• Aucun résultat trouvé

LA CAT ´ EGORIE DES S -BIMODULES DIFF ´ ERENTIELS GRADU ´ ES

Dans le document DUALIT´E DE KOSZUL DES PROPS (Page 53-57)

Prop´ erades et PROPs diff´ erentiels

CHAPITRE 3. PROP ´ ERADES ET PROPS DIFF ´ ERENTIELS

1. LA CAT ´ EGORIE DES S -BIMODULES DIFF ´ ERENTIELS GRADU ´ ES

Sur les parties connexes, on vient de pr´eciser les r`egles de signes, les relations d’´equivalences `a consid´erer et les diff´erentielles. On d´efinit les mˆemes notions pour le produiten g´en´eralisant les r`egles de Koszul-Quillen du produit tensoriel⊗k au produit⊗.

Soient P et Q deux S-bimodules diff´erentiels gradu´es. Pour p⊗q appartenant `a Pd(m, n)⊗ Qe(m0, n0), on pose

δ(p⊗q) =δ(p)⊗q+ (−1)dp⊗δ(q).

Les isomorphismes de sym`etrie s’´ecrivent ici

τp, q : p⊗q7→(−1)deq⊗p.

Avec ces r`egles de signes, on d´efinit une diff´erentielle naturelle sur le produitQP.

Proposition 63. Le bifoncteur de la cat´egorie des S-bimodules s’´etend `a la cat´egorie des S -bimodules diff´erentiels gradu´es.

Comme dans le cas connexe, on peut ´etendre aux dg-S-bimodules la proposition 38.

Proposition 64. Le produit QP est isomorphe, en tant que dg-S-bimodule, `a M

(0 1,...,Π0

a),(Π1,...,Πb))∈Θ0

k|=|¯|

k[Sm]⊗S¯lQ(¯l,k)¯ ⊗S¯kk[S|¯k|]⊗S¯P(¯,¯ı)⊗S¯ık[Sn].

1.2. Structure diff´erentielle des produits de dg-S-bimodules. On ´etudie ici l’homolo-gie des produits de deuxS-bimodules diff´erentiels.

Remarquons d’abord que le complexe (QcP, δ) correspond au complexe total d’un bicomplexe.

En effet, on d´efinit le bidegr´e d’un ´el´ement

(q1, . . . , qb)σ(p1, . . . , pa) de Q(¯l,k)¯ ⊗Sk¯k[Sc¯k,¯]⊗S¯P(¯,¯ı)

par (|q1|+· · ·+|qb|,|p1|+· · ·+|pa|). Et, la diff´erentielle horizontaleδh : QcP → QcP est induite par celle de Q. Quant `a la diff´erentielle verticaleδv : QcP → QcP, elle est induite par celle deP. De mani`ere explicite, on a

δh (q1, . . . , qb)σ(p1, . . . , pa)

=

b

X

β=1

(−1)|q1|+···+|qβ−1|(q1, . . . , δ(qβ), . . . , qb)σ(p1, . . . , pa) et δv (q1, . . . , qb)σ(p1, . . . , pa)

=

a

X

α=1

(−1)|q1|+···+|qb|+|p1|+···+|pα−1|(q1, . . . , qb)σ(p1, . . . , δ(pα), . . . , pa).

On voit clairement queδ=δhv etδh◦δv =−δv◦δh.

Comme tout bicomplexe, celui-ci donne naissance `a deux suites spectralesIr(QcP) etIIr(QcP) qui convergent vers l’homologie totaleH(QcP, δ) (cf.Conventions). Rappelons que ces derni`eres v´erifient

I1(QcP) =H(QcP, δv), I2(QcP) =H(H(QcP, δv), δh) et II1(QcP) =H(QcP, δh), II2(QcP) =H(H(QcP, δh), δv).

Grˆace `a la proposition 62, on sait que produit mono¨ıdalQcP s’´ecrit `a l’aide de la somme directe M

Θ

Q(¯l,k)¯ ⊗Sk¯k[Sc¯k,¯]⊗S¯P(¯,¯ı).

Cette d´ecomposition est compatible avec la structure de bicomplexe. Ainsi, les suites spectrales se d´ecomposent de la mˆeme mani`ere

Ir(QcP) =M

Θ

Ir

Q(¯l,k)¯ ⊗Sk¯k[Sc¯k,¯]⊗S¯P(¯,¯ı) et IIr(QcP) =M

Θ

IIr

Q(¯l,¯k)⊗S¯kk[Sc¯k,¯]⊗S¯P(¯,¯ı) 53

CHAPITRE 3. PROP ´ERADES ET PROPS DIFF ´ERENTIELS

On a imm´ediatement les deux expressions suivantes.

Proposition 65. Si Q(¯l,¯k)⊗Sk¯k[Sc¯k,¯] est unk[S¯]-module projectif (`a droite), alors on a I1

Q(¯l,k)¯ ⊗S¯kk[Sck,¯ ¯]⊗S¯P(¯,¯ı)

=Q(¯l,k)¯ ⊗Sk¯k[Sc¯k,¯]⊗S¯H(P(¯,¯ı)). Et si,k[Sc¯k,¯]⊗S¯P(¯,¯ı)est un k[Sk¯]-module projectif (`a gauche), alors on a

II1 Q(¯l,¯k)⊗Sk¯k[Sc¯k,¯]⊗S¯P(¯,¯ı)

=H Q(¯l,¯k)

S¯kk[Sc¯k,¯]⊗S¯P(¯,¯ı).

Corollaire66. Sik est un corps de caract´eristique nulle, on a toujours I1

Q(¯l,¯k)⊗S¯kk[Sc¯k,¯]⊗S¯P(¯,¯ı)

=Q(¯l,¯k)⊗S¯kk[Sc¯k,¯]⊗S¯H(P(¯,¯ı)) et II1

Q(¯l,k)¯ ⊗S¯kk[Sck,¯ ¯]⊗S¯P(¯,¯ı)

=H Q(¯l,k)¯

S¯kk[Sc¯k,¯]⊗S¯P(¯,¯ı).

D´emonstration. Par le th´eor`eme de Maschke, on sait que tous les anneaux k[S¯] sont

semi-simples. Ainsi, toutk[S¯]-module est projectif.

Proposition 67. Si kest de caract´eristique nulle, alors on a I2

Q(¯l,¯k)⊗S¯kk[Sc¯k,¯]⊗S¯P(¯,¯ı)

=II2

Q(¯l,¯k)⊗S¯kk[Sc¯k,¯]⊗S¯P(¯,¯ı)

= HQ(¯l,k)¯ ⊗Sk¯k[Sc¯k,¯]⊗S¯HP(¯,¯ı).

D´emonstration. Comme toutk[S¯k]-module est projectif, on a imm´editatement I2

Q(¯l,¯k)⊗Sk¯k[Sc¯k,¯]⊗S¯P(¯,¯ı)

=H Q(¯l,k)¯

S¯kk[Sck,¯ ¯]⊗S¯H(P(¯,¯ı)). Et on conclut avec la formule de K¨unneth

H Q(¯l,k)¯

= H(Q(l1, k1)⊗ · · · ⊗ Q(la, ka)) =

HQ(l1, k1)⊗ · · · ⊗HQ(la, ka) =HQ(¯l,¯k).

Remarque : Soient Φ : M → M0 et Ψ : N → N0 deux morphismes de dg-S-bimodules.

Alors le morphisme ΦcΨ : M c N → M0 N0 est un morphisme de bicomplexes. Ainsi, il induit des morphismes de suites spectrales Irc Ψ) : Ir(M c N) → Ir(M0 cN0) et IIrcΨ) : IIr(McN)→IIr(M0cN0).

De mani`ere g´en´erale, on a la proposition suivante.

Proposition 68. Lorsque le corpsk est de caract´eristique nulle, on a toujours H(QcP)(m, n) =M

Θ

HQ(¯l,k)¯ ⊗Sk¯k[Sck,¯ ¯]⊗S¯HP(¯,¯ı).

C’est-`a-dire,H(QcP) = (HQ)c(HP).

D´emonstration. C’est une application directe des th´eor`emes de Mashke (pour les coinvariants)

et de K¨unneth (pour les produits tensoriels).

On peut reprendre les mˆemes raisonnements dans le cas du produit.

Le complexe (QP, δ) est encore le complexe total d’un bicomplexe. Les ´el´ements deQfournissent la graduation et la diff´erentielle horizontales et ceux dePla graduation et la diff´erentielle verticales.

En ce qui concerne les signes, il faut faire attention aux composantes connexes. Par exemple, pour un objet

(q1, . . . , qb)σ(p1, . . . , pa)⊗(q01, . . . , qb00)σ(p01, . . . , p0a0) deQcP ⊗ QcP, on a

1. LA CAT ´EGORIE DESS-BIMODULES DIFF ´ERENTIELS GRADU ´ES

δh((q1, . . . , qb)σ(p1, . . . , pa)⊗(q10, . . . , q0b0)σ(p01, . . . , p0a0)) =

b

X

β=1

(−1)|q1|+···+|qβ−1|(q1, . . . , δ(qβ), . . . , qb)σ(p1, . . . , pa)

⊗(q10, . . . , q0b0)σ(p01, . . . , p0a0) +

b0

X

β=1

(−1)|q1|+···+|qb|+|p1|+···+|pa|+|q10|+···+|q0β−1|(q1, . . . , qb)σ(p1, . . . , pa)

⊗(q10, . . . , δ(q0β), . . . , q0b0)σ(p01, . . . , p0a0) et

δv((q1, . . . , qb)σ(p1, . . . , pa)⊗(q10, . . . , q0b0)σ(p01, . . . , p0a0)) =

a

X

α=1

(−1)|q1|+···+|qb|+|p1|+···+|pα−1|(q1, . . . , qb)σ(p1, . . . , δ(pα), . . . , pa)

⊗(q01, . . . , qb00)σ(p01, . . . , p0a0) +

b0

X

β=1

(−1)|q1|+···+|qb|+|p1|+···+|pa|+|q10|+···+|q0b0|+|p01|+···+|p0α−1|

(q1, . . . , qb)σ(p1, . . . , pa)⊗(q01, . . . , qb00)σ(p01, . . . , δ(p0α), . . . , p0a0).

On a alors les mˆemes r´esultats que dans le cas connexe.

Proposition 69. Si kest un corps de caract´eristique nulle, on a les ´egalit´es I1 Q(¯l,¯k)⊗S¯kk[SN]⊗S¯P(¯,¯ı)

=Q(¯l,¯k)⊗S¯kk[SN]⊗S¯H(P(¯,¯ı)) et II1 Q(¯l,¯k)⊗Sk¯k[SN]⊗S¯P(¯,¯ı)

=H Q(¯l,k)¯

S¯kk[SN]⊗S¯P(¯,¯ı).

Proposition 70. Si kest de caract´eristique nulle, alors on a I2 Q(¯l,k)¯ ⊗S¯kk[SN]⊗S¯P(¯,¯ı)

=II2 Q(¯l,¯k)⊗S¯kk[SN]⊗S¯P(¯,¯ı)

= HQ(¯l,¯k)⊗S¯kk[SN]⊗S¯HP(¯,¯ı).

Proposition 71. Lorsque le corpsk est de caract´eristique nulle, on a H(QP) = (HQ)(HP).

Corollaire72. SoientQet P deux dg-S-bimodules. On a la relation H(QP) =S(H(QcP)).

Remarque : Toutes ces propositions sont des g´en´eralisations des r´esultats de B. Fresse sur le produit de composition◦ des op´erades aux produitsc et des prop´erades et des PROPs (cf.

[Fr] 2.3.).

1.3. Prop´erades et PROPs diff´erentiels. On peut donner une version diff´erentielle `a la notion de prop´erade et de PROP.

D´efinition(Prop´erades diff´erentielles). On appelleprop´erade diff´erentielle un mono¨ıde (P, µ, η) dans la cat´egorie (dg-S-biMod,c, I).

Cela signifie qu’en plus de la donn´ee d’une prop´erade lin´eaire, le morphisme de compositionµest un morphisme de dg-modules de degr´e 0 pr´eservant les actions deSmetSn. Ainsi, on a la relation

55

CHAPITRE 3. PROP ´ERADES ET PROPS DIFF ´ERENTIELS

du type d´erivation :

δ(µ((p1, . . . , pb)σ(p01, . . . , p0a))) =

b

X

β=1

(−1)|p1|+···+|pβ−1|µ((p1, . . . , δ(pβ), . . . , pb)σ(p01, . . . , p0a)) +

a

X

α=1

(−1)|p1|+···+|pb|+|p01|+···+|p0α−1|µ((p1, . . . , pb)σ(p01, . . . , δ(p0α), . . . , p0a)).

La proposition 68 donne la propri´et´e suivante.

Proposition73. Lorsque le corpskest de caract´eristique nulle, pour toute prop´erade diff´erentielle (P, µ, η), l’homologie de cette prop´erade(H(P), H(µ), H(η))est une prop´erade gradu´ee.

D´efinition (S-bimodules diff´erentiels gradu´es par un poids). On appelle S-bimodule diff´erentiel gradu´e par un poids toute somme directe surρ∈NdeS-bimodules diff´erentielsM =L

ρ∈NM(ρ). Les morphismes de S-bimodules diff´erentiels gradu´es par un poids sont les morphismes de S -bimodules diff´erentiels qui pr´eservent cette d´ecomposition. L’ensemble desS-bimodules diff´erentiels gradu´es par un poids, muni des morphismes correspondant, forme une cat´egorie que l’on note gr-dg-S-biMod.

Remarquons que la graduation est une information suppl´ementaire ind´ependante du degr´e homo-logique.

Proposition 74. Soitf =L

n=0f(n) un foncteur analytique dans la cat´egorie des S-bimodules.

SoitM =L

ρ∈NM(ρ) unS-bimodule gradu´e par un poids. Alors leS-bimodulef(M)est bigradu´e, d’une part avec la graduation venant du foncteur analytique, d’autre part avec la graduation totale venant du poids.

D´emonstration. Posonsf(n)=fn◦∆n o`u fn est une applicationn-lin´eaire. La premi`ere gra-duation s’´ecritf(M)(n)=fn(M, . . . , M). La deuxi`eme correspond `a

f(M)(ρ)= X

i1+···+in

fn(M(i1), . . . , M(in)).

Corollaire75. Toute prop´erade libre (respectivement PROP libre) sur unS-bimoduleM gradu´e par un poids est bigradu´e.

D´emonstration. Le foncteur F (respectivement S(F)) est un foncteur analytique dont les degr´es sont donn´es par le nombre de sommets des graphes. La premi`ere graduation est donc donn´ee par le nombre d’op´erations de M qui servent `a repr´esenter un ´el´ement de F(M). La deuxi`eme graduation est ´egale `a la somme des poids de ces op´erations.

D´efinition(Prop´erades diff´erentielle gradu´ees par un poids). Uneprop´erade diff´erentielle gradu´ee par un poids (P, µ, η) est un mono¨ıde dans la cat´egorie (gr-dg-S-biMod,c, I).

Une telle prop´erade sera diteconnexe si de plusP(0)=I.

Remarque : Duallement, on a la notion de coprop´erade diff´erentielle (et diff´erentielle gradu´ee par un poids). Une coprop´erade diff´erentielle correspond `a une coprop´erade dont le coproduit est un morphisme de dg-S-bimodules, c’est-`a-dire v´erifie une relation du type cod´erivation.

De la mˆeme mani`ere, on peut consid´erer des PROPs diff´erentiels.

D´efinition (PROPs diff´erentiels). On appelle PROP diff´erentiel la donn´ee d’une structure de PROP (P,µ, conc, η) dans la cat´e egorie (dg-S-biMod,, ⊗).

On exige donc en plus que les morphismes de compositions eµet conc soient des morphismes de degr´e 0 de S-bimodules diff´erentiels, c’est-`a-dire qu’ils v´erifient des relations du type d´erivation.

Par exemple, pour la composition horizontale, on a

δ(conc(p⊗q)) =conc(δ(p)⊗q) + (−1)|p|conc(p⊗δ(q)).

Dans le document DUALIT´E DE KOSZUL DES PROPS (Page 53-57)