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Évolution des institutions financières régionales en Afrique

Lorsqu’ils sont solides, les marchés financiers jouent un rôle important dans le déve-loppement économique en renforçant les échanges de biens et de services et la mobi-lisation des ressources (internes et externes), en améliorant la répartition des facteurs de production et en diversifiant les risques. La littérature économique confirme

lar-gement qu’il existe une relation étroite entre des marchés financiers développés et la croissance économique.

Une économie efficace a besoin d’un système financier qui puise les fonds auprès des épargnants pour les confier à ceux qui sont à la recherche d’investissements produc-tifs. En d’autres termes, un système financier sain a un effet moteur sur la croissance économique durable. D’après la théorie économique, le rôle principal des marchés et des organismes financiers consiste à réduire, autant que faire se peut, le coût de l’information et des transactions. Ainsi, les taux d’épargne, les décisions en matière d’investissements, l’innovation technique et les taux de croissance à long terme dépendent, dans une très grande mesure, du niveau de développement financier.

Si l’on examine l’expérience de la Communauté européenne, on constate que l’in-tégration financière s’est faite de manière progressive et a été mise en œuvre dans le cadre d’un processus législatif coordonné entre les États membres. Il s’agissait de mettre en place un cadre législatif qui permette de renforcer l’intégration des mar-chés financiers sans perdre de vue les intérêts de chaque État membre en matière de politiques publiques liées à la réglementation, à la stabilité du marché et à la protec-tion du consommateur. La créaprotec-tion d’un programme de marché unique, ou système économique européen, était fondé sur le principe du contrôle par le pays d’origine, la concurrence en matière de réglementation et une harmonisation minimale des normes. Dans le cadre du principe du contrôle par le pays d’origine, la supervision primaire relevait directement des autorités nationales. Or, les lois nationales n’étaient pas totalement harmonisées, de sorte que les règlements du pays d’origine étaient acceptés pour régir les prestations de services entre pays. L’intégration des marchés financiers en Europe a été très bénéfique pour le marché régional, en ce qu’elle a permis une plus grande ouverture à la concurrence internationale, une amélioration de l’intermédiation financière, une utilisation plus efficace des capitaux, un dévelop-pement de l’industrie financière elle-même et une meilleure discipline budgétaire.

Les pays africains pourraient tirer d’importants enseignements de l’expérience euro-péenne. À cet égard, l’intégration financière des marchés et des institutions des pays en développement, notamment les pays africains, dépend des conditions ci-après:

L’existence d’objectifs à long terme clairement définis, indépendamment de

l’efficacité sectorielle, notamment le développement économique et la com-pétitivité mondiale;

La reconnaissance du fait qu’une harmonisation minimale des cadres

régle-• mentaires et des activités financières entre pays nécessite une réforme de l’administration publique, en particulier en ce qui concerne le régime fiscal, la législation bancaire et des assurances et la supervision commune des mar-chés boursiers;

L’engagement à assurer un degré élevé d’harmonisation budgétaire et de

• coordination économique pour éviter des crises financières qui entraveraient une intégration financière effective.

En dépit de certaines formes de développement financier constatées ces dernières années en Afrique, les activités des marchés financiers demeurent très limitées car ces marchés se caractérisent par la faiblesse de la capitalisation et des liquidités. La plupart des instruments financiers mis sur les marchés financiers africains ont des échéances très courtes. Le financement bancaire est toujours concentré sur la partie courte de la structure des échéances. C’est la raison pour laquelle l’écart entre les taux de base et les taux d’intérêt créditeur, d’une part, et le coefficient des prêts non pro-ductifs, de l’autre, demeure élevé, soulignant ainsi la faiblesse de la structure des mar-chés financiers du continent. En outre, un petit nombre seulement d’instruments financiers sont mis sur le marché, ce qui rend extrêmement difficile la protection contre les risques inhérents au marché financier.

Les CER doivent mettre en œuvre des programmes d’intégration financière qui viennent compléter leurs efforts visant à assurer l’intégration monétaire. La littéra-ture économique montre qu’une intégration plus approfondie des marchés finan-ciers renforce la transmission des chocs monétaires, en même temps que la politique monétaire dans les pays membres de l’union monétaire. De même, en raison des différences qu’elle entraîne dans les mécanismes de propagation, le manque d’inté-gration financière implique des réactions différentes aux chocs selon les pays, ce qui a pour effet d’augmenter les coûts de la participation à l’union monétaire. Ainsi, les arguments ne manquent pas en faveur de la nécessité de l’intégration financière pour mener à bien le processus d’intégration monétaire.

Cependant, une intégration financière effective en Afrique ne peut réussir que dans le cadre des communautés économiques régionales. Une intégration financière offi-cielle au niveau des CER permettrait aux petits pays africains de renforcer leurs liens avec le reste du monde. Une communauté économique régionale permettrait d’harmoniser les normes et les réglementations qui régissent les marchés financiers de la région et d’attirer ainsi la participation étrangère. Par la suite, il serait possible de créer un grand marché financier capable d’appuyer le processus d’intégration régionale, notamment dans le domaine du développement économique. Les petits pays africains ne sont pas en mesure d’obtenir de tels résultats économiques à moins d’être reliés entre eux par le biais des marchés financiers des communautés écono-miques régionales.

Le renforcement des marchés financiers africains par l’intégration aux marchés financiers mondiaux permettrait également de favoriser et de renforcer le commerce et les investissements. La présence d’institutions financières étrangères dans les pays africains a pour effet de resserrer les liens entre les pays concernés, sachant que ces

institutions facilitent les services financiers en rapport avec les flux d’échanges et d’investissements.

Conscients de la nécessité de mettre en commun leurs ressources financières, les com-munautés économiques régionales africaines ont commencé à mettre en place des marchés de capitaux sous-régionaux pour élargir les marchés de capitaux fragmentés des pays africains pris individuellement. Les CER sont également conscientes de la nécessité d’intégrer et de consolider les marchés financiers en tant qu’instruments de renforcement du développement économique en Afrique. Par ailleurs, l’intégration financière renforce la concurrence, l’efficacité et la productivité et facilite la circu-lation de l’information. Les CER ont commencé à mettre en œuvre des stratégies d’intégration financière en exécutant des programmes d’harmonisation des cadres et des politiques dans les domaines législatif et réglementaire, en renforçant les investis-sements et la cotation des titres en bourse à l’échelle de la communauté. De manière générale, l’intégration financière régionale devrait contribuer à renforcer les liens avec les systèmes financiers et les marchés de capitaux des pays plus développés. Dans le cadre de leurs programmes d’intégration et de développement, certaines CER ont mis en place des institutions pour appuyer la coopération financière régionale.

Ainsi, des banques régionales de développement sont opérationnelles au niveau de la CEMAC, du COMESA, de la CAE, de la CEDEAO, de l’UEMOA et de l’UMA.

Le rôle et les fonctions des institutions financières consistent notamment à: collecter les dépôts et accorder des prêts aux particuliers et aux entreprises; transmettre des ordres boursiers et gérer les relations entre les institutions financières par l’intermé-diaire de la banque centrale; faire de l’intermédiation financière à court et à long terme et recevoir les fonds publics.

La Banque du Maghreb pour l’investissement et le commerce extérieur opère dans la zone de l’Union du Maghreb arabe (UMA). Elle a pour vocation d’appuyer le programme d’intégration économique de la région de l’UMA en finançant des pro-jets agricoles et industriels intéressant les États membres. Elle fournit également des fonds pour faciliter le commerce, réaliser des projets aux niveaux national et régio-nal, et venir en aide aux membres les plus pauvres de chaque région. Elle a également pour mission de mobiliser des investissements pour d’autres projets bancables et de favoriser le commerce et les dispositifs de paiement y afférents. Elle a également entrepris de mettre en place une banque maghrébine spécialisée dans les investisse-ments étrangers. Dans la région de la SADC, la Banque sud-africaine de développe-ment est au service de tous les membres de la communauté.

Créée en 1984, la chambre de compensation du COMESA fournit les moyens de paiement extérieurs pour faciliter les échanges commerciaux au sein du marché commun. Cette chambre a été restructurée dans un certain nombre de domaines, notamment: (i) le transfert de la fonction de compensation aux banques

commer-ciales, (ii) la transformation de la chambre de compensation en un centre régio-nal de télécommunications interbancaires et une plate-forme pour les transferts de fonds électroniques entre banques commerciales régionales, (iii) l’octroi à la nouvelle chambre de compensation de la fonction consistant à garantir les exportations régio-nales contre le risque politique. La compagnie de réassurance de la ZEP (ZEP-RE), qui est entrée en fonction en 1991, assure et réassure les investisseurs de la région.

La banque de la ZEP du COMESA finance le commerce et les projets aux niveaux national et régional par l’octroi de crédits, la garantie des crédits et la prise de par-ticipation minoritaire dans des coentreprises. Elle complète également les activités des organismes nationaux chargés du développement à travers des opérations de cofinancement et de financement des projets de développement. Depuis sa création, la Banque a financé des secteurs aussi variés que l’industrie légère, l’industrie agroali-mentaire, le tourisme, l’industrie extractive, les infrastructures et l’énergie.

Dans la région de la CEDEAO, le Fonds de coopération, de compensation et de développement, qui a été institué en 1975, sert à financer la compensation des pertes de revenus consécutives à la libéralisation du commerce régional. Le Fonds a égale-ment pour mission de favoriser un développeégale-ment économique régional équilibré et d’aider les États membres les moins développés de la communauté. Il a par la suite été transformé en Banque régional d’investissement et de développement de la CEDEAO avec deux filiales, à savoir le Fonds de développement et la Banque régio-nale d’investissement de la CEDEAO qui s’occupent du financement des secteurs public et privé. Le Groupe bancaire de la CEDEAO (Ecobank) a également été créé pour renforcer la coopération financière régionale. Compagnie de holding, Ecobank a des succursales dans douze pays en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. Elle a pour objet de fournir des services bancaires commerciaux et d’autres services finan-ciers aux particuliers et aux entités des secteurs public et privé.

Le Fonds régional d’investissement est le principal actionnaire de l’Ecobank. La Fon-dation Ecobank, filiale philanthropique de la banque, appuie également les activités scientifiques, culturelles et humanitaires dans la région.

Afin de favoriser la création d’institutions financières régionales, les CER ont entre-pris de déréguler l’environnement financier à travers la convertibilité des monnaies nationales et la libéralisation des marchés de capitaux, du contrôle des taux de change et des législations bancaires nationales. En ce qui concerne les normes internationa-les, les États membres s’emploient à supprimer les contrôles sur les transferts et le rapatriement des capitaux.

Il ne saurait y avoir de véritable intégration si les économies des pays concernés d’une zone donnée ne réagissent pas de manière harmonieuse aux chocs économiques.

Convergence macroéconomique: données