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Chapitre II. Matériel et méthodes

II. Oxydation enzymatique de composés phénoliques

II.2. Caractérisation de la laccase purifiée

Figure 28 : système d’ultrafiltration Amicon-8200 pour éliminer les phénols, les peptides et les protéines de taille inférieure à 10 kDa présents dans la solution brute de la laccase

II.2. Caractérisation de la laccase purifiée

II.2.1. Dosages protéiques par la méthode au ABC

Afin de déterminer la concentration en protéines dans l’extrait enzymatique, la méthode à l’acide bicinchoninique est utilisée à l’aide du Bio-Rad Protein Assay kit. Le choix de cette méthode colorimétrique est dû à sa grande sensibilité (0,6 à 50 µg de protéines/mL). Elle présente aussi l’avantage, contrairement à d’autres méthodes, d’être insensible à la présence de composés phénoliques ou de polysaccharides. Son principe se fonde sur le fait que quatre résidus d’acides aminés (la cystéine, la cystine, le tryptophane et la tyrosine) sont

capables de réagir avec les cations Cu2+ en milieu basique en les réduisant en Cu+. Ces cations monovalents, à leur tour, forment un complexe avec l’acide bicinchoninique (ABC). Ce complexe présente une coloration bleue pourpre qui a une absorbance maximale à 562 nm (Slocum et Deupree, 1991). Alors, plus la concentration en protéines dans l’échantillon analysé est importante, plus les ions Cu2+ seront réduits, plus de complexe sera formé et plus grande sera l’absorbance dans la longueur d’onde indiquée. La structure moléculaire de l’ABC et la formation du complexe sont présentées dans la Figure 29.

N N CO2Na NaO2C

a

N N N N Cu -COO -COO OOC --OOC Protéine + Cu + OH-; H2O 2

b

ABC +

Figure 29 : structure de l’ABC (a) et formation du complexe ABC – Cu+ (b) Mode opératoire

A partir de la solution de sérum albumine bovine (SAB) à 1 mg/mL, on prépare les solutions à 0, 20, 40, 60, 80 et 100 µg/mL pour réaliser une gamme étalon. On prélève alors 50 µl de chaque tube et on y ajoute 1 ml du réactif ABC. Ensuite, on procède à l’incubation de ces mélanges en étuve à 37°C pendant 30 min, après quoi la densité optique (DO) est mesurée à la longueur d’onde λ = 562 nm, pour enfin tracer la courbe Absorbance = f (concentrations).

Pour doser les protéines dans la solution enzymatique brute, on en prépare d’abord les dilutions 1:50 et 1:100. Pour la dilution 1:50, on prélève 20 µ L de solution et on y ajoute 980 µ L de tampon phosphate pH= 7,5. Pour la dilution 1:100, 10 µL sont prélevés et ajoutés à 990 µ L de la même solution tampon. Ensuite, on prélève 50 µL de chaque dilution et on y ajoute 1 mL du réactif BCA et on procède à l’incubation pendant 30 minutes en étuve à 37°C. Finalement, on en mesure la densité optique (DO) à λ= 562 nm. La concentration protéique est donc estimée à l’aide de la courbe d’étalonnage (y = 0,001 x, R2 = 0,9949).

II.2.2. Mesure de l’activité enzymatique par spectrophotométrie

Pour déterminer l’activité enzymatique, nous avons mis en œuvre la méthode basée sur la détermination spectrophotométrique dans le visible des produits de l’oxydation d’un substrat phénolique (Mustafa et al,. 2005). Pour cette expérience, nous avons choisi la syringaldazine (un substrat spécifique de la laccase) (Figure 30) (I) comme substrat donneur d’électrons. Son oxydation par la laccase aboutit à une tétraméthoxy-azo-bisméthylène-quinone (II) dont l'absorbance maximale est à 526 nm (le coefficient d'extinction molaire pour le produit d’oxydation ε526 est de 65000 M-1. cm-1). Le schéma de la réaction est le suivant :

HO CH N N CH OH H 3 CO H 3CO --2H , -2 e C O H3 C O H3 Laccase I 3CO H3 CO 3 CH N N CH O O H H O C C O H3 II

Figure 30 : oxydation de la syringaldazine par la laccase Mode Opératoire

Dans une cuve de quartz, on place 2 mL du mélange réactionnel qui se compose - 400 µ L de solution de syringaldazine 0,2 mM (dissoute dans l’éthanol)

- La réaction est déclenchée par l’addition au milieu réactionnel de 70 µ L de solution enzymatique diluée au 1:50 dans du tampon phosphate. Après homogénéisation du milieu, la cuve est aussitôt placée dans un spectrophotomètre Shimadzu UV-1605 et l’évolution de la DO est enregistrée à 526 nm à 30°C par utilisation d’un bain-marie pendant 15 min.

La vitesse initiale (v) est calculée par la mesure de la pente initiale de la courbe donnant l’évolution de l’absorbance (DO) en fonction du temps. Ensuite, elle est exprimée en µM de produit d’oxydation /min/µg de protéine enzymatique en utilisant son coefficient d’extinction molaire ε526= 65000 M-1.cm-1. L’activité enzymatique spécifique est estimée selon l’équation suivante (6) :

V (µmol/min/µ g de protéine) =

[V (DO/min) *106]/ [ε 526 (65000)*quantité de protéine dans l’échantillon (µg)] Équation 6 Une unité enzymatique est définie comme la quantité d’enzyme nécessaire à l’oxydation de 1 µM de syringaldazine par minute (Mustafa et al., 2005).

II.2.3. Electrophorèse sur gel de polyacrylamide (SDS-PAGE)

L’électrophorèse utilise un gel de polyacrylamide fortement réticulé à travers lequel les protéines dénaturées migrent selon leur poids moléculaire. Ce gel de polyacrylamide est constitué d’un mélange d’acrylamide (CH3=CH-CO-NH2) qui polymérise en donnant des chaînes linéaires, et de bis-acrylamide (CH2=CH-CO-NH-CO-CH=CH2) qui forme des ponts entre les chaînes.

Les protéines sont dénaturées en utilisant à la fois un détergent comme le dodécyl sulfate de sodium (SDS : CH3-(CH2)10-CH2-O-SO3-, Na+) et un agent réducteur qui coupera les ponts disulfures, comme le β-mercaptoéthanol. Le SDS, détergent anionique, se lie aux régions hydrophobes de la molécule protéique provoquant leur déroulement en chaînes polypeptidiques allongées. Chaque protéine fixe un grand nombre de molécules de détergent chargées négativement qui masquent la charge de la protéine et provoquent sa migration vers l’électrode positive lorsqu’on applique une tension. Les protéines de même taille tendent à se comporter de façon identique tandis qu’un mélange complexe de protéines est donc fractionné

en une série de bandes protéiques disposées par ordre de poids moléculaire. Il existe une relation linéaire entre le poids moléculaire et la distance de migration relative des protéines.

Mode opératoire

Le gel d’électrophorèse est constitué de deux parties (Laemmli, 1970) : un gel de séparation à 10 % qui permet la migration des protéines et un gel de concentration à 16% acrylamide, permettant d’obtenir une migration homogène des différentes protéines.

La création des puits de dépôt est réalisée à l’aide d’un peigne, inséré dans le gel de concentration avant la polymérisation de celui-ci.

La préparation des échantillons s’effectue de la façon suivante : à 10 µ L d’échantillon protéique on ajoute 20 µL de solution dénaturante (10 % SDS, 7,5 % béta-mercaptoéthanol, 0,25 M Tris HCl pH 6,8, 50 % d’eau, 50 % glycérol et 0,1 % bromophénol bleu). Les échantillons sont placés au bain marie à 96°C durant 5 min avant d’effectuer des dépôts de 10 µ L dans chaque puits. L’électrophorèse est réalisée sous une intensité constante de 30 V pendant 60 min et puis 180 V pendant 45 min. A la fin de la migration, les fractions protéiques sur les gels d’électrophorèse sont révélées au bleu de Coomassie R-250 (6 % dans 10 % d’acide acétique). Le marqueur utilisé, Mark12TM , s’étend de 200 Da à 6 kDa.

II.2.4. Mesure de la décoloration et élimination des phénols

Le suivi de la décoloration est effectué par mesure de l’absorbance à 420 nm contre un témoin qui contient la solution enzymatique initiale. Le pourcentage de décoloration est calculé par rapport à la solution enzymatique initiale selon l’équation suivante (7).

% décoloration = 1 – [DO420 (laccase brute) / DO420 (laccase purifiée)] * 100 Équation 7 Le choix de cette longueur d’onde est justifié par le spectre d’absorption de la solution enzymatique initiale de coloration brune. Ce critère de suivi de la décoloration d’une solution enzymatique a déjà été utilisé par Smith (Smith et Montgomery, 1985).