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l´UNESCO en Amérique Latine 1. Introduction

3. La cartographie comme un outil d´analyse d´analyse

Si nous considérons d´une part que dans les premières périodes du programme MAB, les Réserves de Biosphère étaient des lieux où s´appliquaient des recherches scientifiques comme des lieux d´innovation (« laboratoire à l´échelle humaine ») (UNESCO CIC, 1981 ; Hadley, 2009). La délimitation précise des trois zones de la Réserve de Biosphère n´était pas une priorité pour qu´elles soient clairement établies car leurs objectives étaient d´avoir une représentativité

269 de tous les écosystèmes du monde (projet 8 de recherche). D´autre part les critères de désignation avaient été établis en 1995 et les premières Réserves de Biosphère reconnues en 1976. Cette première période a été considérée comme une étape de maturation nécessaire pour définir ces critères (Ishwaran et al., 2008).

Par ailleurs, les Réserves de Biosphère « demeurent sous la juridiction des États dans lesquels elles sont situées, et ceux sont les États qui prennent les mesures qu’ils estiment nécessaires pour en améliorer le fonctionnement » (UNESCO, 2008). Bien que différents pays aient fait mention, dans leur législation nationale, de la notion de Réserve de Biosphère ou du Comité National MAB (responsable de la mise en place du programme dans les pays), leur degré d´implication et de mise en pratique varie d´un pays à l´autre au sein même de l´Amérique Latine (Santamaría-Arinas, 2015) (Carte 22 et 23).

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Carte 22 Mention dans la législation nationale la notion de Réserves de Biosphère au nievau étatique

271 Cette diversité de la transcription dans la législation nationale de la figure de Réserve de Biosphère ne favorise pas une claire délimitation de celle-ci. D´autre part le programme MAB à la différence d´une convention internationale est considérée comme un « soft-law » (UNESCO, 2013a), un accord de bonne volonté émis par le pays pour travailler dans les principes du programme (Bonnin et Jardin, 2009).

Carte 23 Mention dans la législation nationale le Comité National MAB

272 Définitivement, durant cette dernière décennie, les outils de cartographie se sont popularisés.

Elles ne sont plus exclusives à un secteur défini des institutions étatiques mais un outil de représentation de notre espace (Ciattoni et Veyret, 2015). La production de carte est de plus en plus accessible. Si nous considérons que la cartographie était un élément important pour le control notamment du territoire (Harley, 2006), ses nouveaux avancements technologiques la font évoluer comme un outil éducatif (cartographie sociale), de revendication (terre indigène) et pour rendre visible des processus sociaux.

Ainsi, la prolifération de cartes est de plus en plus importante. Une première analyse permettra ainsi de voir la conformité des représentations, non pas comme une critique sur l´exactitude mais pour identifier la pertinence des informations (carte 24).

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Carte 24 : Pertinence de la représentation spatiale des Réserves de Biosphère. Fait par l´auteur

Cette pertinence de la représentation spatiale est obtenue par la différence entre la surface que représente le polygone de la Réserve de Biosphère et l´information indiquée dans le dossier de nomination soumis à l´UNESCO.

274 Nous pouvons voir que dans certain cas, uniquement les zones centrales et tampons sont représentées alors que la zone de transition n´est pas encore définie, telle que la Réserve de Biosphère Archipiélago de Colón (Equateur) ou dans certaines Réserves de Biosphère Mexicaines dont progressivement la zone de transition est clairement définie.

Le concept de Réserve de Biosphère au Mexique a été transcrit dans la loi nationale comme une catégorie de protection en 1988 et modifié en 1996 (LGEEPA, 1996). Cependant, elle ne contient que deux zones (centrale et tampon). La troisième zone, appelée également zone « d´influence », est une zone adjacente où les gestionnaires travaillent avec les communautés locales pour les impliquer dans la conservation (Dans le chapitre concernant le Mexique, ces changement seront également analysées). Progressivement, à la suite des révisions périodiques, les Réserves de Biosphère mexicaines définissent clairement la zone de transition (ex. Réserve de Biosphère Sierra Gorda où la zone de transition est composée par le Corridor Biologique écologique de la Sierra Madre Oriental (CONANP, 2013).

Un autre cas de figure d´inadéquation est la Réserve de Biosphère Seaflower (Colombie). Le territoire de cette Réserve de Biosphère nommée en 2000 a été divisé sur décision de la Cour Internationale de Justice en 2012 ((Différend territorial et maritime (Nicaragua c. Colombie), arrêt, C.I.J. Recueil 2012, p. 624 )(carte 25).

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Carte 25: Réserve de Biosphère Seaflower et la résolution de la Cour International de Justice (19 novembre 2012)

276 Actuellement, la superficie actuelle de cette Réserve de Biosphère ne correspond pas aux limites territoriales de la Colombie suite à cette résolution. Les deux pays doivent décider comment mettre en adéquation cette Réserve de Biosphère et définir les limites de sa superficie.

Certaines des différences sont également dues aux différentes projections utilisées au niveau régional et celle utilisée par le propre pays. Ainsi dans la carte représentant l´exactitude de la superficie des Réserves de Biosphère en Amérique Latine (carte 24) les différences inférieures à 15 % sont représentées dans des tonalités bleu car elles peuvent être assimilées aux différences de projections. Au-delàs de cette limite, la différence est trop importante pour qu´elle puisse être uniquement due à cette raison.

La soumission de nouvelles Révisions Périodiques par les Etats permettra d´ajuster non seulement la superficie des différentes Réserves de Biosphère dans les cas nécessaires mais également son adéquation avec les nouvelles exigences dictées par la Stratégie de Séville et par les nouvelles requêtes suite à la modification de 2013. Comme nous pouvons voir sur les cartes 6 et 7, durant toutes les périodes du programme MAB (1976 jusqu´à nos jours) de nouvelles Réserves de Biosphère ont été reconnues et certaines modifiées.

Certaines des modifications des Réserves de Biosphère présentées et approuvées par le CIC ont été réalisées pour répondre aux demandes du Programme qui est en perpétuelle évolution.

Durant la première période (1976, première Réserve de Biosphère reconnue1988) le programme avait identifié 14 projets de recherche (Hadley, 2009a), cependant en 1988, le CIC approuva un changement important dans le programme en incluant quatre thèmes (UNESCO 1988) et utilisant les Réserves de Biosphère comme des lieux de mise en application des principes du programme. Les Réserves de Biosphère avaient pris une place primordiale pour le programme qui s´est renforcé progressivement au cours des années au détriment de la recherche internationale à cause de réajustement économique et circonstanciel (Bridgewater, 2015 ;

277 Glaser, 2009 ; Hadley et Nuotio, 2009). Dans cette première phase, les Réserves de Biosphère ont été créées pour avoir une représentativité des différents écosystèmes du monde (projet 8) (UNESCO CIC, 1971) mais également comme site d´expérimentation (comme le démontre l´exposition et colloque organisés à l´UNESCO sous le titre : Ecologie en Action (UNESCO CIC, 1981).

Une deuxième période, s´étend jusqu´à l´approbation du Cadre statutaire et de la Stratégie de Séville pour les réserves de biosphère (UNESCO, 1996). Les Réserves de Biosphère conservent une forte composante de lieu dédié à la recherche (des « laboratoires à l´échelle humaine ») mais également de développement et de conservation.

Ces deux premières périodes, peuvent être également considérées comme une époque de maturation du concept de Réserve de Biosphère appelé également Post-Seville. Les Réserves de Biosphère changent, elles sont considérées principalement comme des aires protégées et des zones additionnelles pour devenir des paysages dans lesquels se mettent en place des méthodes innovantes de gouvernance et gestion pour assurer conservation et développement durable (Ishwaran et al., 2008).

La période Post-Séville est également divisée en deux parties : de 1996-2008 avec le 3eme Congrès International sur les Réserves de Biosphère qui définit le rôle des Réserves de Biosphère dans le 21 siècle et la création du « Plan d´Action de Madrid » (2008-2013) (Clüsener-Godt, 2008 ; UNESCO, 2008). La dernière période correspond à la période précédente au lancement du prochain plan d´Action en 2016 à Lima, Pérou.

En comparant les cartes 26 et 27, nous pouvons également identifier les sites de « première génération » qui n´ont pas encore incorporé tous les critères définis par la Stratégie de Séville.

Cependant, la stratégie de sortie et les Révisions Périodiques vont permettre d´ajuster les sites pré-Séville ou les retirer de réseau international (UNESCO CIC, 2015).

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Carte 26: Périodes de nomination par l´UNESCO des Réserves de Biosphère et ses modifications

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Carte 27: Correspondance avec la Stratégie de Séville (1995)