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Causes fr´ equentes de l’inefficacit´ e de l’alerte

2.2 Les Syst` emes d’Alerte Pr´ ecoce (EWS)

2.2.5 Causes fr´ equentes de l’inefficacit´ e de l’alerte

Bien que les propri´et´es essentielles des syst`emes d’alertes aient ´et´e bien d´e- taill´ees dans la litt´erature et que des orientations pour la mise en place de syst`emes efficaces soient largement diffus´ees, les syst`emes op´erants pr´esentent aujourd’hui encore certaines faiblesses.

Prise en compte des populations limit´ee Comme cela a ´et´e pr´ecis´e en sec- tion 1.2.2, les EWS ne sont pas suffisament orient´es vers les populations, ils ne font pas suffisamment participer les populations aux diff´erentes phases de cr´eation, d’´evolution ou d’activation du syst`eme et ne tiennent pas suffisamment compte de diff´erents facteurs pouvant affecter les comportements des populations en r´eaction `

a l’alerte [Basher, 2006, Luneta and Molina, 2008, of Red Cross and (IFRC), 2012, Jacks et al., 2010, David et al., 2017]. Certains syst`emes dits communautaires vont dans ce sens mais ils restent minoritaires et localis´es [Luneta and Molina, 2008, Cross, 2009].

Des exercices et une sensibilisation sous-exploit´ee Les exercices li´es `a l’alerte ne sont pas toujours organis´es de fa¸con r´eguli`ere, et ils sont surtout la plupart du temps inadapt´es `a la pr´eparation `a l’impr´evu [Lagadec, 2015]. G´en´eralement organis´es de mani`ere partielle (sans int´egrer les populations), ils sont structur´es autour de sc´enarios convenus et plus ou moins r´ealistes. Les exercices sont des ´ev´enements qui n´ecessitent toujours beaucoup d’investissement et une mise en difficult´e des acteurs qu’appr´ehendent voire refusent certains d’entre eux.

Les limites de l’expertise Les experts ont une connaissance et une rationalit´e limit´ee, ils filtrent le risque en fonction de leur perception. D’autre part les nom- breux mod`eles de simulation qu’ils utilisent dans le travail de pr´eparation `a une crise ne sont qu’une repr´esentation imparfaite de la r´ealit´e, calibr´es sur les don- n´ees disponibles, ils sont souvent inadapt´es pour anticiper les ph´enom`enes rares [Merad, 2010].

signaux d’une crise et le moment de l’alerte aux populations peut ˆetre tr`es long au regard du temps dont disposent alors les populations pour r´eagir. Beaucoup de cons´equences dues aux tsunamis, notamment celui qui s’est produit en d´e- cembre 2004 dans l’oc´ean Indien, auraient pu ˆetre ´evit´ees si les d´ecisions d’alerter avaient ´et´e prises plus rapidement. Les connaissances actuelles permettent aujour- d’hui d’alerter `a temps les populations pour qu’elles puissent se prot´eger de glisse- ments de terrain, d’inondations ou de tsunamis pr´ec´ed´es de tremblements de terre [Einstein and Sousa, 2007].

L’importance des fausses informations v´ehicul´ees par les m´edias L’information n’est plus l’apanage des m´edias traditionnels (t´el´evision, radio, journaux). Elle passe aujourd’hui beaucoup par les r´eseaux sociaux. Le contenu des informations diffu- s´ees sur les r´eseaux sociaux se diff´erencie par son imm´ediatet´e, sa concision, et malheureusement l’impr´ecision voire la propagation d’informations fallacieuses ou erron´ees (les fake news). Des associations luttent aujourd’hui au niveau mondial pour que la communication de crise sur les r´eseaux sociaux soit tr`es vite associ´ee `a des informations provenant des sources officielles ou puissent ˆetre supprim´ees par les autorit´es pour mettre fin `a la diffusion d’informations erron´ees ou sources de stress pour les populations. La diffusion de l’information dans les r´eseaux sociaux et sur internet repr´esente aujourd’hui encore un enjeu. Patrick Lagadec d´efinit parfois les m´edias comme un contre-pouvoir qui a la capacit´e d’influencer les populations `a court terme dans leurs perceptions du risque et leurs r´eactions `a l’alerte mais qui a aussi des effets `a plus long terme sur cette mˆeme perception et sur l’anticipation du risque par les populations (sans parler des cons´equences politiques et ´economiques qui ne font pas partie de cette ´etude) [Lagadec, 1991].

Manque d’adaptation et de cr´eativit´e Au del`a de la d´efinition de proc´edures et de simulations bien calibr´ees pour se pr´eparer `a faire face `a une catastrophe, Qua- rantelli insiste sur l’importance de d´evelopper des r´eflexes et une attitude cr´eative pour faire face `a un risque ´etabli [Quarantelli, 1988]. Tr`es rares sont les cas o`u les pr´edictions li´ees `a des ´ev´enements rares se sont av´er´ees exactes. Les choses ne se d´eroulent jamais comme pr´evu et ce sont bien souvent les effets dominos qui suivent un ´ev´enement pr´edit qui se r´ev`elent `a l’origine des ´ev´enements aux cons´equences les plus d´esastreuses. Cela s’est produit de mani`ere manifeste `a Fukushima en 2011. Le s´eisme du 11 mars enregistr´e au large des cˆotes Est du Japon a entrain´e un tsunami qui a provoqu´e la mort de milliers de personnes et une rupture de cou- rant accompagn´ees d’un endommagement des quatre r´eacteurs de la centrale de Fukushima-Daiichi qui ont entrain´e une s´erie d’explosions, une contamination de l’eau rejet´ee dans l’oc´ean et la formation de nuages radioactifs. Ces cons´equences dans les jours qui ont suivi le s´eisme ont entrain´e `a plus long terme de tr`es lourdes cons´equences sociales, ´economiques et politiques `a un niveau plan´etaire.