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Que ce soit par le développement de la Pédagogie du Projet, ou à travers la pratique des Histoires de Vie en Formation, j'assigne à mes actes de formateur une finalité constante l'accroissement du potentiel d'autonomie des personnes qui se forment.

Les raisons en sont multiples. Il y a d'abord la plus profonde, celle qui m'est la plus personnelle, qui s'enracine dans mes propres stratégies affectives, et qu'on ne peut comprendre que par une certaine connaissance de mon histoire. Dans "Histoires de Vie et Pédagogie du Projet" (ll, j'ai essayé - entre autres - de m'en expliquer. Je n'y reviens pas ici, car le but du présent article est autre.

Il y a ensuite, pour sacrifier à la conjoncture, une raison plus instrumentale, plus pratique. La capacité d'autonomie répond

( 1) Chronique Sociale, Lyon , 1992.

Jean Vassileff est formateur à l'AFPA (Association pour la Formation Professionnelle des Adultes).

aux exigences du temps, soit parce qu'elle seule permet réelle­

ment aux acteurs sociaux exclus de la production (voilà qui sonne tout de même mieux que "chômeur") de se faire ou se refaire une place dans une société sans cesse plus excluante, soit parce qu'elle correspond aux caractéristiques du profil nouveau de l'être hu­

main au travail : esprit d'initiative, de créativité, de réaction ra­

pide face à des situations inconnues à l'intérieur de contextes de production de plus en plus mouvants.

Il y a enfin la raison de !'Histoire . Elle transcende la pre­

mière, dans la mesure où elle donne à ce qui n'est au fond qu'un fantasme subjectif une signification sociétale, un sens dans le cours de l'humanité. Elle englobe la seconde, en la réintégrant dans le mouvement sous-jacent de la lente mais perceptible transformation des civilisations. Car l'Histoire est en marche, et l'irruption récente du concept d'autonomie de la personne dans le champ des sciences et des préoccupations humaines et sociales ne procède ni du hasard ni d'un effet de mode.

C'est que d'une manière générale, j'ai une vision plutôt socio­

logique de l'évolution de la pensée humaine. Je ne crois pas que telle ou telle théorie, tel ou tel concept, tel ou tel outil méthodolo­

gique surgisse dans la seule logique d'une avancée abstraite vers la vérité. J'adhère au contraire à l'idée que toute pratique dans le domaine des sciences sociales et humaines renvoie implicitement à une certaine conception du monde, à un certain choix de société plus ou moins conscient.

Par ailleurs, ma formation d'économiste me fait penser, avec Marx, que le fondement de toute organisation sociale est avant tout d'ordre économique, du fait des impératifs d'organisation des êtres humains pour régler d'une manière ou d'une autre la pro­

blématique de la production et de la satisfaction de leurs besoins.

Je crois que ce que j'appelle le passage de l'état de Rareté à celui d'Abondance est à l'origine des profondes mutations que nous, gé­

nérations contemporaines, sommes en train de vivre dans une période charnière qu'on analyse trop souvent sous le seul angle technologique. Je crois que le foisonnement contemporain de

ré-flexions, de recherches et d'actions que l'on pourrait rassembler sous l'expression-bannière de "centration sur la personne"

s'inscrit, sous la pression d'une mutation économique sans précé­

dent, dans la logique d'une révolution psychologique dont nous sommes à la fois objets et sujets et qui pousse l'être humain à construire sa vie non plus sur le fondement de ses besoins, mais sur celui de ses désirs.

La naissance de Désidérius (2)

-

Je ne peux pas voler avec ces trucs. Pas avec des plumes de poulet !

Je n'avais pas revu Oeconomicus depuis longtemps, deux ou trois ans déjà. Je le revois encore, à l'époque, au beau milieu des péripéties de sa banale existence , échoué quelque part avec sa péniche sur les rives boueuses du chômage C3l.

Il avait changé, au point que j'avais eu de la peine à le recon­

naître, attablé à cette terrasse de café près d'un cinéma de quar­

tier.

-

Un film formidable ! Une reprise, je ne l'avais pas vu quand il est sorti. Les Ailes du Désir, de Wim Wenders. Je n 'ai pas tout compris, il faudrait le revoir plusieurs fois. Mais il y a des scènes merveilleuses. Tu l 'as vu ?

Il avait changé. Un peu amaigri, l'air légèrement plus grave, plus mesuré, l'air de quelqu'un qui a dû tirer des évènements du quotidien quelques leçons fondamentales. Depuis notre dernière rencontre, il avait suivi un stage, trouvé de l'emploi, trois à quatre contrats à durée déterminée, et s'interrogeait toujours sur son

(2) Les lignes qui suivenL sont Lirées dus premiers chapitres de l'ouvrage cité ci-dessus.

(3) Cf. " Lu Pédagogie du Projet 011 1.i'ormation ,Jeunes et Adultes", Chronique Sociale, Lyon 1 !388 eL 19!.JO.

avenir. Il n'était pas entré dans les détails, avait juste répondu à ma question - Qu'est-ce que tu deviens ? comme on remplit un formulaire, et avait enchaîné sur le film en me racontant la sé­

quence du trapèze.

-

L'ange arrive au cirque, qui vient de s 'installer sur une place d'un quartier de Berlin. L'ange est invisible au commun des mortels, seuls nous, spectateurs, pouvons le voir. Les gens, sur l 'écran, ignorent sa présence. Mais lorsqu 'il s'approche d'une per­

sonne, on entend tout ce qu 'elle pense.

Il tombe sur la séance d'entraînement de la jeune trapéziste française, qui s'évertue laborieusement à répéter son numéro.

C'est plutôt mauvais, aussi le régisseur lui crie : "Marion, pas comme ça ! Ne pendouille pas, vole ! Tu es un ange !"

Et elle répond : "Je ne peux pas voler avec ces trucs. Pas avec des plumes de poulet !" Elle porte dans son dos un accessoire figu­

rant les ailes d'un ange, mais tu vois, un ange passablement ra­

chitique.

Je me souviens clairement de la scène. C'est celle où tout le film bascule. Alors que Marion répète, en même temps que les jongleurs et les acrobates, le directeur du cirque s'avance sur la piste, interrompt l'entraînement et annonce aux artistes interdits la faillite du cirque. "ûn ne peut plus payer. ûn est fauchés.

Demain, on démonte, les roulottes à la remise, la clé sous le pail­

lasson. Pour cette année, le cirque est mort. Désolé". Le soir même aura lieu la dernière représentation.

Sale coup pour Marion. Elle avait misé sur cette tournée, et voilà que tous ses projets s'écroulent. Il faut repartir à zéro, une fois de plus, sans pouvoir aller au bout de ce qu'elle avait entrepris.

Elle descend de son trapèze et s'en va, découragée, vers sa roulotte, suivie de cet ange attentif qu'elle ne devine pas. Elle s'étend sur le lit et se met à pleurer. La présence toute proche de l'ange rend sa pensée sonore. Elle est désemparée, désespérée.

Elle se regarde dans la glace, elle pense à la mort, elle se dit qu'il

vaudrait peut-être mieux qu'elle tombe, le soir même en faisant son dernier numéro. Lentement, elle ôte ses habits de piste pour se changer, et l'ange tombe amoureux d'elle.

Le public est venu nombreux pour cette dernière fois. Sanglé dans son costume, se voulant impassible mais laissant percer son inquiétude, le régisseur lève les yeux vers les hauteurs du chapi­

teau. Marion se surpasse. L'artiste travaille sans filet. Le trapèze bondit d'un pan de toile à l'autre, au rythme audacieux des évolu­

tions de la jeune femme. Son corps changeant dessine sur de multiples trajectoires courbes, comme celui d'une danseuse au bout d'un pendule, des figures incroyables. Elle prend de plus en plus de risques, mais elle vole.

L'ange est là, lui aussi, admiratif et anxieux. Quel ange étrange ! Son pouvoir est surnaturel, puisqu'il peut, invisible, s'introduire partout, côtoyer quiconque, lire dans toutes le pen­

sées. Mais il n'a aucune prise sur le cours des choses, il n'intervient pas sur l'évènement. Il accompagne simplement les hommes, lui l'immortel, dans leur poignante petite vie. Il accom­

pagne ainsi l'humanité depuis son origine. Il est le témoin de l'Histoire.

Et le voilà, ce soir, pris d'angoisse pour cette femme qu'il aime, mais pour qui il ne peut rien. Le public retient son souffle, le régisseur retient sur souffle, les spectateurs du film retiennent eux aussi leur souffle, et s'il en avait un, l'ange retiendrait égale­

ment le sien.

Tous, nous assistons à la métamorphose de cette ex-femme­

aux-ailes-de-poulet en oiseau téméraire. Nous participons à son essor en tremblant pour elle, car nous savons que le prix d'un en­

vol est le risque d'y laisser la vie. Mais nous savons que personne ne peut l'aider. Sa réussite ne peut venir que par le dépassement de sa propre peur. Il est capital qu'elle soit seule avec elle-même dans son entreprise d'émancipation. Soyons donc simplement là, autour d'elle, à lui crier nos muets encouragements.

Une jambe enroulée autour de la corde qui tombe à terre, l'autre en équerre dans une pose gracie use\ Marion descend len·�

tement sous les ovations soulagées du public. Elle est souriante et grave, elle a pris en main le cours de sa vie. Désormais, elle déci­

dera.

-

C'est curieux, me dit Oeconomicus, il me semble que j'ai quelque chose à voir avec Marion, la trapéziste.

Non pas que je sois capable, comme elle, de virevolter dans l 'espace. Mais ma pesante péniche me pèse. Je voudrais pour­

suivre mon voyage sur quelque chose de plus alerte, de plus im­

prévisible. Obéir aux courants dominants, comme je l 'ai fait jusqu'ici, ne m 'a guère avancé. Ils finissent toujours par te pous­

ser vers des eaux dormantes où règne l 'ennui. Tu vis, mais tu t'ennuies. Moi, Oeconomicus, je sens confusément que je dois pou­

voir vivre autre chose. Autre chose qu'aspirer à satisfaire mes be­

soins économiques. Quand je vois autour de moi tous ces trains de vie somptuaires, ces revenus colossaux que se palpent des tas de gens inconnus, même pas artistes, même pas tennismen, ni foot­

balleurs, ni même présentateurs de télé, simplement des dor­

meurs, je me dis qu'il y a de l 'immoralité à me demander que je me crève le cul pour espérer décrocher le SMIC. Je me dis que le mensonge est devenu roi et que je n'ai plus grand chose à at­

tendre de tous ceux qui se penchent sur mon bonheur.

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des actes à moi, que je laisse la parole à mon désir pour redonner du sens à ma vie, que je me fasse une identité propre. D 'ailleurs, pour commencer, j'ai envie de changer de nom.

-

Et comment t'appelleras-tu ?

-

Désidérius.

Du Besoin au Désir

Je me souviens de la fin des années 1960. Je venais de termi­

ner mes études et j'étais entré en 1967, à 24 ans, dans les services

comptables et financiers de C.F. S.A., filiale grenobloise d'un groupe multinational américain spécialisé dans les gros maté­

riels de travaux publics.

Nous étions à l'époque baignés dans l'idéologie keynésienne production, investissement, croissance, expansion, tels étaient les maîtres mots prononcés et discutés dans les milieux autorisés, Université, fraction éclairée du patronat, presse et édition écono­

miques. C'était la logique du développement maximum, qui pas­

sait en ce temps-là par l'extension de la consommation inté­

rieure : acheter, consommer, élever son niveau de vie, voilà tout ce qu'on attendait du citoyen français moyen, voilà tout ce que le citoyen moyen français attendait.

Je me rappelle l'émerveillement de M ... , ma femme, et le mien, devant notre premier frigo, notre sentiment d'importance après l'achat (à crédit) du salon-salle à manger en imitation teck, les soirées entre jeunes cadres dont le but souterrain, sous le pré­

texte d'invitations amicales, était de procéder à de minutieuses comparaisons de bien-être ménager (combien de mes collègues ont dû soutenir l'assaut de leur épouse après une soirée chez l'un de nous, au cours de laquelle chacun avait pu admirer, trônant en évidence dans sa chambre à coucher, la coiffeuse que ce traître venait d'offrir à sa moitié). Je ne parle pas des voitures ...

C'était aussi ]"époque où j'avais fait pression sur M ... pour qu'elle arrête de travailler : une femme de cadre ne travaille pas, ce serait montrer l'insuffisance du revenu du ménage, le travail de l'épouse étant alors encore considéré comme simple opportu­

nité d'un salaire d'appoint.

L'essoufflement des valeurs de la civilisation de consommation On m'objectera que tout cela est largement d'actualité, que les jeunes ménages sont toujours émus de posséder leurs pre­

miers robots ménagers et que le milieu des cadres petits-bour-·

geois est toujours aussi sujet au mirage des apparences.

Pourtant les choses ont beaucoup changé. L'équipement de la maison s'est banalisé, la possession des attributs du confort ne suffit plus à impressionner. Mais surtout, elle ne suffit plus à remplir l'existence. Il y avait, au temps de mes premières payes, un caractère de relative nouveauté qui s'attachait encore à l'idée de confort. C'était le temps, pour le plus grand nombre, pour le peuple, des premières expériences vécues de la possession d'objets qui jusque là, pour nos générations, avaient fait figure de mythes les années cinquante nous les avaient montrés, dans notre en­

fance plutôt démunie , comme les produits idéalisés d'une Amérique triomphante.

Aujourd'hui, le réfrigérateur est une chose familière pour tous les enfants, y compris ceux de la plupart des chômeurs, qui aspirent surtout, quant à eux, à le voir mieux garni ...

Par ailleurs, la sacralisation du productivisme a fait long feu.

Une courbe de production ne peut pas indéfiniment prendre la forme exponentielle, il arrive fatalement un moment où elle pla­

fonne, précisément lorsque la plupart des besoins s'avèrent satis­

faits Ol . Les taux de croissance qui étaient de l'ordre de 5 à 6 % par an à la fin des années 60 et au début des années 70, sont tom­

bés à 2 à 3 %, voire même à 1 %.

A cette réalité économique correspond l'évolution d'ordre so­

ciologique et psychologique de l'opinion publique. L'idée de gaspil­

lage s'installe dans les esprits. Sur la lancée des impulsions des années 60, on en est venu à produire tellement qu'on produit trop.

Chacun, sans toutefois savoir analyser clairement le phénomène, perçoit le développement d'une création artificielle de besoins supplémentaires pour absorber la surproduction. On prend éga­

lement conscience d'un impressionnant gaspillage d'énergie, no­

tamment avec l'extension tentaculaire de la consommation au­

tomobile (au détriment d'une politique de transports en com­

mun), qui suggère en outre la sensation intuitive de la saturation et de l'encombrement. Parallèllement, le spectacle des

entasse-( 1) Je parle bien entendu des seuls pays développés. Pour une analyse plus complète de cette question, cf. "La Pédagogie du Projet ... " op. cit.

ments gigantesques de marchandises dans les grandes surfaces et les zones commerciales insinue dans les esprits l'idée d'une abondance pléthorique, à portée de la main, faisant définitive­

ment litière de la notion de rareté.

Enfin, et surtout, le mythe du productivisme s'effondre de­

vant la gravité des atteintes à l'ordre écologique de la planète, pourtant annoncée depuis longtemps par des personnalités cou­

rageuses que la paresse intellectuelle ambiante avait malheureu­

sement laissé taxer de catastrophisme.

Cependant, malgré ces signes éloquents de profonde trans­

formation du contexte économique , les institutions du pouvoir, animées par des gouvernements plus financiers que politiques, continuent de fonctionner comme auparavant, selon les anciens réglages économico-écologiques. Le discours dominant demeure celui de la croissance, ou celui de son symétrique, la récession, dont on invoque périodiquement la menace pour justifier par avance d'éventue1les augmentations du chômage. Prisonniers de ces anachronismes, nous ne sommes pas près de sortir de la

"crise".

La crise

Car la crise est toujours là. Depuis 1973-74 ( l"r "choc pétro­

lier"), elle s'épanouit dans la perspective de fêter prochainement son vingtième anniversaire. Elle a fait l'objet de multiples traite­

ments économiques qui ne sont jamais parvenus à en venir à bout, faute d'avoir cherché à en soigner la cause véritable : la trop grande inégalité des revenus. On préfère perpétuer l'attitude conservatrice du recours à la croissance, à la relance, au produc­

tivisme, réputés seules sources de création d'emplois, en sachant par ailleurs que pour résorber les niveaux de chômage actuels, il faudrait atteindre de tels taux d'accroissement de production que l'équilibre écologique de la planète, déjà mal en point, n'aurait plus aucune chance de s'en relever (à supposer en outre que nous

autres pauvres consommateurs, soyons capables d'ingérer sans nausée tous ces surplus).

Dans "La Pédagogie du Projet en Formation Jeunes et Adultes", j'ai essayé de montrer comment il était possible de faire disparaître cette crise rapidement par une réforme fiscale d'une envergure somme toute limitée perrnettant de financer une ré­

duction substantielle de la durée du travail. C'est en effet le seul remède, et aussi le seul qu'on se soit bien gardé d'essayer.

Il n'y a pas de crise véritable. Ou alors, si l'on tient absolu­

ment à ce vocabulaire, parlons plutôt d'une crise des institutions, traduisant l'incapacité de ces dernières à résoudre le problème de l'emploi. De ce point de vue, il s'agit d'une crise beaucoup plus profonde, une crise de civilisation que le débat politique actuel ne permet pas d'appréhender. Essayons d'y voir sociologiquement plus clair.

L'état de Rareté

Depuis toujours, l'activité économique (c'est-à-dire produc­

tion et répartition du produit) s'articule autour du concept de Rareté, défini dans son acception économique, par laquelle il dé­

signe un état où les ressources (ensemble des biens et services dis­

ponibles) ne couvn�nt pas les besoins à satisfaire. Dans cette lo­

gique-là, le problème posé à l'humanité est un problème d'optimisation de la production, puisque, par postulat, les besoins dépassent toujours les ressources.

Cela veut dire que

- du côté du problème de la production, on s'efforcera d'accroître les ressources autant que possible.

- du côté du problème de la répartition du produit, on devra gé­

rer l'insatisfaction, établir des priorités de besoins à satisfaire, opérer des choix, introduire des discriminations.

Le concept de Rareté engendre ainsi une double logique - celle de l'accroissement de la Production, de la Croissance.

- celle de la cruelle mais réelle fatalité de l'inégalité, de l'injustice.

Les valeurs sociales de la Rareté

Les institutions socio-économiques se sont structurées autour de ces deux logiques, produisant les valeurs sociales que nous connaissons

- du côté production : suprématie de la science et de la tech­

nique, progrès, croissance, productivisme, etc ... - du côté ré­

partition : récompense au plus méritant, encouragement du travail, de l'effort, ce qui ne va pas, dans un contexte de mora­

lité judéo-chrétienne, sans un minimum de charité pour les plus défavorisés.

Toutes valeurs sociales, pour être efficaces, doivent se légiti­

mer. En ce qui concerne les valeurs liées à la production, leur lé­

gitimation coule de source : plus on produira, plus on combattra la rareté. Mais celles liées à la répartition, étant donné qu'elles ont

gitimation coule de source : plus on produira, plus on combattra la rareté. Mais celles liées à la répartition, étant donné qu'elles ont