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Besoins fondamentaux d’Abraham H. Maslow

Dans le document UNIVERSITÉ DU QUÉBEC (Page 39-42)

Chapitre 4. Cadre conceptuel

4.1. Besoins fondamentaux d’Abraham H. Maslow

La pyramide de Maslow, employée pour décrire et hiérarchiser les besoins fondamentaux humains, est enseignée et utilisée à travers le monde dans les différents milieux de soins depuis son élaboration. Dans cette section, ce modèle conceptuel sera emprunté et adapté à la problématique de la recherche sur les soins de fin de vie.

Le Grand Robert de la langue française propose deux définitions du mot besoin, transposables au domaine des soins de fin de vie. On parle d’ « exigence née de la nature ou de la vie sociale », et d’un « état de privation. » (« besoin », 2001, s.p.). Chacune de ces propositions s’apparente à la conception élaborée par Mayer & Ouellet (2000), où s’impose la notion d’écart entre la condition réelle et la condition souhaitée par un individu. Du point de vue psychologique, la fiche terminologique de l’Office québécois de la langue française (2012) définit le besoin comme une « sensation de manque ou de privation qui incite un individu à agir pour la faire disparaître ». Plus précisément, le besoin fondamental y est décrit comme le « besoin commun à tout être humain » (Office québécois de la langue française, 2012, s.p.). Maslow (2004) définit le besoin fondamental comme celui qui correspond aux manifestations essentielles qu’éprouve un être humain pour assurer sa survie, maintenir son équilibre et son bien-être.

En 1943, Abraham H. Maslow développe un modèle théorique axé sur la hiérarchisation des besoins fondamentaux. Il observe en clinique la tendance des êtres humains à assouvir leurs besoins primaires, avant que n’émergent chez eux leurs besoins supérieurs. La structure pyramidale qu’il propose se divise en cinq strates et distribue les besoins fondamentaux selon les motivations des individus à les satisfaire. Tel qu’illustré à la figure 1, les besoins physiologiques siègent à la base de la pyramide, suivis des besoins

de sécurité, d’appartenance, d’estime et de réalisation. Les lignes qui suivent présentent les cinq classes de besoins en les rattachant à la problématique des soins de fin de vie.

Figure 1. Pyramide des besoins de Maslow (1943)

Maslow reconnaît les besoins physiologiques comme étant prépondérants chez les êtres vivants. Atténuer la frustration associée à la soif, la faim, l’élimination, la respiration ou le sommeil, prévaudra nécessairement pour l’homme sur ses besoins ultérieurs de sécurité, d’estime, d’amour et de réalisation (Maslow, 2004).

Une fois les besoins physiologiques assouvis, se présentent chez l’individu les besoins de sécurité et de stabilité. De l’avis de Maslow (2004), le sentiment de protection est acquis facilement dans les pays occidentaux pacifistes où les structures sociales permettent un logis et des conditions de vie décentes pour la majorité de ses citoyens. Or, la vulnérabilité liée à la condition terminale peut faire obstacle au besoin de sécurité du malade et il importe d’en explorer sa portée.

En troisième position sur la pyramide de Maslow se trouvent les besoins d’appartenance sociale, d’affection et d’amour. La personne cherche alors à être en relation avec autrui, à donner et recevoir la considération de son prochain. Dans un contexte d’intensification des besoins liée à la condition terminale, la recherche tente d’explorer si

Besoins d'accomplissement

(spiritualité, réalisation, créativité,

actualisation) Besoins d'estime (valeur, reconnaissance,

appréciation)

Besoins d'appartenance (socialisation, affectivité, amour)

Besoins de sécurité (santé, finances, hébergement)

Besoins physiologiques

(soif, faim, élimination, respiration, sommeil)

des atteintes aux besoins d’appartenance peuvent découler de la perte, de l’effritement ou de l’épuisement du réseau social.

Au quatrième niveau se situent les besoins d’estime, de respect, de reconnaissance, d’attention et d’appréciation. Un besoin d’estime comblé résulte en des sentiments de

« confiance en soi, de valeur, de force, de compétence, de capacité, et d’être utile et nécessaire dans le monde. » (Maslow, 2004, p. 32). Inversement, la dépréciation, les sentiments d’impuissance et d’infériorité caractérisent l’état de frustration au besoin d’estime.

Doucet (1998) aborde cette transformation qu’éprouve le malade dans son rapport aux autres, transformation qui le soumet aux choix et à la volonté de son environnement de soins et de sa société. Cette situation dans laquelle la personne en fin de vie peut se percevoir comme un fardeau pour autrui, pourrait-elle initier la demande à mourir ? Doucet s’en préoccupe : « Dans une société où le thème des ressources limitées devient une préoccupation majeure et où l’on s’inquiète du fardeau social que représentent les grands malades, l’euthanasie risque de se transformer en devoir social. » (1998, p. 146).

Au sommet de la « hiérarchie de prépondérance » siège le besoin d’accomplissement de soi (Maslow, 2004, p. 24). On y retrouve la conscience, la créativité, l’actualisation et la réalisation. La personne cherche alors à devenir ce qu’elle est réellement et tente d’agir en concordance avec ses valeurs profondes.

Maslow (2004) postule qu’à mesure où les besoins sont comblés, ils cessent d’exister, jusqu’à ce qu’ils soient de nouveau déficitaires, ou jusqu’à ce que de nouveaux besoins émergent chez le sujet. La personne tend à poursuivre une quête des besoins non satisfaits, qui eux modèlent la pensée et les comportements en mobilisant toutes les ressources disponibles pour être assouvis.

Kahn (2004) renvoie au choix autonome, réel ou présumé, revendiqué dans la demande d’euthanasie du malade. À travers sa requête, le patient souhaite-t-il cesser de souffrir indûment ou hâter sa mort ? Et si cette dernière éventualité correspond au choix de la personne, est-ce justifié de le questionner ? Cette recherche permet d’identifier les besoins de personnes en regard de la théorie de Maslow (1943), en plus d’étudier si ceux-ci influencent ou non l’orientation qu’elles donnent à leurs soins de fin de vie.

De l’avis de Maslow, « toute la philosophie de l’avenir de l’individu tend aussi à être modifiée » par ses besoins non satisfaits (2004, p. 23). Questionner les personnes malades sur leurs besoins fondamentaux permet de mieux comprendre leurs situations et les enjeux qui peuvent en découler. Selon cette prémisse, des douleurs mal contrôlées (besoin physiologique), une instabilité des aidants ou du milieu de vie (besoin de sécurité), l’effritement du réseau social (besoin d’appartenance), pourraient influencer la décision d’un malade de recourir ou non à l’aide médicale à mourir. La personne en fin de vie peut se retrouver à ce point envahi par son besoin que les décisions et comportements se trouvent exclusivement motivés par l’insatisfaction, où les solutions ne sont envisagées que « dans le seul but inconditionnel de l’apaiser » (Maslow, 2004, p. 22).

Bien qu’il insiste sur la primauté des besoins physiologiques, Maslow (2004) défend la malléabilité des strates ultérieures de son modèle, de sorte qu’il puisse s’adapter à l’expérience spécifique et singulière des sujets. Ainsi, certains pourraient privilégier les besoins d’estime aux besoins d’amour, alors que d’autres, animés par la créativité, verraient à se réaliser avant de combler leurs besoins d’appartenance.

Comme l’utilisation de la pyramide de Maslow permet de guider les professionnels dans le prendre-soin des malades, elle permet dans cette recherche de reconnaître et de hiérarchiser, selon leurs schèmes de référence uniques, les besoins jugés comme satisfaits et insatisfaits par les participants en fin de vie.

Dans le document UNIVERSITÉ DU QUÉBEC (Page 39-42)