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Responsable des visites du patrimoine religieux de la Pastorale des Réalités du Tourisme et des Loisirs du diocèse de Lyon

19 mai 2016 (Lyon)

Dans tous les sanctuaires où les enquêtes auprès des visiteurs ont pu être menées, le panel de réponses collectées se situe autour d’une cinquantaine. Les fluctuations sur le nombre de réponses (entre 45 à Pontmain et 56 à Lisieux) témoignent de la difficulté plus ou moins grande d’obtenir l’attention des visiteurs dans les sanctuaires. Les sanctuaires tels que Pontmain ou L’Ile-Bouchard sont fréquentés essentiellement à des dates très précises (jour de l’anniversaire de l’apparition, grandes fêtes mariales ou pèlerinages). En dehors, les visiteurs sont peu nombreux, d’où la difficulté de recueillir des données, à moins de rester sur le site sur une longue période. Dans d’autres sanctuaires, les difficultés ne sont pas venues de la fréquentation mais du fait que les visiteurs se sont avérés beaucoup moins enclins à répondre (c’est le cas notamment au sanctuaire de Fourvière). Enfin, à San Damiano, il ne m’a pas été possible de procéder à l’enquête, pour des raisons qui seront exposées plus loin. De même, si je me suis toujours mise en contact avec les autorités gérant les sanctuaires pour solliciter leur autorisation de procéder à mon enquête, il ne m’a pas toujours été possible de rencontrer un interlocuteur sur place. Les différences d’exigences entre sanctuaires sont d’ailleurs parfois surprenantes : s’il m’a fallu montrer patte blanche à Fatima en envoyant un protocole de recherche détaillé ainsi qu’une lettre de recommandation de ma directrice et un certificat de scolarité, le curé de la basilique Sainte-Croix-de-Jérusalem de Rome a succinctement répondu à ma demande en m’indiquant qu’il n’y avait aucun problème. Il était lui-même absent lorsque je suis venue faire mes enquêtes mais le vicaire m’a laissé procéder sur la seule assurance que le curé m’y avait autorisée. Saisissant contraste avec les autorités vaticanes qui m’ont refusé l’autorisation de réaliser mon enquête sur la place Saint-Pierre, pour des raisons de sécurité. Ces différences d’appréciation de l’intérêt de mon travail d’un sanctuaire à l’autre expliquent qu’il ne m’a pas toujours été possible de procéder à des entretiens avec les recteurs de chaque sanctuaire comme j’en avais originellement l’intention.

Un choix risqué ?

Réaliser une thèse sur les lieux de pèlerinage et des enquêtes dans les sanctuaires oblige à surmonter quelques difficultés bien spécifiques. J’ai souvent vécu le temps du terrain comme « l’ère du soupçon », notamment sur les terrains français ou auprès des visiteurs français sur les terrains étrangers. En effet, outre les difficultés habituelles rencontrées par les jeunes chercheurs (nouveauté dans le champ et donc manque de visibilité auprès des acteurs contactés, méfiance des visiteurs interrogés qui ne comprennent pas l’intérêt de la démarche), travailler sur les lieux de pèlerinage, particulièrement en France, confronte nécessairement le chercheur à la question de la laïcité. Or, un fait intéressant et révélateur des difficultés que peut occasionner la laïcité est que l’on est toujours soupçonné d’être non-croyant (voire anticlérical) par les croyants (pèlerins) tandis qu’avec les autorités civiles (mairies, écoles, office de tourisme), on est au contraire soupçonné d’être croyant. Les premiers craignent une énième étude qui viendrait critiquer l’Eglise, leurs pratiques et leur foi, tandis que les seconds ont peur de se trouver face à une bigote venant remettre en cause la laïcité. Finalement, personne ne croit à la neutralité et à l’objectivité.

J’ai donc dû réfléchir soigneusement à la position qu’il me fallait adopter vis-à-vis de mes différents interlocuteurs. Ce d’autant plus que, si j’ai choisi ce sujet, c’est bien entendu pour son intérêt scientifique mais également par intérêt personnel envers les lieux de pèlerinage que, étant moi-même catholique, je fréquente depuis mon enfance. Dans la mesure où mes terrains sont pour moi des objets d’étude mais également des lieux avec lesquels j’entretiens un sentiment d’appartenance, j’ai conscience de l’importance particulière qu’il me faut accorder à la recherche de l’objectivité et de la rigueur les plus grandes. Sur le terrain, j’ai finalement opté pour des stratégies différentes en fonction des interlocuteurs abordés. Pour ce qui est des demandes d’autorisation dans les sanctuaires, j’ai toujours précisé que j’étais catholique, jugeant que c’était « rassurant » pour les recteurs qui verraient que j’étais en mesure de comprendre ce que signifiait une démarche de pèlerinage et donc de ne pas importuner les visiteurs à n’importe quel moment ni en n’importe quel lieu. Je n’ai pas le sentiment, d’après mes expériences sur le terrain, que cet élément ait eu finalement une grande importance. Quelques-uns des recteurs que j’ai rencontrés m’ont ensuite demandé si j’étais catholique moi-même. Ils n’avaient visiblement pas porté beaucoup d’attention à ce fait pour me donner leur accord. La plupart des recteurs étaient en revanche légitimement attachés à bien comprendre l’aspect scientifique de la recherche et intéressés par les résultats.

Pour ce qui est des visiteurs interrogés, ma manière de me présenter a évolué au fur et à mesure de mon travail. J’ai fait mes premières enquêtes de thèse dans le sanctuaire marial de Pontmain proche de ma ville de naissance. C’est un lieu que je connaissais bien pour l’avoir fréquenté de nombreuses fois et j’y étais doublement à l’aise : d’une part parce que c’était un sanctuaire et que je

connaissais les « codes » liés au lieu, d’autre part parce que c’était en quelque sorte « chez moi », dans ma région natale. Pourtant, la situation était nouvelle pour moi puisque je venais cette fois comme une observatrice extérieure. Que fallait-il faire ? Se présenter comme étant « du pays » ? Catholique ? Cela ne risquait-il pas d’introduire un biais ? J’ai donc commencé mes approches en me présentant comme une étudiante préparant une thèse de géographie sur les sanctuaires. La réception n’a pas été très bonne. Ce qui gênait les gens n’était pas le statut d’étudiante (qui met généralement plutôt en confiance) mais curieusement le fait que je dise faire des études de géographie. Les personnes interrogées (d’un certain âge il est vrai) ne voyaient pas le rapport entre la géographie et un travail sur les sanctuaires. Cela leur paraissait suspect. J’ai donc changé d’approche et me suis contentée de dire que je faisais un enquête (et non plus une thèse) sur les sanctuaires, le pèlerinage et le tourisme. La réception a tout de suite été meilleure. Je n’ai par contre jamais dit que j’étais catholique ou Mayennaise. Il est arrivé que l’on me pose la question mais ce fut, tout compte fait, plutôt rare. En revanche, lorsque la question de ma religion m’était posée, je ne l’évitais jamais, quelle que soit l’opinion à ce sujet de la personne interrogée. Pour les terrains étrangers, se posait aussi la question de savoir s’il fallait préciser ma nationalité. Etant malheureusement souvent trahie par mon accent ou quelques fautes de grammaire mieux valait le préciser d’emblée. Cela avait d’ailleurs généralement un effet positif, les visiteurs étant pleins de sollicitude. Difficile, en revanche, de compter sur la solidarité entre Français… qui sont en moyenne, d’après mon expérience personnelle, les personnes les moins aimables que j’ai interrogées à l’étranger. Le statut d’étudiante, pas plus que l’identité française ne suffisent à convaincre un touriste français de répondre à une enquête, encore moins lorsqu’elle porte sur des lieux à caractère religieux.

Le choix de traiter des lieux de pèlerinage comporte donc quelques risques liés à la question de la laïcité qui complique le travail de terrain et parfois les interactions entre chercheurs. Consciente de ces limites et difficultés, je souhaite néanmoins poursuivre trois objectifs bien précis à travers ce travail.

OBJECTIFS DE LA THESE

1er objectif : défense et illustration d’un objet légitime en géographie

L’établissement de l’état de l’art (qui n’est pas développé en introduction car il le sera dans la première partie de ce travail) sur l’objet religion permet de faire le constat suivant : dans les études géographiques, particulièrement dans la géographie française, la religion est très rarement abordée pour elle-même. Elle se situe généralement en creux de la réflexion, utilisée comme un facteur explicatif au même titre que le climat ou le site et la situation. Mis à part Pierre Deffontaines qui se

frotte à l’objet religion dans son ouvrage de 1948, Géographie et religions, et Xavier de Planhol qui s’intéresse au « Monde islamique » en 1957, une forme d’omerta semble planer sur la religion dont l’étude reste l’apanage des historiens, des sociologues et des anthropologues. Paul Claval (entretien du 22 mars 2016) explique de cette absence du religieux en géographie : jusqu’en 1968, la géographie française était « sclérosée », focalisée sur une géographie agraire aux limites clairement définies. Selon P. Claval, c’est à tort que l’on a imputé cette sclérose à Paul Vidal de la Blache. Les responsables en seraient plutôt ses élèves qui ne se sont cantonnés qu’à une partie des travaux de leur maître, négligeant ses écrits les plus récents (suite à son voyage en Amérique) dans lesquels il dégage ce qui est au fondement de toute la géographie : l’articulation de l’espace-temps. Ainsi, jusqu’aux années 1970, la géographie s’est étendue « latéralement ». On « découvre » la géographie tropicale (Pierre Gourou), la géographie médicale (Max Sorre), etc. mais sans approfondir les nouvelles thématiques. C’est dans ce contexte que Pierre Deffontaines rédige son ouvrage, qu’il rattache à la géographie religieuse. Mais la volonté de faire de la géographie une science positive empêche l’étude de la religion car il ne faut s’intéresser qu’à des faits structurants, dont les géographes considèrent que la religion ne fait pas partie.

Paul Claval situe le tournant se produit à partir de 1968. Durant la nouvelle période qui s’ouvre, le champ de la géographie s’élargit. Cependant, la géographie est alors dominée par l’économie. Ce qui est étudié doit toujours avoir un rapport plus ou moins direct avec l’économie et la production de richesses. Se crée en réalité une forme de blocage lié à la tradition marxiste d’une partie des géographes. Blocage dont la religion se trouve victime : une fois encore, il s’agit de n’étudier que ce qui est structurant ce qui, dans une perspective marxiste, n’est pas le cas de la religion. C’est une géographie systémique où priment l’économie et les richesses qui domine jusqu’au début des années 1990, culminant avec l’invention des chorêmes par Roger Brunet. Il faut attendre le milieu des années 1990 pour que la géographie culturelle, au croisement de toutes les sciences sociales, se développe réellement. Paul Claval, dans le deuxième numéro de Géographie et

cultures lance alors un appel pour l’étude de la religion en géographie, appel qui reste lettre morte.

Lui-même n’a jamais dirigé ni donné de sujet de thèse sur ce thème, estimant qu’il fallait, sur un tel objet, que la proposition vienne de l’étudiant lui-même.

En choisissant, au début de mes travaux de master de me frotter à l’objet « religion », j’avais bien conscience que les études sur le sujet n’étaient pas légion : les pèlerinages ont bien donné lieu à quelques études spécifiques, mais peu sont françaises. Le sujet a plutôt été développé par la géographie allemande, autour de Manfred Büttner, Annliese Sievers et Gibert Rinschede qui travaillent en lien avec le groupe Geographies of Religion and Beliefs Systems (GORABS) de

l’Amercian Association of Geographers. Ces travaux restent néanmoins très descriptifs et se classent

réalisées en France sur Lourdes ou Saint-Jacques-de-Compostelle (Bertrand, 2004). L’école brésilienne de géographie, notamment autour de Zeny Rosendahl, s’est également emparée des thématiques religieuses et de la question du sacré, produisant un grand nombre de travaux sur des pèlerinages essentiellement sud-américains, qui mêlent analyse économique, sociologique et culturelle. En France, seul le géographe Michel Chadefaud a travaillé le cas de Lourdes en dépassant l’approche économique (qui constitue néanmoins les bases de son étude) pour s’intéresser aux représentations que les Lourdais ont du sanctuaire.

La religion (et la question du pèlerinage en particulier) est souvent traitée en géographie à travers ses aspects économiques, le but étant d’étudier le rôle des pratiques religieuses dans le développement économique des territoires. De nombreuses études ont été produites avec ce focus concernant les routes Saint-Jacques-de-Compostelle (Bertrand, 2004), le développement de la ville de Lourdes (Rinschede, 1985) ou encore, plus récemment, la ville de La Mecque (Elsayed Ascoura, 2013). Lors de mes séjours de terrain au Mexique, dans le cadre du master, j’avais ainsi eu l’occasion d’échanger avec un petit groupe d’étudiants géographes de l’UNAM (Universidad Autónoma de México), travaillant, sous la direction du Pr. Enrique Propin, spécialement sur les questions de pèlerinage. L’approche développée à l’UNAM est une approche clairement économique au sein de laquelle le pèlerinage est conçu avant tout comme un moteur de développement. Cette conception se retrouve dans l’ensemble de la géographie mexicaine des religions, qui s’intéresse, dans cette optique, beaucoup au tourisme spirituel4.Il est un autre champ où son étude s’est développée, notamment depuis les années 1990 : celui de la géopolitique. La question de la présence et de la visibilité du religieux dans l’espace public est en effet brulante d’actualité et donne régulièrement lieu à de nombreuses analyses géopolitiques, mais celles-ci se bornent à envisager la religion en termes de pouvoir, comme une affaire politique et stratégique. C’est finalement encore « en creux » qu’est saisie ici la religion.

A travers l’étude des lieux de pèlerinage, il s’agit de montrer dans ce travail que l’on peut légitiment faire « autre chose », avec la religion et les pratiques induites, que ce que les focus en géographie économique et en géographie politique sont susceptibles de faire valoir en termes de connaissances. Prendre en charge intrinsèquement cet objet met alors en exergue ses dimensions culturelles et sociales aux échelles collectives et individuelles, articulant pratiques spatiales et spatialité. Il faut pour cela également emprunter aux champs de la sociologie, de l’anthropologie, de l’histoire et de la théologie qui représentent un apport considérable dans l’étude du sacré.

4 On peut citer notamment les travaux de Rogelio Martinez Cardenas, professeur à l’Université de Guadalajara. Il a notamment été l’initiateur, en 2010, des Rencontres internationales du tourisme spirituel qui se sont tenues chaque année jusqu’en 2015 à l’université de Guadalajara, en lien avec le Secrétariat du Tourisme (équivalent du Ministère du Tourisme français), très intéressé par le tourisme spirituel.

2e objectif : étudier de plus près la question de l’inscription des valeurs dans l’espace et l’évolution des espaces érigés en hauts lieux en regard des changements de paradigme que connaissent les sociétés

Tourisme comme pèlerinage sont suscités par une valeur attachée à l’espace qui lui donne un sens. Les travaux de l’Equipe MIT sur « l’invention » des lieux touristiques ont mis en avant, dans le processus d’inscription spatiale de la valeur, l’importance du regard porté sur les lieux : le tourisme nait d’un changement de regard porté sur un lieu et donc de son investissement par une nouvelle valeur, attractive pour les touristes. Ce changement de regard est rarement l’œuvre des habitants du lieu mais plutôt celle d’un visiteur étranger de passage, appartenant généralement à une élite, qui découvre le lieu pour la première fois. Il assure alors, grâce à son capital social, la transmission de cette nouvelle valeur qu’il a lui-même attachée à l’espace. Un changement de paradigme de la société peut très bien provoquer un nouveau changement de regard qui fera perdre au lieu sa valeur et son attractivité touristique.

Cette question de la valeur se pose différemment concernant les lieux de pèlerinage. Tout d’abord, les lieux de pèlerinage du monde catholique ont ceci de particulier qu’ils sont fortement ancrés dans leur territoire local. Les premiers visiteurs et promoteurs du lieu sont les locaux qui diffusent l’idée d’une valeur sacrée de l’espace par le récit des bienfaits qu’ils ont retirés de leur propre visite en ce lieu. Ces lieux attirent ainsi les foules avant d’être reconnus ou non par les autorités religieuses. Ainsi, certains lieux de pèlerinage ne sont officiellement pas reconnus (Medjugorje en Bosnie-Herzégovine, San Damiano en Italie) et pourtant accueillent chaque année des milliers de visiteurs. L’inscription de la valeur sacrée dans l’espace semble donc être le fruit d’un double processus : une reconnaissance spontanée et officieuse du caractère exceptionnel du lieu qui se traduit par l’afflux des visiteurs, et une reconnaissance officielle qui est ensuite assurée par les autorités religieuses (l’élite) et qui permet d’attribuer « objectivement » une valeur pour l’espace. D’autre part, la valeur sacrée fait montre d’une certaine pérennité : bon nombre de lieux de pèlerinage sont en effet situés en des lieux où l’on vénérait déjà d’autres dieux avant la mise en place de la religion actuellement majoritaire (déesse-mère Tonantzin sur la colline du Tepeyac à Mexico, actuel sanctuaire de Guadalupe) voire en des lieux que l’on pensait parcourus par des forces obscures (c’est le cas de la grotte de Massabielle à Lourdes). Tout se passe comme si, insensible aux changements de la société, la valeur sacrée demeurait dans ces espaces. Il est dès lors particulièrement intéressant d’étudier les lieux de pèlerinage dans un contexte de sécularisation : si ce changement de paradigme engendre un changement de valeur de l’espace, alors la valeur spatiale n’est véritablement qu’un élément contextuel dépendant des évolutions de chaque société. Si, en revanche, la valeur sacrée résiste et reste ancrée dans ces lieux, alors, sans souscrire à une vision

déterministe du monde (il n’y a pas de genius loci, ni de valeur intrinsèque des lieux), il faudra néanmoins envisager la valeur spatiale sacrée comme un élément structurant de l’organisation des sociétés et dégager les implications de ce constat.

3e objectif : saisir et représenter les perceptions et représentations de l’espace.

Ce travail porte sur des notions éminemment subjectives : la valeur spatiale (particulièrement la valeur sacrée), qui est saisie par les perceptions et représentations de l’espace. Consciente de la singularité de ces deux termes, je les emploie conjointement car perceptions et représentations me semblent effectivement liées. J’assimile la perception de l’espace aux sentiments que suscite, chez l’individu, l’espace fréquenté. L’émotion ressentie en parcourant un espace influe ensuite sur la représentation que l’individu va construire de ce même espace. Les représentations spatiales sont elles-mêmes au cœur de la géographie. Dans un article de 1994, le géographe Yves André cite ce point soulevé par la sociologue Denise Jodelet : « Nous avons toujours besoin de savoir à quoi nous en tenir avec le monde qui nous entoure. Il faut s’y ajuster, s’y conduire, le maîtriser physiquement ou intellectuellement, identifier et résoudre les problèmes qu’il pose. C’est pourquoi nous fabriquons des représentations ». Celles-ci sont par nature subjectives : elles sont influencées par tout ce qui compose la personnalité de l’observateur, par ses perceptions ainsi que par le contexte politique et culturel dans lequel il se trouve. La représentation n’est jamais « un double du

réel » mais en est « toujours une interprétation » (Debarbieux, 2002). Ainsi, pour certains le lieu de

pèlerinage est un lieu sacré qui implique respect et prière. Pour d’autres il est un simple objet de curiosité.

Un des enjeux est ici d’établir un protocole permettant de saisir les perceptions et représentations des visiteurs, puis de parvenir à représenter graphiquement les résultats obtenus. On ne peut saisir pleinement la valeur d’un lieu qu’en le pratiquant soi-même et en interrogeant ceux qui le pratiquent, donc en ayant recours à des enquêtes et observations. Encore faut-il trouver