. Il met l´acces sur le niveau de changement selon trois ordres de grandeur : le premier niveau correspond à des changements de l´application des instruments politiques ; le dexieme niveau correspond à des changments au niveau des instruments proprement et le troisième niveau au changement des orientations politiques. Un changement de paradigm serait ainsi appliqué dès le moment où le troisième niveau est affecté car il correspond à un changement radical. Ce changement de paradigm influence également l´organisation et le positionnement des différents acteurs (politiques ou non) dans la prise des décisions.
Afin de comprendre l´évolution des prises de décision et son application à travers les politiques publiques il est important de prendre en compte les processus qui entre en jeux dans la durée.
Reprenant les conclusions de l´ouvrage collectif sur le changement dans les politiques publiques : Quand les politiques changent : temporalités et niveaux de l'action publique (Palier et al., 2010) dirigé par Bruno Palier et Yves Surel, les enchevêtrements entre les différentes temporalités et les interdépendances qui existent entre elles ne pourront être analysés que si l´analyse des changments des politiques publiques se réalise dans des longues durées.
Globalement, nous pourrions ainsi considérer qu´une temporalité longue est associée aux dynamiques intellectuelles ; une temporalité moyenne aux dynamiques institutionnelles et les temporalités courtes aux dynamiques de l´action collective et des interactions stratégiques.
Elles interagissent entre elles. Le programme MAB est un programme qui mobilise des acteurs politique et académique dans la gouvernance du programme et dans l´élection des politiques à suivre.
48 Par ailleurs, les intéractions entre les différents niveaux, du local (les Réserves de Biosphère) à l’international (UNESCO), permettra également de comprendre le positionnement de chaques groupes d´acteurs depuis le début du programme (1971) à nos jours. Cette analyse diachronique systèmique du programme permettra de comprendre son évolution et dépasser la dycotomie des changements lents et marginaux versus les changements rapides et radicaux.