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Les « centres de focalisation » pendant l’étape de prise de contact et de négociation avec le client : l’évaluation de la technicité

ANALYSE DES DONNÉES

L’ANALYSE DU TEXTE DE DÉPART ET DU TEXTE D’ARRIVÉE

1.1.1 Les « centres de focalisation » pendant l’étape de prise de contact et de négociation avec le client : l’évaluation de la technicité

et de la difficulté du texte de départ

Pendant les entretiens et les questionnaires, les traducteurs ont expliqué qu’ils faisaient la différence entre la technicité d’un texte en général (quand ils le traduisent) et la technicité d’un texte que leur donne le client et qu’ils évaluent dans l’étape de prise de contact et de négociation avec le client. Nous avons donc décidé d’organiser notre argumentation en fonction de ces deux points de vue (1.1.1.1 et 1.1.1.2).

1.1.1.1 L’évaluation de la technicité du texte de départ (sur un plan général)

Dans nos questions sur la technicité des textes, les répondants pouvaient choisir entre les trois critères établis dans les entretiens préalables. L’ensemble a permis d’obtenir les pourcentages suivants.

Évaluation de la technicité du texte de départ Pourcentage de réponses

Par la connaissance du sujet traité 33,3%

Par le nombre de TTSS66 16,6%

Par la compréhension générale du texte 50%

Tableau 9 : Évaluation de la technicité du texte de départ (sur un plan général)

66 Termes Techniques au Sens Strict (voir première partie ; 2.3.2)

Pour évaluer la technicité d’un texte pendant la traduction, les répondants s’appuient davantage sur des critères liés à la compréhension générale du texte et à leurs connaissances que sur des critères objectifs liés par exemple à la clarté, à la terminologie et à la phraséologie. Au-delà des chiffres, ces pourcentages suggèrent que les répondants évaluent la technicité d’un texte par leurs connaissances. Ces traducteurs ont la même opinion que le spécialiste qui considère qu’un texte n’est pas technique s’il le comprend (Rodriguez 2002 : 124).

Nous avons ensuite demandé aux répondants s’ils considéraient qu’un texte qu’ils comprennent bien ne pose pas de problèmes de traduction.67 La plupart d’entre eux (39 sur 60, soit 65%) ont expliqué qu’ils pouvaient considérer qu’un texte n’était pas technique parce qu’ils le comprenaient bien mais que cela ne signifiait pas qu’il ne présentait pas de problèmes de traduction.

1.1.1.2 Les critères de technicité d’un texte dans l’étape de prise de contact et de négociation avec le client

Quels sont les critères des répondants pour évaluer la technicité du texte de départ pendant l’étape de contact et de négociation avec le client ?

La majorité des traducteurs ayant répondu à cette question (56 sur 80, soit 70%) ont expliqué qu’ils évaluaient la technicité d’un texte en se focalisant sur les TTSS. Pour eux, la terminologie est le critère principal de technicité.

L’expérience dans le métier a-t-elle une influence sur ce point de vue ? Nous ne leur avons pas posé la question mais avons classé les traducteurs en fonction de leurs réponses et avons calculé la durée

67 Cette question a été posée dans la deuxième série d’entretiens et dans la deuxième série de deux questionnaires respectivement consacrés à l’acquisition de connaissances selon la technicité du texte de départ et à l’identification des problèmes posés par le texte de départ

moyenne de l’expérience de la traduction en années pour chaque réponse ; il apparaît que les traducteurs pour qui la technicité dépend également de facteurs autres que les TTSS ont plus d’expérience que les autres (20,3 ans en moyenne contre 11,3 ans en moyenne). Cette nette différence donne à penser que pour les traducteurs les plus expérimentés, la technicité du texte ne dépend pas du nombre de TTSS qu’il contient, les traducteurs moins expérimentés se focalisant davantage sur la terminologie pour décider qu’un texte est technique.

1.1.1.3 L’évaluation de la difficulté d’un texte dans l’étape de prise de contact et de négociation avec le client

Nous partons de l’idée selon laquelle technicité et difficulté sont deux choses différentes ; un texte très technique peut être facile à traduire parce qu’il peut être très clair et contenir un nombre important de TTSS faciles à traduire. Les répondants sont-ils de cet avis ?

Pour une partie des traducteurs (50 sur 87, 57,4%), un texte contenant un très grand nombre de TTSS n’est pas nécessairement difficile à traduire. Un bon nombre de répondants n’étant pas de cet avis (42,6%), nous avons cherché à voir si les différences s’expliquaient par la durée de leur expérience. Il est apparu que ceux qui considèrent qu’un texte contenant un grand nombre de TTSS est un texte difficile à traduire ont moins d’expérience que les autres (14,5 ans en moyenne contre 19 ans en moyenne). Reprenons le propos d’un des répondants :

On bute souvent sur le rédactionnel, sur des textes bâclés dans la langue de départ, souvent sur du « charabia » qui est la transcription confuse de la pensée.

Les rédacteurs, les scientifiques et les techniciens négligent souvent la maîtrise de leur langue et ne cherchent pas toujours à être clairs et précis. Le plus difficile consiste à comprendre ce qu’ils veulent dire, à retrouver les mots justes et à suivre le fil d’une pensée qui n’est pas toujours organisée ; c’est un problème de communication et un problème de nature linguistique. Le traducteur a souvent l’impression d’être un voyant dans une boule de cristal.

D’après ce propos, la difficulté vient principalement d’une mauvaise rédaction du texte original, la terminologie posant alors moins de problèmes.

Nous remarquons que les réponses données sont toutes subjectives dans la mesure où les critères de difficultés que les répondants ont énoncés correspondent aux problèmes qu’ils rencontrent. Par exemple, le lexique, la sémantique, les idiomes, la syntaxe, la structure, la terminologie, les concepts présents dans le texte, la logique, le style, le registre de langue, le ton et la phraséologie sont des critères permettant d’évaluer la technicité d’un texte (Mauriello 1992 : 65).

1.1.2 L’importance du profil du traducteur dans la décision