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7. ANALYSE DES RÉSULTATS

7.2 Analyse des D-Sibs canadiennes

7.2.2 Banque Royale du Canada (RY CN)

Tableau 8: Liens de cointégration entre les D-Sibs des pays PIIGS et la banque RY. Le tableau 8 présente les liens D-Sibs européennes qui sont cointégrées avec la banque RY pour les cinq sous-périodes. La présence d’une D-Sib européenne dans la liste pour une période donnée implique qu’il existe une connexion directe entre cette D-Sib et RY au sein du réseau. « N/A » indique que la banque RY n’est cointégrée avec aucune D-Sib des pays PIIGS pendant la période.

Sous-périodes, RY

1 2 3 4 5

N/A

BMPS IM ALBK ID SAB SM SAN SM SAN SM BBVA SM POP SM ETE GA ALPHA GA EUROB GA UCG IM ISP IM

Le tableau 8 démontre que l’institution RY n’est interdépendante avec aucune entité européenne. De plus, il est clair que les D-Sibs européennes n’ont exercé aucune influence sur la banque RY lors de la pré-crise des subprimes (sous-période 1). Toutefois, bien qu’elle ne devienne cointégrée qu’avec la firme BMPS (Italie) lors de la sous- période 2, cette dernière est directement liée à l’entité la plus menaçante du réseau, la banque UCG (Italie). En effet, les mesures de betwenness et de closeness propres à UCG sont les plus élevées au sein du réseau. De ce fait, nous pouvons conclure que la banque RY est quelque peu exposée aux effets de contagion à cette période.

La faillite de Lehman Brothers a clairement amplifié la vulnérabilité de la banque RY, tel qu’illustré par l’augmentation significative de ses mesures de centralité.

119 Effectivement, le tableau 35 de l’annexe 3 démontre que bien que la betweenness de la banque demeure relativement faible (0,185), sa closeness (0,737) et son degré (9) démontrent sa forte proximité globale avec les autres acteurs et son haut niveau de connectivité. De ce fait, le tableau 13 démontre un important effet de contagion impliquant ces banques : ALBK (Irlande), SAN (Espagne), BBVA (Espagne), POP (Espagne), ETE (Grèce), ALPHA (Grèce), EUROB (Grèce), UCG (Italie), ISP (Italie). Toutefois, même si plusieurs de ces entités constituent une véritable menace en raison de leur forte centralité, la banque RY a perdu tous ses liens de cointégration avec ces acteurs lors de la première phase de la crise européenne (sous-période 4). En effet, elle est uniquement cointégrée avec l’entité espagnole SAB (voir tableau 35 et figure 11 de l’annexe 3). Or, bien que cette nouvelle connexion constitue un effet de contagion, SAB est le nœud le plus influent du réseau, puisque ses mesures de centralités sont les plus élevées. Sa forte betweenness (variant de 0,044 à 0,795 entre les sous-périodes 3 et 4) indique qu’elle constitue le noyau central du réseau. D’ailleurs, elle est la seule à exercer cette influence, puisque son coefficient de clustering nul indique qu’elle ne fait pas partie d’une clique. Il est à noter que la banque SAB n’était pas un nœud central du réseau lors de la sous-période 3 alors qu’elle était seulement près des autres acteurs (closeness de 0,609).

Il est aussi intéressant de remarquer que, malgré la diminution significative de leurs mesures de centralité, la majorité des institutions avec lesquelles la banque RY était cointégrée lors de la sous-période 3 exercent une influence indirecte sur l’institution canadienne. En effet, le réseau de la banque RY pour la sous-période 4 (figure 11 de l’annexe 3) démontre que les entités espagnoles POP, BBVA et SAN sont uniquement cointégrées avec SAB, alors que les quatre banques grecques et l’institution portugaise BPI démontrent que ces dernières forment une clique (leurs coefficients de clustering élevé en témoignent.) Il est à souligner que SAB est directement connectée à TPEIR (Grèce), un membre de cette clique. Il n’est pas étonnant de déceler une clique formée de banques grecques et d’une banque portugaise, puisque cette sous-période marque la situation précaire de leur économie. En effet, en mai 2010, la Grèce a bénéficié de son premier bailout de 110 milliards € orchestré par le troika européen, alors que le sauvetage

120 financier de 78 milliards € du Portugal a eu lieu en mai 2011, dont 1,3 milliards €66 a

servi à recapitaliser l’entité Banco BPI. De plus, entre juillet et août 2011, la Grèce a reçu la dernière tranche de 12 milliards € de son prêt et les autres membres de la zone euro ont octroyé un second prêt de 109 milliards € et ce, dans le but d’éviter un effet de contagion transfrontalier et pour relancer les marchés boursiers européens67. Bien que la proximité

entre les entités grecques soit évidente dans le réseau de la banque RY (tableau 35 de l’annexe 3), elle ne s’est pas nouvellement formée lors de la sous-période 4, puisque leurs coefficients de clustering (voir tableau 35 de l’annexe 3) sont aussi élevés lors de la faillite de Lehman Brothers. Ceci implique que la vulnérabilité des banques grecques lors de la crise européenne était déjà prévisible au courant de la crise financière de 2008- 2009.

On ne note aucun changement important au niveau des statistiques de la banque RY lors de la sous-période 5 (voir tableau 35 de l’annexe 3). Elle demeure quelque peu exposée indirectement aux D-Sibs européennes menaçantes (i.e. POP et TPEIR en raison de leur betweenness et de leur closeness élevées), puisqu’elle est uniquement cointégrée avec l’entité SAN dont la closeness augmente significativement, variant de 0,371 à 0,500. Une de ses connexions directes met en scène la banque grecque ALPHA dont le coefficient de clustering est égal à 1 (i.e. elle est indirectement connectée avec tous les autres acteurs.) De plus, la banque RY demeure un membre de la clique formée de banques grecques (ETE, ALPHA et TPEIR). Il n’est pas surprenant que celles-ci forment un triangle au sein du réseau, puisque le prix des titres de ces D-Sibs a chuté en raison de la précarité du système bancaire et des finances publiques du pays. La Grèce a en effet bénéficié d’un troisième bailout en novembre 2012 de 40 milliards € orchestré par le FMI et des membres de la zone euro pour éviter la faillite du pays68. Toutefois, ces fonds sont

insuffisants, puisque le 30 juin 2015 la Grèce a fait défaut sur son paiement de 1,6

66 Reuters, 4 juin 2012, « Update 2 – Portuguese banks turn to bailout fund for capital ». http://www.reuters.com/article/portugal-millennium-idUSL5E8H43EA20120604

67 British Broadcasting Corporation, 2012, « Timeline : The Unfolding Eurozone Crisis ». http://www.bbc.com/news/business-13856580

68 The Associated Press, 2012, « Greece bankruptcy averted with new deal ». http://www.cbc.ca/news/world/greece-bankruptcy-averted-with-new-deal-1.1290392

121 milliards € envers le FMI69. Par la suite, le Premier Ministre de la Grèce, Alexis Tsipras,

a annoncé un référendum dont le vote décisif consistait à accepter ou non le programme d’aide financé par le troika européen70. Le 5 juillet 2015, le « non » l’emporte avec 61%

des voix71, provoquant une grande instabilité sur les marchés financiers; les marchés

boursiers grecs sont fermés pendant quatre semaines.