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Perspectives théoriques de

3.4. Expérience de l’Union européenne en matière d’union monétaire

3.4.1. Bref rappel historique

L’expérience de l’Union européenne est instructive tant du point de vue des actions positives à entreprendre que de celui des erreurs à éviter dans la construction d’une union monétaire. Le cheminement de l’Union monétaire européenne n’a pas été facile. Il a fallu plus de quatre décennies et une progression par étapes successives pour atteindre l’objectif fixé (Siddiqi, 2006:32). En fait, l’intégration monétaire euro-péenne remonte au Traité de Rome où l’on avait reconnu que les taux de change des pays membres devaient être considérés comme une question «d’intérêt commun». La réévaluation du florin hollandais et du mark allemand en 1961 a lancé le débat sur la question de savoir comment élargir l’union douanière au domaine monétaire.

C’est ainsi qu’au milieu des années 60, on a fini par créer le Comité des Gouverneurs des banques centrales (Eichengreen, 1996:153), mais la date essentielle fut l’année 1969 lorsque le Conseil de l’Europe a réaffirmé son intention d’évoluer vers une union économique et monétaire intégrale. Cette décision était motivée «en partie par l’instabilité croissante du dollar et par les craintes de voir la CEE mise en danger par une réévaluation désordonnée des monnaies européennes» (Eichengreen, 1996:153). On a donc mis en place, en 1970, un groupe d’étude de haut niveau présidé par Pierre Werner, Premier Ministre du Luxembourg.

Le plan Werner prévoyait la création d’une union monétaire à l’horizon 80. Cela devait se faire par étapes, chacune devant rapprocher les fluctuations des taux de change intra-européens du taux idéal devant être fixé de manière irréversible. Tout au long du processus, les États membres concernés devaient également commencer à mettre en place des modèles de coordination dans d’autres domaines de la poli-tique économique pour faciliter la convergence des monnaies nationales et générer d’autres avantages en matière de coopération (par exemple à travers le commerce intrarégional).

Il importe de souligner que les conditions monétaires internationales semblaient favorables à une union monétaire en 1970, avec les arrangements de Bretton Woods qui assuraient la stabilité monétaire, et la présence d’un groupe de six pays membres de l’UE relativement réduit et homogène. Ces pays partageaient en gros la même vision keynésienne de la gestion macroéconomique. Cependant, «le projet a échoué avant même de naître réellement. La fermeture du guichet de l’or en 1971, le choc pétro-lier de 1973 et la grave récession mondiale de 1975, ont réduit à néant les tentatives de l’Europe de réduire les fluctuations de leurs taux de change bilatéraux» (Jones, 2002:5).

L’effondrement du système de Bretton Woods a posé des problèmes très graves aux économies européennes. Les structures qui ont été mises en places en 1957 ne consti-tuaient pas un vecteur efficace d’une éventuelle politique économique européenne, mais il était évident qu’une période de taux de change flottants et l’incapacité de soutenir le dollar ont touché les pays européens de deux façons. Les taux de change européens se sont non seulement renforcés par rapport au dollar, affaiblissant ainsi la compétitivité (surtout dans le cas de l’Allemagne), mais cela s’est produit de manière différente selon les cas, ce qui a bouleversé la configuration des taux de change à tra-vers le continent et l’instabilité des relations entre les monnaies n’était pas le moindre mal (Hutton, 2002:370).

La première réaction de l’Europe après l’effondrement du système de Bretton Woods, au début des années 70, a été de mettre en place des arrangements de type «serpent»

et «serpent dans le tunnel» pour stabiliser les taux de change intra-européens dans des fourchettes étroites dans un environnement d’extrême instabilité. Par la suite, on a créé le système monétaire européen (SME) en 1979 avec la participation des membres de la Communauté économique européenne (CEE) avant l’introduction de l’euro et la création de l’Union monétaire européenne en 1999. Ainsi, il a fallu trente ans pour passer des taux flottants aux taux fixes (CNUCED, 2001: 118).

Jones (2002:6-7) souligne la grande diversité qui existait entre les pays européens avant le lancement du projet d’union monétaire. Ainsi, la France, qui a été contrainte, tout comme le Royaume-Uni, de dévaluer sa monnaie à plusieurs reprises, était plus vulnérable que l’Allemagne à l’instabilité monétaire au sein du système de Bretton Woods. L’Italie, pour sa part, avait une économie contrastée, avec des régions dyna-miques et prospères au Nord et des régions beaucoup plus pauvres au Sud.

Enfin, même si tous les pays ont adopté les technique keynésiennes de gestion de la demande, la manière avec laquelle la politique macroéconomique était conçue et mise en œuvre était très différente d’un pays à l’autre. Les Français dirigeaient leur économie par le rationnement budgétaire, les Belges et les Hollandais s’appuyaient sur la planification indicative et les négociations salariales concertées, tandis que les Allemands étaient historiquement enclins à «mettre l’accent sur des notions de plus en plus rigides de stabilité des prix».

En l’absence cadre d’harmonisation des politiques monétaires des pays membres, mais les pro-grès étaient difficiles car, en l’absence d’intégration monétaire, la liberté des échan-ges et des investissements demeurait exposée aux fluctuations des taux de change, notamment en ce qui concerne les investissements, sachant que les investissements modernes à forte intensité de capital, qui se font généralement à grande échelle, comportent des incertitudes et des risques à long terme. La libre circulation de la main-d’œuvre demeure également exposée à de nombreux risques, étant donné que les revenus acquis dans une monnaie donnée ne sont pas forcément comparables à ceux qui sont exprimés dans d’autres monnaies de la région (Dutta, 2002).

Jones (2002:6) note que, durant cette période, deux théories en matière d’intégra-tion monétaire s’affrontaient: la première, dite «monétariste», soutenait que les taux de change fixes constituaient un instrument favorisant la convergence économique, tandis que l’autre, qualifiée «d’économiste» mettait l’accent sur la convergence éco-nomique comme condition préalable à la fixation définitive des taux de change. Les pays membres étaient divisés en deux camps: d’un côté les Français, les Italiens et les Belges qui défendaient le point de vue monétariste et, de l’autre, les Allemands et les Hollandais qui penchaient plutôt vers l’option économiste.

En avril 1987, Tommaso Padoa-Schioppa, haut fonctionnaire de la banque centrale d’Italie, a averti dans un rapport que la liberté totale des mouvements de capitaux envisagée par l’Acte unique européen menacerait la survie du Système monétaire européen et, au cours de l’année suivante, il a défendu l’idée d’une monnaie euro-péenne unique comme seule solution possible. Jacques Delors, alors Président de la Commission européenne, a compris que la France était devant deux choix pos-sibles: soit adopter la solution des taux de change flottants, auquel cas l’intégration européenne serait irrémédiablement compromise et la position de la Bundesbank resterait dominante, soit opter pour une intégration monétaire totale. Et ce qui était valable pour la France l’était aussi pour l’Europe (Hutton, 2005:375)10.

Les évènements qui ont conduit à la crise du SME de 1992-1993 constituent des enseignements utiles sur le fait que des arrangements monétaires régionaux, même avec des institutions d’appui, peuvent s’effondrer lorsque les taux de change ne cor-respondent pas à l’inflation et aux taux d’intérêt (CNUCED, 2005:120). Le pro-blème avec le Système européen c’est qu’il obligeait les pays à avoir la même politi-que monétaire et à la mettre sous le contrôle de l’Allemagne. Durant les années 80, cela n’a pas posé problème car tous les pays avaient un même objectif. Cependant, la crise était latente. Lorsque l’Allemagne s’est réunifiée, les dépenses massives destinées à appuyer et à reconstruire la partie orientale ont entraîné une énorme expansion

10 D’après Krugman (1996:138), avant les crises de 1992/1993, “les européens estimaient que le succès de leur système monétaire entre 1982 et 1990 était un signe de bonne santé sans se rendre compte qu’il s’agissait d’un succès conjoncturel favorisé par des circonstances particulières.”

Les évènements utiles sur le fait que des arrangements

budgétaire. Afin d’empêcher cette expansion d’alimenter l’inflation, l’Allemagne a adopté des politiques monétaires très strictes. Le problèmes c’est que les autres pays européens furent contraints de durcir leur politique monétaire sans expansion bud-gétaire, ce qui a provoqué une grave récession qui s’est étendue à l’ensemble du continent et à fini par toucher l’Allemagne elle-même (Krugman, 1996:138).

Les dernières prétentions de la France quant au contrôle du Système ont été anéan-ties lorsque, après l’éviction de l’Italie et de la Grande-Bretagne du SME en 1992, ce pays a subi, l’année suivante, le contrecoup de la forte spéculation sur les devises.

La hausse des taux d’intérêt allemands de référence au lendemain de la réunification a provoqué une forte récession en France. «Les critères rigides mis en place par le SME ont été assouplis pour permettre à la France de rester membre à part entière dans l’orbite allemande» (Hutton, 2002:385). Cent soixante milliards de francs français (près de 32 milliards de dollars) ont été dépensés pour soutenir la monnaie dans la semaine qui a pris fin le 23 septembre 1992 (Eichengreen, 1996: 173).

La spéculation qui a précipité la sortie de la livre sterling du SME, en 1992, fut gigantesque. Elle a atteint 20 milliards de dollars pour la seule journée du «mer-credi noir» (Hutton, 2005: 410) La situation en Suède ressemblait beaucoup à celle qui prévalait en Grande-Bretagne; une grave récession provoquée par la nécessité de s’aligner sur les taux d’intérêt allemands et une monnaie nettement surévaluée par rapport aux normes, surtout après les dévaluations opérées par le Royaume-Uni et la Finlande. En fait, la couronne suédoise, qui a fait l’objet d’une attaque spéculative juste après la crise du Royaume- Uni, n’a été sauvée que grâce à une hausse de 500 % des taux d’intérêt à court terme (Krugman, 1996: 139). Les pertes de réserves enre-gistrées durant les six jours qui ont précédé la dévaluation auraient atteint 26 mil-liards de dollars, soit plus de 10 % du PNB de la Suède (Eichengreen, 1996: 174).

Ainsi, en l’absence de contrôle des capitaux, le SME a été contraint de recourir à des politiques économiques extrêmement conservatrices pour se maintenir. Globa-lement, les membres ont dû s’aligner sur l’Allemagne, pour ce qui concerne les taux d’intérêt et la politique budgétaire et de lutte contre l’inflation, afin d’avoir une chance de rester dans le Système. Ce fut cette expérience qui a convaincu la France qu’elle devait opter pour une monnaie unique, avant même que la réunification de l’Allemagne ne rende cette solution politiquement et économiquement urgente.

En 1993, la troisième crise, après celles de 1969 et de 1981-1983, lorsque le franc avait de nouveau subi une vague de spéculation irrésistible, a fini par convaincre la France. Dans un monde dans lequel ni les taux flottants ni les taux fixes ne garantis-sent la souveraineté, la seule issue était d’instaurer une monnaie européenne unique (Hutton, 2002: 410).

Le succès relatif du lancement de l’euro a ravivé l’intérêt des pays en développement pour les unions monétaires.

3.4.2. Lancement de l’euro

Le succès relatif du lancement de l’euro a ravivé l’intérêt des pays en développement pour les unions monétaires. Les partisans de la monnaie unique affirment que le lan-cement de l’euro a donné à l’Europe une autonomie qu’elle n’aurait jamais pu avoir autrement. Selon les termes de Hutton (2002: 411): «La réalité brutale est qu’aucun pays européen ne dispose de la même autonomie dans la gestion de la demande en cette ère de taux de change flottants. Cela n’est possible qu’au niveau européen».

Comme nous l’avons vu auparavant, le conseil habituel en matière d’intégration monétaire est qu’aucun pays en développement ne devrait se lancer dans un projet de ce genre car les conditions macroéconomiques et budgétaires ne sont tout simple-ment pas réunies. S’il est vrai que l’expérience de l’Europe ne désimple-ment pas totalesimple-ment ce conseil, l’histoire de l’intégration monétaire de ce continent incite à une interpré-tation plus nuancée des faits et, par voie de conséquence, à une lecture plus fouillée et moins dogmatique de la théorie économique.

Avant l’introduction de l’euro, certains analystes étaient très sceptiques, pour ne pas dire carrément critiques. C’est ainsi que Feldstein (1997), l’un des adversaires les plus déclarés, affirmait que :

«Les conséquences économiques de l’Union monétaire européenne, si jamais elle voit le jour, seront très probablement négatives. Le fait d’imposer un taux d’intérêt unique et un taux de change fixe à des pays qui se caractéri-sent par des chocs économiques différents, des salaires fixes, une faible mobi-lité de la main-d’œuvre et des systèmes budgétaires nationaux distincts sans transferts cycliques significatifs entre eux, aura pour effet d’augmenter le niveau global du chômage cyclique entre les membres de l’Union. L’aban-don des politiques monétaires nationales dominées par la Bundesbank, dans le cadre du Système monétaire européen, au profit d’une banque centrale européenne gérée par un système de vote à la majorité avec une politique de taux de change déterminée aura presque certainement pour effet d’aug-menter le niveau moyen de l’inflation à venir. L’insistance sur les politiques économiques et sociales communes réduira la portée de l’expérimentation et de la concurrence qui aurait contribué à faire baisser le taux de chômage structurel extrêmement élevé qui prévaut actuellement. »

Ce pronostic négatif a-t-il été confirmé par les évènements ultérieurs? Il y a de bonnes raisons de penser que les critiques du projet européen d’intégration monétaire ont exagéré les faiblesses de l’économie européenne par rapport à ses points forts (Todd, 2002; Hutton, 2002). En ce qui concerne le chômage, par exemple, on a souligné que les définitions européennes tendaient à fournir des chiffres beaucoup plus élevés que chez les Américains.

Le fait de faire

D’après certains analystes, les taux de croissance relativement élevés, enregistrés par l’économie des États-Unis à la fin des années 1990, s’expliquaient en partie par une évaluation erronée de l’expansion du secteur des TIC. La surévaluation du dollar et l’éclatement de la bulle des nouvelles technologies, qui avaient initialement stimulé les exportations des équipements informatiques, ont fait chuter d’un cinquième les exportations des États-Unis entre 2000 et 2003 (voir Glyn, 2006: chapitre 6). On a également affirmé que la hausse des taux de croissance de l’économie des États-Unis s’expliquait, dans une grande mesure, par la croissance de la main-d’œuvre du fait de la progression de l’immigration par opposition à la stagnation de la démographie en Europe et au Japon (Todd, 2002). La baisse du dollar par rapport à l’euro qui s’ensuivit reflète, peut-être en partie, une réévaluation des résultats de l’économie des États-Unis, ainsi qu’une interprétation plus positive des perspectives de la zone euro.

Dans toute évaluation des résultats relatifs de l’euro, depuis son introduction, il importe de garder à l’esprit les points ci-après:

a) Comme nous venons de le voir, l’Union monétaire européenne a mis beau-coup de temps à se concrétiser depuis la mise en place du SME dans les années 70. Certains pays, comme la France, le Royaume-Uni et la Suède, ont connu de graves crises dans les années 90. Le cheminement vers l’euro n’a certainement pas été facile, ce qui devrait inciter les pays en développe-ment qui voudraient suivre la même voie à faire en sorte d’éviter les erreurs macroéconomiques qui risquent de leur coûter cher.

b) Les premières données indiquent que les résultats macroéconomiques ne se sont pas améliorés grâce à la discipline de l’euro. L’expérience des sept premières années démontre que l’adhésion a des avantages qui ne sont tou-tefois pas sans contrepartie (Aherne et Pisani-Ferry, 2006). Le fait de faire partie d’une union monétaire exige de la discipline et la perte du taux de change, en tant qu’instrument d’amortissement des chocs économiques, risque d’être coûteuse. Dans la zone euro, certains membres, comme l’Ir-lande, ont des économies florissantes, tandis que d’autres, notamment au sud du continent, sont à la lutte et auront à faire face à des ajustements dou-loureux à l’avenir. C’est ainsi que l’Irlande et le Portugal ont tous deux enre-gistré une nette augmentation de leur taux de change, mais les conséquences sur la croissance des exportations ont été très différentes. L’Allemagne et la France ont enregistré des dépréciations réelles, mais seule l’Allemagne a vu ses exportations augmenter.

c) Comme indiqué à la section 3, il existe une dichotomie entre la Commission européenne et certains analystes, comme Krugman, sur les effets différentiés des chocs sur les unions monétaires. D’après la Commission européenne, les chocs différentiés seront moins fréquents dans une union monétaire, étant

La persistance des déficits budgétaires dénote le manque de confiance dans les perspectives de rentabilité des investissements.

donné que le commerce entre les pays industrialisés de l’UE se fait, dans une grande mesure, entre les industries. Selon Krugman, la spécialisation dans le cadre de l’intégration aura pour effet de multiplier les chocs.

Dans toute évaluation de l’expérience de l’euro, il faudrait analyser les trois aspects supplémentaires qui suivent:

a) S’il est vrai que les fonds structurels sont antérieurs à la création de l’euro, ces derniers ont-ils permis de compenser et d’amortir les chocs asymétriques?

b) La banque centrale indépendante, la BCE, a-t-elle agi de manière cohérente avec les objectifs d’une politique monétaire pour la zone euro?

c) Enfin, en tenant compte d’une éventuelle “déviation déflationniste” au sein du Pacte de stabilité européen, les critères de convergence sont-ils nécessai-rement les mieux adaptés pour favoriser la croissance et la création d’emplois dans la zone euro?

Ces questions sont, à l’évidence, complexes et les contraintes d’espace ne permettent pas d’en faire une analyse détaillée. En outre, sachant que la convergence est un processus de longue haleine (comme on l’a constaté là où il s’est produit), il faut souligner que les sept années qui se sont écoulées depuis l’entrée en vigueur de l’euro ne permettent pas d’en faire une analyse complète avec le recul voulu. On peut cependant faire quelques observations essentielles. Premièrement, contrairement aux affirmations de Rose (2002) et d’autres, rien ne prouve réellement que l’euro a sti-mulé les échanges commerciaux intra-européens (figure 1)11.

Deuxièmement, en dépit de la rigidité des critères budgétaires et de la position anti-inflationniste de la Banque centrale européenne (BCE), certains indices montrent que l’introduction de l’euro a engendré des pressions inflationnistes, en particulier dans le secteur des services, avec de très fortes augmentations ponctuelles des prix (jusqu’à 30 % dans certains secteurs), du fait que les producteurs ont mis à profit l’introduction de la monnaie unique pour augmenter leurs prix.

Troisièmement, les objectifs budgétaires du Pacte de croissance et de stabilité sont passés à la trappe en 2004 en raison des déficits allemand et français, qui sont restés invariablement élevés, alors que la croissance dans la zone euro stagnait. La persis-tance des déficits budgétaires dénote le manque de confiance dans les perspectives de rentabilité des investissements (Glyn, 2006: 36). Cette expérience semble indi-quer que les critères de convergence ont été excessivement axés sur la stabilité plutôt que sur la stimulation de la croissance. Étant donné qu’ils permettent de baliser le chemin de l’adoption de la monnaie unique européenne, les critères de convergence, qui ont été adoptés en 1991 à Maastricht, méritent d’être examinés de près11.

11 Après avoir effectué une analyse de données de panel, Micco et. al. (2003) affirme avoir établi que l’Union monétaire européenne a produit un tel effet sur le commerce, avec une augmentation de 5 à 10 % des échanges bilatéraux entre 1992 et 2002 (ce qui est bien inférieur évidemment à l’effet “Rose”anticipé). Cependant, cette

Figure 3.2

Volume du commerce total et à l’intérieur de la zone euro, 1970-2004

0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500

1970 1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004

En milliards de dollars

40.0 42.0 44.0 46.0 48.0 50.0 52.0 54.0 56.0 58.0

% du volume total du commerce dans la zone euro

Volume total du commerce du groupe Commerce au sein du groupe

Volume total du commerce du groupe Commerce au sein du groupe